Il semble qu'au début de la Genèse, il n'est pas question d'Adam et Eve, mais d'Adam et Isha
Il faudrait lire en hébreu...
Genèse la translittération d'un mot grec, γένεσις : cause, principe, orogine, source de vie.
C'est la traduction par les LXX de Bereshit, commencement. C'est le premier mot de la bible en hébreu, et les rabbins ont noté que ce mot commence par béith, la seconde lettre de l'alphabet hébreu : ce début n'est pas un début.
La Bible (un mot grec qui signifie les livres. Certains disent plus justement la bibliothèqe hébraïque) offre deux récits de la création, récits divergents.
Dans le premier, on lit (traduction de Chouraqui) :
Élohîm crée le glébeux à sa réplique,
à la réplique d'Elohîm il le crée,
mâle et femelle il les crée.
Pas de nom ici. Plus tard, les Pères ont compris de travers le mot adam, que Chouraqui rend textuellement par un nom commun, et en ont fait le nom du premier homme, Adam. Dans le récit élohiste, ni l'homme ni la femme n'ont de nom.
C'est dans le récit yahviste qu'apparaissent les noms :
Élohîm forme le glébeux —Adâm, poussière de la glèbe —Adama.
Chouraqui introduit le nom, mais il ne l'utilise pas : dans la suite, l'homme n'est nommé que le glébeux.
La suite entre pleinement dans nos préoccupations :
Élohîm forme de la glèbe tout animal du champ,
tout volatile des ciels,
il les fait venir vers le glébeux pour voir ce qu'il leur criera.
Tout ce que le glébeux crie à l'être vivant, c'est son nom.
Pas de motivation, ici : le glébeux décide souverainement.
Puis Élohim invente la première anesthésie et prélève une côte du glaiseux. (Virgil Gheorghiu fait remarquer que si Élohim pour façonner l'homme et les animaux s'est contenté de boue et crachat, pour créer la femme il a utilisé le matériau le plus noble qui soit, l'homme lui-même, ce qui fait de la femme la créature la plus parfaite, le sommet de la création.)
Élohim bâtit la côte, qu'il avait prise du glébeux, en femme.
Il la fait venir vers le glébeux.
Le glébeux dit :
« Celle-ci, c'est l'os de mes os, la chair de ma chair,
à celle-ici il sera crié femme —Isha— :
oui, de l'homme — Ish— celle-ci est prise. »
Ici, le signe est motivé par dérivation, mais choisi arbitrairement quand même, car c'est le glébeux qui décide.
Pour moi, il n'y a pas incompatibilité totale entre arbitraire et motivation : tout dépend de la façon dont on comprend ces termes.
Toujours pas de nom propre pour la femme.
Ce nom ne lui est donné qu'après la désobéissance :
Le glébeux crie le nom de sa femme : Hava-Vivante.
Oui, elle est la mère de tout vivant.
Autre nom motivé.
De Hava, les Pères ont fait Ève, un nom propre totalement arbitraire pour qui ignore l'hébreu.
Les LXX rendent par Zoé, la vie en grec, puis ensuite ils écrivent Ἐύα, Éve.
... ne supra crepidam sutor iudicaret. Pline l'Ancien