oliglésias
Je ne suis pas du tout d'accord sur votre accusation de justificationnisme, opinion qui est secondaire à votre tentative de compréhension d'un résultat de recherches, d'une conclusion que je vous ai assénée, alors que vous ignorez le chemin parcouru et le protocole suivi !
Dans les années 90 j'aurais été peut-être plus sceptique que certains ici sur une quelconque motivation des mots.
Donc au départ je n'avais aucune hypothèse à justifier et j'avais juste l'intention d'écrire un livre sur les néologismes que font les patients à partir du nom des maladies. "L'infractus" est connu de tous et il est évident que pour ceux qui s'expriment ainsi, il s'agit bien pour eux d'une "fracture" du cœur. Mais il existe bien d'autres mots inventés ou déformés. L'une déclare que ça « grevouille » dans son ventre, l'autre que ça croaille là derrière son sternum, une autre (avec un QI limite) que le gynéco lui a enlevé les « œufs verts ». Pour rester dans le fil de la discussion précédente, j'ai souvent été surpris aussi par des « j'ai un kystre », et ce, dans la bouche d'intellos du langage (orthophoniste, professeur...). Certes le jargon médical est parfois complexe (idiosynchrasie, épiphysiolyse, neurofibromatose de Recklinhausen...), mais ce tr de « kystre, sorte de lapsus littéral, résonnait comme quelque chose de travers, de déviant.
Chaque jour pendant 3 mois, j'ai alors consigné sur des fiches, les mots les plus courants qu'on entend lors d'une consultation., dont voici un « résumé » :
"Docteur, j’ai les genoux rouillés, la tête qui s’embrouille, je m’sens vasouillard, la voix éraillée, la vue qui se brouille, dans mon ventre ça gargouille, ça «grevouille, ça rebouille», et ma gorge qui gratte"ouille", je crache"ouille" des graillons, je tousse"aille", me sens défaillir, ça me tire"aïe", j’ai un caillou dans un rein, un caillot dans la jambe, je suis mouillé de chaud, bouillant de fièvre… sans oublier la grand-mère qui déraille et le grand-père qui se souille !
Une liste où il m'était difficile de ne pas entendre la résonance « aïe » et « ouille, des cris de douleur. Pauvres ouailles que nous sommes qui n'entendons plus le cri dans ces mots.
Intrigué par ces sortes de "rimes" ou du moins d'assonances douloureuses, j'ai entrepris un examen du lexique français, récoltant des dizaines de mots en « aille » et ouille » dont les signifiés étaient en rapport avec la douleur physique ou morale ou simplement avec le risque de douleur. "Je suis allé déposé une gerbe de glaïeuls sur la dépouille mortelle de mon aïeul lors de ses funérailles. Il s'est fait "zigouillé" lors d'une patrouille prise sous la mitraille...
Voici un lien qui le met en évidence
http://signelinguistique.e-monsite.com/ … uleur.html
Vous constaterez, oliglésias, qu'il ne s'agit pas de couples phonémiques ou littéraux.
J'ai recherché ensuite s'il était possible de suivre l'évolution diachronique de ces onomatopées de la douleur en français. Je suis tombé sur un dictionnaire Richelet de 1751 qui notait comme onomatopée de la douleur : ahi, ach, och , ces deux dernières me semblant plutôt de type germanique.
Par curiosité j'ai recherché ensuite si les couples de phonèmes (qui s'avéraient être aussi des couples de lettres) « ar » et « or » du français portaient un quelconque sens, relié à la douleur.
Ce n'était pas le cas, car pour ar l'invariance notionnelle était : prééminence/menace et pour or : lumière/limite.
Lien pour ar :http://signelinguistique.e-monsite.com/pages/mes-pages/l-homme-de-l-ar.html
Lien pour or : http://signelinguistique.e-monsite.com/ … -d-or.html
j'ai tenté ensuite de trouver un sens à ba, bi, ra et ro sans succès et j'en suis resté là, à penser qu'il existait peut-être quelques séquences phonémiques motivées dans les mots.
Deux ans plus tard après avoir lu le Cours de Saussure, le Cratyle de Platon et le Dictionnaire des onomatopées du bisontin Charles Nodier, je me suis rendu compte de l'existence de défenseurs de 2 thèses opposées sur la motivation ou l'arbitraire du signe, la dernière semblant l'emporter actuellement puisqu'elle est à l'origine de la fondation de la linguistique.
Mon intérêt pour cette discipline restait cependant plus médicale que linguistique. Or, je ne sais plus dans quelles circonstances, les mots médicaux "cerclage, clip chirurgical, occlusion...". où il est question de fermeture m'ont poussé à recherché si ce couple de consonnes ou de phonèmes « cl », commun à ces mots comportaient une quelconque invariance conceptuelle dont je trouverais la clef.
Pour le mettre en évidence il était nécessaire d'établir un PGCDS (Plus Grand Commun Diviseur de Sens) des mots du lexique français porteur de ce couple phonémique OU littéral « cl » dont les résultats se trouvent sur ce lien :
http://signelinguistique.e-monsite.com/ … cient.html
Quand on parvient à plus de 100 mots d'origine diverse qui portent la même invariance notionnelle, on est en droit de commencer à douter de l'arbitraire du signe verbal et de l'absence d'une quelconque motivation.
Les noms de maladie, dans lesquels j'avais remarqué fréquemment cet ar menaçant ( même dans le nom de l'homme de l'art, der Artz allemand) présentaient souvent le couple phonémique « ie » : maladie, épidémie, épizootie, septicémie, phobie, maladie vénér ie nne, épilepsie en rapport avec le concept de propagation, un concept retrouvé dans les mots courants série, vie, et même sc ie nce dont les catégories se terminent souvent par le suffixe -ologie. Ces mots comme ceux comportant ia s'orientent soit vers cette propagation possible, soit vers la crainte.
J'ai ainsi exploré une douzaine de ces couples : cr (largement relaté dans ce fil de discussion), br, fr, gr, tr, vr, puis bl, fl, gl, pl, sl, où chaque fois je découvrais deux sens possibles. Alors que tous les couples CV explorés ne comportaient aucune notion commune sauf Li dont un sens possible correspondait à l'un des deux de il (il = lien entre deux/ courant),
Lorsque qu'une trentaine de couples furent ainsi « décodés » , la notion d'arbitraire du signe commençait à chanceler. Malgré des recherches actives sur internet je ne trouvais pas d'écho à ces séquences phonémiques ou littérales motivées.
C'est seulement à ce moment là que j'ai émis l'hypothèse qu'il existait peut-être un langage caché dans nos mots conscients, hypothèse que j'ai explorée lors de l'écriture d'un premier livre « Maux à mots », un langage dans le langage (1995) qui m'a permis de définir ces unités : schémèmes statiques et dynamiques, émotèmes, élèmes, esthésièmes et sèmes primitifs. J'ai surtout compris qu'un homme, riche d'un clavier sensoriel avec 5 sens, pouvait retenir du référent des caractéristiques sensorielles voire émotives différentes: soit visuelles, soit auditives, tactiles, kinesthésique, gustatives ou olfactives ce que Saussure n'a jamais envisagé (mais que les formateurs en PNL connaissent).
J'ai lu alors les Ecrits de Lacan que j'avais seulement survolés auparavant et découvert deux caractéristiques de l'inconscient pour lui : l'inconscient est un langage dans lequel le signifiant prime sur le signifié et dont les lois sont la métonymie et la métaphore.
Encouragé par cette vision lacanienne, j'ai poursuivi ma quête de motivation des séquences signifiantes: chaque année je parvenais à décrypter une vingtaine de ces séquences signifiantes et ce n'est que lorsque je suis parvenu à en collecter environ 80, que j'ai du me rendre à l'évidence qu'il s'agissait toujours de couples : VC, C1C2 (C2 = l ou r), V1V2 et que les suites CV s'avéraient non sens. Comme nos mots ne sont pas tous formés d'un nombre pair de lettres, je me suis " retrouvé" avec des lettres isolées entre eux dont je ne connaissais pas le rôle... s'ils en avaient un ? Grâce aux mots trilitères (mer, mur, sur, bar, bal, but, bot, rot, rut, rat, sot, lit, pli, clé, pou, Pas), je suis parvenu à mettre en évidence les sens possibles de ces lettres isolées qui se sont avérés triples ?
Grâce aux onomatopées j'ai aussi compris que la lecture de ce Code inconscient se faisait, unité après unité, de la droite vers la gauche, puis compris qu'il existait une syntaxe sommaire intra mot conscient.
Ce n'est qu'après ces étapes préalables que j'ai commencé une ébauche de lecture D-G des mots et me suit trouvé confronté aux séquences VC1C2 et V1V2C telle « our » pour laquelle il était possible de trouver comme PGCDS des mots qui la comportent, celui de limite humaine, mais je ne parvenais pas à l'extrapoler au reste du lexique, Comme je connaissais le sens d'ur et d'or j'ai repris la liste de mots et constaté que cette fois il était possible de retrouver les notions invariantes correspondant à or et ur, et cette dissociation s'est avérée positive pour d'autres triplets V1V2C.
Pour le mot « bouc » : uc~oc~b soit production- choc- extrémités ou le mot noir : ir~or~n soit réflexion lumineuse anéantie, les concepts présentés paraissent symboliser le référent. De même pour les triplets CVC1C2, par exemple ord de nord, od~or~n soit onde lumineuse anéantie, ce mode de lecture littérale s'est avéré adapté .
Au total le dévoilement de cette Langue de l'inconscient s'est réalisé par étapes successives sans aucun a priori ni résultat supposé ou attendu préalable, mais par un examen systématique du lexique français avec des incursions en allemand, en anglais et italien, car ce genre d'exercice est dévoreur de temps. Plus de 10.000 mots ont été explorés.
Ce « décodage » des mots s'est vu conforté par celui du Sens des maux pour des centaines de maladies, états pathologiques dans lesquelles on ne tombe jamais par hasard ou par quelque châtiment divin ?
Pour la Langue de l'inconscient le mot peut être conçu comme un saut (ot) d'ondes (m) ou comme un élément impersonnel [ôte (ot) la Personne (M)], alors que les Maux (barrent la production de l'action de la Personne) sont bien définis comme une inhibition de l'action de la Personne, reprenant la définition d'un certain Henri Laborit ! Le mot allemand "krank", soit action dans le temps cassée ou morte, semble le confirmer.
Science sans conscience n’est que ruine de l’âme !