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forum abclf » Réflexions linguistiques » Qu'est-ce qu'un mot ?

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Messages [ 1 à 50 sur 54 ]

Sujet : Qu'est-ce qu'un mot ?

Tiré du fil sur les doublets.

Donc un mot dont on décide arbitrairement de changer la prononciation reste bien le même mot à partir du moment où, à un moment donné, il continue à désigner la même chose. Non ?

Entre les mots qui ont des acceptions d'origine différentes, ceux qui sont des différenciations orthographiques d'un seul mot, ceux dont on change la prononciation, la définition du mot mot n'a rien de si évident.

Je suis rassuré, je ne suis pas le seul à avoir des doutes. Définition généraliste tirée du TLFi :

Son ou groupe de sons articulés ou figurés graphiquement, constituant une unité porteuse de signification à laquelle est liée, dans une langue donnée, une représentation d'un être, d'un objet, d'un concept, etc.

Déjà, on ne sait pas si un mot, c'est un son ou une forme écrite.

Et puis, à son et forme écrite identiques, le siginifié peut varier et, cerise sur le gateau, l'origine être différente.

Exemple : arche

À son, forme écrite, origine identiques, il peut arriver dans la langue par deux chemins différents.

Exemple : case

On serait tenté de dire que ce qui fait le mot, à formes orale et écrite et origine identiques, c'est le signifié. Mais les dicos les réduisent souvent à des acceptions. La subdivision en acception et en mot se faisant alors sur fontion grammaticale, genre ou nombre.

Le TLFi nous dit également que les linguistes ne manipulent pas des mots. Pas assez précis, pas assez clair. Pas assez stable non plus je suppose.

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Est-ce que pomme de terre, qui signifie potatoe ou Kartoffel, constitue un mot ou trois mots ?

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

... au fait, qu'est-ce qu'une phrase ?

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

4 Dernière modification par vh (16-01-2015 15:28:45)

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

1 potato, 2 potatoes wink

Attention à l'orthographe de la pomme de terre. Elle a coûté cher en 1992 à Dan Quayle, vice-président des États-Unis et spécialiste des gaffes, lorsqu'il a corrigé, au tableau noir et devant toute la presse, la faute inexistante d'un écolier.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dan_Quayle

L'image avec VH est celle de la signature de Victor Hugo sur l' un de ses dessins.

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Je milite pour le "regroupement familial" (famille des solanacées) : potatoe comme tomatoe.
Cela a été courant au XIXe siècle et même plus longtemps :
http://img11.hostingpics.net/pics/814869books.png

The spelling of potatoe, while not terribly common, existed for almost the entire 20th century. For example, the New York Times was still occasionally spelling potato with an –e in 1988. In fact, one can easily find spellings of potatoe all the way up to 15 June of 1992, at which point they suddenly drop off or become used in an ironic way, referencing this incident. Quayle may have misspelled the word, but in doing so perhaps he taught the rest of us how to not make his error.

http://blog.oxforddictionaries.com/2012 … t-potatoe/

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Abel Boyer a écrit:

Est-ce que pomme de terre, qui signifie potatoe ou Kartoffel, constitue un mot ou trois mots ?

Bonjour,

En fait, e mot est empiriquement lié dans la conscience linguistique des non-analphabètes à sa forme écrite : c'est l'unité limitée par deux blancs, un signe de ponctuation et un blanc, ou l'inverse. Le mot n'est  pas une réalité de linguistique générale.

Dans ce sens, "pomme de terre" comprend trois mots.

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Roméo31 a écrit:

le mot est empiriquement lié dans la conscience linguistique des non-analphabètes à sa forme écrite

Le seul problème, c'est que c'est empirique.

Si pour les dictionnairiste, le critère de distinction des mots (ou de leurs acceptions) est le signifié, à partir du moment ou le signifié d'un mot composé n'est pas la combinaison des signifiés des composantes, ce mot composé est un mot : coupe-gorge.

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

éponymie a écrit:
Roméo31 a écrit:

le mot est empiriquement lié dans la conscience linguistique des non-analphabètes à sa forme écrite

Le seul problème, c'est que c'est empirique.

Si pour les dictionnairiste, le critère de distinction des mots (ou de leurs acceptions) est le signifié, à partir du moment ou le signifié d'un mot composé n'est pas la combinaison des signifiés des composantes, ce mot composé est un mot : coupe-gorge.

Ce n'est pas la position de G. Mounin, Pr de linguistique et de sémiologie, auteur du Dictionnaire de la linguistique, aux P.U.F.

9 Dernière modification par oliglesias (16-01-2015 17:15:56)

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

C'est un débat intéressant. Personnellement, je suis plutôt d'accord avec Roméo31 sur ce qu'est un mot à l'écrit (pour l'oral, je pense que c'est encore plus compliqué de le définir), même si cette définition peut poser des problèmes...
Dans ce sens, "hier" est un mot, "avant-hier" aussi, et "coupe-gorge" également !
En revanche, puisqu'on écrit "pomme de terre" avec des espaces et non des tirets, il faudrait considérer cela comme 3 mots distincts et pourtant, dans le TLFi, il s'agit d'un nom commun: ça se complique ! Et là ou ça se complique aussi, c'est lorsqu'on se met à prendre en compte les apostrophes: "c'est" c'est un mot ou deux? Et "aujourd'hui ?

Pour moi, le mot écrit serait alors la plus petite unité graphique pouvant être définie (lexicalement ou grammaticalement).
Donc, pour moi, "coupe-gorge" c'est un mot composé, et il est composé de deux mots (simples). On pourrait alors faire la distinction entre mots composés et mots simples.
"C'est"= deux mots: ce/cela + est
"Aujourd'hui" = un mot (parce qu'aujourd'hui, on ne dit plus "hui" pour dire "aujourd'hui :) )

EDIT: ça faisait longtemps que Roméo31 ne nous sortait pas le CV des personnes dont il s'inspire :) (je rigole!!!!)
EDIT2: Je le connais bien Mounin, enfin son bouquin, parce que je l'ai à la maison... et j'ai pu m'apercevoir que tout professeur de linguistique et de sémiologie qu'il est, certaines de ses définitions sont très très très discutables d'un point de vue linguistique...

10 Dernière modification par yd (16-01-2015 17:15:40)

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Mais un dictionnaire est innocent de ce genre de considération, dans la mesure où il doit permettre premièrement l'accès alphabétique le moins compliqué et le plus rapide possible. Son souci n'est pas que pomme de terre soit formé de trois mots ou forme un mot, mais que nous sachions tous qu'on trouvera le mot ou le groupe de mots à pomme, non pas à terre.

Fille légère ne peut bêcher.

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Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

oliglesias a écrit:

C'est un débat intéressant. Personnellement, je suis plutôt d'accord avec Roméo31 sur ce qu'est un mot à l'écrit (pour l'oral, je pense que c'est encore plus compliqué de le définir), même si cette définition peut poser des problèmes...
Dans ce sens, "hier" est un mot, "avant-hier" aussi, et "coupe-gorge" également !
En revanche, puisqu'on écrit "pomme de terre" avec des espaces et non des tirets, il faudrait considérer cela comme 3 mots distincts et pourtant, dans le TLFi, il s'agit d'un nom commun: ça se complique ! Et là ou ça se complique aussi, c'est lorsqu'on se met à prendre en compte les apostrophes: "c'est" c'est un mot ou deux? Et "aujourd'hui ?

Pour moi, le mot écrit serait alors la plus petite unité graphique pouvant être définie (lexicalement ou grammaticalement).
Donc, pour moi, "coupe-gorge" c'est un mot composé, et il est composé de deux mots (simples). On pourrait alors faire la distinction entre mots composés et mots simples.
"C'est"= deux mots: ce/cela + est
"Aujourd'hui" = un mot (parce qu'aujourd'hui, on ne dit plus "hui" pour dire "aujourd'hui smile )

EDIT: ça faisait longtemps que Roméo31 ne nous sortait pas le CV des personnes dont il s'inspire smile (je rigole!!!!)
EDIT2: Je le connais bien Mounin, enfin son bouquin, parce que je l'ai à la maison... et j'ai pu m'apercevoir que tout professeur de linguistique et de sémiologie qu'il est, certaines de ses définitions sont très très très discutables d'un point de vue linguistique...

Il s'agit, en fait, d'un ouvrage collectif élaboré sous la direction du Pr G. Mounin. La qualité des articles varie selon les auteurs.

Selon le GRLF (2e éd.), le mot "mot" s'entend d'un "élément sémantiquement codé d'une langue." Ce dictionnaire poursuit ainsi : "Son ou groupe de sons articulés, ou figurés graphiquement (par idéogrammes ou lettres), qui conserve une certaine unité formelle dans des emplois grammaticaux déterminés et auquel est lié soit une fonction stable, soit la représentation d'une chose, d'une idée ou d'un être."

Cela ne permet pas de savoir si "pomme de terre" comprend trois mots ou non!

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

yd a écrit:

Mais un dictionnaire est innocent de ce genre de considération, dans la mesure où il doit permettre premièrement l'accès alphabétique le moins compliqué et le plus rapide possible. Son souci n'est pas que pomme de terre soit formé de trois mots ou forme un mot, mais que nous sachions tous qu'on trouvera le mot ou le groupe de mots à pomme, non pas à terre.

Mon souci quand j'ai lancé ce fil, n'est pas de savoir l'ordre des dicos. J'ai parlé de dictionnaire parce que pour y mettre de l'ordre il faut quand même avoir peu ou prou l'idée de ce qu'est un mot et j'ai donc tenté de voir leur logique.

Je voulais surtout parler de l'impression que je retire de ces quelques mois que je passe régulièrement dans le cambouis des mots et de l'étymologie (c'est toujours pareil, il faut toucher du doigt pour vraiment comprendre) : les dictionnairistes, lexicologues seront blasés mais je ne suis qu'un pauvre néophyte et de voir ces pauvres mots importés, exportés, balladés d'une langue à l'autre, influencés et altérés, triturés au point d'en devenir méconnaissables, sautant d'un signifié à l'autre, perdant leur prononciation d'origine ou au contraire la conservant mais quand ils retournent chez eux on ne les reconnait plus, changeant de forme écrite et du coup perdant une partie de leur bagage, se divisant et se réunissant. Vous vous rendez compte ? Et vous pensez qu'après ça on peut imaginer qu'un dico soit un reflet fidèle de la langue ?

Et en plus le dico lui-même ne réussit pas à donner une définition ferme du mot : regardez le dernier message de Roméo31, un mot c'est soit une forme orale, soit une forme écrite associé soit à une fonction grammaticale, soit à un signifié.

Avec un concept pareil, vous pouvez être certain que les contrexemples abondent. Donc re-belote, c'est quoi un mot ?

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Mais éponymie, pourquoi voudriez-vous que la définition du mot "mot" soit simple ? C'est AUSSI un mot polysémique. smile

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Le concept de mot - celui que l'on place dans un discours, qui a une étymologie, une histoire, une prononciation, une fonction - ne devrait-il pas être simple ?

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Mais c'est la langue qui est complexe... avec son évolution notamment, ses différentes variétés, etc. Du coup, au contraire, ce "mot" doit être l'un des plus difficiles à définir.

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Je suis justement en train de traiter différent et différend, pendant 3 siècles ce sont deux formes écrites (et il y en a d'autres) d'un même mot emprunté au latin (allez savoir comment on le prononçait). Au XVIIIe, spécialisation progressive, et les mots sont deux. Bien malin qui pourra dire quand on est passé de un à deux.

Question supplémentaire, quelle notion de mot avait-on quand l'écriture existait sans  l'orthographe ? On faisait déjà des dicos. Seraient-ce les dicos qui auraient initié la dictature de l'orthographe ?

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Bien malin qui pourra répondre à toutes ces questions !

Pour moi, une des acceptions était devenue si spécialisée qu'on (qui est ce on? quand a-t-il fait ça?) a voulu la différencier des autres acceptions... j'ai bien une idée du pourquoi mais ça n'expliquerait pas tout.

Quant à votre question sur la notion qu'on avait de mot avant l'orthographe... peut-être tout simplement aucune...
Moi j'en ai une autre qui va sans doute montrer toute mon ignorance (mais je l'assume) des autres systèmes graphiques: est-ce que la notion de "mot" existe dans les langues à idéogrammes?

Mais pour revenir au fait qu'il est étrange et ironique que ce mot "mot" soit justement si difficile à définir, ça me fait penser aux difficultés de définir ce qu'est le "français" comme langue dans le sens où tout le monde "sait" ce qu'est un mot, et ce qu'est le "français", tout le monde peut dire que "le mot -anticonstitutionnellement- c'est du français" et tout le monde comprendra, alors que personne ne donnera la même définition de ce qu'est un "mot", ni de ce qu'est le français...

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

oliglesias a écrit:

Quant à votre question sur la notion qu'on avait de mot avant l'orthographe... peut-être tout simplement aucune...

Il y en avait une : à l'écrit, les paroles étaient séparées par des espaces et à l'oral les poètes faisaient déjà des rimes et on prononçait encore le pluriel. Et, en remontant à une époque plus ancienne, si le latin connaissait des déclinaisons, c'est bien que l'on connaissait les mots.

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Je ne sais pas... les rimes n'ont rien à voir avec les mots pour moi mais simplement avec les sons.
En fait, ce que je veux dire c'est qu'il est tout à fait possible (mais je ne sais pas si c'est vrai, il faudrait vérifier dans des écrits de l'époque décrivant la langue de l'époque) qu'à l'époque ils ne parlaient pas de "mots"... d'ailleurs, existait-il un mot pour désigner le "mot"?
Quand on voit les mots pour dire "mot" dans les langues romanes, aucun ne vient d'un mot latin signifiant cela... c'est peut-être un indice.

Mais c'est juste une hypothèse, hein? smile

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Effectivement, nous avons vu dans les doublets que parola vient de parabola et je viens de voir que le cuvânt roumain vient de conventus...

Par contre mot vient de muttum qui signifiait son. On se rapproche, mais c'est déjà du bas latin.

En outre je découvre que motet est un diminutif de mot.

Voilà qui devient intéressant.

En latin il y avait verbum - même famille que le word anglais et  le wort allemand et dont j'ai une idée qui est liée à l'acception chrétienne mais d'après ce que je lis sur le Wiktionnaire, il semble bien que c'est aussi strictement synonyme de mot - et vocabulum dont descend notre vocable, synonyme de mot, je crois, quelle est la différence entre un mot et un vocable, dans la langue de tous les jours et en linguistique ?

Votre indice bat de l'aile quoi qu'il en soit.

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

J'ai aussi un contre-argument à mon "indice". L'appendix probi.
On y trouve (vous devez le savoir) une liste de mots avec les recommandations de comment on doit les dire par rapport à l'usage de l'époque considéré comme fautif.
Si l'appendix probi est un document très intéressant pour savoir où en était le latin parlé de l'époque, il l'est aussi pour montrer qu'il y avait peut-être une conscience du "mot".

En ce qui concerne les mots désignant le "mot" dans les langues romanes, il est intéressant de voir que la plupart on prit le très religieux "parabola" (palabra en espagnol aussi vient de là avec métathèse /r/-/l/ après perte de la voyelle post-tonique /o/) mais que le français a pris un mot plus "vulgaire" (j'ai lu que muttum pouvait être un dérivé d'une onomatopée mutmut désignant un murmure).

Ce que j'aimerais trouver (ou que vous trouviez, ça me ferait moins de travail smile ) c'est un document d'époque (autre que l'appendix probi) qui décrit la langue latine... je ne sais pas du tout si ça existe parce que je ne m'y étais jamais intéressé auparavant (tout simplement parce que le latin classique m'intéresse moins que le latin "vulgaire").

22 Dernière modification par yd (16-01-2015 23:35:43)

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Le christianisme a certainement suivi le récit biblique montrant Adam qui nomme devant Dieu toute la création qu'il avait sous les yeux. Personnellement je pense ici, comme pour Genèse I et II, à un acquis philosophique retraduit dans un récit.

Définir la notion de nom ne me paraît pas soulever de grandes difficultés.

Ensuite on nomme des actions, des sensations, des états, tels qu'on les perçoit, pour arriver aux verbes (au sens grammatical actuel), d'une part, et on qualifie les choses nommées, pour arriver aux adjectifs, ou les actions, pour arriver aux adverbes, d'autre part. Passage de l'objectif au subjectif. Nommer un arbre, c'est objectif, dire qu'il est beau, c'est subjectif, différencier les arbres, ça tient des deux. Les mots pourraient donc se définir à ce stade comme des éléments, voire des sons, en effet, que l'on prononce à propos de réalités existantes, les noms, ou perçues : les verbes, les adjectifs, les adverbes. On pourrait parler d'une intériorisation graduelle, sachant que plus chacun intériorise, plus nous avons besoin d'une langue. On pourrait encore parler de sonorisation, comme lorsqu'on est passé du cinéma muet au parlant.

Viennent ensuite, s'ajoutant parmi les mots ou dans la composition des mots, qui deviennent donc variables, des éléments fonctionnels : conjugaisons, déclinaisons, préfixes, suffixes, prépositions, conjonctions, qui sont un peu comme les vis, les écrous, les rivets, les essieux, les roues en poulies ou dentées ou cernées, qui permettent d'assembler et d'actionner. Zut, j'ai oublié les articles.

Je dirais qu'on est parti du descriptif pour arriver au créatif.

Tant qu'on est dans le descriptif, je parlerais de noms, et une fois arrivés au créatif je parlerais de mots. La difficulté qui m'apparaît tout de suite, c'est pour transposer du français au latin : je le dis dans cet ordre pour ne pas prétendre chercher à le faire dans l'autre.

Fille légère ne peut bêcher.

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Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

La définition de "mot" n'est-elle pas, en très grande partie, un faux problème ?

En effet, la plupart des linguistes ont délaissé le mot au profit de termes plus précis : vocable, mot-forme,  lemme ( lexie),  locution,  lexème, forme du lexème et morphème.

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

oliglesias a écrit:

J'ai aussi un contre-argument à mon "indice". L'appendix probi.
On y trouve (vous devez le savoir) une liste de mots avec les recommandations de comment on doit les dire par rapport à l'usage de l'époque considéré comme fautif.

Heureusement que je le sais smile ...  J'aurais pu ne pas le savoir mais il est vrai que quand on s'intéresse à l'origine et aux liens entre langues romanes, on tombe assez facilement dessus. Je ne sais pas par contre quand j'ai lu à son propos pour la première fois (pas sur ABC je pense, bien qu'Andréas en ai parlé dans le mémorable fil Le français ne vient pas du latin)

Il y a aussi les plus tardives gloses, dans ce cas aussi il y avait conscience du mot. On pourrait donc supposer (en tout cas moi je suppose, je ne sais pas ce que vous savez) qu'à partir du moment où il y a écrit cette conscience existe. Et le fait de recenser les mots impliquerait également un premier figement de l'orthographe.

Votre histoire d'idéogramme m'a également fait penser que le signe graphique et le son n'ont pas toujours été automatiquement associés (combien je regrette de ne plus avoir mon "L'écriture, la raison et les dieux" de Jean Bottéro). Quoique..., je me demande si ce n'est pas la même chose maintenant : pour faire cette association, il faut savoir lire. Avec les idéogrammes, la proportion d'illettrés ou de semi-illettrés sera plus importante mais la problématique n'est peut-être pas fondamentalement différente.

Et puis les interventions d'yd et de Roméo31 méritent également des développements.

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Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

La plupart des langues ont un terme pour dire mot, un terme réalisant une véritable institution sociale, une règle du jeu de la communication acceptée par tous, que le dictionnaire définit comme un son ou un groupe de sons articulés ou figurés graphiquement, formant une unité porteuse de signification à laquelle est liée, dans une langue donnée, une représentation d'un être, d'un objet, d'un concept. Le mot peut ainsi être précis, exact, vague, expressif, concret ou abstrait, rare ou courant, noble ou populaire, précieux ou argotique, il peut avoir un sens propre ou figuré, fort, plein, rigoureux, strict, ancien, classique, vieilli, moderne, nouveau, étymologique, général, particulier, spécial, technique, scientifique, savant ...  Les mots naissent, changent de sens ou en acquièrent d'autres (polysémie), voire assument deux sens opposés (énantiosémie) et meurent aussi, « car le mot, qu'on le sache, est un être vivant » l'exprimait par métaphore Victor Hugo.

      Traduire mot à mot en faisant correspondre à chaque mot pris isolément son équivalent dans une autre langue permet rarement d'exprimer tout à fait la même idée, car la représentation qui se cache derrière chaque mot d'une langue n'a jamais un équivalent identique dans une autre. Et le mot peut présenter un double sens, voire davantage. Souvent le mot nu ment, c'est pourquoi chaque langue l'habille d'attributs ou épithètes qualificatifs, taillés pour en préciser le sens qui peut varier aussi en fonction du contexte de la phrase. Les mots trichent aussi tels les complices de nos mensonges. Louis Ferdinand Céline nous prévient : « on ne se méfie jamais assez des mots ». « Les mots ! les mots ! On a brûlé au nom de la charité, on a guillotiné au nom de la fraternité ! Sur le théâtre des choses humaines, l'affiche est presque toujours le contraire de la pièce » ironisent les Frères Goncourt.

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme !

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Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Pour les linguistes le mot est constitué d'un ensemble d’unités sonores ordonnées, qu’on appelle phonèmes, ensemble auquel est associé un sens. Ce mot, communément considéré comme la plus petite unité des langues, est segmenté en linguistique en morphèmes réalisant les plus petits éléments significatifs malgré leur absence d'autonomie. Par exemple le mot ''marcheurs'' est composé de trois morphèmes: «march» (marche), «eur» (celui qui pratique) et «s» (indiquant le pluriel). 

     Plus petite unité d'expression du langage - à en croire nos professeurs de français et de langues - le mot est appelé scientifiquement signe linguistique. Ferdinand de Saussure, fondateur de la linguistique, s'interroge : « Il faudrait chercher sur quoi se fonde la division en mots, car le mot, malgré la difficulté qu'on a à le définir, est une unité qui s'impose à l'esprit, quelque chose de central dans le mécanisme de la langue.»
      Ce signe verbal se définit donc par le rapport signifiant-signifié, duquel serait exclu l'objet, appelé référent.  Ainsi Saussure et de nombreux linguistes qui le suivent considèrent le signe comme une abstraction non symbolique, un rapport entre signifiant et signifié, comme s'ils étaient des observateurs extérieurs à l'objet ''virtuel'' de leur étude et non pas acteurs du signe linguistique. Pourtant le signe linguistique ne se réfère pas à un signifiant opaque mais à un ensemble formé de perceptions, de réactions émotives, d'affects/pulsions qui dès l'origine de la création des mots traduisent la négociation conscient/inconscient pour l'appréhender. Le signifiant premier dépend d'un signifiable qui se limite aux capacités sensorielles humaines pour  discriminer le référent et au ressenti conscient/inconscient  que la mémoire a gardé de rencontres précédentes avec le référent-objet. Ce signifiable serait un  mélange de sensations, affects et mémoire culturelle : par exemple,  «à vue de nez », « au ras des pâquerettes », «qui dort dîne» ou « avoir les yeux plus gros que le ventre», ''faire des pieds et des mains »...
Les linguistes attachés à l'arbitraire des mots devraient se poser ces questions: si les français avaient désigné le concept général d'arbre par le mot tremble ou même hêtre, le mot tree anglais leur semblerait-il toujours aussi arbitraire ? De même si, à la place d'arbre c'est le mot baobab qui avait désigné l'arbre en général, les signifiants Baum et bois leur paraîtraient-ils si  dissemblables ?

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme !

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Bonjour,

Pour répondre à la question "qu'est ce qu'un mot", on peut ce demander ce qui n'est pas un mot.
Par exemple, il me semble que les affixes ne sont pas considérés comme des mots

"L'orthographe est plus qu'une mauvaise habitude, c'est une vanité" R. Queuneau

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Effectivement, on ne considère pas un affixe comme un mot. Mais en définissant le mot d'abord par ce qu'il n'est pas, on va avoir un autre problème: celui de définir les autres termes car... qu'est-ce qu'un affixe ? smile Et je vous assure que ce n'est pas une tâche facile wink

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Roméo31 (message 23) a écrit:

En effet, la plupart des linguistes ont délaissé le mot au profit de termes plus précis : vocable, mot-forme,  lemme ( lexie),  locution,  lexème, forme du lexème et morphème.

Et on commence à poser quelques définitions, merci, je n'ai pas à ressortir mes bouquins :

chrisor (message 26) a écrit:

Ce mot, communément considéré comme la plus petite unité des langues, est segmenté en linguistique en morphèmes réalisant les plus petits éléments significatifs malgré leur absence d'autonomie. Par exemple le mot ''marcheurs'' est composé de trois morphèmes: «march» (marche), «eur» (celui qui pratique) et «s» (indiquant le pluriel).

Il en manque 6 smile

Ce qui est intéressant dans cette histoire :

chrisor (message 26) a écrit:

Ferdinand de Saussure, fondateur de la linguistique, s'interroge : « Il faudrait chercher sur quoi se fonde la division en mots, car le mot, malgré la difficulté qu'on a à le définir, est une unité qui s'impose à l'esprit, quelque chose de central dans le mécanisme de la langue.»

oliglesias (message 17) a écrit:

Mais pour revenir au fait qu'il est étrange et ironique que ce mot "mot" soit justement si difficile à définir, ça me fait penser aux difficultés de définir ce qu'est le "français" comme langue dans le sens où tout le monde "sait" ce qu'est un mot, et ce qu'est le "français", tout le monde peut dire que "le mot -anticonstitutionnellement- c'est du français" et tout le monde comprendra, alors que personne ne donnera la même définition de ce qu'est un "mot", ni de ce qu'est le français...

Entre ce que n'est pas le mot, les concepts des linguistes qui tournent autour du mot, on devrait arriver à quelque chose.

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

La phrase, le mot : tout le monde sait ce que c'est, personne ne peut en donner une définition précise. L'important, c'est la chasse, car la prise est impossible.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

P'tit prof a écrit:

L'important, c'est la chasse, car la prise est impossible.

Justement, partons en chasse. Il est évident que si des gens bien plus compétents que vous et moi sur le sujet ne peuvent donner de définition à mot, ce n'est pas ici qu'on y réussira. Il ne s'agit que de tourner au plus près du pot.

32 Dernière modification par yd (23-01-2015 01:43:29)

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Le TLFi par le portail Lexilogos, donnant les liens sur le Cnrtl.
Je mets en bleu les mots dont je donne ensuite la définition dans le TLFi, dans l’ordre où ils apparaissent en commençant à l’article mot.
Je mets en vert les citations par le TLFi, me proposant de les supprimer si mes citations dépassent le seuil toléré. Mais je voudrais bien garder la citation de Proust, qui est la première, et si possible celles de Saussure et de Vendryes qui suivent et qui expliquent pourquoi les linguistes désespèrent de trouver une définition universelle de mot. Un vrai lutin, à la Pirlouit, ce mot : quand vous croyez le tenir, il vous nargue d’un peu plus loin.

MOT, subst. masc.
I.
A. − Son ou groupe de sons articulés ou figurés graphiquement, constituant une unité porteuse de signification à laquelle est liée, dans une langue donnée, une représentation d'un être, d'un objet, d'un concept, etc. Les mots nous présentent des choses une petite image claire et usuelle, comme celles qu'on suspend aux murs des écoles, pour nous donner l'exemple de ce qu'est un établi, un mouton, un chapeau, choses conçues comme pareilles à toutes celles de même sorte (Proust, Chron., 1922, p.107).
[…]

B. − Spécialement
1. LING. Unité significative indépendante, ne pouvant pas toujours être déterminée selon un critère de séparabilité fonctionnelle ni par un critère de délimitation intonative :
8. Il faut chercher l'unité concrète ailleurs que dans le mot. Du reste beaucoup de mots sont des unités complexes, où l'on distingue aisément des sous-unités (suffixes, préfixes, radicaux) ; des dérivés comme désir-eux, malheur-eux se divisent en parties distinctes dont chacune a un sens et un rôle évidents. Inversement il y a des unités plus larges que les mots : les composés porte-plume, les locutions s'il vous plaît... Sauss. 1916, p.148.
9. La variété des procédés morphologiques fait que la définition du mot varie suivant les langues. S'il y a des langues où le mot se laisse définir aisément comme une unité indépendante et insécable, il en est d'autres où il se fond en quelque sorte dans le corps de la phrase, où l'on ne peut à vrai dire le définir qu'à condition d'y englober une masse d'éléments variés. Vendryes, Langage, 1921, p.103.
Rem. 1. La difficulté à instituer le mot comme concept opératoire a conduit de nombreux linguistes à préférer les concepts désignés par les termes de : syntagme*, lexie* ou synthème*, ces deux derniers étant les plus fréquents avec cette valeur. 2. Mot s'oppose à morphème (forme minimum douée de sens, libre ou liée à une autre forme). Vie et mort des mots.
[…]

(depuis mot)

SYNTAGME, subst. masc.
A. − ANTIQ. Division de la phalange (v. phalange2). […]
B. − LINGUISTIQUE
1. Combinaison de morphèmes ou de mots qui se suivent et produisent un sens acceptable. Le syntagme se compose donc toujours de deux ou plusieurs unités consécutives (par exemple : re-lire ; contre tous ; la vie humaine ; Dieu est bon ; s'il fait beau temps, nous sortirons, etc.) (Sauss. 1916, p. 170). La notion de syntagme s'applique non seulement aux mots, mais aux groupes de mots, aux unités complexes de toute dimension et de toute espèce (mots composés, dérivés, membres de phrase, phrases entières) (Sauss. 1916, p. 172).
2. En partic., LING. STRUCT. [Le plus souvent déterminé par un adj. spécifiant la nature du noyau du syntagme] Groupe d'unités linguistiques significatives formant une unité dans une organisation hiérarchisée de la phrase. En linguistique structurale (...) Le terme de syntagme est suivi d'un qualificatif qui définit sa catégorie grammaticale : syntagme nominal, syntagme verbal, syntagme adjectival, etc. Le syntagme est toujours constitué d'une suite d'éléments et il est lui-même un constituant d'une unité de rang supérieur ; c'est une unité linguistique de rang intermédiaire (Dubois, 1973 ds Gilb. 1980). Le syntagme est un constituant de la phrase dont les unités s'ordonnent : − soit autour d'un nom, c'est alors un syntagme nominal ; ex. : les petits enfants ; − soit autour d'un verbe, c'est alors un syntagme verbal ; ex. : mange très lentement (D. D. L. 1976).
Syntagme prépositionnel. Syntagme nominal introduit par une préposition (d'apr. Lang. 1973).
Syntagme conjonctionnel. Syntagme verbal introduit par une conjonction (d'apr. Lang. 1973).
C. − SÉMIOT. ,,Suite signifiante de signes quelconques`` (Rey Sémiot. 1979).

LEXIE, subst. fém.
A. − LING. Unité lexicale de langue constituée soit par un mot (lexie simple) soit par des mots associés (lexies composée et complexe). La frontière entre « lexie » et « énoncé libre » n'est pas nettement tracée ; la phraséologie occupe un domaine intermédiaire, selon un continuum allant de la suite lexicalisée au syntagme et à l'énoncé simplement fréquent − en discours − et prévisible − en langue − (ex. sur le chemin du retour ; se jurer une amitié éternelle) (Rey, Le Lexique : images et modèles, Paris, Colin, 1977, p. 189).
B. − SÉMIOLOGIE. Unité de lecture de dimension variable constituant intuitivement un tout et permettant une segmentation provisoire du texte en vue de son analyse. […]

SYNTHÈME, subst. masc.
LING. [Dans la théorie d'A. Martinet] Segment d'énoncé, formé de plusieurs monèmes, fonctionnant comme une unité syntaxique minimale et susceptible d'être analysé en deux ou plus de deux unités significatives (d'apr. Mounin 1974). Verdâtre, coupe-chou, bonne d'enfants sont des synthèmes (Mounin 1974). Entre le monème et la phrase, on trouve deux unités. Tout d'abord le synthème qui est la combinaison de deux ou plus de deux monèmes, révélés par la commutation, et qui a exactement le même comportement et les mêmes latitudes syntaxiques que les monèmes d'une classe déterminée (Martinet ds R. roum. Ling. 1980 t. 25 no5, p. 552).

MORPHÈME, subst. masc.
A. − LING. STRUCT.
1. Signe minimal de nature grammaticale.
a) Vieilli. [P. oppos. à sémantème] Partie de mot ou de syntagme qui indique la fonction et l'appartenance à une classe paradigmatique de ce mot ou de ce syntagme. Morphèmes liés (affixes, désinences) ; morphèmes non liés (articles, prépositions, conjonctions) (d'apr. Lang.1973). Ces unités constitutives (...) qui interviennent normalement dans la structure de la langue, à savoir les phonèmes, les morphèmes et les sémantèmes (Lévy-Strauss, Anthropol. struct., 1958, p.232).
b) [Dans la terminologie de Martinet ; p. oppos. à lexème] Monème grammatical. Parmi les lexèmes, les langues peuvent distinguer, selon les combinaisons des morphèmes qui s'y attachent, une série dite nominale et une série dite verbale (Pottier ds Langage, 1968, p.306). Ainsi travaillons se compose d'un lexème (travail-) et d'un morphème (-ons) (D.D.L. 1976) :
1. ... à partir d'un nombre très réduit de lexèmes et de morphèmes, on peut construire un univers de formes, aussi variées et complexes que l'on veut, mais sous lequel il est toujours loisible de retrouver la règle qui a présidé à sa formation. Coyaud, Introd. ét. lang. docum., 1966, p.84.
c) [P. oppos. à morphe] V. ce mot […]
2. [P. oppos. à phonème] Unité minimale de signification. Morphème lexical, grammatical ; classe de morphèmes. Un morphème peut être défini comme une séquence de phonèmes, un mot une séquence de morphèmes, une phrase une séquence de mots, et un discours une séquence de phrases (Lang. 1973, p.502) :
2. Les signes linguistiques assument des fonctions qui consistent (...) dans l'expression de notions (idées de choses ou d'êtres ou de procès et catégories grammaticales) au moyen de morphèmes (unités lexicales ou sémantiques et marques grammaticales ou morphèmes au sens restreint). Perrot, Ling., 1953, p.113.
[…]

(depuis synthème)

MONÈME, subst. masc.
LING. Unité minimale de la première articulation (par opposition au phonème, unité minimale de la seconde articulation), dotée d'une forme et d'un sens. La plupart des langues connaissent la distinction entre monèmes lexicaux en nombre non fini (...), et monèmes non lexicaux en séries finies (Pottier ds Langage 1968, p.305).

(depuis morphème)

SÉMANTÈME, subst. masc.
LINGUISTIQUE
A. − Vieilli. [P. oppos. à morphème] Partie du mot porteuse de la signification lexicale ; base lexicale. Dans les langues indo-européennes le sémantème peut être considéré comme approximativement exprimé par la racine (Mar. Lex. 1933). Les unités du discours (...) sont susceptibles d'être analysées en unités linguistiques, c'est-à-dire en marques phoniques (les phonèmes), en marques grammaticales (les morphèmes), en marques sémantiques (les sémantèmes) (Traité sociol., 1968, p. 268).
Rem. Sémantème est, dans ce sens, remplacé par morphème lexical ou lexème.
B. − Ensemble des sèmes spécifiques d'une unité linguistique constituant un des éléments composant le sémème. […]

PHONÈME, subst. masc.
A. − LINGUISTIQUE
1. PHONÉT. Élément sonore du langage articulé considéré d'un point de vue physiologique (disposition des organes vocaux) et d'un point de vue acoustique (perception auditive). Il faudra donc établir pour chaque phonème : quelle est son articulation buccale, s'il comporte un son laryngé (...) ou non (...), s'il comporte une résonance nasale (...) ou non (Sauss. 1916, p.69).
2. PHONOL. ,,Le plus petit segment phonique (dépourvu de sens) permettant seul ou en combinaison avec d'autres phonèmes de constituer des signifiants ou de les distinguer entre eux`` (D. D. L. 1976) :
. Ces unités phonologiques qui, au point de vue de la langue en question, ne se laissent pas analyser en unités phonologiques encore plus petites et successives, nous les appellerons des phonèmes. Le phonème est donc la plus petite unité phonologique de la langue étudiée. N.-S. Troubetzkoy, Princ. de phonol., trad. par J. Cantineau, 1964 [1949], pp.37-38.

LEXÈME, subst. masc.
A. − LING. Unité minimale de signification appartenant au lexique. Synon. morphème lexical. Parmi les lexèmes, les langues peuvent distinguer, selon les combinaisons des morphèmes qui s'y attachent, une série dite nominale et une série dite verbale (Pottier ds Langage, 1968, p. 306). Parmi les signes minimaux − ou morphèmes (monèmes, chez A. Martinet) − d'une sémiotique manifestée, on distingue couramment les morphèmes lexicaux et les morphèmes grammaticaux : les morphèmes lexicaux sont souvent appelés lexèmes, pour les opposer aux morphèmes proprement dits (Greimas-Courtés 1979).

(depuis sémantème)

SÈME, subst. masc.
A. − LING. Unité minimale de signification, trait sémantique pertinent dans l'analyse du sens d'un mot. Soit l'exemple du lexème fauteuil. Les sèmes pertinents sont : « destiné à ce qu'on s'y assoie », « avec dossier », « pour une personne », « avec bras », « sur pied(s) » (B. Pottierds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 2 no1 1963, p. 14). L'unité sémantique de base est le sème, élément de signification minimal, qui n'apparaîtra comme tel qu'en relation avec un autre élément qui n'est pas lui : il n'a de fonction que différentielle et, de ce fait ne peut être saisi que dans un ensemble organique, dans le cadre d'une structure (J. Courtés, Introd. à la sémiot. narrative et discursive, 1976, p. 46).
Sème contextuel. Sème déterminé par le contexte. Sème nucléaire ou spécifique. Sème propre à une unité. V. sémantème B et sémème.
B. − SÉMIOT. Dans tout système signifiant, unité constituant un signal minimal. Les signaux lumineux de la route forment un système à quatre sèmes (feu rouge, feu vert, feu orange, feu clignotant orange) correspondant à quatre messages (Rey Sémiot. 1979).

SÉMÈME, subst. masc.
LING. Ensemble des sèmes d'un lexème constituant son sens ou l'un de ses sens. Nous considérons le mot, ou plus exactement le lexème (unité minimale du discours) comme une collection de sèmes (unités minimales de sens), dont les uns sont nucléaires, les autres contextuels, le tout produisant un effet de sens ou sémème (Rhét. gén., Paris, Larousse, 1970, p. 94).

Fille légère ne peut bêcher.

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Merci beaucoup yd. je décortiquerai tout ça plus tard. Probablement pas ce soir, j'ai deux tests de niveau à préparer.

34 Dernière modification par yd (24-01-2015 19:46:47)

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Une tentative de définition astucieuse du mot serait de le concevoir, un peu comme les éléments dans la table de Mendeleïev, comme le plus petit élément insécable d'une langue.

Je me dis bêtement que cette solution devrait escamoter l'obstacle créé par la variété des systèmes linguistiques, en tablant que chaque langue, en partant de cette définition, devrait y retrouver ses petits.

Je m'explique sur insécable, et j'ai du mal : sur préposition serait un mot, car insécable et pouvant jouer comme mot parmi les autres mots, alors que le sur- préfixant surestimer ne pourrait être qualifié comme mot mais comme partie du mot insécable surestimer. Cela paraît bête de dire comme ça, mais en effet ce sont nos conceptions grammaticales émanant de la langue française, et à la fois fondatrices de la langue française, qui nous y amènent, voulant que dans surestimer nous ne voyions qu'un seul mot : surestimer.

Un mot est l'élément d'un message, ou le compose à lui seul, émis par un humain à destination d'autres humains. Il me rappelle  ce signe universel depuis la nuit des temps, de ces pierres plates posées l'une sur l'autre, en tant que des humains seuls ont pu les disposer ainsi et que tout humain, remarquant ces pierres l'une sur l'autre, comprendra que d'autres hommes, par elles, lui adressent un message. J'ai vu dans les Pyrénées espagnoles un sentier muletier que les ronces avaient rendu complètement invisible et impénétrable, ayant tout de même remarqué une végétation alignée. Hé bien juste à l'entrée de ce chemin il y avait un petit tas de pierres plates immédiatement reconnaissable.

Un mot peut être un cri, un cri peut être un mot. Mais il me semble que si j'entendais un mot d'une langue que je n'avais jamais entendue, je saurais qu'il s'agit d'un mot. En le réentendant, je le reconnaîtrais et très vite je saurais le prononcer moi-même, ne sachant encore rien d'autre de ce mot qu'il est un mot.

Une pierre taillée par l'homme ne suffit pas à valoir message. Il en faut au moins deux ou trois l'une sur l'autre, n'importe quelle pierre un peu plate faisant l'affaire, ou sinon un signe gravé dessus, ou sinon qu'elle soit dressée de telle sorte qu'on reconnaisse-là la main de l'homme.

Et j'ai enfin trouvé ce soir une explication possible aux alignements de Carnac, non loin du grand menhir de Locmariaquer, marqué d'un seul signe, pour moi un gouvernail. Pierre levée, pierre de mémoire. Mémoire de qui ou de quoi ? Mémoire de chaque groupe qui partait autour de la terre vers autant de directions, autrement dit de continents, qu'il y avait d'alignements.

Nos ancêtres dits Les Gaulois n'avaient pas attendu ce grand connard de Jules César, de quelques millénaires s'en faut, et si l'insulte n'était pas encore assez méritée après deux-milles ans sous ses décrets, puisque ce ne serait lui, hé bien ce sera moi.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Bon. Moi, je me plongerai dans les définitions que vous avez gentiment pris le temps de chercher, de copier et de mettre clairement en forme mais j'avoue que je laisserai les menhirs et Jules César dans mes oubliettes. J'adore les associations d'idées mais là, c'est trop fulgurant pour moi.

36 Dernière modification par chrisor (29-01-2015 18:20:20)

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Le mot conscient ne serait il pas de l'humain, la mort sans en avoir l’r ? Et ce n'est pas le "Wort" allemand avec ce W inverse du M qui pourrait le démentir ! L’étymon de mot est mutum en latin qui serait issu d’une onomatopée /mut/ désignant la voix humaine ; au XVIIème siècle, dans l’expression «ne souffler mot», on peut substituer mot par la négation "ne pas", mais «chut» dit le Maître d'école, le mutisme est de rigueur ! Lacan associe le mot « à ce qui se tait » et sa formule percutante n'en n'est pas moins pertinente. Le mot serait-il associé à son opposé, le silence, voire au silence de la mort. Si l'on inverse l'ordre des lettres de mot, on obtient tom dont l’étymologie grecque évoque la coupure, la séparation, la -tomie, une séquence littérale qui initie la hache indienne, le tomahawk, mot d'origine algonquine et même le mot ''tombeau''. Or l’origine onomatopéique /mut/ du vocable mot est précisément le terme qui désignerait la mort en ancien hébreu. Josette Larue-Tondeur émet l’hypothèse que l’inconscient collectif est allé rechercher cette racine hébraïque désignant la mort pour l’attribuer au mot ! En outre, écrit-elle, « il existait antérieurement à la Genèse biblique un dieu de la Mort appelé Mô (Eliade, 1976, p. 170) ».  Pour l'inconscient collectif langagier français, le mot ne serait qu'un "saut" de l'onde sonore que l'enseignement nous a appris à prendre pour la plus petite unité de sens, avec à l'appui la théorie saussurienne de l'arbitraire du signe qui coupe le son du sens. Les sons de nos mots seraient insensés! Le second sens de mot pour l'inconscient  est  "ôte la matière" pour préciser son caractère immatériel. Enfin avec une majuscule, Mot se  traduit pour l'inconscient  "ôte la Personne", affirmant par là son caractère impersonnel.
Nos mots peuvent être des armes. Or, nos mots appartiennent à l'hémisphère gauche.  Donc comme il est dit que "nous passons l'arme à gauche", la fonction de nos mots ne semble pas nous conduire vers la Vie!

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme !

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

On a déjà parlé ici de l'origine du mot "mot" et justement on avait signalé que le français était la seule langue romane à avoir "choisi" cet étymon latin... que pensez-vous des autres langues qui ont choisi "PARABOLA"?

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Le français aussi a retenu parabola dont il a fait parole.
Dé mo, kat pawole dit-on en créole pour signifier que l'on va faire court : ces termes sont proches.
Parabola, mot (!!!) grec latinisé vient tout droit du Nouveau Testament (Jésus leur dit cette parabole...) et je vois dans ce choix est une trace de l'influence du christianisme.
En latin, mot se dit uerbum. Le français en a fait verbe, comme si le verbe était le mot par excellence. Belle intuition grammaticale...

P.S. Je vous réponds oliglesias car avec vous je suis sûr de ne pas me faire tancer d'importance parce que mon avis ne vous conviendrait pas !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Ah mais votre avis non seulement me convient mais je le partage ! Je suis curieux d'avoir l'avis (inconscient) de chrisor en revanche.

40

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Roméo31 a écrit:
Abel Boyer a écrit:

Est-ce que pomme de terre, qui signifie potatoe ou Kartoffel, constitue un mot ou trois mots ?

En fait, le mot est empiriquement lié dans la conscience linguistique des non-analphabètes à sa forme écrite : c'est l'unité limitée par deux blancs, un signe de ponctuation et un blanc, ou l'inverse. Le mot n'est  pas une réalité de linguistique générale.

Dans ce sens, "pomme de terre" comprend trois mots.

Si ce que tu avances était vrai, les vocables suivants seraient des mots :
     bonhomme
     bonhommes
     bonshommes

tandis que ceux-ci n'en seraient pas :
     bonne-femme
     bonne femme
     bonnnes-femmes
     bonnes femmes

alors qu'à l'évidence ces deux groupes de noms commutent en genre.

Les blancs, les espaces et la ponctutation — c'est-à-dire la variation visuelle (réalité sensible, sensorielle) — me paraissent se situer très en aval du phénomène intellectif dont procèdent les mots.

À question posée par Abel Boyer, je réponds que pomme de terre n'est qu'un mot. Pas deux ni trois.
Pareil pour ver de terre et Armée de Terre.



éponymie a écrit:

On serait tenté de dire que ce qui fait le mot, à formes orale et écrite et origine identiques, c'est le signifié. Mais les dicos les réduisent souvent à des acceptions. La subdivision en acception et en mot se faisant alors sur fontion grammaticale, genre ou nombre.

Le TLFi nous dit également que les linguistes ne manipulent pas des mots. Pas assez précis, pas assez clair. Pas assez stable non plus je suppose.

Pour Saussure, l'image acoustique du mot est le signifiant.
Le signifiant saussurien entre dans un rapport d'association avec le signifié.
Ce rapport associatif entre signifié et signifiant constitue le signe saussurien :
http://img4.hostingpics.net/pics/615987signesaussurien.png



Pour Guillaume, le mot est un signe physique associé à un signifié aphysique, double et dynamique, lui-même issu de l'union d'un signifié notionnel (matière sémique) avec un signifié formel (formes grammaticales).
Le rapport associatif entre signifié double et signe physique constitue le signifiant guillaumien :
http://img4.hostingpics.net/pics/319430signifiantguillaumien.png
La formation du signifié notionnel est appelée idéogénèse.
Elle consiste à discerner un sème singulier par un mouvement intellectif de particularisation, qui va du tout pensable à la notion isolée :
     TOUT  →  MAMMIFÈRE (pas reptile, pas plante, pas minéral etc)  →  PETIT FÉLIN (pas lion, pas chien, pas ours etc)


La formation du signifié formel est appelée morphogénèse.
Partant de la notion isolée par discernement, la morphogénèse consiste à reverser cette notion singulière dans l'univers grammatical.
La morphogénèse est un mouvement intellectif de généralisation qui va de la notion à la partie de discours — soit l'opposé de l'idéogénèse qui est particularisation.
La nature substantive du mot ʃa ne lui est pas particulière : il la partage avec des mots tels que ʃamo, filozofi etc.
Pareil pour le genre du mot ʃa : ce genre est aussi celui de tablœʁ, ɡuvɛʁnəmɑ̃ etc.

41 Dernière modification par chrisor (30-01-2015 14:40:17)

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

@Oliglesias  Pardon je vous affuble du O majuscule de la Tête.... qui me semble plus convenable !

Il est évident que le signifiant "mot" n'a rien à voir avec "parabola" qui a donné ""parole,  et encore moins de "verbum" qui a donné "verbe". Le signifiant ''mot'' rappelle  plutôt "mutus', muet.  Motus et bouche cousue pour le peuple français car le mot ment trop ! En espagnol je crois que le peuple dit : ''En boca cerrada no entran moscas''.  "Zitto e mosca! Tais-toi et mouche ! "  disent les italiens !  La qualité du silence français s'exprime aussi avec ce discret vrombissement des mouches : on n'entend pas une mouche voler.
Mais à ceux qu'on voudrait sevrer de leur fâcheuse habitude de sodomiser les diptères, on dirait plutôt "botus et mouche cousue"!   

Les signifiant "parole" et "parabol"e comportent le ''codon'' inconscient ''ol'' qui indique qu'il faut tourner sa langue pour parler et 7 fois même dans sa bouche avant de parler !  "Parabola" peut  être entendu comme "para-Bola" avec le B majuscule du Verbe, donc une expression qui approche le Verbe... qu'on pourrait enclore dans une Bulle du Pape à Charlie hebdo !

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme !

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

D'accord chrisor (avec un "c" minuscule parce que telle était votre volonté quand vous avez créé ce pseudo), mais ce que je voulais savoir c'est si vous avez un avis concernant les "traductions" du mot "mot" dans les autres langues romanes (it. parola, cat. paraula, esp. palabra, port. palavra... je ne mets pas le roumain qui a "choisi" un autre mot). Je sais que vous travaillez sur le français, mais c'est juste pour savoir smile

43 Dernière modification par chrisor (30-01-2015 14:43:06)

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

@Oliglesias  Merci pour l'émoticone souriante.  J'essaierai de vous répondre ultérieurement  car mon travail de vampire  m'attend!  Et je ne prétends pas tout Savoir , juste vous donner  mon humble avis !

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme !

44 Dernière modification par P'tit prof (30-01-2015 17:44:35)

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Il est évident que le signifiant "mot" n'a rien à voir avec "parabola" qui a donné ""parole,  et encore moins de "verbum" qui a donné "verbe". Le signifiant ''mot'' rappelle  plutôt "mutus', muet

.

Je dirais même plus, étymoloige de mot d'après le Tlfi :

Du b. lat. muttum «son» dér. régr. de muttire «produire le son mu, grommeler» remontant au rad. onomatopéique *- (cf. mutmut facere «émettre un son à peine distinct, un chuchotement» att. par Apulée, v. TLL s.v. mutmut,

Donc, le muet est celui qui émet des grognements, mou-mou, avec le redoublement cher à chrisor. Le mot est donc le son, la parole est le sens,  le verbe le moyen technique de transformer ce son en sens.
Une vraie triade indo européenne : sacré, force, fécondité.
La force, c'est le mot,
le sacré, le verbe,
la fécondité, la parole.

Je ne suis pas certain de croire moi-même cette belle conclusion, mais je trouve qu'elle a de la gueule...

Les autres langues romanes ont choisi de dénoter la fécondité de l'acte de parole, le français dénote la force de cet acte qui rompt le silence.
Ici, je ne fais pas de la science, mais de la rêverie poétique...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

45 Dernière modification par vh (30-01-2015 17:17:28)

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Parole = loyauté

En français, parole signifie aussi promesse.
En anglais, word (mot) est aussi la promesse.
En chinois, parole (言, yán) est  un composant de loyauté (信 xìn).


Le sinogramme 言 représente une bouche (rectangle) et une succession de mots (traits) qui en sortent.

L'image avec VH est celle de la signature de Victor Hugo sur l' un de ses dessins.

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Qu'est-ce qu'un mot ?
Quelqu'un a formulé une réponse :

... car le mot c'est le verbe, et le Verbe, c'est Dieu !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

47

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Amen !

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

Eh oui, il était comme ça, ce bon Totor...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

49 Dernière modification par chrisor (01-02-2015 20:37:52)

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

P'tit prof a écrit:

Il est évident que le signifiant "mot" n'a rien à voir avec "parabola" qui a donné ""parole,  et encore moins de "verbum" qui a donné "verbe". Le signifiant ''mot'' rappelle  plutôt "mutus', muet

.

Je dirais même plus, étymoloige de mot d'après le Tlfi :

Du b. lat. muttum «son» dér. régr. de muttire «produire le son mu, grommeler» remontant au rad. onomatopéique *- (cf. mutmut facere «émettre un son à peine distinct, un chuchotement» att. par Apulée, v. TLL s.v. mutmut,

Donc, le muet est celui qui émet des grognements, mou-mou, avec le redoublement cher à chrisor. Le mot est donc le son, la parole est le sens,  le verbe le moyen technique de transformer ce son en sens.
Une vraie triade indo européenne : sacré, force, fécondité.
La force, c'est le mot,
le sacré, le verbe,
la fécondité, la parole.

Je ne suis pas certain de croire moi-même cette belle conclusion, mais je trouve qu'elle a de la gueule...

Les autres langues romanes ont choisi de dénoter la fécondité de l'acte de parole, le français dénote la force de cet acte qui rompt le silence.
Ici, je ne fais pas de la science, mais de la rêverie poétique...

On peut comparer ou opposer la triade "poétique" de P'tit Prof  à celle plus ésotérique d'Héraclite pour les glyphes égyptiens qui indiquait une lecture parlante, une  signifiante et une cachante.
Pour Fabre-d'Olivet, grammairien et alchimiste verbal  "le mot, dans la place où il se trouve, offre trois sens distincts: l'un propre, l'autre figuré, le troisième hiéroglyphique"

A mon avis on peut distinguer 3 sens au mot :
- un premier conscient, celui que donne nos dictionnaires, étymologie incluse. On peut lui reconnaître une fécondité certaine dans la parole.
- un second inconscient, explicatif à dominante géométrique. Ce serait la force cachée de l'inconscient collectif langagier dont le savoir est inscrit dans les unités inconscientes du signifiant.
-un troisième, uniquement graphique avec l'usage de la majuscule, qu'on peut qualifier "métaphysique" ou sacré. C'est le Sens caché du Verbe.

C'est le cas du mot Bipède déjà explicité antérieurement.

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme !

Re : Qu'est-ce qu'un mot ?

chrisor a écrit:

A mon avis on peut distinguer 3 sens au mot :
- un premier conscient, celui que donne nos dictionnaires, étymologie incluse. On peut lui reconnaître une fécondité certaine dans la parole.
- un second inconscient, explicatif à dominante géométrique. Ce serait la force cachée de l'inconscient collectif langagier dont le savoir est inscrit dans les unités inconscientes du signifiant.
-un troisième, uniquement graphique avec l'usage de la majuscule, qu'on peut qualifier "métaphysique" ou sacré. C'est le Sens caché du Verbe.

Avant de chercher les sens du mot, j'ai lancé ce fil pour tenter de le définir. Je trépigne mais je n'ai pas le temps maintenant de bien décortiquer les infos accumulées pour mieux tourner autour du pot. Chrisor, vous avez réussi à vous décantonner de votre fil après nous nous avoir fait le coup des adieux de Fontainebleau. Vous devriez connaitre le film, il finit a Waterloo.

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