Personnellement je dis "chelou". Je ne saurais pas vous dire pourquoi... le "e" peut évidemment tomber. Au départ, je pensais que peut-être la séquence /ʃl/ avec chute du e caduc n'était pas fréquente. Mais j'ai pensé immédiatement à "échelon" où, par exemple, je ne prononce pas le "e". Je me suis alors dit que c'était peut-être la place dans le mot, en début de mot, qui faisait que je prononçais le "e", mais là encore, j'ai pensé au fameux "grand schelem" que je prononce sans "e"...
Il faudrait analyser d'autres mots verlans pour voir si les "e" de fins de mots sont toujours (ou du moins souvent) prononcés une fois placés en milieu de mot.
Il y a bien la "beubar" (barbe) avec maintien du "e" mais ici, il est obligatoire pour éviter les deux /b/ à la suite.
Idem pour "teubé" (bête) (et aussi pour "teub"). S'il y a chute du "e", le mot devient imprononçable.
Idem pour "beur" et "rebeu" (arabe), "meuf", "reuf" (frère), "reum", etc.
Il semblerait que souvent le "e" soit obligatoire pour que la prononciation puisse se faire correctement.
En revanche, il y a des contre-exemples, comme "chelou" ou "teucha" (chatte), etc.
Et il y a d'autres exemples où le "e" est ajouté, c'est-à-dire qu'il n'existe pas dans le mot initial: feuj (juif), keuf, keum, keuss (sec), etc.
Je dirais donc qu'il s'agit d'une régularité assez forte (le maintien ou l'apparition d'un "e") dans la création des mots en verlan pour qu'on préfère la prononciation "chelou" à "ch'lou"...
En tout cas, merci pour la question parce qu'elle m'a fait réfléchir à ce problème.