yd a écrit:Ce qui manque peut-être le plus à cette démarche théorique, c'est la prise en compte de la musicalité. On dit souvent, on entend souvent dire, que la langue française sur le plan musical serait moins adaptée à être chantée que les principales langues voisines, et que sur le plan morphologique (j'espère que c'est le mot exact, sans en être sûr) elle manquerait de logique, elle ne serait pas assez systématique, toujours en comparaison des principales langues voisines.
Or je pense tout le contraire : c'est parce que la langue française prend en compte la musicalité des mots que la morphologie de ses mots ne suit pas une logique systématique, et c'est parce que sa musicalité est plus complexe qu'on la rend en poésie moins facilement mélodieuse, c'est-à-dire qu'on l'adapte moins facilement au chant. Est-elle moins musicale pour autant ? Moi je réponds non et au contraire.
Exemple du présidier que je trouve sonner mal, alors que l'épicier sonne bien. Sur un mot on ne prouvera rien, je ne me bats pas contre le présidier, et la musicalité des mots est une notion délicate à manier et à étudier avec méthode. Laissons cela aux poètes, y compris en prose, et aux musiciens.
Vous voudriez plus de logique en français, et ce sera moins de musicalité. Moi je voudrais moins de logique et plus de musicalité, dont je pense que notre lexicographie ne tient pas assez compte - en tient-elle seulement compte ? - , voire notre grammaire, quand par exemple elle chasse le malgré que.
Vous auriez proposé le présidieur, je n'aurais pas pu rejeter.
Mon Sieur le présidieur,
je vous fais une lettre,
que vous lirez peut-être
si vous avez du cœur.
Plutôt qu'une théorie que nous ne pouvons que rejeter, proposez-nous des choses que nous ne pourrions qu'adopter : revisitez des textes de grandes chansons, aimées de tout le monde, avec ça et là des modifications lexicales qui les embelliraient encore. Là, vous auriez à mon avis une chance, avec un peu de goût et pour peu d'apporter du bonheur.
Les anglais trouvent que nous parlons du bout des lèvres. Il y a en effet beaucoup de voyelles qui impliquent des lèvres arrondies en français (u, ʚ́, ʚ̀, ɷ, ó, ò), ce qui implique un petit étouffement. Il y a aussi des voyelles nasales (in, an) qui fuitent par le nez, et des nasales arrondies (un, on) qui cumulent les deux défauts.
C'est cela qui pénalise pour le chant, puisque le chant, pour être fort et sonore, se doit d'être à pleine gorge, ce que ne permettent pas bien les voyelles arrondies, étouffées, et les voyelles nasales, fuitant par le nez.
L'amplification résout en partie le problème, mais il reste que le français chanté garde tout de même un coté "intime". La musicalité est lié aux sons vocaliques : je ne vois pas trop ce que l'on peut y faire.
Cela dit, de ce point de vue, les sons "é" et "è" ne posent pas de problème.
Je persiste à penser que l'instrument (balayeuse; tondeuse; aspirateur; moissonneuse) doit être distingué de l'homme qui le manie (balayier, balyière; tondier, tondière; aspiratier, aspiratière; moissonnier, moissonière) : jusqu'à nouvel ordre, une machine ne se manie pas elle-même.
Un balayier balaye avec une balayeuse.
Un tondier tond avec une tondeuse.
Un aspiratier aspire avec un aspirateur.
Un moissonnier moissonne avec un moissonneuse.
Puisque les opérateurs des usines sont généralement dévolus à la conduite d'un instrument, il faut bien pouvoir distinguer l'homme de l'instrument.
Imaginez une balayière qui balaye avec une balayeuse.
Cette balayeuse a parfois des ratés et le chef d'équipe a découvert empiriquement qu'il suffisait de donner des petites tapes sur le cul de la balayeuse pour faire cesser son hoquet.
Comment dira le chef d'équipe, voyant cette balayeuse hoqueter, pour indiquer à son assistant d'aller résoudre la panne ?
« va taper sur le cul de la balayeuse »
Si la balayière, qui manie la balayeuse, est désigné « balayeuse », du même terme que son instrument, ce genre d'ordre pourrait avoir quelques conséquences fâcheuses... Cela dit, ce n'est pas sûr non plus, cette ambigüité pourraient résulter en un beau mariage et beaucoup d'enfants.