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forum abclf » Écriture et langue française » féminismographie, féminismanie

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Messages [ 46 ]

1 Dernière modification par diconoma (04-05-2015 12:31:48)

Sujet : féminismographie, féminismanie

Bonjour !
    J'ai rencontré ce texte indigeste :
    Sous prétexte de nous aider à trouver le bonheur, on nous somme de nous plier à de nombreux diktats :
– sois beau / belle, jeune, mince et ‹ à la mode de chez nous › ;
– sois intelligent(e), spirituel(le) et cultivé(e) ;
– sois bon(ne) dans ton travail et gagne beaucoup d’argent ;
– sois l’heureux(se) propriétaire d’une belle maison et d’une voiture sportive, pars en vacances ;
– sois un(e) père / mère parfait(e) qui n’oublie pas de faire des gâteaux pour la kermesse de l’école, et gère les devoirs sans s’énerver.

     Comment nommer ce genre de rédaction ? féminismographie ? féminismanie ?

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

2

Re : féminismographie, féminismanie

Oui, cette manie agaçante est née, me semble-t-il, à l'époque où un secrétaire général du PCF très moqué s'adressait aux Françaises et aux Français, et la pratique a perduré.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

Re : féminismographie, féminismanie

diconoma a écrit:

Bonjour !
    J'ai rencontré ce texte indigeste :
    Sous prétexte de nous aider à trouver le bonheur, on nous somme de nous plier à de nombreux diktats :
– sois beau / belle, jeune, mince et ‹ à la mode de chez nous › ;
– sois intelligent(e), spirituel(le) et cultivé(e) ;
– sois bon(ne) dans ton travail et gagne beaucoup d’argent ;
– sois l’heureux(se) propriétaire d’une belle maison et d’une voiture sportive, pars en vacances ;
– sois un(e) père / mère parfait(e) qui n’oublie pas de faire des gâteaux pour la kermesse de l’école, et gère les devoirs sans s’énerver.

     Comment nommer ce genre de rédaction ? féminismographie ? féminismanie ?

Bonsoir,

Encore faudrait-il voir dans quel contexte ce texte a été produit...

Re : féminismographie, féminismanie

Alco a écrit:

Oui, cette manie agaçante est née, me semble-t-il, à l'époque où un secrétaire général du PCF très moqué s'adressait aux Françaises et aux Français, et la pratique a perduré.

Bonsoir,

Non, cela n'a rien à voir ! smile

5 Dernière modification par éponymie (09-06-2015 21:23:00)

Re : féminismographie, féminismanie

Après le vote au parlement  européen sur l'égalité de genre, il faudra voir quelles influences sur la langue... : après avoir voulu marquer le sexe des personnes en modifiant le genre grammatical, qu'arrivera-t-on à faire pour marquer le "genre" des personnes ?

Je n'ai encore rien compris à cette histoire, cela parait tellement fou.

Le fait de considérer les individus comme égaux et de les traiter comme tels, quels que soient leur sexe, genre ou orientation, au sein de la communauté ou au sens de la loi.

http://www.egalitedeschancesbruxelles.i … /glossary/

Curieusement, ils ont pris le terme le plus flou - "genre" - pour amalgamer non-discrimination homme-femme, non discrimination selon l'orientation sexuelle et je-ne-sais-quoi encore. "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit" ne suffit pas ?

Ne vous y trompez pas, j'ai bien lu

Les termes « genre » et « sexe » n’ont pas la même signification. Le sexe renvoie aux différences biologiques entre hommes et femmes, tandis que le genre réfère aux différences socialement construites. La féminité et la masculinité, ainsi que toutes les caractéristiques liées, ne sont pas innées, mais bien créées et déterminées par les individus. De plus, elles évoluent au fil du temps et peuvent différer selon les cultures.

Mais j'y pige toujours que couic : comme si la base de ces contructions sociales n'était pas envers et contre tout les deux sexes biologiques.

Je tends au hors-sujet, je sais, mais, encore une fois, je crois qu'il ne faudra pas attendre 10 ans pour voir poindre quelque fantaisie linguistico-grammatico-orthographique.

6 Dernière modification par éponymie (09-06-2015 21:29:41)

Re : féminismographie, féminismanie

Tout ça pour dire que le titre du sujet est déjà obsolète smile Il ne s'agit probablement déjà plus de fémini-quelque chose.

P.S.: tiens je n'avais pas vu que le sujet était sans réponse depuis un mois et que Roméo31 l'a selon son habitude déterré.

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Re : féminismographie, féminismanie

A mon avis, et pour faire court, je dirais que cette confusion organisée profite à ceux qui prétendent être les instigateurs de l’évolution sociale.
Au fur et à mesure que les femmes réussissent dans un plus grand nombre des professions, les politiciens votent des lois à posteriori dans le but de s’approprier la réussite de ces changements.
Sur ce point, au moins, la course à la féminisation des mots suit la même logique.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

8

Re : féminismographie, féminismanie

Roméo31 a écrit:
Alco a écrit:

Oui, cette manie agaçante est née, me semble-t-il, à l'époque où un secrétaire général du PCF très moqué s'adressait aux Françaises et aux Français, et la pratique a perduré.

Bonsoir,

Non, cela n'a rien à voir ! smile

J'avance une hypothèse et vous répondez de façon péremptoire et sans argument. Il faudrait développer.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

9

Re : féminismographie, féminismanie

diconoma a écrit:

    J'ai rencontré ce texte indigeste :
    Sous prétexte de nous aider à trouver le bonheur, on nous somme de nous plier à de nombreux diktats :
– sois beau / belle, jeune, mince et ‹ à la mode de chez nous › ;
– sois intelligent(e), spirituel(le) et cultivé(e) ;
– sois bon(ne) dans ton travail et gagne beaucoup d’argent ;
– sois l’heureux(se) propriétaire d’une belle maison et d’une voiture sportive, pars en vacances ;
– sois un(e) père / mère parfait(e) qui n’oublie pas de faire des gâteaux pour la kermesse de l’école, et gère les devoirs sans s’énerver.

     Comment nommer ce genre de rédaction ? féminismographie ? féminismanie ?

Rassure-toi, ya pire : mettre la marque féminine en capitale.
Exemples fréquents dans une certaine littérature gauchiste :
     les salariésles salariéEs
     les militantsles miltantEs
étant entendu qu'il ne s'agit nullement, dans l'esprit du scripteur, d'un féminin pluriel mais du masculin ET du féminin, les deux simultanément au pluriel.

Outre l'ignorance insondable de la grammaire française, on peut noter chez ce scripteur l'oubli complet de ses propres bases idéologiques : la promotion d'une moitié du genre humain contre la seconde, au détriment de la lutte des classes. Un oppresseur de sexe féminin (Thatcher, Merkel, Clinton...) ressemble autant à une femme seule avec trois enfants, enchaînant les CDD à temps partiel non choisi pour un gagner sous-SMIC, qu'un squale à une malheureuse sardine.

Ce genre de rédaction ne mérite qu'un nom : tartufferie.

Re : féminismographie, féminismanie

Alco a écrit:
Roméo31 a écrit:
Alco a écrit:

Oui, cette manie agaçante est née, me semble-t-il, à l'époque où un secrétaire général du PCF très moqué s'adressait aux Françaises et aux Français, et la pratique a perduré.

Bonsoir,

Non, cela n'a rien à voir ! smile

J'avance une hypothèse et vous répondez de façon péremptoire et sans argument. Il faudrait développer.

Votre hypothèse part d'une base fausse : c'est le général de Gaulle qui a lancé la formule : il venait de donner le droit de votes aux Françaises, il le rappelle dans ses discours. D'autres ont ramassé...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : féminismographie, féminismanie

C'est vrai, mais il me semble que le général se contentait de « Françaises, Français » quand il commençait ses discours. Je pense que l'abus de la tournure « les Françaises et les Français », avec ou sans préposition, est plus tardif.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

12 Dernière modification par yd (10-06-2015 20:36:48)

Re : féminismographie, féminismanie

Je n'ai que mes souvenirs de gamin, mais on a d'abord raillé les Français, Françaises, si bien que je me demande si De Gaulle n'avait pas d'abord innové avec le Français, Françaises avant d'instaurer le Françaises, Français. Giscard aussi sera raillé pour son Bonsoir Madame, bonsoir Mademoiselle, bonsoir Monsieur. Mais ce sont des adresses, comme lorsqu'on utilise dans une lettre Madame, Monsieur, et c'est aussi une politesse. Si la féminisation ne consistait qu'en cela elle ne poserait aucun problème.

Quand les Français sont raillés, le mot englobe les Françaises tout autour de la terre ; quand les Françaises sont louangées, cela leur est réservé. C'est la langue française.

Fille légère ne peut bêcher.

13 Dernière modification par aCOSwt (10-06-2015 21:33:20)

Re : féminismographie, féminismanie

yd a écrit:

Giscard aussi sera raillé pour son Bonsoir Madame, bonsoir Mademoiselle, bonsoir Monsieur.

Non! Giscard était raillé pour son Bonchoir Madame, bonchoir Mademoiselle, bonchoir Monsieur.
Un exchès de Chaint-Pourchain chans doute... wink

Non sunt multiplicanda entia sine necessitate!

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Re : féminismographie, féminismanie

éponymie a écrit:

Tout ça pour dire que le titre du sujet est déjà obsolète smile Il ne s'agit probablement déjà plus de fémini-quelque chose.

P.S.: tiens je n'avais pas vu que le sujet était sans réponse depuis un mois et que Roméo31 l'a selon son habitude déterré.


smile

15 Dernière modification par éponymie (11-06-2015 07:34:48)

Re : féminismographie, féminismanie

Je suis comme Alco, j'attends l'argumentation,

Roméo31 a écrit:

Encore faudrait-il voir dans quel contexte ce texte a été produit...

Roméo31 a écrit:

Non, cela n'a rien à voir ! smile

Il me semble que tous les intervenants ici déplorent à un titre ou à un autre cette manie.

Bis repetita, selon moi la tendance actuelle est exacerbée par cette manie égalitaire qui identifie, distingue et sépare au nom de l'égalité, qui tend au contraire de l'objectif affiché en accentuant l'hypocrysie d'un côté, les tensions de l'autre. Cela a commencé avec la féminisation mais va bien au-delà : il fut un temps où on disait les hommes, nous voici à les femmes et les hommes et on en est à chercher comment nommer des catégories entre les deux - que l'on impose (tout le monde n'a pas envie d'être mis en boite) et/ou que l'on s'invente - pour être certains de n'oublier personne dans le brouet égalisateur et réducteur.

Alors pourquoi relancez-vous ce sujet ? On vous a emboité le pas mais en fin de compte vous êtes le seul à n'avoir rien dit.

16 Dernière modification par aCOSwt (11-06-2015 09:49:04)

Re : féminismographie, féminismanie

Je serais assez d'accord avec Roméo31(Juliette32) pour dire que l'énoncé de "Français, françaises" n'a rien à voir avec l'objet de l'OP puisque ce dernier me semble questionner une représentation typographique.

Si "Françaises, français" peut sembler agaçant, il reste typographiquement "bien écrit". Alors que "– sois l’heureux(se) propriétaire" est absolument absurde.
Absurde et surtout très : laid!

Par ailleurs, les exemples pris par l'OP me semblent venir du domaine de la réclame qui a la malheureuse prétention à vouloir concerner le maximum de monde avec le minimum de signes.

Pour info, ci-après cité, un "conseil" officiel de nos... amies et/ou amis suisses wink ... (datant de 2008)

Je ne trouve pas cela bien plus joli ni moins absurde mais au moins c'est argumenté... par... un jugement de goût! et... n'est-ce pas là le seul jugement possible en matière de .*graphie?

L'ÉGALITÉ S'ÉCRIT • GUIDE DE RÉDACTION ÉPICÈNE a écrit:

LES ÉTUDIANT·E·S, LES EMPLOYÉ·E·S : UTILISER LE POINT MÉDIAN

PRINCIPE

Pour créer des noms épicènes, on peut insérer à l'intérieur des mots des points médians, qui présentent l'avantage d'être sobres et élégants, ou des traits d'union.
Ce type de procédé est particulièrement utile quand on veut faire court ou lorsqu'on a affaire à des mots dont les variantes féminine et masculine ne se distinguent que très légèrement sur le plan phonique, voire uniquement sur le plan orthographique.
En effet, il est conseillé de ne pas abuser des formulations écrites qui n’ont pas de correspondant oral.

EXEMPLES

Ecrivez :

Les professeur·e·s participant au Conseil de l’Université
Les délégué·e·s à la prévention routière
Les candidat·e·s doivent se présenter...
Cherchons étudiant·e·s pour une enquête.
Les collaboratrices et les collaborateurs nouvellement engagé·e·s
Un·e enseignant·e se trouvera en permanence au bord du bassin.

Evitez :

Les professeurs participant au Conseil de l’Université
Les délégués à la prévention routière
Les candidat(e)s doivent se présenter...
Cherchons étudiantEs pour une enquête.
Les collaboratrices et les collaborateurs nouvellement engagé(e)s
Un/e enseignant/e se trouvera en permanence au bord du bassin.
Le Grand Conseil est composé de cent cinquante député·e·s, élu·e·s pour une durée de cinq ans.

REMARQUES

D’une façon générale, l’utilisation du point médian ou du trait d’union est à pratiquer avec modération.
Elle n’est pas souhaitée lors qu’elle produit des formes qui ne sont pas lisibles à haute voix.
En outre, le trait d’union peut poser problème sur le plan typographique, dans la mesure où il est interprété par les traitements de texte comme un élément séparable.

EDIT : ps : Bien qu'il existe un peu partout des documents de ce type, je cite les Suisses car il me semble que ce sont les premiers à avoir produit des guides officiels sur la graphie épicène vers la fin du siècle dernier.

Non sunt multiplicanda entia sine necessitate!

Re : féminismographie, féminismanie

diconoma a écrit:

Comment nommer ce genre de rédaction ? féminismographie ? féminismanie ?

Le message d'aCOSwt donne une réponse : graphie épicène. Appellation neutre pour un sujet qui ne l'est pas.

18

Re : féminismographie, féminismanie

aCOSwt a écrit:

Bien qu'il existe un peu partout des documents de ce type, je cite les Suisses car il me semble que ce sont les premiers à avoir produit des guides officiels sur la graphie épicène vers la fin du siècle dernier.

     Et qu'ont-ils inventé pour les mots non épicènes ?

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

19 Dernière modification par aCOSwt (11-06-2015 10:19:04)

Re : féminismographie, féminismanie

éponymie a écrit:

graphie épicène. Appellation neutre pour un sujet qui ne l'est pas.

lol
++
Si le coté suisse faisait forcément pencher du coté neutre...
Je crains fort que la question suivante de diconoma ne nous pousse plus loin encore du coté ne l'est pas...

Que cherche-t-elle maintenant ? hmm
(nota: juste pour remarquer l'usage en américain-politiquement-correct d'utiliser le féminin quand il y a inconnue plutôt que le très disgracieux (s)he qui tendait à s'imposer)

Hmmm... que l'on discute de façon neutre comment condenser femme-objet et homme-objet ?
Bon...alors moi... je proposerai... sujet-objet! Na! cool

Non sunt multiplicanda entia sine necessitate!

20 Dernière modification par glop (11-06-2015 10:36:19)

Re : féminismographie, féminismanie

aCOSwt a écrit:

PRINCIPE

Pour créer des noms épicènes, on peut insérer à l'intérieur des mots des points médians, qui présentent l'avantage d'être sobres et élégants, ou des traits d'union.
Ce type de procédé est particulièrement utile quand on veut faire court ou lorsqu'on a affaire à des mots dont les variantes féminine et masculine ne se distinguent que très légèrement sur le plan phonique, voire uniquement sur le plan orthographique.
En effet, il est conseillé de ne pas abuser des formulations écrites qui n’ont pas de correspondant oral.

EXEMPLES

Ecrivez :

Les professeur·e·s participant au Conseil de l’Université
Les délégué·e·s à la prévention routière
Les candidat·e·s doivent se présenter...
Cherchons étudiant·e·s pour une enquête.
Les collaboratrices et les collaborateurs nouvellement engagé·e·s
Un·e enseignant·e se trouvera en permanence au bord du bassin.

Faut-il rappeler que les mots finissant par EUR, quel que soit leur genre, ne prennent pas de e ?
C’est l’article qui indique le genre de ces mots.
Si les frères et sœurs des professeurs sont arrivés et se sont joints aux autres invités, combien de tirets préconisez- vous ?
De plus, j’ai constaté qu’un aspect important du « problème » n’est jamais abordé ; c’est l’absence de marque spécifique du genre masculin en français.
Si les invitées sont arrivées, nous savons que ce sont des femmes mais si l’on voulait aller à contre-courant de l’évolution sociale et séparer méthodiquement les deux genres, la marque du genre masculin serait indispensable.
Il faudrait, lorsque des hommes uniquement seraient concernés, pouvoir écrire : les invitéés sont arrivéés.
J’espère que nous n’en arriverons pas là et je reste persuadé que la meilleure chose à faire aujourd'hui est de perdre l’habitude de définir comme masculins les mots écrits sans marquer leur genre alors que cette forme est en réalité polyvalente.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

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Re : féminismographie, féminismanie

glop a écrit:

J’espère que nous n’en arriverons pas là et je reste persuadé que la meilleure chose à faire aujourd'hui est de perdre l’habitude de définir comme masculins les mots écrits sans marquer leur genre alors que cette forme est en réalité polyvalente.

     Ou comme féminins : estafette, ordonnance, sentinelle, vigie...

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

Re : féminismographie, féminismanie

Je plussoie.
Ces graphies qui n'ont rien d'épicène, d'ailleurs (une forme épicène est une forme non-marquée : professeur.e est marqué, doublement marqué) ne font que mettre les femmes à part de l'humanité commune. Elles ne font pas partie du groupe, il faut les nommer spécialement, bref, on les renfonce dans leur statut inférieur : les femmes ne sont pas des hommes...
C'est là une conception magique de la grammaire, pour ne pas dire du cratylisme : le genre grammatical du signifiant serait lié au sexe du signifié.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

23 Dernière modification par aCOSwt (11-06-2015 12:47:06)

Re : féminismographie, féminismanie

P'tit prof a écrit:

Ces graphies qui n'ont rien d'épicène, d'ailleurs (une forme épicène est une forme non-marquée : professeur.e est marqué, doublement marqué)

Une forme épicène est une forme non marquée, OUI!
Comment voulez-vous qu'une graphie... soit ... non-marquée?
Le double marquage est une solution en typographie. (fort commode au demeurant dans les bases de données lexicales)

Cela dit j'avais naïvement cru que ce fil posait une honnête question d'honnête typographie, à la limite de sémiotique, de la capacité d'un signe à représenter quelque chose. Dans ce contexte-là, je maintiens ma suggestion de graphie épicène puis... voyant venir Déroute, me retire... avec Prudence.

EDIT : Bon...pas tout de suite en fait, l'actualité s'en mêlant, je trouve tout aussi condamnable "les échos" de ce jour :

les échos a écrit:

...Le Premier ministre a fini par céder à la polémique en annonçant jeudi matin qu’il «assumera(it)» la prise en charge du coût...

Entre guillemets en plus, cela joint le stupide à l'absurde.
(Le fond du sujet l'est peut-être aussi, je vous laisse vous en emparer)

Non sunt multiplicanda entia sine necessitate!

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Re : féminismographie, féminismanie

P'tit prof a écrit:

Je plussoie.
Ces graphies qui n'ont rien d'épicène, d'ailleurs (une forme épicène est une forme non-marquée : professeur.e est marqué, doublement marqué) ne font que mettre les femmes à part de l'humanité commune. Elles ne font pas partie du groupe, il faut les nommer spécialement, bref, on les renfonce dans leur statut inférieur : les femmes ne sont pas des hommes...

Attention : distinguer, qui signifie étymologiquement "séparer, diviser, différencier" (CNRTL) est toujours la première étape de la discrimination (du latin discriminatio, terme de gramm. et de rhét. « séparation ». CNRTL).

Si la langue ne distingue pas un auteur féminin d'un auteur masculin, c'est tant mieux.
Si je suis surprise, lorsque j'ai rendez-vous avec un juge, de rencontrer une femme, c'est moi qui discrimine, et pas la langue. La preuve en est que la même personne sera sans doute aussi surprise de constater que la vigie est une femme, que cette personne soit elle-même une femme ou un homme importe peu.

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

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Re : féminismographie, féminismanie

glop a écrit:

Faut-il rappeler que les mots finissant par EUR, quel que soit leur genre, ne prennent pas de e ?

Le débat les concernant ne me semble pas clos.

C’est l’article qui indique le genre de ces mots.

À condition qu'il ne soit pas ‹ l' › ou ‹ les ›. Avez-vous remarqué comment de nombreux ouvrages de botanique contournent leur ignorance du genre des plantes ?

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

Re : féminismographie, féminismanie

Ylou a écrit:
P'tit prof a écrit:

Je plussoie.
Ces graphies qui n'ont rien d'épicène, d'ailleurs (une forme épicène est une forme non-marquée : professeur.e est marqué, doublement marqué) ne font que mettre les femmes à part de l'humanité commune. Elles ne font pas partie du groupe, il faut les nommer spécialement, bref, on les renfonce dans leur statut inférieur : les femmes ne sont pas des hommes...

Attention : distinguer, qui signifie étymologiquement "séparer, diviser, différencier" (CNRTL) est toujours la première étape de la discrimination (du latin discriminatio, terme de gramm. et de rhét. « séparation ». CNRTL).

Si la langue ne distingue pas un auteur féminin d'un auteur masculin, c'est tant mieux.
Si je suis surprise, lorsque j'ai rendez-vous avec un juge, de rencontrer une femme, c'est moi qui discrimine, et pas la langue. La preuve en est que la même personne sera sans doute aussi surprise de constater que la vigie est une femme, que cette personne soit elle-même une femme ou un homme importe peu.

Je plussoie le commentaire d'Ylou.
Un juge est un juge, mâle, femelle... ou auvergnat !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : féminismographie, féminismanie

aCOSwt a écrit:
P'tit prof a écrit:

Ces graphies qui n'ont rien d'épicène, d'ailleurs (une forme épicène est une forme non-marquée : professeur.e est marqué, doublement marqué)

Une forme épicène est une forme non marquée, OUI!
Comment voulez-vous qu'une graphie... soit ... non-marquée?

Encore un disciple de Protagoras !
Ne feignez pas de ne pas comprendre non marqué : non marqué, sans marque grammaticale de genre. Elève, enfant, pupille... sont des formes non marquées, qu'elles le restent !
A la limite, professeur.e est un hermaphrodite : organes mâles, organes femelles. Autrefois les hermaphrodites finissaient au musée Dupuytren, dans un bocal de formol !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

28 Dernière modification par vh (11-06-2015 18:54:04)

Re : féminismographie, féminismanie

Les candidat·e·s doivent se présenter
Les candidats(es) doivent se présenter
Les candidat(e)s doivent se présenter
...

Vos conventions sont bien jolies, mais elles ne marchent pas à l'oral.

Pourquoi pas la solution élégante et claire (nous dirait P'tit Prof)  qui suit ?
Les candidats et candidates doivent se présenter.

Anecdote :

En anglais, les télécoms ont essayé dans les années 80 de féminiser ou de neutraliser presque tous les mots masculins, mais ont décidé de ne pas changer le mot manhole car cela donnait des expressions bizarres ou choquantes que l'on peut imaginer.

angl. manhole : bouche (d'égout, d'accès à des canalisations ou de câbles souterrains) , lit. " trou d'homme "

Re : féminismographie, féminismanie

Pourquoi pas simplement ce qui suit ?
Les candidats et candidates doivent se présenter.

Je dirais même plus : pourquoi pas les candidats doivent se présenter ?

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

30

Re : féminismographie, féminismanie

P'tit prof a écrit:

Pourquoi pas simplement ce qui suit ?
Les candidats et candidates doivent se présenter.

Je dirais même plus : pourquoi pas les candidats doivent se présenter ?

Mais oui! Faisons simple. Que la candidature soit possible pour hommes et femmes, pour ceux qui ne sont ni l'un ni l'autre (ils existent, ne l'oublions pas), c'est ce qui importe!
A vouloir à tout prix souligner le sexe (masculin et féminin) des personnes avec des mots, on va finir par discriminer encore plus ceux qui se situent physiquement entre les deux.
Candidat est neutre. Encore une fois : tant mieux.

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

31

Re : féminismographie, féminismanie

glop a écrit:

De plus, j’ai constaté qu’un aspect important du « problème » n’est jamais abordé ; c’est l’absence de marque spécifique du genre masculin en français.

Bien vu : c'est le nœud central.
À la limite, le masculin grammatical n'existe que très peu en français.
Ce qui existe souvent, c'est un amalgame : le non-féminin ou l'antiféminin, qui confond le neutre et le masculin.

Masculin sémantique : il est arrivé très en retard
Féminin sémantique : elle est arrivée très en retard
Neutre sémantique : il est arrivé une catastrophe

Masculin sémantique : un homme vient d'entrer
Féminin sémantique : une femme vient d'entrer
Neutre sémantique : un homme est toujours la proie de ses vérités

Masculin sémantique : je le suis  ←  êtes-vous le duc de Bretagne ?
Féminin sémantique : je la suis  ←  êtes-vous la duchesse de Bretagne ?
Neutre sémantique : je le suis  ←  êtes-vous duchesse/duc de Bretagne ?

Masculin sémantique : les salariés
Féminin sémantique : les salariées
Neutre sémantique : les salariés

Masculin sémantique : l'avocat (animé)
Féminin sémantique : l'avocate (animé)
Neutre sémantique : l'avocat (animé ou inanimé)



Par contre, est vient je suis êtes vous les et l' sont du genre grammatical neutre.



Ylou a écrit:

Candidat est neutre.

Le nom candidat est sémantiquement de genre antiféminin, en langue, avant emploi en discours.
En discours, en aval de la langue, son genre sémantique est soit le neutre soit le masculin :
     Sylvie est un excellent candidat à ce poste → neutre sémantique
     nous avons deux candidates et un seul candidat → masculin sémantique 
Sa forme est inchangée quand son genre sémantique varie.


Avec candidate, le genre sémantique est toujours le féminin, en langue et en discours.

Re : féminismographie, féminismanie

greg a écrit:
Ylou a écrit:

Candidat est neutre. Encore une fois : tant mieux.

Le nom candidat est sémantiquement de genre antiféminin, en langue, avant emploi en discours.
En discours, en aval de la langue, son genre sémantique est soit le neutre soit le masculin :

Ce ne serait pas plutôt inverse, candidat est masculin, c’est seulement suivant le contexte qu’il marquera le générique.

Sylvie est un excellent candidat à ce poste → neutre sémantique

Bien que cette construction soit acceptée, au nom du masculin générique, elle n’est pas très naturelle. Il y a un problème de correspondance entre le féminin du prénom et la marque masculine –at de candidat, ce qui est gênant même pour un enfant* de 3 ans.

*ici aussi, masculin générique



glop a écrit:

C’est l’article qui indique le genre de ces mots.
(…)
De plus, j’ai constaté qu’un aspect important du « problème » n’est jamais abordé ; c’est l’absence de marque spécifique du genre masculin en français.
(…)
J’espère que nous n’en arriverons pas là et je reste persuadé que la meilleure chose à faire aujourd'hui est de perdre l’habitude de définir comme masculins les mots écrits sans marquer leur genre alors que cette forme est en réalité polyvalente.

Excusez-moi mais ce n’est pas totalement juste. Les marques du masculin existent en français.
Ce n’est pas seulement l’article qui indique le genre d’un mot, les mots bien souvent portent en eux les indices de leurs genres. Les finales en –ot, -at, -isme par exemple vont toujours appeler un un.
L’habitude qu’il faudrait pas prendre, c’est de définir par neutre, non-féminin, non-marqué une utilisation du masculin (le genre soi-disant le plus noble) comme générique.

"L'orthographe est plus qu'une mauvaise habitude, c'est une vanité" R. Queuneau

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Re : féminismographie, féminismanie

En effet, je ne vois pas ce qu’un tricot a de plus noble qu’une culotte ni ce qu’un scélérat a de plus noble qu’une renégate.
Je vous accorde que l’alpinisme peut passer pour plus prestigieux que la varappe. smile

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

34 Dernière modification par glop (18-06-2015 14:01:59)

Re : féminismographie, féminismanie

Ce qui est en jeu, c’est la possibilité à l’avenir de s’exprimer simplement.
Si je dis que Madame X a été élue à la présidence du Conseil et qu’elle est donc le deux cent cinquième président du Conseil, on me rétorquera qu’elle n’est pas président mais présidente. Pourtant, ce n’est pas en disant qu’elle est la première présidente que je résoudrai le problème puisque cette nouvelle phrase n’indique plus combien de personnes ont occupé ce poste.
Bien sûr, puisqu'elle est la première femme à occuper ce poste, je peux faire l’effort de dire que Madame X succède à deux cent quatre présidents du Conseil.
J’espère que l’on ne me rétorquera pas qu’elle ne peut pas succéder à un président parce qu’elle n’est pas président mais présidente.
Il faudrait, à mon sens, réconcilier les francophones avec la forme neutre qui est indispensable lorsque les genres sont mélangés ; et, pour cela, perdre l’habitude de rabâcher que c’est le masculin qui l’emporte.

http://www.lemonde.fr/politique/video/2 … 23448.html

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

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Re : féminismographie, féminismanie

J'allais suivre, avant d'arriver à la dernière phrase : si l'on dit que le masculin l'emporte, on transpose en l'homme domine, ce qui attise l'accusation de langue sexiste.

Dans ma façon de comprendre la langue française, il est plus juste de dire qu'en français seul le féminin est exclusif, et que tout le reste découle, avec des avantages et des inconvénients, de ce principe de l'exclusivité féminine.

Je suis favorable à la notion de neutre, mais si l'on veut rendre ce neutre grammatical et lexical, il faut refonder la grammaire et le lexique : le diable est dans les détails, et le neutre dans le détail est effroyablement compliqué, chaque langue ayant tenté de simplifier à sa manière. Exemple du neutre de la matrice, qui donne forme aussi bien au masculin qu'au féminin, notion du neutre qu'on trouve dans l'Antiquité. Or pour nous, rien n'est plus féminin que la matrice, et l'on va s'y perdre.

Fille légère ne peut bêcher.

36 Dernière modification par glop (18-06-2015 18:03:07)

Re : féminismographie, féminismanie

Inventer une forme uniquement neutre me semble difficile.

- Madame X est la/e deux cent cinquièm/e président/e du Conseil.

Pas convaincu ?

- Les policier/es voyaient en Bonnie et Clyde deux bau/elles crapul/es.

Toujours pas ?

Moi non plus.

De plus, si l’on voulait que le e final soit systématiquement la marque du féminin, Il faudrait écrire :

Le jeun homm.
La jeune femme.

La troisième place.
Le troisièm homm.

Etc.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

37 Dernière modification par P'tit prof (19-06-2015 16:44:23)

Re : féminismographie, féminismanie

Inventer une forme uniquement neutre me semble difficile.

Aussi n'est-ce pas ce qui est demandé.
Pas la peine non plus de 

refonder la grammaire et le lexique

Il n'est que d'affiner  les analyses et d'éradiquer le préjugé selon lequel le genre grammatical du signifiant est lié au sexe du signifiant ou à la forme de ce signifiant. Bref, faire preuve de pédagogie...  pour que plus jamais on puisse lire :

Les marques du masculin existent en français.
Ce n’est pas seulement l’article qui indique le genre d’un mot, les mots bien souvent portent en eux les indices de leurs genres. Les finales en –ot, -at, -isme par exemple vont toujours appeler un un.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : féminismographie, féminismanie

BakaGaijin a écrit:

Sylvie est un excellent candidat à ce poste → neutre sémantique

Bien que cette construction soit acceptée, au nom du masculin générique, elle n’est pas très naturelle. Il y a un problème de correspondance entre le féminin du prénom et la marque masculine –at de candidat, ce qui est gênant même pour un enfant* de 3 ans.

*ici aussi, masculin générique

Cette construction me semble très commune.
D'autant qu'on la retrouve avec des noms dont l'homologue grammaticalement féminin est, sinon inexistant, du moins peu répandu* ou tombé dans les oubliettes* : Sylvie est vainqueur de cette rencontre.
     *la vainqueur   la vainqueresse   la vainqueuse   la vainqueure

Je te propose un autre point de vue : il n'y a aucun problème de correspondance entre Sylvie, nom propre féminin, et la marque masculine #at de candidat car candidat n'est pas un masculin grammatical. Le nom candidat est juste du non-féminin grammatical. C'est l'emploi, et le co(n)texte d'emploi, qui déterminent si le non-féminin grammatical candidat vise un animé de sexe masculin (masculin sémantique) ou, au contraire, un simple animé (neutre sémantique) sans plus de précision.

Voici quelques masculins grammaticaux : fauteuil appartement boîtier essieu.
Ils désignent des inanimés qui, comme tels, ne risquent pas de pointer soit sur un mâle soit sur un simple animé — comme c'est le cas avec candidat homme lion zèbre chat.

Autres masculins grammaticaux : témoin vainqueur gourmet successeur individu médecin oppresseur.
Il s'agit là de simple animés car ces noms sont inapte à désigner les seuls mâles — en l'absence de forme homologue permettant d'identifier explicitement les animés femelles à l'exclusion des mâles.
Contrairement au nom candidat qui, associé à candidate, le permet : nous avons deux candidates et un seul candidat.

Pour finir : bélier coq bouc cerf étalon frère oncle mâle mari.
On a ici des animés nécessairement mâles, c'est-à-dire des animés qui ne peuvent être de simples animés, sans plus.



BakaGaijin a écrit:
greg a écrit:
Ylou a écrit:

Candidat est neutre. Encore une fois : tant mieux.

Le nom candidat est sémantiquement de genre antiféminin, en langue, avant emploi en discours.
En discours, en aval de la langue, son genre sémantique est soit le neutre soit le masculin :

Ce ne serait pas plutôt inverse, candidat est masculin, c’est seulement suivant le contexte qu’il marquera le générique.

Non, je pense que c'est le co(n)texte qui détermine si candidat désigne un simple animé (ce que tu appelles le générique) ou au contraire un mâle (le non-générique par défaut de sexuation assignée).

Le nom candidat, pris tel quel, isolément, confond en lui les deux possibilités adverses dont nous discutons :
     simple animéité = générique quant au sexe
     sexuation mâle = non générique quant au sexe.

Seul le discours (l'emploi) dénoue ce qui est confondu en langue.

Re : féminismographie, féminismanie

glop a écrit:

Si je dis que Madame X a été élue à la présidence du Conseil et qu’elle est donc le deux cent cinquième président du Conseil, on me rétorquera qu’elle n’est pas président mais présidente. Pourtant, ce n’est pas en disant qu’elle est la première présidente que je résoudrai le problème puisque cette nouvelle phrase n’indique plus combien de personnes ont occupé ce poste.

Vous pourriez aussi dire : Pour la 250e présidence du Conseil, Mme X ,a été élue présidente ou encore Mme X a été élue présidente du Conseil, elle est donc le 250e président du Conseil ainsi que la 1re présidente.


Il faudrait, à mon sens, réconcilier les francophones avec la forme neutre qui est indispensable lorsque les genres sont mélangés ; et, pour cela, perdre l’habitude de rabâcher que c’est le masculin qui l’emporte.

yd a écrit:

J'allais suivre, avant d'arriver à la dernière phrase : si l'on dit que le masculin l'emporte, on transpose en l'homme domine, ce qui attise l'accusation de langue sexiste.

C’est bien cette conception qui a été promue à partir de la moitié du 17e (Vaugelas en 1647, Scipion Dupleix en 1651, l’abbé Bouhours en 1675) pour s’imposer définitivement au 18e (Beauzée en 1767). Avant la tendance générale était plutôt l’accord de proximité.

On pourrait aussi perdre l’habitude de dire que le féminin dérive du masculin, qu’il se construit à partir du masculin, et préférer dire que c’est une flexion

Dans ma façon de comprendre la langue française, il est plus juste de dire qu'en français seul le féminin est exclusif, et que tout le reste découle, avec des avantages et des inconvénients, de ce principe de l'exclusivité féminine.

Pas vraiment, -at n’appelle pas de une alors que –ate peut appeler un ou une. Comme quoi le masculin n’est pas totalement non-marqué et le féminin pas totalement marqué.
Si je ne me trompe pas, l'origine de cette théorie vient d'une analyse du russe par Roman Jakobson, ou il avait trouvé :
      Non-marqué = 1 générique, 2 masculins
      Marqué = féminin
Le gros inconvénient de cette analyse c’est que ça peut donner :
      Homme = 1 humain, 2 mâle
      Femme = femelle de l’humain
Ce qui convient parfaitement à celles et ceux qui emploient présidente pour épouse d’un président ou qui envoient des courriers à Madame Pierre Dupont. Mais ça ne colle pas avec couturière…

"L'orthographe est plus qu'une mauvaise habitude, c'est une vanité" R. Queuneau

40 Dernière modification par yd (20-06-2015 10:39:38)

Re : féminismographie, féminismanie

En français, on ne peut utiliser elles que si le groupe ne comporte ni homme ni garçon. Les uns traduisent cela par le masculin l'emporte, les autres, dont je suis, par l'exclusivité féminine. Appliqué au genre des mots et des notions c'est beaucoup plus complexe, néanmoins le principe demeure. J'aimerais arriver à démontrer que le principe est bel est bien celui de l’exclusivité féminine contre celui de la domination du masculin, et j'aimerais savoir si le principe a toujours été en français ou, à défaut, à quelle époque a-t-il été adopté et quelle était la règle auparavant. Si Vaugelas a été le premier à dire le masculin l'emporte, on devrait pouvoir retrouver s'il retraduit un principe qui est déjà appliqué ou s'il le fonde. Car si le principe était déjà appliqué, cela tendrait à prouver qu'originellement il était bien celui de l'exclusivité féminine, que Vaugelas et ceux qui le suivirent, ne pouvant nier le principe, auraient retourné en le masculin l'emporte.

Il faut tout de même savoir qu'à cette époque ils avaient renié par exemple toute la documentation étymologique, prétendant qu'il n'en avait jamais existé avant eux, ce qui est forcément un énorme mensonge. Quand on fait table rase de l'étymologie on est aussi capable de faire table rase de la grammaire.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : féminismographie, féminismanie

Cette construction me semble très commune.

Mouais… mais je doute fortement que l’on rencontre plus de :
Sylvie est un excellent judoka,
que de :
Sylvie est une excellente judoka,
et surtout de :
Sylvie est une excellente judokate.
Il y a aussi une question de politesse, je ne trouve pas très polie, ou respectueux de parlé d’un(e) individu(e) en particulier avec du générique.

Le nom candidat, pris tel quel, isolément, confond en lui les deux possibilités adverses dont nous discutons :
     simple animéité = générique quant au sexe
     sexuation mâle = non générique quant au sexe.
Seul le discours (l'emploi) dénoue ce qui est confondu en langue.

Oui, mais je pense que c’est plutôt
1 sexuation mâle = non générique quant au sexe.
2 simple animéité = générique quant au sexe.

Le discours seul ne permet pas toujours de faire la différence entre masculin et générique. dans :
Tous les Français de plus de 21 ans sont appelés à élire leurs représentants
Si en 1970 cette formulation peut concerner les hommes et les femmes, en 1870 les femmes n’étaient pas concernées.

Suivant le type de texte ou de discours, il est nécessaire de lever toutes ambiguïtés.



yd a écrit:

Si Vaugelas a été le premier à dire le masculin l'emporte, on devrait pouvoir retrouver s'il retraduit un principe qui est déjà appliqué ou s'il le fonde. Car si le principe était déjà appliqué, cela tendrait à prouver qu'originellement il était bien celui de l'exclusivité féminine, que Vaugelas et ceux qui le suivirent, ne pouvant nier le principe, auraient retourné en le masculin l'emporte.

Il ne le fonde pas, mais ce n’était pas l’usage le plus courant.

Malvestiez, honte ne peresce
ne chiet pas, car ele ne puet.
(Chrétien de Troyes, Perceval ou le Conte du Graal, vers 412-413)

« Au ciel est revollée et Justice et Raison », Ronsard, Discours des misères de ce temps (1562), v.182-183.

« Surtout j'ai cru devoir aux larmes, aux prières, consacrer ces trois jours et ces trois nuits entières », Racine, Athalie (1691)


chapitre 50 de Gargantua de Rabelais,
"Item ce que tant hommes que femmes une foys repceuz en religion après l’an de probation estoient forcez & astrainctz y demourer perpetuellement leur vie durante, feut estably tant hommes quefemmes là repceuz, sortiroient quand bon leurs sembleroyt franschement & entierement",

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A8gl … imit%C3%A9

Il y a aussi

« Madame de Sévigny s’informant de ma santé, je lui dis : Madame, je suis enrhumé. Je la suis aussi, me dit-elle. Il me semble, lui dis-je, Madame, que selon les règles de notre langue, il faudrait dire, Je le suis. Vous direz comme il vous plaira, ajouta-t-elle, mais pour moi je croirais avoir de la barbe si je disais autrement. »
Ménage, Menagiana, ou les bons mots, les pensées critiques, historiques, morales et d’érudition de Monsieur Ménage, recueillies par ses amis, seconde éd.augmentée. Paris, Delausne, 1694, p. 87.

Remarque, "La pour le" : « C’est une faute que font presque toutes les femmes, et de Paris, et de la Cour. Par exemple je dis à une femme, "quand je suis malade, j’aime à voir compagnie", elle me répond "Et moi quand je la suis, je suis bien aise de ne voir personne". Je dis que c’est une faute de dire "quand je la suis", et qu’il faut dire "quand je le suis". La raison de cela est que ce "le", qu’il faut dire, ne se rapporte pas à la personne, car en ce cas là il est certain qu’une femme aurait raison de parler ainsi, mais il se rapporte à la chose (…) Néanmoins puisque toutes les femmes aux lieux où l’on parle bien, disent "la", et non pas "le", peut-être que l’usage l’emportera sur la Raison, et ce ne sera plus une faute. Pour "les" au pluriel, il ne se dit point, ni par la Raison, ni par l’usage.
Observation : la règle que M. de Vaugelas établit dans cette Remarque est appuyée sur de si fortes raisons que personne ne doit se dispenser de la suivre. Ainsi on ne peut trop s’opposer à l’abus que les femmes font de la particule "la", quand elles l’emploient au lieu de "le", il faut dire absolument dans la phrase proposée, "et moi quand je le suis", c’est-à-dire, quand je suis malade, en supposant que c’est une femme qui parle, et non pas, quand je la suis.
Observations de l’Académie Française sur les remarques de M. de Vaugelas, 1704, Tome I, XXVII.

http://www.siefar.org/la-guerre-des-mot … p;li=art17

"L'orthographe est plus qu'une mauvaise habitude, c'est une vanité" R. Queuneau

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Re : féminismographie, féminismanie

BakaGaijin a écrit:

Mouais… mais je doute fortement que l’on rencontre plus de :
Sylvie est un excellent judoka,
que de :
Sylvie est une excellente judoka,
et surtout de :
Sylvie est une excellente judokate.
Il y a aussi une question de politesse, je ne trouve pas très polie, ou respectueux de parlé d’un(e) individu(e) en particulier avec du générique.

Les jugements personnels sur la façon de parler sont une chose.
La manière de s'exprimer en est une autre.
Qu'on aime ou qu'on aime pas il faut que tu soyes et la bagnole à mon frère, ça existe et c'est on ne peut plus français. La fréquence d'emploi, c'est un autre sujet.
C'est pareil pour Sylvie est un excellent candidat/judoka/rugbyman/chef/professeur/agent etc.



BakaGaijin a écrit:

Le nom candidat, pris tel quel, isolément, confond en lui les deux possibilités adverses dont nous discutons :
     simple animéité = générique quant au sexe
     sexuation mâle = non générique quant au sexe.
Seul le discours (l'emploi) dénoue ce qui est confondu en langue.

Oui, mais je pense que c’est plutôt
1 sexuation mâle = non générique quant au sexe.
2 simple animéité = générique quant au sexe.

Je ne te suis pas : nous disons la même chose, non ?
Peut-être insistais-tu sur l'ordre : mâle puis simple animé ?

Si tel est le cas, je ne saisis pas la notion d'ordre à quoi tu fais référence.
Quand les choses sont indifférenciées en langue, la notion d'ordre n'est pas pertinente.
Quand les choses sont dénouées en discours, il n'y a pas d'ordre non plus.

Exemple avec une autre catégorie grammaticale : le cas.
En français, le substantif ne varie pas avec son cas d'emploi.
On dit chat pour le cas sujet : le chat miaule.
Et chat pour le cas régime : je vois un chat.
Et encore chat pour le cas prépositionnel : je donne à manger au chat.
En langue, avant emploi, la forme chat n'est pas prioritairement affectable à la fonction COD plutôt qu'à la fonction sujet ou tout autre fonction.
En discours, quand tu utilises chat, ce mot est soit régime à l'exclusion du reste, soit sujet à l'exclusion du reste, soit prépositionnel à l'exclusion du reste etc.
Il n'y a aucun ordre.



BakaGaijin a écrit:

Le discours seul ne permet pas toujours de faire la différence entre masculin et générique. dans :
Tous les Français de plus de 21 ans sont appelés à élire leurs représentants
Si en 1970 cette formulation peut concerner les hommes et les femmes, en 1870 les femmes n’étaient pas concernées.

Suivant le type de texte ou de discours, il est nécessaire de lever toutes ambiguïtés.

Tu as raison : le cotexte ne suffit pas toujours.
Ici le contexte permet de savoir si Français, à l'instar de homme zèbre lion ours, figure un mâle ou bien un simple animé.

En tout cas, ce qui est confondu en langue, seul le discours peut le dénouer.

43 Dernière modification par glop (03-07-2015 23:56:51)

Re : féminismographie, féminismanie

J’ai cherché en vain la vidéo d’une interview qui commençait ainsi:

Le présentateur :
- savez-vous que vous êtes un mythe ?

Jacques Dutronc :
- Ça vaut mieux que d’être une mite.

Mais Il est vrai que ce fil se situe dans une rubrique consacrée à l’écriture.
La confrontation et l’harmonisation de l’expression orale avec l’écriture se situe probablement dans d’autres sphères.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

44 Dernière modification par BakaGaijin (21-07-2015 18:29:51)

Re : féminismographie, féminismanie

greg a écrit:

Les jugements personnels sur la façon de parler sont une chose.
La manière de s'exprimer en est une autre.
Qu'on aime ou qu'on aime pas il faut que tu soyes et la bagnole à mon frère, ça existe et c'est on ne peut plus français. La fréquence d'emploi, c'est un autre sujet.
C'est pareil pour Sylvie est un excellent candidat/judoka/rugbyman/chef/professeur/agent etc.

J'vois pas trop le rapport, surtout que je n’ai pas dit que ce n’était pas français ni que ça n’existait pas.
J’ai dit que c’était peu naturel, que ce n’était pas très polie ou respectueux ou civique, que cette construction n’est pas aussi commune que cela, que vous aurez du mal à trouver des Sylvie est un excellent judoka/rugbyman !
Comme vous aurez du mal à trouver des Sylvie est un beau candidat pour ce poste ou des Sylvie est un excellent pâtissier !

Je ne te suis pas : nous disons la même chose, non ?
Peut-être insistais-tu sur l'ordre : mâle puis simple animé ?
Si tel est le cas, je ne saisis pas la notion d'ordre à quoi tu fais référence.
Quand les choses sont indifférenciées en langue, la notion d'ordre n'est pas pertinente.
Quand les choses sont dénouées en discours, il n'y a pas d'ordre non plus.

Oui j’insiste sur être humain mâle puis générique, puisque c’est du masculin générique et non du générique masculin. smile
Edit : Plus sérieusement, plusieurs études ont montré que la valeur générique du masculin a ses limites…
Par ex. celle de Chatard, Guimond et Martinot en 2005 qui montre qu’une offre d’emploi présentée au masculin (c.-à-d. la profession écrite au masculin) à des adolescentes entre 14 et 15 ans induisait une perception d’auto-efficacité, une confiance et une motivation moins importante à entreprendre les études leur permettant d’y accéder que dans le cas ou l’annonce était rédigée au masculin et au féminin, ou dans une forme épicène.



Exemple avec une autre catégorie grammaticale : le cas.

Je ne pense pas que cela soit absolument comparable. Le genre, surtout quand il s’applique à des êtres humains, est moins grammatical que sémantique.

"L'orthographe est plus qu'une mauvaise habitude, c'est une vanité" R. Queuneau

Re : féminismographie, féminismanie

J’ai dit que c’était peu naturel, que ce n’était pas très polie

Le féminin l'emporte donc, fin de la discussion.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : féminismographie, féminismanie

greg a écrit:
diconoma a écrit:

    J'ai rencontré ce texte indigeste :
    Sous prétexte de nous aider à trouver le bonheur, on nous somme de nous plier à de nombreux diktats :
– sois beau / belle, jeune, mince et ‹ à la mode de chez nous › ;
– sois intelligent(e), spirituel(le) et cultivé(e) ;
– sois bon(ne) dans ton travail et gagne beaucoup d’argent ;
– sois l’heureux(se) propriétaire d’une belle maison et d’une voiture sportive, pars en vacances ;
– sois un(e) père / mère parfait(e) qui n’oublie pas de faire des gâteaux pour la kermesse de l’école, et gère les devoirs sans s’énerver.

     Comment nommer ce genre de rédaction ? féminismographie ? féminismanie ?

Rassure-toi, ya pire : mettre la marque féminine en capitale.
Exemples fréquents dans une certaine littérature gauchiste :
     les salariésles salariéEs
     les militantsles miltantEs
étant entendu qu'il ne s'agit nullement, dans l'esprit du scripteur, d'un féminin pluriel mais du masculin ET du féminin, les deux simultanément au pluriel.

Outre l'ignorance insondable de la grammaire française, on peut noter chez ce scripteur l'oubli complet de ses propres bases idéologiques : la promotion d'une moitié du genre humain contre la seconde, au détriment de la lutte des classes. Un oppresseur de sexe féminin (Thatcher, Merkel, Clinton...) ressemble autant à une femme seule avec trois enfants, enchaînant les CDD à temps partiel non choisi pour un gagner sous-SMIC, qu'un squale à une malheureuse sardine.


Ce genre de rédaction ne mérite qu'un nom : tartufferie.

Pas de politique !

Un personnage de la "Marche des trolls"

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