Re : L'erreur de Saussure !
Yd a écrit:
L'idée commune entre le grec ὁμός, homόs et le latin homo, c'est celle que nous reconnaissons en français actuel dans (le) semblable, quand nous disons par exemples nos semblables. Allez donc retrouver cette idée (du) semblable dans l'inconscient animal et même dans l'inconscient humain. La similitude, l'égalité, la proportion sont des notions purement intellectuelles, en aucun cas issues de l'inconscient. La similitude, les chiens semblent même en avoir la phobie, qui aboient avec fureur sur tout ce qui porte uniforme.
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Je crois que vous sous estimez les facultés de l'inconscient!
Il existe une dizaine d'unités bilittérales signifiantes que l'on peut classer en sèmes primitifs, qui sont plus compliqués que ce concept de similitude! Quand vous vous rendez compte qu'un tel est le sosie de tel personnage connu, ce n'est pas l'analyse consciente de votre intellect avec la médiation du langage qui vous amène à cette constatation mais bien le travail holistique immédiat et sans médiation du langage de votre hémisphère droit.
Quand on prend conscience que "um" signifie toujours soit transformation subtile et volatile qui se répand, soit transformation subtile qui volatilise en se répandant ou que "ud" signifie toujours vers le sens caché ou vers ce qui est caché des sens, ces concepts sont plus complexes que la notion d'égalité. [...]
Soit c'est moi qui réduis l'inconscient, soit c'est vous qui réduisez l’intellectualité. Comment la nature aurait-elle pu nous souffler la notion d'égalité qu'elle ne connait même pas elle-même ? Entre deux sardines ? Quelle utilité ? La similitude ne se réduit pas à celle des sosies, qu'un être humain n'a pratiquement aucune chance de voir une seule fois côte-à-côte dans sa vie. S'il n'a jamais l'occasion de les voir côte-à-côte, comment les verra-t-il sosies ? Des jumeaux, on sait qu'ils sont jumeaux, on ne les identifie pas comme sosies, justement, mais comme jumeaux. L'inconscient là-dedans n'intervient justement pas pour grand chose, sauf à compter dans l'inconscient tout ce que fait le cerveau sans que nous le percevions. C'est la première fois que j'entendis dire que la faculté de comparer visuellement, ou autrement, relèverait de l'inconscient. Pourquoi aussi ne pas dire que la IXe est sortie de l'inconscient, puisque avant d'être consciente, l'eusses-tu cru elle ne l'était pas ?
La similitude est une notion extraordinairement complexe : c'est elle qui nous permet de classifier, entreprise que nous n'avons toujours pas menée à bien en ce qui concerne le monde végétal et le monde animal, et ce n'est pas faute d'y avoir travaillé. Ce qui est extraordinairement difficile, c'est le choix et l'ordre des critères de tri : c'est cette opération-là qui s'avère toujours mise en échec à partir d'un certain volume de travaux. Or le choix et l'ordre des critères ne sont aucunement fixés par notre inconscient, bien évidemment. C'est l'observation des spécimens un par un qui fera appel à des ressources à mon avis plutôt « techniques » qu' « inconscientes » du cerveau.
En ce qui concerne la proportionnalité, la notion ne me semble pas susceptible d'avoir été découverte avant d'avoir atteint un certain niveau en sculpture et en peinture, avec la découverte de la perspective. On aurait d'autres indices de connaissances géométriques, telles que a2 + b2 = c2, qui supposent je pense de connaître la proportionnalité, vers le 4e ou le 3e millénaire avant notre ère : peu importe, c'est tout de même très récent, et j'ai peine à croire que la nature nous aurait dotés de capacités demeurées inutilisées quelques millions d'années (je ne répète plus de chiffres, ils changent diamétralement tous les vingt ans : aux dernières nouvelles, Susie, c'était juste un peu du délire).
Les missionnaires français du XVIIe ont raconté la quasi-impossibilité devant laquelle ils se trouvaient d'apprendre aux Wendats la Sainte-Trinité, car dans leur langue le mot père tout seul n'existait pas, mais seulement mon père, ton père et son père. Je suppose que le pluriel était possible. C'est magistral comme exemple d'intelligence pratique, puisqu'on n'est jamais un père en soi, d'une manière. Ceci pour dire qu'en admettant que mon père, ton père et son père soient venus de l'inconscient - à mon avis rien n'est moins sûr -, la chose semble d'autant plus hors de question pour le père ou pour un père, qui font appel au père en soi, lui-même une vue de l'esprit. Si donc pour le mot de père l'inconscient est mis hors-jeu, pour quel mot ne sera-t-il pas mis hors-jeu ?
Ce n'est pas à prendre à la légère, puisqu'en grec par exemple l'équivalent du mot de mari n'existait pas : ils, ou plutôt elles, disaient un homme à moi, à toi ou à elle. Je ne pourrais pas le jurer, mais le mari ou un mari dans le NT grec je crois bien ne l'avoir jamais vu. Il y a ce que nous traduisons par l’Époux, mais dans un usage d'exception.