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forum abclf » Pratiques linguistiques » Mot "agente" en milieu professionnel

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Messages [ 51 à 100 sur 273 ]

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

florentissime a écrit:

machinier maintenant / machinière maintenante.


Vous qui vouliez éviter les ambigüités, nous voilà mal avec ce possible dialogue à Pôle Emploi:

_Madame, je voudrais être machinier maintenant.
_Malheureusement, il va falloir attendre un peu. Maintenant je n'ai rien pour vous.

big_smile

Je vous taquine, évidemment smile

52 Dernière modification par florentissime (05-05-2015 16:21:08)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

machinier/machinière de maintenance
machinier/machinière de conception
...etc

Un génitif ferait aussi bien l'affaire.
Vous avez souvent ce réflexe de taquiner ainsi sur des points de détails dérisoires pour éviter la réflexion de fond que j'ai présentée. C'est franchement décevant.

C'est quoi les points communs en terme professionnel entre concevoir des produits touristiques et concevoir des réseaux électriques ? Ce sont des métiers qui n'ont rien à voir. Je disais que cela me semble indiquer que ces noms d'agents, liés à la division des tâches, qui est de toute façon spécifique au domaine économique concerné, ne peut pas être le "substantif", car il n'est pas le coeur du domaine professionnel, qui est premier, mais ne peut être qu'adjectival ou bien introduit comme un génétif, car il est second : Pour concevoir des produits touristiques, il faut d'abord s'y connaître en tourisme; Pour concevoir des réseaux électriques, il faut d'abord s'y connaître en réseaux électriques.

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Re : Mot "agente" en milieu professionnel

florentissime a écrit:

philosophie à deux francs six sous ?

Je n'apprécie pas cette remarque.
Nous ne sommes pas ici pour faire ou recevoir des remarques désobligeantes. Je n'avais pas compris que quelqu'un fût chargé de juger les autres, et de canaliser et orienter les échanges.

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

florentissime a écrit:

Vous avez souvent ce réflexe de taquiner ainsi sur des points de détails dérisoires pour éviter la réflexion de fond que j'ai présentée. C'est franchement décevant.

Je vous déçois... vous m'en voyez navré.
Prenez donc plutôt mes remarques comme une occasion d'approfondir vos réflexions. Prenez-les comme un regard extérieur... ça fait du bien d'avoir un oeil critique, même si celui-ci est constamment dans la recherche du petit défaut dans le raisonnement, ça permet de le parfaire...
Mais bon, soit. J'essaierai de ne plus vous taquiner. Il n'empêche que lorsque je vous taquine vous proposez des alternatives montrant ainsi que votre réflexion est de plus en plus fine, alors finalement, ce n'est pas si mal...

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Re : Mot "agente" en milieu professionnel

yd a écrit:

Comment le TLFi citerait-il en 1970 Dupré 1972 ?

Il y a eu un supplément (un volume). Je me renseigne  auprès de Pascale Bernard.

56 Dernière modification par florentissime (05-05-2015 18:36:43)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Ylou a écrit:
florentissime a écrit:

philosophie à deux francs six sous ?

Je n'apprécie pas cette remarque.
Nous ne sommes pas ici pour faire ou recevoir des remarques désobligeantes. Je n'avais pas compris que quelqu'un fût chargé de juger les autres, et de canaliser et orienter les échanges.

Ce qui est censé canaliser les échanges, c'est le thème du fil de discussion, ici "la féminisation des termes désignant les professions". Normalement, les intervenants devraient se canaliser eux-mêmes pour coller aux thèmes proposés. Si jamais leurs réflexions les menaient en-dehors du thème, il leur est toujours possible d'ouvrir de nouveaux fils de discussion.

Si chacun s'épanchait sans frein sur ses marottes idéologiques personnelles, c'est tout le forum qui devient bordélique, ce qui n'est pas appréciable car cela déprécie franchement sa lisibilité. Imaginez que vous souhaitiez intervenir sur le thème des noms de profession et que vous tombiez sur des discussions au sujet du terme "nom de jeune fille" qui serait patati patata ?

J'ai montré que les suffixes historiques pour construire les noms de métiers "ier/ière", "and/ande", "on/onne" existent chacun en version masculine et féminine. Le problème n'est donc pas essentiellement un problème historique de sexisme quant à la pratique d'un métier. Le problème vient d'une transformation de la manière de travailler, sa rationalisation par la division des tâches, qui a introduit des noms d'agent (opérateur / concepteur / monteur / auteur...etc), lesquels noms d'agent n'existaient pas nécessairement en version masculine et féminine.

De plus, il me semble que ces noms d'agents, en tant qu'issus de la division du travail en tâches élémentaires, ne désigne pas vraiment un métier, mais seulement la partie d'un métier. Par conséquent, ils devraient être considérés comme une partie spécifique d'un métier, désignés donc soit comme un adjectif, soit comme un génitif ajouté au métier principal.

Pour prendre l'exemple donné un thème "agent administratif"

Voici la description qui est donnée ici.

L’employé agent administratif du secteur privé ou public réalise plusieurs travaux administratifs de secrétariat ou de bureautique. Il peut être amené à exercer ses fonctions au sein d’une entreprise, d’une administration ou encore d’une collectivité locale. Le travail d’agent administratif se classe selon trois niveaux, du plus complexe au plus simple. Dans le niveau de classe 1, le candidat pourra prétendre à un emploi de commis senior à la comptabilité, de paie-maître, d’acheteur et de secrétaire de direction. Dans le niveau de classe 2, les emplois seront commis senior, secrétaire et secrétaire médicale. Enfin dans le niveau de classe 3, les emplois seront commis intermédiaire et préposé à l’admission.

-> On voit que c'est un terme tellement général qu'il est très flou.

Ce flou linguistique révèle un flou des conceptions économiques.

Ne nous étonnons donc pas de la gabegie de la formation, de l'inadéquation entre celle-ci et les besoins, de l'incapacité des demandeurs d'emplois comme des employeurs de s'y retrouver. Prendre les choses systématiquement sous l'aspect de la généralité, c'est tout rendre flou.

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Roméo31 a écrit:
yd a écrit:

Comment le TLFi citerait-il en 1970 Dupré 1972 ?

Il y a eu un supplément (un volume). Je me renseigne  auprès de Pascale Bernard.

J'ai donné l'explication dans le message 31. Le supplément (jamais publié à ma connaissance en version papier, le fameux volume 17) n'a rien à voir dans cette affaire.
Sur le supplément, voir :
http://www.atilf.fr/spip.php?article917

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Re : Mot "agente" en milieu professionnel

"Ce qui est censé canaliser les échanges, c'est le thème du fil de discussion, ici "la féminisation des termes désignant les professions". Normalement, les intervenants devraient se canaliser eux-mêmes pour coller aux thèmes proposés. Si jamais leurs réflexions les menaient en-dehors du thème, il leur est toujours possible d'ouvrir de nouveaux fils de discussion.

Si chacun s'épanchait sans frein sur ses marottes idéologiques personnelles, c'est tout le forum qui devient bordélique, ce qui n'est pas appréciable car cela déprécie franchement sa lisibilité. Imaginez que vous souhaitiez intervenir sur le thème des noms de profession et que vous tombiez sur des discussions au sujet du terme "nom de jeune fille" qui serait patati patata ?

J'ai montré que les suffixes historiques pour construire les noms de métiers "ier/ière", "and/ande", "on/onne" existent chacun en version masculine et féminine. Le problème n'est donc pas essentiellement un problème historique de sexisme quant à la pratique d'un métier."

Merci florentissime, j'avais compris.
Il y a façon et façon de faire, de dire. Vous en êtes forcément conscient. Le contraire serait un comble sur ce forum.
Mais à vous la parole.

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

florentissime a écrit:

J'ai montré que les suffixes historiques pour construire les noms de métiers "ier/ière", "and/ande", "on/onne" existent chacun en version masculine et féminine. Le problème n'est donc pas essentiellement un problème historique de sexisme quant à la pratique d'un métier. Le problème vient d'une transformation de la manière de travailler, sa rationalisation par la division des tâches, qui a introduit des noms d'agent (opérateur / concepteur / monteur / auteur...etc), lesquels noms d'agent n'existaient pas nécessairement en version masculine et féminine.

Vous n'avez rien montré du tout... tout le monde savait que les suffixes que vous citez existent au masculin et au féminin.
En revanche, vous vous trompez en éludant le problème de sexisme. En effet, traditionnellement, la pharmacienne est la femme du pharmacien et pas une femme docteur en pharmacie. Il y a donc bien un problème avec la féminisation des métiers, qui montre une tradition sexiste liée, comme cela a été dit, aux us anciens. Ce n'était pas si hors-sujet que cela.

60 Dernière modification par florentissime (06-05-2015 00:00:25)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

oliglesias a écrit:
florentissime a écrit:

J'ai montré que les suffixes historiques pour construire les noms de métiers "ier/ière", "and/ande", "on/onne" existent chacun en version masculine et féminine. Le problème n'est donc pas essentiellement un problème historique de sexisme quant à la pratique d'un métier. Le problème vient d'une transformation de la manière de travailler, sa rationalisation par la division des tâches, qui a introduit des noms d'agent (opérateur / concepteur / monteur / auteur...etc), lesquels noms d'agent n'existaient pas nécessairement en version masculine et féminine.

Vous n'avez rien montré du tout... tout le monde savait que les suffixes que vous citez existent au masculin et au féminin.
En revanche, vous vous trompez en éludant le problème de sexisme. En effet, traditionnellement, la pharmacienne est la femme du pharmacien et pas une femme docteur en pharmacie. Il y a donc bien un problème avec la féminisation des métiers, qui montre une tradition sexiste liée, comme cela a été dit, aux us anciens. Ce n'était pas si hors-sujet que cela.

Non, point. Comme je l'ai dit auparavant, dans les us anciens, la cellule de base de la société était la famille, dans son ensemble, et non l'individu. Par conséquent, dans le monde du travail, la pratique du métier était du fait de la famille, chacun y ayant son rôle, l'homme comme la femme et comme les enfants.

L'homme était naturellement dévolu aux opérations de force (ex : labourage), la femme aux opérations d'organisation et aux tâches plus méticuleuses, les enfants éventuellement aux petites tâches subalternes.

Il y avait donc le fermier et la fermière; le boulanger, la boulangère; le tisserand, la tisserande;...etc

Je généralise quelque peu, puisque les situations étaient surement variables. Mais il reste qu'une loi commune était que la veuve d'un artisan héritait naturellement de la boutique familiale.

Croire que les femmes ne travaillaient pas est faux :
La laitière :
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5a/Johannes_Vermeer_-_De_melkmeid.jpg
La couturière :
http://4.bp.blogspot.com/-AgceOML6AQA/T_V7dzjRSII/AAAAAAAAAoM/5ojcu3NegQo/s1600/Couturie%CC%80re_02matic.jpg
Les Cordonniers de Mont-Saint-Père :
http://www.bjl-multimedia.fr/plume/LHERMITTE2.jpg
Dur travail :
http://www.peintres-et-sculpteurs.com/tableau/1917.jpg

Maintenant, vous ne pouvez niez que les termes modernes : opérateur, concepteur, agent, monteur,...etc. sont d'abord des noms d'agents - dérivés directement de verbes dénotant une seule action, qu'ils ne désignent donc qu'une parcelle de travail, et non un métier au sens propre. La floraison de ces termes généraux s'est faite avec la division du travail et l'extension du salariat.

Par exemple, prenez l'étymologie du terme opérateur :
Étymol. et Hist. 1. 1374 (serfs) operateurs «qui accomplissent, exécutent» (Oresme, Yconomique, éd. A. D. Menut, 334c, p.818);


L'ouvrier fait une œuvre, du début à la fin, il la conçoit, il achète les matériaux, il la fabrique.
L'opérateur fait un geste et puis c'est tout ce qu'on lui demande.

Il faut bien comprendre que les gens travaillaient en famille avant l'expansion du capitalisme, donc que nos catégories d'individualistes salariés par les multinationales ne sont pas forcément taillées pour comprendre le système économique du passé (qui existe encore dans certains pays). C'est justement ce changement de système économique qui a obligé à changer presque tous les noms de métiers, dérivés dès lors d'un nom d'agent, dont la dérivation en version masculine et féminine était mal assurée, plutôt que directement de la production ou bien de la matière travaillée.

61 Dernière modification par glop (05-05-2015 23:55:54)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Je ne souhaite pas m’immiscer dans cette discussion mais, s’il m’est permis de rebondir, permettez-moi une petite remarque au sujet de la suspicion de sexisme dont parle oliglesias. Pourquoi ce sexisme ne s’envisage-t-il qu’à sens unique ?
Le fait d’appeler la femme d’un maire la mairesse avait en réalité pour résultat de faire bénéficier cette femme des égards dus à son mari; ou-bien c’était le fait de ne pas connaitre les patronymes des gens  qui incitait les gens à appeler bouchère la femme du boucher mais le sexisme que nous attribuons ces usages est une notion en grande partie rapportée de façon anachronique.
Au moyen âge, pour être reconnus par ses pairs, dans certaines professions, il fallait jurer de ne pas faire travailler son épouse. Ce serment servait avant tout à s’assurer que les femmes de l’époque qui enfantaient plus souvent qu'aujourd'hui ne soient pas réduites en esclavage.
Ma voisine est libraire ; les gens du quartier appellent son mari "le libraire" sans savoir qu’il est en réalité chercheur au CNRS. Y-a-t-il vraiment du sexisme là-dedans ?

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

oliglesias a écrit:

En effet, traditionnellement, la pharmacienne est la femme du pharmacien et pas une femme docteur en pharmacie.

Certes, mais cet usage est vraiment obsolète et il suffira d'une pichenette pour qu'il disparaisse tout à fait.

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Je vous assure que l'usage n'est pas obsolète... une amie à moi est pharmacienne et elle m'a expliqué qu'à plusieurs reprises elle est tombée sur des gens croyant simplement qu'elle était mariée à un pharmacien n'envisageant même pas qu'elle puisse être docteur en pharmacie. Pour moi il est là le sexisme. Mon premier propos a peut-être été mal compris et mal expliqué car je suis d'accord avec vos remarques (les trois finalement). Mais je ne crois pas que ce sexisme ait disparu aujourd'hui (effectivement glop je ne crois pas non plus qu'il s'agissait de sexisme à l'époque). Mais revenons-en au sujet car florentissime a peut-être raison et je trouve son explication du problème très intéressante.

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Il y a peut-être des usages différents selon les endroits, ou une opposition entre ville et campagne, par exemple. Mais pour la région parisienne, où la majorité des pharmacies sont tenues et peuplées par des femmes docteurs en pharmacie, je n'ai jamais entendu cette usage et mes amies pharmaciennes ne me l'ont jamais signalé non plus.
La démographie des pharmaciens montre que les femmes sont très largement majoritaires :
http://www.ordre.pharmacien.fr/Le-pharm … harmaciens
Je continue donc de penser que l'usage est obsolète même si on peut tomber sur des cas comme celui que vous signalez qui montrent que l'usage n'est pas totalement mort.
Du reste, ces questions d'usage doivent être examinées en contexte. Par exemple, si l'on a longtemps parlé de "la maréchale Leclerc", on n'a pratiquement jamais parlé de "la générale de Gaulle". Dans ma jeunesse, mon voisin d'appartement était le général de division X et les copropriétaires de l'immeuble n'appelaient pas son épouse la générale, hormis quelques rares très vieilles personnes et plutôt par jeu, mais bien la femme du général ou Madame X.

65 Dernière modification par Abel Boyer (06-05-2015 09:38:19)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

florentissime a écrit:

Il faut bien comprendre que les gens travaillaient en famille avant l'expansion du capitalisme, donc que nos catégories d'individualistes salariés par les multinationales ne sont pas forcément taillées pour comprendre le système économique du passé (qui existe encore dans certains pays).

Oui, mais si cela explique qu'on ait appelé boulangère la femme du boulanger, parce qu'elle travaillait avec lui, vendait le pain et participait donc à l'exercice de cette profession, sans compter quelques menus extras pour avoir des écus qui ne lui coûtent guère, cela n'explique pas qu'on appelle maréchale la femme du maréchal, car celle-là ne participait sûrement pas au métier de son mari, si ce n'est dans la représentation sociale et dans les bals ! (il est vrai que c'est un titre plutôt qu'un métier)
De plus, certains métiers comme laitière n'avaient pas de masculin.

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

cf laitier
1225 subst. masc. « celui qui vend du lait » (Reclus de Molliens, Charité, 126-5 ds T.-L.);

Pour le reste... Comme si un homme, avec de hautes fonctions, ne s'appuyait pas sur les conseils de sa femme, qui est son soutien, sa confidente, son amour, quoi ! Je me souviens d'une étude qui montrait que les gens mariés réussissent mieux professionnellement : normal, à deux, l'on se soutient mutuellement.

Une Femme comme la marquise de Pompadour, par exemple, a souvent su faire prendre au roi Louis XV certaines décisions. Je suis sûr qu'en fouillant bien, on trouverait milles exemples de ce genre.

Je vous cite Élisabeth Vigier-Lebrun (peintre) :
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c9/Lebrun%2C_Self-portrait.jpg?uselang=fr

« Les femmes régnaient alors, la Révolution les a détrônées. »

Pour moi, il n'y a aucun doute : la guerre des sexes cela vient avec la modernité.
Mais de tout temps, c'est l'amour des sexes qui prévaut.

Combien de poèmes existent sur ce sujet ? Combien de pièces de théâtre ?
Y-a-t-il une seule pièce de théâtre de Molière, de Corneille ou de Racine qui montre du machisme ?

Tout ça c'est de la pétition de principe, c'est de l'idéologie contemporaine que l'on plaque sur le passé.

67 Dernière modification par florentissime (06-05-2015 13:23:30)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

oliglesias a écrit:

Je vous assure que l'usage n'est pas obsolète... une amie à moi est pharmacienne et elle m'a expliqué qu'à plusieurs reprises elle est tombée sur des gens croyant simplement qu'elle était mariée à un pharmacien n'envisageant même pas qu'elle puisse être docteur en pharmacie. Pour moi il est là le sexisme. Mon premier propos a peut-être été mal compris et mal expliqué car je suis d'accord avec vos remarques (les trois finalement). Mais je ne crois pas que ce sexisme ait disparu aujourd'hui (effectivement glop je ne crois pas non plus qu'il s'agissait de sexisme à l'époque). Mais revenons-en au sujet car florentissime a peut-être raison et je trouve son explication du problème très intéressante.

Merci. C'est logique, je trouve.

On voit bien que la majorité des anciens noms de métiers a disparu. C'est donc que l'organisation économique a totalement changée. L'origine de cette transformation me semble être une nouvelle organisation du travail, par sa division en tâches atomiques.

Il fallait bien désigner les rôles dans cette nouvelle manière de travailler. Le travailleur y a un rôle d'agent d'une simple tâche : la conception des termes s'est ainsi fondée naturellement sur une dérivation d'un nom d'agent, construit à partir d'un verbe à l'aide du suffixe -eur. Je cite :

B.− Le subst. désigne un agent inanimé (il a, comme tel, un genre fixe).

  • 1. [Il est au masc.]

    • a) Le mot désigne en même temps la pers. (avec variation de genre) : écouteur, éplucheur, frotteur, nettoyeur, pointeur, traceur.

    • b)Le mot désigne en même temps la pers. de sexe masc. : analyseur, avertisseur, brûleur, changeur, chargeur, compteur, convertisseur, décrotteur, diviseur, dragueur, jaugeur, mesureur, nourrisseur, patrouilleur, redresseur, torpilleur, transmetteur, transporteur, verseur, viseur.

    • c)Le mot désigne uniquement un agent inanimé : absorbeur, agrandisseur, amortisseur, caboteur, catalyseur, classeur, composteur, concasseur, croiseur, culbuteur, démarreur, écarteur, échangeur, enfouisseur, escorteur, flotteur, haut-parleur, inverseur, mélangeur, mouilleur, percuteur, planeur, propulseur, purgeur, ralentisseur, tâteur, tendeur, transbordeur.

  • 2. [Il est au fém.]

    • a) Il désigne un appareil ou une machine.

      • − Le mot désigne en même temps la pers. (avec variation de genre) : balayeuse, botteleuse, cireuse, colleuse, découpeuse, faneuse, faucheuse, marqueuse, moissonneuse, peigneuse, perceuse, planteuse, poinçonneuse, raffineuse, remplisseuse, rinceuse, tondeuse, tireuse, trayeuse, veilleuse.

      • − Le mot désigne en même temps la pers. de sexe masc. : assembleuse, fondeuse, haveuse, limeuse, mitrailleuse, raboteuse, riveuse, scieuse, suceuse, sulfateuse, taraudeuse.

      • − Le mot désigne uniquement l'agent inanimé : écrémeuse, essoreuse, lessiveuse, lieuse.

    • b) Le mot ne désigne pas l'appareil ou la machine accomplissant le procès, mais des objets domestiques caractérisés par leur destination :

      • baladeuse .1. Petite voiture de marchand ambulant. Voiture accrochée à la motrice d'un tramway. 2. Lampe électrique munie d'un long fil qui permet de la déplacer

      • barboteuse .« Vêtement de jeune enfant, qui laisse les membres à nu »

      • boudeuse .« Siège double où deux personnes peuvent s'asseoir en se tournant le dos »

      • causeuse .« Petit canapé (où deux personnes peuvent s'asseoir pour causer) »

      • chauffeuse .« Chaise pour se chauffer près du feu »

      • coiffeuse .« Petite table de toilette munie d'une glace devant laquelle les femmes se coiffent, se fardent »

      • liseuse .1. Couteau à papier servant de signet. 2. Couvre-livre amovible. 3. Petit vêtement de femme pour lire au lit

  • 3. [Il y a deux subst. de genre différent ou un subst. ayant les deux genres.]

    • a) [Subst. masc. :]

      • arroseur .« Appareil d'arrosage »

      • batteur .1. Ustensile ménager. 2. Organe principal d'une batteuse

      • niveleur .« Petite herse »

      • pétrisseur .« Pétrin mécanique »

      • sondeur .« Appareil de sondage »

      • trembleur .« Dispositif animé d'une vibration »

      • trieur .« Appareil servant au triage des graines »

    • b) [Subst. fém. :]

      • arroseuse .« Véhicule (...) destiné à l'arrosage »

      • batteuse .« Machine qui sert à l'égrenage des céréales... »

      • niveleuse .« Engin de terrassement »

      • pétrisseuse .« Machine à pétrir »

      • sondeuse .« Petite sonde pour forages peu profonds »

      • trembleuse .« Petite tasse retenue dans une soucoupe (par un évidemment) »

      • trieuse .« Machine mécanographique »

    • c) Le subst. a les deux genres :

      • bineur, euse .« Machine destinée aux binages »

      • centrifugeur, euse .« Appareil agissant par force centrifuge »

      • étuveur, euse .« Appareil, chaudière, four à étuver ».

On voit bien que ce suffixe était d'habitude usité pour les agents inanimés, des appareils et des machines. La nouvelle organisation du travail a ainsi désigné ses agents par des noms de machines, dont le genre grammatical n'avait pas de relation avec le sexe, d'où quelques difficulté parfois à proposer des termes pour désigner tant le travailleur que la travailleuse.

Moi-même, en tant que personne masculine, j'ai exercé la fonction de mitrailleuse (conducteur de Machine automatique pour fendre le carton et tracer les plis dans la fabrication des gros emballages).

Maintenant, comment s'en sortir ?

Bien : la division du travail a découpé les métiers en tâches atomiques, et ce sont ces tâches atomiques que l'on désigne par un nom d'agent.

Or, la tâche est un élément d'un tout. Cela justifie, selon moi, en vue de désigner le rôle au sein du travail, de prendre le nom du métier comme le substantif (car il est le cœur de l'activité, la substance de la production) en le dérivant avec le suffixe idoine (ier, ière), le nom d'agent lui étant subalterne (adjectif ou nom en apposition)

C'est-à-dire, par exemple, au lieu de :
- secrétaire médicale
-> médecinier(-ière), assistant(e). *

C'est-à-dire : Métier, rôle dans ce métier.

* si on remonte directement au verbe latin medeo, medere (soigner) : médier (-ère), assistant(e)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

florentissime a écrit:

cf laitier
1225 subst. masc. « celui qui vend du lait » (Reclus de Molliens, Charité, 126-5 ds T.-L.);

Vous mélangez les siècles allègrement. Nous étions sur la laitière de Vermeer, en 1658. Restons dans ces siècles proches de nous et vous observerez que les dictionnaires de l'Académie, de la première édition (1694) à la 6e (1835), ne connaissent que la laitière mais point le laitier (en dehors du terme de fonderie). Le laitier, masculin de laitière, ne fait son entrée que dans la 7e édition (1877) !

69 Dernière modification par florentissime (06-05-2015 12:45:21)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

bis repetita cf laitier :

Étymol. et Hist. A. Ca 1225 subst. masc. « celui qui vend du lait » (Reclus de Molliens, Charité, 126-5 ds T.-L.);

Je traduis, 1225 se dit, en toutes lettres,  mille deux cent vingt cing, ce qui est de six cent cinquante deux années antérieur à 1877.

Ces distances temporelles qui peuvent nous sembler longues restent courtes pour des immortels.

70 Dernière modification par Abel Boyer (06-05-2015 13:20:47)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Oui, je sais lire les nombres, rassurez-vous. Voici d'ailleurs le texte, pour votre gouverne :
http://img11.hostingpics.net/pics/182378Capture.png
Si vous souhaitez parler le français de 1225, vous ne serez pas compris. Déjà que vous l'êtes déjà fort peu ! wink

71 Dernière modification par florentissime (06-05-2015 13:46:02)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Je préfère encore être incompris par quelqu'un qui déduit de l'introduction du terme "laitier" dans la 7ème édition du dictionnaire de l'académie le fait que nul homme n'a jamais vendu de lait auparavant...

D'autre part, j'ai présenté une réflexion, qui prend en considération les transformations du monde économique, pour expliquer l'absence de versions féminine et masculine pour certains rôles professionnels. Pour dire vite, la division du travail a renouvelé les rôles professionnels. Devenus micro-parties d'un métier, réduits à une simple tâche, ces rôles furent alors désignés par des noms d'agents, usuellement destinés à désigner des choses inanimées, des instruments, des machines ou des appareils.

Je sais cette réflexion est un peu longue.
Elle mobilise un peu plus d'un neurone en même temps.
Mais je suis sûr, par quelque bonne volonté, que vous pourriez avoir quelqu'opinion dessus.

Cela dit, j'admire votre capacité à avoir retrɷvé la source. Si vɷs pɷviez, en aparté, m'expliquer comment trɷver les références sur lesquelles s'appuient le TILF, je vɷs en serais très reconnaissant, mon ironie se ferait moins mordante, vɷs n'en sɷffririez que moins.

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

florentissime, mettez-vous d'accord avec vous même (combien êtes-vous dans votre tête?) et soyez cohérent dans votre orthographe: soit vous utilisez l'orthographe actuelle (avec ses "ou") soit vous utilisez votre orthographe, mais n'alternez pas, ça devient compliqué.
Dernière remarque sur cette orthographe: vous n'incluez pas "moins" dans vos diphtongues?

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

florentissime a écrit:

Je préfère encore être incompris par quelqu'un qui déduit de l'introduction du terme "laitier" dans la 7ème édition du dictionnaire de l'académie le fait que nul homme n'a jamais vendu de lait auparavant...

Je n'ai jamais dit cela, vous interprétez énormément et erronément ! Mais peu importe finalement, je vous laisse à vos marottes inoffensives.

74 Dernière modification par florentissime (06-05-2015 15:34:04)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

à oliglesias : (Je suis dans une phase ɷ́ je ne tɷche pas ɷ̀x digrammes "oi" & "oin", comme je l'ai évoqué dernièrement dans le fil de discussion dédié - une idée de BakaGaijin, datée du 21-01-2015 à 18:59:50. C'est à titre expérimental. Mais je profitais surtɷt d'avoir intégré dans le pilote de clavier français enrichi les caractères ʚ, ʚ̀, ʚ́, ɷ̀, ɷ, ɷ́, et du bonhʚr que me procure lʚr saisie de beɷ̀cɷp simplifiée)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Abel Boyer a écrit:
florentissime a écrit:

Je préfère encore être incompris par quelqu'un qui déduit de l'introduction du terme "laitier" dans la 7ème édition du dictionnaire de l'académie le fait que nul homme n'a jamais vendu de lait auparavant...

Je n'ai jamais dit cela, vous interprétez énormément et erronément ! Mais peu importe finalement, je vous laisse à vos marottes inoffensives.

Vɷs avez le droit de discuter du thème de la discussion, sinon...

Les noms de métiers de l'ère industrielle sont des noms de machines et d'instruments, i.e d'ɷtils, donc asexués.
C'est de là que vient l'embrouillamini linguistique, nécessairement, puisque le suffixe traditionnel pour désigner les noms de métiers [(i)er/-(i)ère] existe selon les dʚx formes masculines et féminines.

76 Dernière modification par yd (06-05-2015 16:04:09)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Attention : on ne peut pas non plus imiter cette langue de Bali célèbre pour sa complexité qui avait je crois dix-neuf genres - je peux retrouver ma source - avec des genres selon les dignités et les métiers, justement : le suffixe -ier, -ière n'est pas exclusif aux métiers, et les métiers ont d'autres suffixes possibles.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Y-a-t-il une seule pièce de théâtre de Molière, de Corneille ou de Racine qui montre du machisme ?

Lisez Molière, vous m'en direz des nouvelles ! Sont condamnées Armande, qui ne veut pas se laisser dominer par le sexe, Célimène, qui ne veut pas se laisser dominer par un mari, Philaminte qui a des prétentions intellectuelles. Chez Molière, les  femmes étouffent. Certes, certes, les personnages les plus machistes sont les affreux de l'histoire, mais un jeune premier profère : Je consens qu'une femme ait des clartés de tout...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

78 Dernière modification par florentissime (06-05-2015 20:16:10)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

C'est mince. Entre le culte Marial, Sainte-Geneviève patronne de Paris, sa capitale, et Jeanne d'Arc patronne du Pays, c'est être excessif de considérer que la France médiévale fut un pays machiste. Ce fut certainement l'un des plus doux pays qui exista à cette époque dans le monde sur ce point, le mariage fort tôt fondé sur le consentement entre époux.

Pour en revenir au sujet - car je vois bien qu'il est pollué sans cesse par la posture de combat dû au courant féministe moderne, ce qui ne peut aboutir qu'à la mauvaise foi puisqu'il pose en principe que l'homme est par essence un affreux macho, voici une liste des anciens métiers triés par suffixes, pour mesurer la productivité de chacun d'eux :

  • *(i)er/*(i)ère : Agnelier, Arbalétrier, Archier, Armurier, Aumussier, Barbier, Barbier-perruquier, Barbier-chirurgien, Barillier, Batelier, Baudroyer, Bijoutier, Bladier, Blaonnier, Blatier, Blavetier, Buletier, Buletère, Boguier, Boisselier, Bonissier, Bonnetier, Boucher, Bouclier de fer, Bouclier d'archal, Boudinier, Bouhélier, Bouquier, Bourrelier, Boursier, Boutillier, Boutonnier, Bouvier, Bracier, Bradier, Bralier de fil, Brégier, Budelier, Buffetier, Buletier, Buronnier, Buteiller, Cabaretier, Cambusier, Candelier, Carrier, Cartier, Caucassier, Ceinturier, Cervoisier, Chandelier, Chanevacier, Chapelier, Charcutier, Charlier, Charbonnier, Charpentier de navires, Chaudronnier, Chaufournier, Chaussetier, Chaussier, Chevrettier, Chiffonnier, Cirier, Chandelier, Cloutier, Cocassier, Cocher, Cocotier, Corbesier, Cordier, Cordonnier, Corratier, Coulissier, Courratier, Courroyer, Courtepointier, Coutelier, Coutellier fèvres, Coutellier faiseur de manches, Craquelottière, Crédencier, Crêmier, Crépinier de fil et de soie, Cristallier, Croquetier, Cuisinier, Cuvelier, Décier, Dentellière, Dorelotier, Drapier, Ecuellier, Epinglier, Epicier, Escrinier, Espinassier, Etuvier, Feinier, Ferblantier, Fermailler de laiton, Ferpier, Filandier, Floquenier, Fontainier, Fougassier, Foulonnier, Fournier, Forcetier, Frater, Fremallier, Fripier, Fruitier, Fustalier, Gainier, Galnier, Gantier, Gastelier, Gazier, Gipponier, Grainier, Greffier, Grenier, Hallebardier, Harengier, Haranguier, Haubergier, Heaumier, Huchier, Huillier, Huttier, Imagier, Jougtier, Journalier, Jumentier, Laitier, Lampier, Lanternier, Lavandière, Limouzier, Linier, Lormier, Lunetier, Macelier, Madelinier, Marinier, Manier, Mandelier, Maraîcher, Marguiller, Maysselier, Mégissier, Mégotier, Mercier, Messager, Meunier, Mortellier, Moulinier, Moutardier, Mulquinier, Nochier, Oulier, Paonier, Pompier, Parcheminier, Pancossier, Panetier, Patenôtrier, Pâtissier, Paumier, Peignier, Pelletier, Perruquier, Pipier, Placier, Plumassier, Poissonnier, Potier, Poulailler, Pourpointier, Puisatier, Pyssonier, Regrattier, Résinier, Rotier, Cabaretier, Roulier, Sabotier, Saulnier, Saunier, Sauvaginier, Savetier, Savetonnier, Sellier, Serrurier, Tabletier, Taillandier, Talemelier, Boulanger, Tapissier, Tavernier, Telier, Tellier, Teinturier, Toilier, Tonnelier, Touneiller, Tréfilier, Tripier, Tuillier, Valadier, Vannier, Varcollier, Veillier, Velier, Veloutier, Veulpiltier, Ventier, Verdier, Vieux-warier, Viguier, Vinaigrier, Voiturier, Volailler, Voyer, Wagonnier, Waretier, Imagier, Zinguer.

  • *eur/? : Affoireur de vin, Allumeur de réverbères, Amareyeur, Arpenteur, Albergeur, Avitailleur, Atacheur, Baloteur, Baloteur d'oeufs, Barbeur, Batteur, Batteur d'archal, Batteur de laine, Batteur d'étain, Batteur d'or et d'argent en fil, Batteur d'or et d'argent en feuille, Batteur de soute, Bluteur, Bonisseur, Bouchoteur, Bouffisseur, Bouilleur, Bouloteur, Boucheteur, Brasseur, Bluteur, Cardeur, Casseur de Grès, Chapuiseur, Colporteur, Confectionneuse de fourreaux à bouteilles en fil d'archal, Corroyeur, Couvreur de paille, crieur de vin, Cureur, Déchargeur de vin, Dépeceur, Ecaqueur, Ecorceur, Ecoucheur, Ecorcheur, Ecorcheur de lin, Entretailleur de drap, Espinasseur, Essarteur, Etameur, Etuveur, Faiseur de draps d'or et d'argent et de soie, Fondeur, Fourbeur, Fourbisseur, Fourreur, Hercheur, Houilleur, Impositeur, Jaleuse, Jaugeur, Joigneur, Malteur, Mesureur de blé, Montreur, Moulangeur, Mouleur, Naiveur, Oublieur, Pêcheur, Peigneur, Porteur, Quarriereur, Querneur, Rebatteur, Rémouleur, Réparateur, Ramoneur, Scailteur, Schlitteur, Scieur, Sclaideur, Soyeur, Tailleur, Tanneur, Texheur, Tireur de soie, Toiseur, Tondeur de drap, Tréfileur, Vangeur, Vanneur, Vélineur, Velteur, Vendeur, Voileur, Zoneur.

  • *on/*onne : Boquillon, Bouffon du roi, Bûcheron, Casseron, Chandelon, Charron, Chasseron, Cosson, Ferron, Forgeron, Foulon, Maçon, Mangon, Marmiton, Mitron, Tarillon.

  • *eux/*euse : Balezeux, Moleux, Pailleux, Queux, Maître-queux, Volailleux.

  • *iste/*iste : Aubergiste, Fumiste, Gnomoniste, Modiste.

  • *and/*ande : Marchand, Tisserand.

  • autres : Apothicaire, Balezaux, Botîresse, Bourreau, Brochéor, Cercayrès, Chambellan, Chasse-maisnié, Chasse-manée, Chasse-marée, Chasse-moutte, Chasse-mulet, Chevillard, Chirurgien, Cotéresse, Domestique, Fabricant de bière, Fabricant de cidre, Fèvres, Fileresse, Gabelou, Garde-moulin, Garde-mouture, Gargot, Geindre, Hanouard, Juge en praesidial, Jurat, Juré, Maître des étuves, Mastroquet, Matuchin, Mire, Orfèvre, Oublieu, Peintre, Portefaix, Sagard, Saleran, Troubadour.

79 Dernière modification par yd (07-05-2015 08:34:58)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

J'ai lu ces jours-ci dans d'autres recherches que la scolarisation de base a fort longtemps été le monopole des abbayes, ce qui est à mon avis connu et a laissé beaucoup de traces, et que les filles y avaient en général accès mais surtout pour apprendre à lire, beaucoup plus rarement pour apprendre aussi à écrire, ce qui me semble moins connu.

Il n'y avait donc pas, apparemment, de refus pour l'accès des femmes à la culture. Ce qu'il faudrait savoir, c'est le sort généralement réservé aux demandes des femmes d'apprendre aussi à écrire.

Évidemment, si l'on apprend à lire sans apprendre à écrire on peut supposer l'enseignement de la grammaire réduit à pas grand chose ou à rien. D'un autre côté, une personne qui sait bien lire peut probablement apprendre à écrire toute seule. J'imagine que beaucoup de femmes ne s'en privaient pas.

Fille légère ne peut bêcher.

80 Dernière modification par florentissime (08-05-2015 09:37:17)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Pour revenir au sujet, on voit bien que, tout au moins historiquement, le suffixe *(i)er/*(i)ère a été le plus productif.

Le suffixe *eur a deux inconvénients :
1° il est ambigu quand à la forme féminine : rice ? euse ?
2° il est par ailleurs dévolu aux agents inanimés (appareils, machines).
ex : aspirateur, moissonneuse, extractrice.

Je pense pour ma part qu'il serait utile de distinguer l'appareil de celui qui conduit, de réserver les termes suffixés en *eur /  *rice / *euse pour désigner les agents inanimés, machines et appareils, et d'utiliser le suffixe *(i)er/*(i)ère pour désigner du personnel.

Par exemple :
- moissonneuse pour la machine | moissonnier / moissonnière pour qui l'emploie.
- tracteur | tractier / tractière
- extractrice | extractier / extractière.
- mitrailleuse | mitrailler / mitraillère.
- balayeuse | balayier / balayière.
- tondeuse | tondier / tondière.
...etc

Ainsi plutôt que :
desiner -> dessinier / dessinière.
concepteur -> conceptier / conceptière.
opérateur -> opératier / opératière.
monteur -> montier / montière.
développeur -> développier / développière.
cadreur -> cadrier / cadrière.
cueilleur -> cueiller / cueillère.
couvreur -> couvrier / couvrière.
trieuse -> triyer

..etc

Cela permet ainsi de désigner plusieurs sortes d'agents inanimés (*eur / *euse / *rice / *(e)resse / ...etc) d'un coté, et de l'autre de les distinguer des personnes qui les utilisent professionnellement, selon les deux sexes (*ier / *ière).

En effet, supposons un atelier de forage. Dedans, il a plusieurs machines, de tailles variables, destinées à divers sortes de forage : un foreur, une foreuse, une forrice, une forresse,...etc. Celui qui y travaille est un forier; Celle qui y travaille est une forière. S'il faut un(e) employé(e) spécialisé(e) par machine, il y a un foreurier, ou une foreurière, qui emploie le foreur; un forusier, ou une forusière, qui emploie la foreuse; un forricier, ou une forricière, qui emploie la forrice; un forressier, ou une forressière, qui emploie la forresse.

Avec mon écriture alphabétique, pour préciser le son exact :
le forʚ́rier / la forʚ̀rière est qualifié(e) pour employer le forʚ̀r
le forusier/ la forusière est qualifié(e) pour employer la forʚ́se
le forricier / la forricière est qualifié(e) pour employer la forrice
le forréssier / la forrèssière est qualifié(e) pour employer la forrèsse

Les forʚ́rier, forʚ̀rière, forusier, forusière, forricier, forricière, forréssier, forrèssière, sont chacun des foriers spécialisés dans l'emploi d'une machine particulière de l'atelier de forage.

Pour revenir à l'agent administratif : je dirais bureautier / bureautière.

81 Dernière modification par florentissime (08-05-2015 10:04:24)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

C'est en fait très intéressant d'avoir plusieurs termes pour désigner divers genre d'appareils qui ont la même fonction, même dont le principe est différent. On avait calculatrice pour l'objet portable, et, à l'origine, calculateur, pour les gros ordinateurs fixes. On pourrait ainsi désigner "ordinatrice" les ordinateurs portables.

De même en est-il pour le téléphone.
On a la destination, ce à quoi sert l'appareil, qui a guidé la construction du terme.
Mais au-delà du but de l'appareil, il y a encore la manière dont il est utilisable.
Il se trouve que furent inventés les téléphones portables.

Un téléphone fixe est rigide d'utilisation, il faut s'y plier, disons que c'est une caractéristique masculine : on pourrait dire un téléphoneur.
Un téléphone portable est souple d'utilisation, accommodant, disons que c'est plutôt une caractéristique féminine : on pourrait dire une téléphoneuse.

Cela permet de produire 4 mots :
un téléphoneur -> un téléphone fixe.
une téléphoneuse -> un téléphone portable.
un téléphonier -> un employé qui travaille par téléphone.
une téléphonière -> une employée qui travaille par téléphone.

82

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

InesM a écrit:

Est-il préférable d'utiliser "agente" pour signifier le féminin du mot "agent" lorsqu'on mentionne un métier ou garder "agent" même dans le cas où c'est une femme?
Exemple: "agente administrative" ou "agent administratif"

La question revient à se demander si, pour signifier le masculin, il vaut mieux dire un tortu ou un tortue ou une tortue.
S'il fallait choisir, je dirais plutôt un tortue. De toute façon, c'est l'usage — en l'occurrence le non-usage — qui décide.

Pour répondre à ta question, je pourrais dire une agent. Mais pas une agente.
Je ne sais pas si je dirais une agent administratif ou une agent administrative.

Comme tout le monde, je dis une cliente et une patiente mais je pense que client et patient sont tout aussi sémantiquement neutres que agent.
Quelqu'un l'a déjà précisé : tortue otarie souris victime sentinelle sont des neutres sémantiques de genre grammatical féminin → une.
Les neutres client patient agent lion singe sont du genre grammatical opposé au féminin → un.
À ces cinq neutres sémantiques correspondent quatre féminins sémantiques consacrés par l'usage : cliente patiente lionne guenon.
Le recours à agente ne me paraît pas très établi, en France du moins.

83

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Le graphique de Ngram Viewer donne une idée de la rareté de l'emploi de "agente" :

https://books.google.com/ngrams/graph?c … if%3B%2Cc0

84 Dernière modification par yd (09-05-2015 18:31:15)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Si je suis un commerçant ou un docteur, j'ai des clients et des clientes, des patients et des patientes : ce sont bien des personnes, hommes ou femmes, que je nomme ainsi, et il n'y a là aucune réduction.

Mais on ne réduit personne au nom d'un agent ou d'un élément, sauf à vouloir, en effet, réduire la personne. Alors de fait, si l'on veut réduire quiconque à ce nom d'agent ou d'élément et qu'on refuse de féminiser quand il s'agit d'une dame, on nie encore davantage la personne. Mais quelle dame veut-elle être appelée une *élémente ? Comment cela arriverait-il si aucun homme ne veut lui-même être appelé un élément ?

Il n'est pas choquant d'appeler occasionnellement une personne comme l'élément d'un groupe ou d'une équipe. Mais on ne touche surtout pas au genre grammatical du mot élément. Si on le fait, certes on va reconnaitre un homme ou une femme, mais on le ou on la réduit au rang de l'élément purement et simplement. Pour l'agent, c'est pareil. La féminisation à ce prix-là, personnellement je n'en mange pas et je n'en sers pas à manger : je ne veux ni l'entendre ni le prononcer.

Moralité, le neutre du mot agent ou du mot élément a une signification que ledit neutre du mot client ou du mot patient n'a pas.

Fille légère ne peut bêcher.

85

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

1) Il n'a jamais été question, à ma connaissance, de féminiser "élément".

2) La résistance opposée par l'Académie française à la féminisation des noms de métiers, fonctions, grades deviendra un combat d'arrière-garde, à mon avis. Ce n'est qu'une question de temps - qui, sans nul doute, peut être long...

3) En ce qui me concerne, "agente" ne me choque aucunement. Je ne suis pas habitué à entendre ou à lire ce vocable. C'est tout.

86 Dernière modification par florentissime (09-05-2015 20:42:39)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Ce n'est pas une question d'arrière-garde ou d'avant-garde, mais de linguistique.

Le suffixe adéquat pour désigner les métiers et autres fonctions est le suffixe *ier, et il se féminise très bien en *ière. Il faut utiliser les dérivations terminologiques adaptées au problème avant d'inventer des dérivations terminologiques hasardeuses.

Pour agent administratif, plusieurs options : bureautier / bureautière,  administratier / administratière, paperassier / paperassière.

On voit aussi que c'est la terminologie qui est en fait fautive : le terme "agent administratif" est extrêmement flou.
Cela ne dit rien de précis. Il peut y avoir des agents administratifs dans tous les domaines.

Il faut aussi que les recruteurs se mettent à la place de ceux qui cherchent un emploi.
Cela reste important de bien désigner les postes.

Je maintiens que le mieux serait de se tenir à former les métiers et autres fonctions au moyen des suffixes *ier/*ière, ainsi, le problème serait résolu une fois pour toute.

87

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

yd a écrit:

Moralité, le neutre du mot agent ou du mot élément a une signification que ledit neutre du mot client ou du mot patient n'a pas.

Quand agent et client désignent des animés, ils sont sémantiquement tout aussi neutres que patient.
Dire un agent ou un client ou un patient, sans plus de cotexte, ne présume en rien du sexe du référent.
Seul le contexte pourrait décider.

Quand agent et client désignent des inanimés (substance chimique, logiciel), les deux vocables demeurent sémantiquement neutres.

88

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Alors je ne donne pas un siècle avant que des femmes ne réclament qu'on les appelle des *numérotes et pas même un demi-siècle pour qu'on les appelle des *élémentes.

Les désignations de client, cliente ou patient, patiente reconnaissent pleinement une personne. La désignation d'agent pour une personne, qui essaie de passer dans les mœurs, ne reconnaît pas mieux une personne que celles d'élément ou de numéro.

Peu importe le seul cas du mot agent : ce que j'ai voulu montrer et qui n'est jamais dit, c'est que féminiser systématiquement un mot sous prétexte qu'on l'applique accessoirement à des personnes peut aboutir à réduire à presque rien la personne elle-même.

Si on laisse passer une agent ou une *agente, on ne pourra pas arrêter dans un premier temps une élément ou une *élémente et dans un deuxième temps une numéro ou une *numérote, c'est couru d'avance.

Pour un agent l'usage a commencé de laisser faire : on pourrait s'arrêter-là et dire « l'usage est roi ».
Mais pour une agent ou une *agente, le roi se montrant réticent, comme de bien entendu on lui préfère la reine.

Fille légère ne peut bêcher.

89

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

En ce qui concerne la désignation des métiers, il y en a une qui me paraît particulièrement inappropriée pour un homme, c’est sage-femme (si, si, c’est aussi un métier masculin).
D’ailleurs, même pour une femme, je me demande ce que « sage » vient faire ici, d’autant plus que le terme d’accoucheur(cheuse) est parfaitement adapté.

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Je me permets de renvoyer à ce message :
http://www.languefrancaise.net/forum/vi … 995#p92995

91

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Fort intéressant.
"Hôtesse de l'air". Cela donne quoi au masculin? Hôte de l'air?
Et "petite main" fait aussi très féminin. Mais finalement, au masculin, comme c'est une synecdoque, pourquoi pas?

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Hôtesse de l'air donne... steward !
Mais hôtesse de caisse donne bien hôte de caisse !

93 Dernière modification par florentissime (10-05-2015 16:58:36)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Le problème d'user du suffixe -eur pour désigner le métier, c'est que s'il existe un instrument, un appareil qui remplit une fonction proche, il sera nommé identiquement. Par exemple, une balayeuse est tant une machine qu'une dame qui balaye.

Désigner indistinctement l'agent inanimé (machine) et l'agent animé (travailleur) est une sorte d'atteinte à la dignité.
Mieux vaux se tenir aux suffixes usuels (i)er/(i)ère pour désigner les métiers.

Pour accoucheur, cela donnerait : un accoucher / une accouchère.

hôte/hôtesse de l'air : avionier/avionière
hôte/hôtesse de caisse : caissier/caissière.

94

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Quelle grande professeure (de médecine, par ex.) s'affublera du vocable de "mandarine",  même en s'appuyant sur  l'opinion de Bernard Cerquiglini ?

http://www.tv5monde.com/cms/chaine-fran … pisode=514

95 Dernière modification par florentissime (11-05-2015 07:59:26)

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

-> un professier, une professière, car ils professent.
-> un médier, une médière, car ils remédient.

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

-> un professier, une professière, car ils professent.

Ils étaient déjà pro-fesseurs, en faire des fessiers et des fessières n'arrange rien.
On dit déjà enseignant, enseignante. D'accord, c'est saignant...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

97

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Un cafetier.... mais une cafetière?!

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

P'tit prof a écrit:

-> un professier, une professière, car ils professent.

Ils étaient déjà pro-fesseurs, en faire des fessiers et des fessières n'arrange rien.
On dit déjà enseignant, enseignante. D'accord, c'est saignant...

C'est comme le bouchier, pour un métier de bouche, ce n'est pas très engageant !
Bref les dérivations terminologiques ne sont pas toujours heureuses...

Ceci dit, comme le professeur professe sans cesse, l'idéal serait de construire le terme avec un suffixe itératif,
par exemple : -iller (sauter / sautiller).

Je pense que c'est d'ailleurs la fonction du "i" de *(i)er, de rendre le coté itératif du travail,
pour marquer que sur le métier est sans cesse remis l'ouvrage.

Ce serait un moyen pour éviter cette cacophonie (au sens propre) :
un professiller, une professillère
- en transformant le ill et y : un professiyer, une professiyère.
- en transformant le -ll- en "ou" : un professiouer, une professiouère / un professiɷer, une professiɷère

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Ce serait un moyen pour éviter cette cacophonie (au sens propre) :
un professiller, une professillère
- en transformant le ill et y : un professiyer, une professiyère.
- en transformant le -ll- en "ou" : un professiouer, une professiouère / un professiɷer, une professiɷère

Ces mots hétérographes sont tous homophones ; qu'y gagne-t-on ?

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

100

Re : Mot "agente" en milieu professionnel

Et pour un sourire....

http://inutile.club/feminisation/

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

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