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forum abclf » Réflexions linguistiques » L'infinitif de narration

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Messages [ 9 ]

Sujet : L'infinitif de narration

Bonjour,
Connaissez-vous des cas où l'infinitif de narration s'emploie sans et (ou une autre coordination) en début de proposition ?
Vous paraît-il correct de le remplacer par un "alors" dans le corps de la proposition ? ("Le personnage de s'écrier alors...")
Ou est-ce que l'emploi du et (ou autre) est devenu une règle de sa construction ?
Merci d'avance.

Re : L'infinitif de narration

Selon une étude, la forme canonique semble comporter le "et", mais l'étude donne de nombreux exemples sans le "et" (cf. pages 43, 44, 50, 55, etc.)

Edit 01/06/2020 Le lien n'est plus valable mais l'étude peut être achetée ici :
https://www.cairn.info/l-infinitif-dit- … enu=resume

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Re : L'infinitif de narration

Merci beaucoup Abel Boyer pour cette recherche et cette réponse. Je note les exemples que j'y ai trouvés :

Souris de revenir, femme d’estre en posture
(La Fontaine)

Aussitôt assise, sa tête de tomber et de retomber comme si elle sonnait des cloches
(Pourrat)

Et le peuple de France d’en roucouler d’aise. Les critiques de vous aduler. Le clergé, le tiers-état, même les douaniers, gens réputés sérieux, tout le monde de vous tresser des lauriers, on vous glorifie, vous sanctifie, vous admet.
(San Antonio)

Alors le jardinier, la jardinière de se désoler

(Pourrat)

Aussitôt perles de tomber,
Nourrisse de les ramasser,
Soubrette de les enfiler,
Pèlerin de les attacher.

(La Fontaine)

Alors bonnets,
Fichus de suivre la coiffure,
Tetons bleus, rousse chevelure
De se montrer aux spectateurs.

(Vadé)

Chroniqueurs, donc, littéraires de pavoiser, média de dérouler tapis rouge, bouche-à-oreille de s’amorcer, boule-de-neige de grossir, jury d’un des Grands cinq de couronner.

(Cavanna)

Étonnant, non ? que l'étude en question ne semble pas faire cas de la présence ou non de la conjonction.
Dans ces exemple alors et aussitôt semblent parfois tenir lieu de et.
Et en leur absence (comme dans la première citation de La Fontaine), on a l'impression d'une ellipse, faisant peut-être sentir la promptitude de l'action...

De mon côté, j'ai depuis trouvé ceci :
http://www.gabrielwyler.com/a1368032796 … enarration
Où je lis :
« Si le fait antérieur est enchâssé dans une principale ou dans une proposition indépendante, l'infinitif de narration se rattache au fait antérieur par une conjonction de coordination (et, mais, aussitôt, alors).
En revanche, si le fait antérieur est enchâssé dans uns subordonnée temporelle ou conditionnelle antéposée (si, quand, chaque fois que), l'infinitif de narration joue le rôle de principale et n'exige aucun autre élément introducteur. »
Avec comme exemple :
S'il s'en plaignait à elle, elle de se plaindre à son tour. (Montherlant)

4 Dernière modification par greg (08-05-2013 21:01:21)

Re : L'infinitif de narration

Ronan a écrit:

Souris de revenir, femme d’estre en posture
(La Fontaine)

La citation en contexte :

Aussi-tost la femme est sur pieds :
Elle manqua son avanture.
Souris de revenir, femme d’estre en posture.
Pour cette fois elle accourut à point ;

Les deux infinitifs de narration (IN) sont encadrés par deux passé simples (PS), eux-mêmes précédés par un présent de narration valant PS.
Vois ce salon : Tous ces oiseaux de sautiller.... (infinitif de narration).

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Re : L'infinitif de narration

Merci Greg. Je reviens du salon et me permets de te citer pour enrichir ce fil :

« On peut y voir [dans la conjonction] un indice redondant de successivité discontinue inhérent à l'infinitif de narration français, en parfaite convenance avec le passé simple, dont un des traits discursifs est de séquencer sans superposer. »

Faut-il entendre qu'infinitif de narration et passé simple ont la même valeur dans le récit ? Qu'ils font sentir pareillement la successivité des actions ? Qu'ils ont les mêmes besoins d'indices temporels sous forme de conjonctions ou autres ?

6 Dernière modification par greg (11-05-2013 14:14:47)

Re : L'infinitif de narration

Oui, c'est ce que je pense. L'infinitif de narration (IN) et le passé simple (PS) sont deux aoristes français.

L'IN est un aoriste périphrastique (temps non morphologique) qui n'existe qu'en aval de la langue — c'est-à-dire en discours.
Il faut au minimum deux mots distincts pour qu'un IN soit.
L'IN est une réalité supralexicale d'ordre phrastique.

Le PS est un aoriste non périphrastique (temps morphologique) qui existe dès la langue — c'est-à-dire avant tout discours.
Le PS est réductible à un mot et un seul.
Ce temps est une entité infralexicale : radical + désinences personnelles.



Le hic vient de la phrase de Montherlant que tu citais :
          « S'il s'en plaignait à elle, elle de se plaindre à son tour. »
où l'IN n'a pas valeur de PS (aoriste).
La phrase m'avait paru agrammaticale au premier abord.

Comme celle-ci le serait à coup sûr :
          *s'il s'en plaignait à elle, elle se plaignit à son tour

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Re : L'infinitif de narration

Greg, la toute dernière phrase me paraît acceptable, si "si" signifie l'opposition ou la concession. Je veux dire : si on la comprend comme :
"S'il est vrai qu'il s'en plaignait à elle de temps en temps, cependant elle, cette fois-là, se plaignit à son tour."

Mais ce n'est pas le sens de la phrase originale (avec l'IN), où "si" marque l'hypothèse ou la condition.

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Re : L'infinitif de narration

Bonjour,
Je reviens sur ce fil non plus pour la conjonction, mais pour le sujet de l'infinitif de narration. Vous paraît-il correct et naturel de l'omettre quand il est sous-entendu (sujet de la phrase précédente) ? Par exemple :
Le patron lui dit ce qu'il avait sur le cœur. Et d'énumérer les griefs...

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Re : L'infinitif de narration

Apparemment cela se fait : je trouve cet exemple de Jouhandeau dans une vieille grammaire Larousse :
« Élise, un dimanche à midi, revient de la messe à jeun et il ne reste plus de lait. De fulminer contre la cuisinière. »

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