greg a écrit:Ya quand même un truc à creuser. Avec l'adjectif fou/fol l'antéposition est possible ? substantifs avec voyelle à initiale :
un enfant fou / un fol enfant
un espoir fou / un fol espoir.
À part <rire>, la postposition de fou/fou pour les noms commençant par une consonne semble impérieuse :
un cheval fou / [s]un fou cheval[/s]
un charme fou / [s]un fou charme[/s]
un sourire fou / ?un fou sourire?
un rire fou / un fou rire.
D'accord, je n'avais pas vu que c'était là que tu voulais en venir, mais c'est très juste.
À noter que le choix est aussi souvent possible au féminin : une folle entreprise, une entreprise folle, la folle journée, la journée folle. Mais dans certains cas, ça ne passe pas aussi bien : une femme folle, plutôt qu'une folle femme.
"Fou" n'aime effectivement pas l'antéposition, à part "fou rire". Il serait intéressant de savoir pourquoi celui-ci a pris ; j'en vois des attestations au milieu du XVIIIe siècle. Dans Google Livre, il faut souvent trier entre "fou rire" et "sourire" écrit avec un "s" long. Du reste, cette paronymie a peut-être favorisé son établissement, qui sait. Mais c'est peu probable, puisqu'après tout, "fou rire" n'a fait que prendre la succession de "fol rire" que je trouve en 1554 chez la Reine Marguerite. Je ne suis d'ailleurs pas sûr de la prononciation de "fol" ici : peut-être bien "fou", quoiqu'écrit "fol", si j'en crois l'Académie en 1694. Je remarque que dans cette attestation, comme dans d'autres attestations anciennes de "fou rire", le démonstratif est employé : il n'est pas impossible qu'il influence l'antéposition.
Furetière et le dictionnaire de l'Académie de 1694 connaissent quand même également le "fou marché" "pour dire, Un mauvais marché, & dont on aura sujet de se repentir dans la suite". Naturellement précédé de "fol marché" en 1604.
"Mou" semble partager avec "fou" la même répulsion pour l'antéposition, alors que" le mol oreiller" peut concurrencer "l'oreiller mou".
La différence fou/fol par rapport à fou/fou ne semble pas gagner nouveau/nouvel opp. nouveau/nouveau :
un enfant nouveau / un nouvel enfant
un espoir nouveau / un nouvel espoir
un cheval nouveau / un nouveau cheval
un charme nouveau / un nouveau charme.
Oui, et pour beau/bel, c'est carrément différent, car "beau" préfère souvent l'antéposition :
un beau bateau / un bateau beau* (mais un bateau beau et rapide)
un bel appartement / un appartement beau*
mais
une belle femme/une femme belle
Ces choses sont vraiment difficiles à cerner.