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Le forum d'ABC de la langue française

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forum abclf » Écriture et langue française » Proust, imposture littéraire ?

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Messages [ 51 à 100 sur 554 ]

51 Dernière modification par yd (07-06-2011 09:26:14)

Re : Proust, imposture littéraire ?

Faut-il vraiment accorder dans le cas de laisser descendre, ou les règles d'accord en ce cas auraient-elles connu des hésitations?

On nous dira encore qu'au-dessus des genoux est une asymétrie dans la symétrie d'en dessous de la ceinture.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : Proust, imposture littéraire ?

Bonjour,

Merci Regina.
Un coup d'œil sur la notice a posté une question trop rapidement rédigée. Aucune œuvre d'art ne mérite d'être corrigée par l'incompréhension mais votre remarque se termine par le mot tolérance. Ouf !... Pour cette fois, je suis sauvé.:)
Je vais devoir faire preuve d'attention, de réflexion et d'humilité pour pouvoir continuer à m'exprimer.

Très discrètement afin de ne déranger personne, j'aime bien la manière dont Marcel Proust exprime le besoin de se dégourdir les jambes après une sieste plus ou moins longue.

53

Re : Proust, imposture littéraire ?

Et Regina découvrit ce jour-là qu'elle était mal latéralisée sad  Un cas désespéré.

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

Re : Proust, imposture littéraire ?

Regina,

Désolé, il vous faudra attendre pour mériter un tel titre. Vous êtes encore loin de passer de cas désespéré à cas définitivement désespérant qui me qualifie depuis ma première année à l'école primaire.

En m'interrogeant sur cette œuvre d'art de Moritz Daniel Oppenheim, vous avez obligé mon ignorance à chercher des informations. Elle est revenue trop rapidement et déguisée en incompréhension pour poser une question teintée d'équivoque.
Merci beaucoup d'avoir pris le temps d'y répondre.
Soyez rassurée, chère Regina, si je viens sur ABC, c'est d'abord pour apprendre.

Re : Proust, imposture littéraire ?

yd a écrit:

On nous dira encore qu'au-dessus des genoux est une asymétrie dans la symétrie d'en dessous de la ceinture.

Dessus les genoux, dessous la ceinture... on finit par s'embrouiller !

http://www.jokelibrary.net/sex/b_to_h/breast-pics5.jpg

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

Re : Proust, imposture littéraire ?

Merci d'illustrer le propos par un exemple.
Ça me console, je me croyais tout seul dans ce cas-là...

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Re : Proust, imposture littéraire ?

Loupiot a écrit:

Très mal fichu ce passage, effectivement.

Sans parler de l' association bizarre "que, comme" qui blesse le tympan.

forces refaites que, comme une puissante horloge,

Re : Proust, imposture littéraire ?

M'enfin, Goofy, vous avez lu tout le Côté de chez Swann sans problème (sinon, nous en aurions entendu parler...), alors pourquoi devenez-vous allergique à Proust au tome 2 ?
C'est le pollen des fleurs qui vous rend malade ?

A propos, des critiques ont sérieusement posé que c'était l'asthme de Proust qui lui faisait écrire ses phrases en apnée. Vous voyez donc que votre compréhension n'est pas si mauvaise...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

59 Dernière modification par un passant (08-06-2011 17:59:15)

Re : Proust, imposture littéraire ?

Bonjour,

Par une douce après-midi, assis au bord de l'eau et prenant plaisir à la relecture du chef-d'œuvre de Marcel Proust, A l'ombre des jeunes filles en fleurs, un léger clapotis attira mon attention et une simple pensée effleura mon esprit distrait par une myriade de reflets argentés.
A trop utiliser le même appât, les poissons ne mordent plus à l'hameçon.

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Re : Proust, imposture littéraire ?

Pourquoi diable, Proust, invente-t-il des noms de localités aussi saugrenus, lorsqu'il se lance dans des decriptions de la campagne française ?
Cet homme est désarmant !

Je ne connais rien en France d'analogue, cela me rappelle plutôt certains aspects de la Floride. C'est très curieux, et du reste extrèmement sauvage aussi. C'est entre Clitourps et Nehomme, et vous savez combien ces parages sont désolés;  la ligne des plages est ravissante.
in "A l'ombre des jeunes filles en fleurs"

Re : Proust, imposture littéraire ?

Quant à Clitourps, ce village existe bel et bien.

Re : Proust, imposture littéraire ?

C'est vous qui êtes désarmant !

Hé oui, Proust n'a pas le même niveau de lisibilité que le Journal de Mickey.
Celui des deux qui méprise son lecteur n'est pas celui que vous pensez.
Écrire de manière simple, ou simpliste, c'est se faire du lecteur l'idée d'un minus habens incapable de saisir plus que sujet/verbe/complément.
Écrire comme Proust, c'est miser sur l'intelligence du lecteur.
Enfin, Proust vous raconte une histoire, pavée de passages hilarants, d'autres émouvants, et vous fait le portrait de la condition humaine.
Puisque vous n'aimez pas Proust, lisez donc la Nausée...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

63 Dernière modification par goofy2 (13-06-2011 17:35:00)

Re : Proust, imposture littéraire ?

Je ne puis résister à l'envie de citer encore ce passage où dans le but de croiser un groupe de jeunes filles qu'il a déjà vu au bord de la plage et qui passe régulèrement au même endroit et à une certaine heure, il invite le peintre Elstir à l'accompagner pour une promenade, en espérant que celui-ci lui servira d'entremetteur.
Dans une phrase-tunnel, Proust étale toute la duplicité de son comportement en dévoilant des simulations et des subterfuges destinés à lui donner le "beau rôle" face à des jeunes filles, dont il s'imagine sottement qu'elles aient pu prêter attention à sa personne. 

Sentant qu'il était inévitable que la rencontre entre elles et nous se produisit, et qu'Elstir allait m'appeler, je tournai le dos comme un baigneur qui va recevoir la lame; je m'arrêtai net et , laissant mon illustre compagnon poursuivre son chemin, je restai en arrière, penché, comme si j'étais subitement intéressé par elle, vers la vitrine du marchand d'antiquités devant lequel nous passions en ce moment; je n'étais pas fâché d'avoir l'air de pouvoir penser à autre chose qu'à ces jeunes filles, et je savais déjà obscurément que, quand Elstir m'appellerait pour me présenter j'aurais la sorte de regard interrogateur qui décèle non la surprise, mais le désir d'avoir l'air surpris- tant chacun est un mauvais acteur, ou le prochain un bon physiognomoniste - que j'irais même jusqu'à indiquer, ma poitrine avec mon doigt pour demander :"C'est bien moi que vous appelez ?" et accourir vite, la tête courbée par l'obeissance et la docilité, le visage dissimulant froidement l'ennui d'être arraché à la contemplation de vieilles faiences pour être présenté à des personnes que je ne souhaitais pas de connaître.Cependant je considérais la devanture en attendant le moment où mon nom crié par Elstir viendrait me frapper comme une balle attendue et inoffensive. La certitude de la présentation à ces jeunes filles avait eu pour résultat, non seulement de me faire à leur égard jouer, mais éprouver, l'indifférence.
in "A l'ombre des jeunes filles en fleurs"

64

Re : Proust, imposture littéraire ?

Excusez-moi si je vous demande pardon, mais, primo, la « phrase-tunnel » que vous citez comporte deux phrases et, deuzio, l’usage du point-virgule, si délicat — cf n’importe quel traité de ponctuation — permet ici une aération qu’on attendrait — en vain, hélas — de nombreux romanciers « modernes »…

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Re : Proust, imposture littéraire ?

Aïe ! V’là l’arithmétique qui m’lâche : pas deux, mais TROIS phrases !…
(au moins — soyons prudent !)

66 Dernière modification par goofy2 (13-06-2011 19:19:52)

Re : Proust, imposture littéraire ?

Sylvain B a écrit:

Aïe ! V’là l’arithmétique qui m’lâche : pas deux, mais TROIS phrases !…
(au moins — soyons prudent !)

Le but de la citation n'était pas de faire des remarques sur la ponctuation mais de montrer dans un passage ( comportant 3 phrases, dont une de longueur interminable) la vanité du personnage.

67 Dernière modification par yd (13-06-2011 19:57:53)

Re : Proust, imposture littéraire ?

rédigé et posté sans avoir vu le message de Goofy2 qui précède.

Mais bon, «la phrase» signée yd citée plus haut comme comparable à celle de Proust, trois fois plus longue, en comporte trois pareillement. C'est à dire qu'une seule phrase d'yd, qui ne ne se prend pas pour un littérateur et qui ici n'écrit pas un livre mais s'exprime comme bien d'autres sur un forum, est grosso modo dix fois moins longue que les plus longues phrases de Proust, et néanmoins serait construite de façon équivalente...

Je ne pense pas que Proust soit un imposteur littéraire ni qu'il cherche à égarer. Je m'interroge plutôt sur le rapport de l'auteur à son œuvre et dans la foulée, inévitablement, sur le rapport de l'auteur à son lecteur. Je n'ai pas l'impression que les femmes, d'une façon générale, ne trouvent aucun intérêt à l’œuvre ni à son auteur, ce qui me surprend.

Je me demande encore quels sont ceux qui, entre les uns qui aiment Proust et les autres qui ne l'aiment pas, le comprennent le moins bien: j'ai commenté à contresens sur un autre forum la phrase sur le servage d'Albertine, en prenant des précautions et en prévenant que je ne connaissais pratiquement rien de Proust, et personne à ce jour n'a relevé que le servage n'était pas celui des jeunes filles à l'égard d'Albertine mais celui d'Albertine à l'égard de Proust, qui se raconte: je viens seulement de trouver sur la toile les pages correspondantes. J'attends avec grand intérêt que ce passage clé vienne sur le tapis.

Non pas toutes les phrases, mais certaines phrases de Proust me sont impossibles à lire d'un trait, la longueur n'est pas seule en cause, et on n'a jamais vu un auteur de la taille de Proust s'abriter derrière ses professeurs. Beaucoup ont eu les mêmes professeurs, qui écrivent en toute limpidité.

Ceci dit, je ne voudrais pas lire la Nausée, bien que j'aie une certaine estime pour Sartre. Je redoute que ce soit trop pessimiste pour moi.

Quand je parlais de la structure souhaitable pour les phrases longues, qu'on met quelquefois en évidence dans les textes antiques, je ne pensais bien évidemment pas aux figures de style, d'autant que l'asymétrie est fréquente, même en français actuel et sans vraie recherche stylistique, dans les successions à trois ou quatre termes ou degrés.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : Proust, imposture littéraire ?

goofy2 a écrit:
Sylvain B a écrit:

Aïe ! V’là l’arithmétique qui m’lâche : pas deux, mais TROIS phrases !…
(au moins — soyons prudent !)

Le but de la citation n'était pas de faire des remarques sur la ponctuation mais de montrer dans un passage ( comportant 3 phrases, dont une de longueur interminable) la vanité du personnage.

Bingo !
Vous avez remarquement saisi : le personnage est vaniteux, et c'est cette vanité que dénonce l'auteur, par le procédé que vous avez brillamment analysé.
Alors, où est le problème ?
Un horrible doute m'effleure l'esprit : vous ne confondez tout de même pas le personnage-narrateur homodiégétique avec l'auteur ?
L'auteur est en surplomb de son jeu de marionnettes, et n'a rien de commun avec son personnage —totalement anonyme—, dont on ne saurait parler qu'en le nommant le Narrateur : c'est le Narrateur qui parle, et non Proust.

Autre tuyau : ce passage est humoristique ! Car, contrairement à Sartre, par exemple, Proust a de l'humour...
Ainsi, la Nausée n'est pas pessimiste, c'est tout simplement emmerdant.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

69 Dernière modification par goofy2 (15-06-2011 21:17:15)

Re : Proust, imposture littéraire ?

P'tit prof a écrit:

Un horrible doute m'effleure l'esprit : vous ne confondez tout de même pas le personnage-narrateur homodiégétique avec l'auteur ?
L'auteur est en surplomb de son jeu de marionnettes, et n'a rien de commun avec son personnage —totalement anonyme—, dont on ne saurait parler qu'en le nommant le Narrateur : c'est le Narrateur qui parle, et non Proust.

De toute évidence,  Proust et le narrateur ne font qu'un.
Une telle complaisance dans l'admiration et l'étalage de sa propre fatuité, ne laisse place à aucun doute.

Pour en revenir au prétendu syle inimitable de Proust, on s'aperçot qu'il utilise artificiellement la même méthode de manière répétitive sans se rendre compte qu'il lasse le lecteur.
(faut-il rappeler qu'il a publié à compte d'auteur car aucun éditeur n'a voulu de  ses manuscrits )
Ce court extrait quasi caricatural en est l'exemple parfait.

...; mais c'était une chance tout de même qu'elles m'eussent, même ainsi, rencontré avec Elstir et ne pussent pas m'oublier; c'en était une autre que j'eusse ce jour-là, sur le conseil de ma grand'mère, mis mon joli gilet qu'il s'en était fallu de si peu que j'eusse remplacé par un affreux, et pris ma plus belle canne ;...
in "A l'ombre des jeunes filles en fleurs"

Re : Proust, imposture littéraire ?

De toute évidence,  Proust et le narrateur ne font qu'un.

Évidemment, si vous partez d'une prémisse fausse...

La Recherche n'est pas un quelconque Ma vie et mes buts. (Au demeurant, les Ma vie et mes buts sont rédigés par des nègres...)

Nous avons :
Marcel Proust, citoyen français domicilié à Paris, et dont la vie est connue ;
un auteur, qui vit sous la même peau que Marcel Proust, et partage avec lui quelques points biographiques, mais dont on ne peut pas dire qu'il est Marcel Proust ;
un personnage-narrateur, création du second, avec qui il partage quelques points biographiques, mais qui est une créature fictive totalement différente, et de l'auteur, et de Marcel Proust.

Donc, la Recherche est un roman, élaboré savamment sur un plan de cathédrale gothique, disait l'auteur. Tous les détails concourent à l'effet final, effet final dont on ne peut juger qu'à la dernière page du Temps retrouvé... après quoi il ne reste plus qu'à relire l'ensemble : oui, la Recherche est un livre qui se lit deux fois... au moins.
Le premier tome du roman a en effet été publié à compte d'auteur, mais Gallimard s'est ravisé. Les Jeunes filles ont obtenu le prix Goncourt 1919, le premier Goncourt de la paix, et cela contre les Croix de bois de Dorgelès, qui n'en décoléra pas, voyant dans ce choix une insulte aux Poilus.
J'ai lu les deux, et j'aime  beaucoup les Croix de bois, mais les Goncourt, pour une fois, ne se sont pas trompés : ils ont vraiment couronné une œuvre novatrice qui a révolutionné l'art du roman.

Si vous voulez un texte où le narrateur et le Personnage ne fassent qu'un, prenez les Confessions de Rousseau ou les Mémoires d'Outre-Tombe de Chateaubriand.
Vous pouvez même aller jusqu'aux Mémoires de guerre du général de Gaulle.

Si vous lisez Proust, comprenez que vous lisez un roman, une pure fiction.
Ou alors, ne lisez pas Proust...

Mais pourquoi nous cassez-vous ainsi les pieds ?
Imaginez ce que deviendrait ABC si chacun balançait des passages entiers des livres qu'il déteste !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : Proust, imposture littéraire ?

qu'elles m'ussent

Êtes-vous bien sûr que Proust l’a écrit ainsi ?
Trèfle de plaisanterie sur des incidents de copier-coller, lisez madame Colette, qui n’aligne pourtant pas des phrases d’une demi-page, et vous verrez que l’imparfait du subjonctif était à l’époque — à tout le moins à l’écrit — d’un usage courant.

Re : Proust, imposture littéraire ?

De toute évidence,  Proust et le narrateur ne font qu'un.

Le plus beau, c'est que ce jugement péremptoire est signé... goofy2 !
Personne dans la vraie vie ne s'appelle goofy2, goofy 2 est un personnage, un masque,une marionnette de ventriloque.
goofy2, qui plus est, nous raconte des craques : non qu'il soit rare de se voir offrir un livre pour un anniversaire, non qu'il soit rare de s'imposer de lire un livre offert, mais ce qui ne tient pas debout c'est que ce livre soit un tome 2.
Je formule donc l'hypothèse que ce tome 2 est inscrit au programme d'un examen : souvent, en effet, aux examens, on ne propose à la sagacité des candidats que des extraits.

Alors, il est hilarant d'entendre une marionnette de ventriloque soutenir que Proust et le narrateur ne font qu'un...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : Proust, imposture littéraire ?

P'tit prof a écrit:

Imaginez ce que deviendrait ABC si chacun balançait des passages entiers des livres qu'il déteste !

Ah ! Enfin une bonne idée ! On pourrait même envisager un concours : Ouaip, çui-là, on peut le détester, mais l’autre, là, vous croyez pas qu’on peut le détester encore plus ?…

74 Dernière modification par yd (15-06-2011 19:54:26)

Re : Proust, imposture littéraire ?

Mieux: ce serait marionnette de ventriloque contre marionnette de ventriloque, le premier ventriloque des deux n'étant autre que Proust, et la première marionnette le personnage qu'il fait parler.

Je fais peut-être moi-même erreur en associant Proust à son personnage, et je ne veux pas insister, car P'tit prof connaît infiniment mieux Proust que moi, mais aucun autre analyste n'a-t-il vraiment envisagé que Marcel Proust n'exorcise peu ou prou par la marionnette, la figurine, de sa création, de son œuvre, un Proust Marcel bel et bien réel en lui-même?

Fille légère ne peut bêcher.

Re : Proust, imposture littéraire ?

Sylvain B a écrit:
P'tit prof a écrit:

Imaginez ce que deviendrait ABC si chacun balançait des passages entiers des livres qu'il déteste !

Ah ! Enfin une bonne idée ! On pourrait même envisager un concours : Ouaip, çui-là, on peut le détester, mais l’autre, là, vous croyez pas qu’on peut le détester encore plus ?…

Ce serait la fin du forum, par implosion : car, pour chaque candidat à la mise au pilori, on verra se lever des défenseurs : comment, vous n'aimez pas Le lis dans la vallée ? comment, vous n'aimez pas l'Éducation sentimentale ? comment vous n'aimez pas...
Une empoignade de hooligans...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Proust, imposture littéraire ?

aucun autre analyste n'a-t-il vraiment envisagé que Marcel Proust n'exorcise peu ou prou par la marionnette, la figurine, de sa création, de son œuvre, un Proust Marcel bel et bien réel en lui-même ?

Cela, c'est la position de Sainte-Beuve (vous savez, le gars qui a cocufié Hugo...) : l'œuvre s'explique par la biographie de l'auteur.
Proust a réagi vigoureusement contre cette position, Valéry en a remis une couche, et tout dernièrement, Milan Kundera dans les Testaments trahis, essai l'ombre castratrice de saint Garta.
Intervention d'autant plus nécessaire que, depuis Sainte-Beuve, il y a eu Freud, et tout un courant de critique qui veut faire une lecture psychanalytique des textes : en gros, tous les auteurs sont des malades et leurs œuvres sont des symptômes.

Avec tout ça, on ne lit pas le texte comme un texte...
A supposer que le Narrateur soit Proust (et il passe forcément un peu de l'auteur dans un texte, c'est le même topo pour Bardamu et Céline), qu'est-ce que ça peut faire ? On s'en fout !
Homère ne mesure pas sa chance...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : Proust, imposture littéraire ?

P'tit prof a écrit:

comment, vous n'aimez pas Le lis dans la vallée ? comment, vous n'aimez pas l'Éducation sentimentale ?

Simple question : quand un mot a plusieurs orthographes (lis, lys), n'est-il pas d'usage de respecter la graphie choisie par l'auteur ?
On respecte bien (en principe) jusqu'aux fantaisies typographiques : Aimez-vous Brahms ..

78

Re : Proust, imposture littéraire ?

Si Proust s'assume lui-même et assume son œuvre ou son personnage, personnellement je ne verrai rien à lui reprocher, sauf à me prendre pour son juge avant que d'autres, qui n'attendent que ça de moi et de tout le monde, certainement bien plus malades que moi, se prennent pour mes juges et pour ceux de tout le monde.

Je contresigne: si Proust s'assume lui-même et assume son œuvre, je lui tire mon chapeau pour son œuvre, mais je suis tributaire de ceux qui le connaissent bien. Quand aux difficultés que quelques uns  nous trouvons à lui reprocher, il les aurait probablement le premier aisément effacées. Mais quand une œuvre travaillée vous est à ce point personnelle, vient le temps où vous n’avez plus envie d’y toucher : elle ne peut être achevée.

Il y a une façon saine de se décrire soi-même, et il y a une façon malsaine, qui que l'on soit. Il y a une façon saine d’analyser les autres, et une façon malsaine. Je ne connais pas mieux Sainte-Beuve que Proust, ce dont je suis certain c’est de détester Freud.

J'avais un a priori contre Proust en me souvenant immanquablement des Confessions de Rousseau, et je craignais qu'ils ne fassent qu'un, ceux qui montent Proust et ceux qui imposent à tout lycéen et à tout enfant de lycéen les Confessions de Rousseau, quoique  lui-même n’ait certainement écrit  à l’intention d’aucun lycéen.

Fille légère ne peut bêcher.

79

Re : Proust, imposture littéraire ?

@ P’tit prof, yd et al : « Second degré », ça dit quelque chose à quelqu’un, ici ?

Re : Proust, imposture littéraire ?

Je contresigne: si Proust s'assume lui-même et assume son œuvre, je lui tire mon chapeau pour son œuvre, mais je suis tributaire de ceux qui le connaissent bien.

Non.
Vous n'êtes tributaire que de vous-même.
Moins vous en savez sur l'auteur, et mieux vous lisez l'œuvre : vous puisez dans le texte votre connaissance du texte, vous ne cherchez pas dans le texte la confirmation de renseignements obtenus par ailleurs.

Ignorer qui a sculpté la Vénus de Milo empêche-t-il de l'admirer ?

Mais quand une œuvre travaillée vous est à ce point personnelle, vient le temps où vous n’avez plus envie d’y toucher : elle ne peut être achevée.

Si la Recherche est restée inachevée, c'est que la mort est venue prendre la plume des mains de l'auteur.
Proust a remis l'ouvrage sur le métier, inlassablement, du fond de son lit, et si ce n'était très mauvais, je dirais bien, jusqu'à son dernier souffle.

Mais il n'y a pas que Proust qui soit difficile à suivre : comment pouvez-vous dire que reste inachevée une œuvre à quoi l'on n'a plus envie de toucher ?
Ne plus vouloir y toucher, c'est la marque de l'achèvement : c'est fait, il n'y a plus rien à ajouter.
L'œvre inachevée, c'est celle que l'auteur reprend encore et encore, comme le fit Claudel, avec ses deux Tête d'or, ses deux Ville, ses deux Jeune fille Violaine (à quoi s'ajoutent deux Annonce faite à Marie, ses deux Échange, ses trois Partage de Midi... Et Dieu sait (ce qui est le cas de le dire, pour Claudel...) à quel point Partage de Midi lui était personnel !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Proust, imposture littéraire ?

J'avais un a priori contre Proust en me souvenant immanquablement des Confessions de Rousseau

Il y a un rapport, si je puis me permettre cette expression ?
Car, à part le fait que Rousseau montrait ses fesses en public, et qu'il est beaucoup questions de fesses chez Proust, tout sépare les deux œuvres : le genre (réalité contre fiction), l'époque, la finalité : l'une est nombriliste, l'autre encyclopédique.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : Proust, imposture littéraire ?

P'tit prof a écrit:

L'auteur est en surplomb de son jeu de marionnettes, et n'a rien de commun avec son personnage —totalement anonyme—, dont on ne saurait parler qu'en le nommant le Narrateur : c'est le Narrateur qui parle, et non Proust.

Nouvelle preuve que Proust et le narrateur sont une même personne: ce simple passage mis entre parenthèses par l'auteur.

Mais la première, Françoise me donna l'exemple (que je ne devais comprendre que plus tard quand il me fut donné de nouveau et plus douloureusement, comme on le verra dans les derniers volumes de cet ouvrage, par une personne qui m'était plus chère) que la vérité n'a pas besoin d'être dite pour être manifestée,....
in "Le côté de Guermantes"

Re : Proust, imposture littéraire ?

Bravo !
Vous avez franchi la digue de Balbec, et vous voilà à Guermantes.

Il semble cependant que vous n'ayez pas bien décodé les conventions du roman à la première personne (roman dit à narrateur homodiégétique).
Le narrateur est censé raconter son propre passé, contrairement au cas du roman en forme journal ou du roman épistolaire, dont les narrateurs sont dans l'instant. Le narrateur homodiégétique est censé savoir où il va, comment l'histoire finit, et donc il peut glisser des indices et faire des préparations, comme on dit.
Un narrateur intradiégétique peut écrire : « J'ignorais alors, et je l'ai appris plus tard, dans des circonstances que je narrerai en leur temps... »
Si vous posez que le narrateur homodiégétique et l'auteur sont une seule et même personne, cela vous oblige à déduire que Marivaux était une orpheline trouvée dans les débris d'un carrosse, et la comtesse de Ségur... un âne !

La Recherche
a une construction circulaire : le Narrateur cherche deséspérément un sujet de roman, il le trouve enfin, et c'est le roman que nous venons de lire !

Il se trouve que j'ai sous la main le Télérama hors série consacré à Céline.
Le rapport, me direz-vous ?
D'abord le fait que Céline partage votre opinion sur Proust :

...extraordinaire ténacité dans l'infinie, la diluante futilité des rites et démarches qui s'entortillent autour des gens du monde...
... très minusculisante analyse d'enculage à la Prout-Proust, « montée-nuance » en demi-dard de quart de mouche...
... trois cents pages pour nous faire comprendre que Tutur encule Tatave, c'est trop...

(Je recopie les citations de l'article de Michaël Ferrier, sans pouvoir les vérifier. Les points de suspension sont de moi, pour indiquer que les phrases sont tronquées.)

Mais surtout, une réflexion de Philippe Forest sur les rapports entre l'homme et l'œuvre, plaisamment en forme de dissertation de baccalauréat :

Thèse : l'œuvre  ne se conçoit pas sans celui qui l'écrit, elle constituer l'expression de ses convictions, la transposition de ses  expériences, traduisant une vision dont l'auteur, au même titre que l'homme, se retrouve du coup comptable et dont il lui faut répondre.
[...]
Antithèse : l'œuvre est sans rapport avec son auteur, elle se développe indépendamment de celui-ci, de telle sorte que sa signification soit totalement distincte du message explicite que l'écrivain paraît adresser au lecteur. Pour rerendre les termes du Contre Sainte-Beuve de Proust, le « moi créateur » se trouve totalement autonome par rapport au « moi social ».

(Vous voyez, c'est Proust lui-même qui vous répond qu'il n'y a aucune identité.)

[...]Synthèse : l'œuvre et la vie ne sont pas sans entretenir un certain commerce l'une avec l'autre, mais ce commerce n'a pas le sens trop simple qu'on lui prête lorsqu'on réduit la première à être l'expression de la seconde, l'œuvre dit l'auteur, mais en même temps elle parle aussi contre lui, si bien qu'elle donne à entendre dans le texte autre chose que ce que semble dire celui-ci.

Lisez l'article entier, et gardez présente à l'esprit qu'une trinité est aux commandes de la Recherche :
le moi social,
le moi créateur,
la créature-narrateur.

Gardez aussi présent à l'esprit que la Recherche, ce n'est pas Ma vie et mes buts !

Pour plus de détails :
http://www.unige.ch/lettres/framo/ensei … ntegr.html

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Proust, imposture littéraire ?

goofy2 a écrit:
P'tit prof a écrit:

L'auteur est en surplomb de son jeu de marionnettes, et n'a rien de commun avec son personnage —totalement anonyme—, dont on ne saurait parler qu'en le nommant le Narrateur : c'est le Narrateur qui parle, et non Proust.

Nouvelle preuve que Proust et le narrateur sont une même personne: ce simple passage mis entre parenthèses par l'auteur.

Mais la première, Françoise me donna l'exemple (que je ne devais comprendre que plus tard quand il me fut donné de nouveau et plus douloureusement, comme on le verra dans les derniers volumes de cet ouvrage, par une personne qui m'était plus chère) que la vérité n'a pas besoin d'être dite pour être manifestée,....
in "Le côté de Guermantes"

J'y reviens, car je me rends compte que je n'ai pas décomposé votre raisonnement.
Pour vous, le fait que le Narrateur écrive comme on le verra dans les derniers volumes de cet ouvrage prouve qu'il est bien Proust.
Mais comment arrivez-vous à cette conclusion ?
Le Narrateur se met en scène dans la posture de l'écrivain en train d'écrire. Contrairement à Stendhal improvisant la Chartreuse de Parme au jour le jour, sans trop savoir où il va, le Narrateur (et en cela, sa technique est celle de Proust) a conçu la fin de son texte, et il marche rétrospectivement vers cette fin.
Ce que prouve votre citation, c'est que le Narrateur est un auteur, elle ne prouve pas que cet auteur est Proust.
Cette phrase est une préparation, un procédé imité de Balzac.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : Proust, imposture littéraire ?

regina a écrit:

Allons, une dernière tentative smile Si vous avez du mal à lire, écoutez alors! Et si vraiment ni le texte ni la voix ne vous touchent, abandonnez. C'est que vous n'êtes pas mûr pour lire Proust, voilà tout. Laissez alors passer quelques années,  vous aurez peut-être une autre sensibilité, acquise avec le temps. Mais, de grâce, n'incriminez pas l'auteur de votre inaptitude actuelle à le comprendre .

Que Lambert Wilson vous emporte, laissez-vous aller, fermez les yeux, chut...


http://www.youtube.com/watch?v=VfixUkdw … re=related

Bonjour,

Ce trouve cette remarque sujette à caution. Personne n'est obligé d'aimer Proust et votre manière de disqualifier "intellectuellement" toute critique de cet auteur est empreinte de condéscendance : ceux qui n'aiment pas Proust n'ont pas le niveau pour apprécier sa plume. Certes, l'ignorant est l'ennemi de ce qu'il ignore et la critique raisonnable voudrait qu'il faille critiquer ce qui est à notre portée. Mais on peut être un lecteur moyen et ne pas apprécier spécialement certains auteurs pourtants reconnus.

Reconnus par qui? Quand? Dans quel contexte?

Certains pensent que Céline est un des plus grands écrivains du siècle passé. D’autres trouvent qu'il n'est pas à la hauteur de sa réputation et ne lui reconnaissent pas le talent qu'on lui prête.

Idem pour Houellebecq : je trouve certains de ses textes moyens voire très moyens. Mais apparemment, c'est un grand écrivain. Soit je prends le parti de me considérer comme un être apte à juger par moi-même d'une oeuvre littéraire. Soit je m'en remets au jugement des jurés du Goncourt, qui connaissent bien mieux la littérature que ma modeste personne.

C'est la même chose pour la poésie : les vers de certains auteurs ne m'inspirent pas grand chose. Peut être y a t-il là ce fameux défaut de sensibilité dont vous parlez. Un auteur, c'est une langue, une langue, c'est aussi une histoire, un lieu.

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Re : Proust, imposture littéraire ?

Euh, avez-vous lu ce fil entièrement?  Il n'était pas question de contester à qui que ce soit le droit d'apprécier ou de ne pas apprécier Proust.

On a répondu à des arguments de cet ordre:
- Proust est un imposteur littéraire.
- Il asphyxie ses lecteurs.
-C'est un m'as-tu-vu. Il a une prose alambiquée. Il inflige une torture à son lectorat.Il veut juste lui faire saisir un manque d'intelligence. Son style est lourd, il est maladroit. Il blesse le tympan.
Il invente des noms de lieu saugrenus.

On parle de la duplicité de son comportement, montrant par là une confusion entre auteur et narrateur.
Il ponctue comme un cochon. Il est vaniteux. Il s'admire et fait étalage de sa fatuité.

Bref, tout est bon dans le cochon et chez Proust aussi. Tout est bon pour le dénigrer de façon méprisante.

Il me semble alors, que les réponses, dont les miennes aussi, ont été des plus courtoises, invitant cet internaute à ne plus le lire s'il ne l'aime pas, à ne pas en dégoûter les autres et vous conviendrez qu'il est permis à ceux qui l'aiment de tenter de montrer pourquoi ils l'apprécient et ce avec des arguments d'un autre niveau que ceux précités smile

Et si vous avez senti une condescendance, ce n'est pas tant parce que X n'aime pas Proust mais à cause des arguments donnés.

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

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Re : Proust, imposture littéraire ?

Et toujours cet abus de l''emploi du subjonctif qui devient assommant.

Et avec la même force que s'il avait eu peur que je l'interrompisse ou ne le comprisse pas ....

in "Le coté de Guermantes"

Toute sa crainte était que je jugeasse mal sa maitresse, après ce qu'il m'avait raconté.

in "Le coté de Guermantes"

Tous les amis de Robert me dirent qu'aussi longtemps que je resterais à Doncières, ou à quelque époque que j'y revinsse, s'il n'était pas là, leurs voitures...

in "Le coté de Guermantes"

Re : Proust, imposture littéraire ?

Ben oui, il fut un temps où l'imparfait du subjonctif ne faisait pas lever les yeux au ciel, dès lors qu'on avait un tant soit peu de culture.
Henri Fournier, imprimeur, par exemple (in Traité de la typographie, 1826) :

Nous voudrions qu'une feuille, quel que fût son format, n'eût qu'une seule signature…

Je ne suis pas spécialement fan de Proust, mais je ne vois pas bien la raison de cet acharnement.

Au-delà du lit de lait de l'Aude élue, un énorme orme étendait sa sombre ombre.

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Re : Proust, imposture littéraire ?

pascalmarty a écrit:

Ben oui, il fut un temps où l'imparfait du subjonctif ne faisait pas lever les yeux au ciel, dès lors qu'on avait un tant soit peu de culture.
Henri Fournier, imprimeur, par exemple (in Traité de la typographie, 1826) :

Nous voudrions qu'une feuille, quel que fût son format, n'eût qu'une seule signature…

Avec le verbe être ou le verbe  avoir (comme dans votre exemple) c'est beaucoup plus ... digeste, quand même. Non ?
Dans "Les Rougon-Macquart" de Zola, il n'y a pas ces effets de style,  à base de subjonctifs qui écorchent l'oreille, il me semble.

Re : Proust, imposture littéraire ?

goofy2 a écrit:

Et toujours cet abus de l''emploi du subjonctif qui devient assommant.
Et avec la même force que s'il avait eu peur que je l'interrompisse ou ne le comprisse pas [...]
in « Le coté de Guermantes »

C'était la façon de s'exprimer des lettrés et des jeunes gens de la bonne société de l'époque.  On la retrouve dans des entretiens radiophoniques   (ceux de Paul Léautaud et de  Robert Mallet par exemple ).  Pas plus assommant que s'obstiner à écrire sans accent circonflexe « Le coté (sic) de Guermantes ». big_smile

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

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Re : Proust, imposture littéraire ?

Et relisez donc madame Colette, pour voir !…

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Re : Proust, imposture littéraire ?

goofy2 a écrit:

Et toujours cet abus de l''emploi du subjonctif qui devient assommant.

Si c'est ce que vous ressentez, il y a donc un fossé culturel certain qui vous coupe de tout l'héritage classique.
Dans un sens, c'est dommage de ne pas goûter à plein cette langue raffinée qui me rappelle les meilleurs alcools ou les meilleurs mets ; on ne saurait en abuser mais leur parfum est délicat et excellent.
En sens inverse, à l'époque de MacDo , de Coca-Cola et du rap, on est peut-être plus heureux dans la vie de tous les jours quand on ne goûte pas ces plaisirs démodés.

93 Dernière modification par goofy2 (09-08-2011 14:14:34)

Re : Proust, imposture littéraire ?

Ce passage où Proust décrit le ressenti du sommeil du narrateur, est un salmigondis verbieux ahurissant.
Des considérations qui, au final, ne veulent rien dire du tout.

Ce n'était qu'une lueur dans la presque obscurité, mais elle suffisait pour faire se refléter dans mon sommeil, d'abord l'idée que je ne pourrais dormir, puis, reflet de ce reflet, que c'était en dormant que j'avais eu l'idée que je ne dormais pas, puis, par une réfraction nouvelle, mon éveil... à un nouveau somme où je voulais raconter à des amis qui étaient entrés dans ma chambre que, tout à l'heure, en dormant, j'avais cru que je ne dormais pas.
in "Le côté de Guermantes"

Sans parler de l'enigme orthographique du pourrai(s), dans le passage où il aurait du écrire "que je ne pourrai dormir".

94 Dernière modification par Alco (09-08-2011 15:07:26)

Re : Proust, imposture littéraire ?

goofy2 a écrit:

Sans parler de l'enigme orthographique du pourrai(s), dans le passage où il aurait du écrire "que je ne pourrai dormir".

Une application classique des règles de la concordance des temps. neutral

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

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Re : Proust, imposture littéraire ?

Quant à moi le conditionnel me va aussi bien que le futur, mais pas la virgule après le premier sommeil.

Je renoncerais pour ma part sans regret à Marcel Proust, mais pour rien au monde à quelqu'un comme Raymond Devos. Or si nous traitons une telle phrase de salmigondis, on risque de devoir aussi condamner Raymond Devos et beaucoup d'autres.

Je trouve qu'on ne peut pas s'en tirer mieux que l'auteur dans une telle phrase relatant une pareille situation, sachant qu'avec le sommeil ou le semi-sommeil, les vrais-faux rêves et les faux-vrais rêves, de telles situations, aussi emmêlées de quiproquos, se produisent bel et bien.

Par contre, après une telle phrase je renoncerai définitivement à  différencier l'auteur du narrateur, mais il est vrai que j'avais déjà beaucoup de mal.

Fille légère ne peut bêcher.

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Re : Proust, imposture littéraire ?

Chers contempteurs et admirateurs de Proust,

Je vais peut-être vous paraître grossière, mais je vais tout simplement vous parler de PLAISIR.

J'ai lu toute "La Recherche" il y a maintenant 11 ans, j'étais alors obligée de passer tous les jours une heure dans un train de banlieue, et je peux vous dire que matins et soirs, je me réjouissais d'avance de ces trajets qui me permettaient de retrouver un moment mon ami Marcel...

Alors, oui, les phrases sont longues, alambiquées, avec des imparfaits du subjonctif, que sais-je... mais personne n'a parlé ici de leur effet ensorcelant, quasi-hypnotique... certes, ce n'est pas une œuvre facile d'accès, et on a parfaitement le droit de ne pas être touché (moi par exemple c'est Céline qui me ressort par les yeux, il y a là quelque chose qui ne se discute pas...). Mais quand on aime, quel bonheur !!

Re : Proust, imposture littéraire ?

goofy2 a écrit:

Sans parler de l'enigme orthographique du pourrai(s), dans le passage où il aurait du [sic] écrire "que je ne pourrai dormir".

Les prescriptions orthographiques de Goofy2 mettent en joie certains Abéciens big_smile

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

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Re : Proust, imposture littéraire ?

Rappel :

goofy
adjective
pronunciation English??u?fi   pronunciation American??u?fi
(informal, especially North American English)

silly; stupid
• a goofy grin

(Définition de l’adjectif goofy donnée par le Oxford Advanced Learner's Dictionary)

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Re : Proust, imposture littéraire ?

Rah! J'ai fait l'erreur de cliquer sur mon propre lien pour vérifier s'il fonctionnait et tout mon commentaire a disparu !

Bref.

Désolé d'intervenir trop tard si c'est le cas, mais j'aimerais donner mon avis, si cela est encore possible.

Je n'aime pas Proust, et je comprends parfaitement les sentiments de la personne ayant crée ce sujet à l'égard de cet auteur. Certes, Proust est doué, mais ses oeuvres me laissent un brin perplexe. Le but de la littérature, bien que cela soit une définition qui ne correspond qu'à des critères qui me sont chers, ce n'est ni de divertir ni de séduire les élitistes. Lire, c'est imaginer, s'envoler, fuir. C'est le cas quand je lis Proust, mais j'ai du mal à revenir sur terre. Aucune concentration n'est possible une fois la phrase finie, lue et relue, analysée et décortiquée.
Proust (ou Prout comme j'aime l'appeler quand je me rends chez la mère d'une amie et qui, en grande admiratrice qui se respecte, réagis vivement à mes remarques qui visent à vexer) ne m'émeut pas, au contraire, dans sa vaine tentative d'étirer ses phrases au maximum, et ne m'inspire ainsi que du dégoût. C'est très beau, je vous l'admet, Proust tourne et retourne ses phrases de manière très complexe, jusqu'à l'épurer. Je reste encore ébahi devant la maîtrise d'une langue qui m'est aussi étrangère (bien qu'étant natif et souhaitant me surpasser dans ce domaine).

Cependant je dois admettre n'avoir lu que des extraits de Proust sur la toile, les sites étrangers raffolent de cet auteur qui décourages les bilingues les plus assidus, et que chaque extrait n'a été choisi que dans ce but : ne pas l'apprécier. Remettons les choses en ordre : toute phrase, dans le monde de la littérature, prise hors de son contexte n'inspirera que du dégoût pour celui qui la lit. Si l'ont ne connait pas les tenants et les aboutissants, les personnages et l'histoire en général, le verdict sera unanime : mauvais. Cela explique à mon sens, mes frustrations à l'égard de cet écrivain.

Je crois que pour juger Proust, il faut lire Proust. Je ne garanti pas que vous l'aimerez, mais au moins vous pourrez ériger votre propre opinion à partir de cette diarrhée verbale que sera votre lecture. Humour.

PS : désolé pour les fautes d'orthographes, j'essaye tant bien que mal de cacher mes erreurs dans mes phrases tentaculaires. D'ailleurs, pour les amateurs de Proust, je vous conseille vivement Trois Femmes Puissantes de Marie NDiaye.

100 Dernière modification par Bookish Prat (22-08-2011 22:25:16)

Re : Proust, imposture littéraire ?

Basquiat a écrit:

Rah! J'ai fait l'erreur de cliquer sur mon propre lien pour vérifier s'il fonctionnait et tout mon commentaire a disparu ! [...]

Quel dommage ! big_smile

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

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