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forum abclf » Pratiques linguistiques » [abc] Profitation

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Messages [ 1 à 50 sur 53 ]

Sujet : [abc] Profitation

Entendu lors de reportages sur les troubles sociaux en Guadeloupe.

« Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles, la blanche Ophélia flotte comme un grand lis »

2 Dernière modification par diconoma (23-02-2009 20:44:01)

Re : [abc] Profitation

Ysaur a écrit:

Entendu lors de reportages sur les troubles sociaux en Guadeloupe.

Bonjour !
     Entendu aussi (mais sur quelle chaîne ?), qui semblait vouloir expliciter le sigle LKP. Je me suis cependant demandé si ce n'était pas un trait d'humour du journaliste. À confirmer si l’on retrouve l’archive sur internet.
     Cordialement.

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

3

Re : [abc] Profitation

Il s'agit d'une graphie du créole profitasyon. L'une et l'autre forme sont bien représentées sur Google, qu'il est utile de consulter à propos d'un mot entendu.

4

Re : [abc] Profitation

Merci Zimon pour cette précision.  smile

« Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles, la blanche Ophélia flotte comme un grand lis »

Re : [abc] Profitation

C'est également employé par les auteurs qui s'expriment en français...
Depuis nan-ni-na-nan !

Bien malin qui dira si le français profitation a engendré le créole pwofitasyon, ou si c'est le créole pwofitasyon qui a engendré le français profitation...

Quoi qu'il en soit, ce mot n'a pas sa place dans la rubrique des néologismes, car sa nouveauté date du règne de Louis XIV.

Le sigle LKP n'a rien de mystérieux, il résume le nom du mouvement écrit le plus souvent en toutes lettres : Lyannaj Kont Pwofitasyon, en gros : solidarité contre les exploiteurs de tout poil...

Curieux que Google connaisse pwofitasyon, lui qui ne connait pas les ravets ni la déravetisation, choses courantes et souvent évoquées.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

6

Re : [abc] Profitation

Merci P'tit prof pour votre remarque.

Malheureusement je ne puis modifier le titre de mon message afin d' effacer [ABC].

Un modérateur pourrait-il le faire à ma place, s"il lui plaît ?

Merci bien.  smile

« Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles, la blanche Ophélia flotte comme un grand lis »

Re : [abc] Profitation

Ysaur a écrit:

[...] Malheureusement je ne puis modifier le titre de mon message afin d' effacer [ABC]. Un modérateur pourrait-il le faire à ma place, s'il lui plaît ?

Bonjour !
     Le mot ‹ profitation › (en diverses graphies) peut être connu de certains érudits, mais il aura aujourd'hui semblé nouveau pour bien des gens qui en auront vainement cherché le sens dans les dictionnaires courants.
     Il était donc concevable de le consigner dans l'onomathèque qui n'a pas pour vocation d'être un dictionnaire de langue, mais seulement un lexique répondant sobrement, dans des situations d'urgence, aux journalistes et correcteurs, afin de leur éviter erreurs d'orthographe, contresens et anachronismes.
     L'indication des sites invite ceux qui en ont le temps à poursuivre leur recherche d'information, et celle des sujets du forum à suivre les débats que le terme a suscités entre nous.
     Cordialement.

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

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Re : [abc] Profitation

P'tit prof a écrit:

Curieux que Google connaisse pwofitasyon, lui qui ne connait pas les ravets ni la déravetisation, choses courantes et souvent évoquées.

Cher P'tit prof, Google ne connaît rien du tout. C'est un moteur. Il répète ce que des humains écrivent, soit sur la Toile, soit dans des publications (journaux, livres, etc.) qu'on lui donne à dépouiller.
Google a une quantité de citations de profitation, pwofitasyon, etc. parce que depuis un bon mois ce mot est très présent dans l'actualité de la presse française.
Il ne cite nulle part déravetiser probablement parce que personne ne lui donne à dépouiller la presse régionale antillaise, et qu'il n'y a jamais eu d'intervention sur la Toile à propos de ce procédé (mais il donne le mot ravet dans quelques citations en créole).
Il ne me semble pas qu'il'y ait eu lieu de jubiler, comme vous l'avez fait ailleurs, parce que déravétisation n'était pas trouvable sur Google. Est-ce qu'il ne fallait pas plutôt le regretter ? Grâce à vous, d'ailleurs, et depuis le 15 février, date de votre remarque, le mot n'est plus absent de la Toile !

Re : [abc] Profitation

Zimon a écrit:

[...] Grâce à vous, d'ailleurs, et depuis le 15 février, date de votre remarque, le mot n'est plus absent de la Toile !

Bonjour !
     ‹ Grand frère › Google, qui sans cesse nous surveille, vient jusque sur ce forum pour y trouver ses mots.
     Cordialement.

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

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Re : [abc] Profitation

(mais il -Google-donne le mot ravet dans quelques citations en créole).

Certes, mais en page un , il donne le même ravet dans la célèbre Encyclopédie de Diderot, laquelle n'a rien de créole  smile

http://portail.atilf.fr/cgi-bin/getobje … ata/IMAGE/

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

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Re : [abc] Profitation

regina a écrit:

Certes, mais en page un , il donne le même ravet dans la célèbre Encyclopédie de Diderot

Comme c'est bizarre ! Je viens de (re)consulter les 18 premières pages de ravet sur Google sans trouver votre référence. Elle apparaît toutefois si on cherche ravet encyclopédie. Mais y aurait-il des version différentes de Google pour Marseille et pour Paris ?!

12 Dernière modification par Bookish Prat (24-02-2009 13:58:17)

Re : [abc] Profitation

Zimon a écrit:

Elle apparaît toutefois si on cherche ravet encyclopédie. Mais y aurait-il des version différentes de Google pour Marseille et pour Paris ?!

Lorsqu'un mot est à la fois nom commun, éventuellement exclu des dictionnaires d'usage courant, et patronyme (voire toponyme), il est bien naturel que Google fasse apparaître les occurrences (forcément plus nombreuses) des noms propres avant celles (s'il y en a) du nom commun. Regina, en orientant immédiatement sa recherche vers des sources de références lexicales plus anciennes, a donc agi avec astuce et méthode, ce qui lui a permis de trouver sans avoir effectué de recherches fastidieuses. Bravo quand même, cher Zimon, pour la persévérance !

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

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Re : [abc] Profitation

Bookish Prat a écrit:

Regina, en orientant immédiatement sa recherche vers des sources de références lexicales plus anciennes

Merci de répondre au nom de Regina, mais je lui demandais comment cette référence à l'Encyclopédie apparaissait sur Google en page un.

Que je sache, l'ordre des références sur les pages Google n'a pas grand-chose à voir avec une question de fréquences, et encore moins avec la distinction nom commun/nom propre.

Re : [abc] Profitation

Zimon a écrit:

Que je sache, l'ordre des références sur les pages Google n'a pas grand-chose à voir avec une question de fréquences, et encore moins avec la distinction nom commun/nom propre.

Il s'agit bien, àmha, d'une question de fréquence.
Le patronyme Ravet est fréquent. Le nom commun ravet ne l'est pas. Un googlage sur le seul terme ravet (Google est indifférent à la casse) fait apparaître en «page une» et sur les suivantes uniquement des «Ravet-patronymes» et, très loin derrière, un «ravet-nom-commun». Je ne l'ai d'ailleurs pas trouvé sur la dix-huitième page.
Si l'on effectue la même recherche sur Google en ajoutant à ravet les mots : dictionnaire, vocabulaire, lexique, encyclopédie, glossaire, etc., (un seul terme devrait suffire) eh bien il n'y a plus que des «ravet(s)-noms-communs» et ce, dès la première page de résultats. Magique, non ?

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

Re : [abc] Profitation

P'tit prof a écrit:

Curieux que Google connaisse pwofitasyon, lui qui ne connait pas les ravets ni la déravetisation, choses courantes et souvent évoquées.

Cher P'tit prof, Google ne connaît rien du tout. C'est un moteur. Il répète ce que des humains écrivent, soit sur la Toile, soit dans des publications (journaux, livres, etc.) qu'on lui donne à dépouiller

Ah ! qu'en termes galants ces choses-là sont mises... On ne peut mieux dire à quelqu'un qu'on le prend pour un minus habens.
Croyez bien que j'en suis flatté...

Je réagissais contre la forme d'idolatrie qui consiste à considérer comme nul et non avenu tout ce qui n'est pas passé par les rouages de ce fameux moteur. Déravetisation est inconnu de Big Brother m'a -t-on envoyé dans les dents au moment où nous nous interrogions sur la désourisation.

Je trouve, moi, qu'il est extrêmement positif qu'il y ait plus de choses au ciel et sur la terre que celle que l'omniprésent Argus peut enregistrer.
Pour l'instant, il est commode, mais il va devenir dangereux dès qu'il sera la seule instance de validation de la Vérité.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : [abc] Profitation

Bookish Prat a écrit:

Si l'on effectue la même recherche sur Google en ajoutant à ravet les mots : dictionnaire, vocabulaire, lexique, encyclopédie, glossaire, etc., (un seul terme devrait suffire) eh bien il n'y a plus que des «ravet(s)-noms-communs» et ce, dès la première page de résultats.

Ou bien mon ordinateur bénéficie d'un service Google très spécial, ou bien vos indications sont fausses. Voici ce que je viens de trouver, pour la première page Google de chaque entrée :

ravet dictionnaire : 6 noms propres, 4 noms communs dont 3 français : 2 références à Littré, 1 texte de 1769, 1 attestation créole ;
ravet encyclopédie : 8 noms propres, 2 noms communs français : 1 texte de l'Encyclopédie, 1 intervention... de moi-même ;
ravet glossaire : 9 noms propres, 1 nom commun créole ;
ravet lexique : 10 noms propres; 0 nom commun ;
ravet vocabulaire : 5 noms propres, 5 noms communs dont 2 français : 1 texte de 1770, 1 belgicisme (Jean Ray), 3 attestations créoles.

Je ne comprends absolument pas ce qui vous fait dire qu'il ne se trouve dès la première page que des noms communs. Etes-vous sérieux ?

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Re : [abc] Profitation

Ce n'est pas récent : ce dont on ne parle pas n'existe pas. Ce n'est pas vrai, mais pas faux non plus, selon le sens que l'on donne à « exister ».

Reconnaissons que Google n'est pas sectaire et que s'il ne fait pas apparaître « tout ce qui existe », il est infiniment plus ouvert que ce qu'on connaissait jusque-là. Le vocabulaire en est un exemple. Gloire aux aveugles. Par conséquent, on devrait reconnaître qu'il fait exister bien plus de choses qu'il n'y en avait avant. Enfin, c'est ce qu'il me semble.
Il n'informe pas mieux, loin de là, mais il collecte sans se poser de question.
Hors nos discussions, il avait enregistré un « déravétiser ».

Pour en revenir à « profitation », ancien ou nouveau, de métropole ou d'ailleurs, il existe donc un dictionnaire devrait l'enregistrer. Le plus difficile est sans doute de rédiger la notice.

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Re : [abc] Profitation

P'tit prof a écrit:

Ah ! qu'en termes galants ces choses-là sont mises... On ne peut mieux dire à quelqu'un qu'on le prend pour un minus habens.
Croyez bien que j'en suis flatté...

Je suis sincèrement désolé, cher P'tit prof, de n'avoir pas compris que votre remarque était ironique.
Il y a beaucoup de gens, et j'en connais, même fort intelligents, qui ne comprennent pas comment fonctionne Google. Si j'ai cru devoir expliquer, j'ai pensé que ce serait utile. Il n'y avait là aucune attaque personnelle. Je ne vous connais pas, mais il aurait été particulièrement stupide de ma part de vous prendre pour un imbécile. J'espère que vous me croirez.

P'tit prof a écrit:

Je trouve, moi, qu'il est extrêmement positif qu'il y ait plus de choses au ciel et sur la terre que celle que l'omniprésent Argus peut enregistrer.
Pour l'instant, il est commode, mais il va devenir dangereux dès qu'il sera la seule instance de validation de la Vérité.

Bien entendu que tout n'est pas enregistré par Google, pas plus que tous les mots ne sont dans le dictionnaire. Il y a pourtant, à ce dernier égard, un grand nombre de personnes qui considèrent que le Petit Larousse, par exemple, est "la seule instance de validation de la Vérité".
Google, qui contient énormément plus de données que le plus gros des dictionnaires, présente en outre l'avantage d'être en expansion continuelle. On y trouve de plus en plus de choses. On n'y trouve pas tout ; sinon un forum comme celui-ci n'aurait aucune utilité, puisque toutes les réponses se trouveraient sur Google.
Mais c'est un outil qui peut apporter beaucoup à toutes sortes de recherches.

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Re : [abc] Profitation

Zimon a écrit:

Je ne comprends absolument pas ce qui vous fait dire qu'il ne se trouve dès la première page que des noms communs. Etes-vous sérieux ?

On ne peut pas exclure les noms propres d'une recherche. Mais si j'ai bien compris, Bookish suppose que Regina a obtenu « ravet » en première page en association sa recherche à autre chose (dictionnaire, encyclopédie), pour précisément essayer de filtrer le bruit. Attendons son retour, ce sera moins hasardeux smile
Cela dit, effectivement, je crois que les résultats d'une même recherche peuvent différer selon la version de Google utilisée (fr., com., au., etc.) ; peut-être même régionalement (avec la localisation des IP).

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Re : [abc] Profitation

L'appellation Lyannaj Kont Pwofitasyon est effectivement devenue très célèbre. On a pu toutefois noter des hésitations dans les médias et les milieux politiques quant à sa traduction. Certains ont dit Lien contre l'exploitation. D'autres, Lien contre l'exploitation outrancière, sans préciser où et quand commençait l'outrance. Intéressant. Mais je n'en dirai pas plus sur ce forum apolitique.
Le mot lyannaj me paraît digne d'intérêt. Il me semble que, en graphie non créole, on pourrait l'écrire lianage ou liannage, où l'on trouverait la racine liane. On pourrait alors l'expliciter par attachage à l'aide d'une liane, ce qui rendrait bien l'idée de lien tout en y ajoutant une touche tropicale. En tout cas, c'est un très joli mot.

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Re : [abc] Profitation

coco47 a écrit:

Le mot lyannaj me paraît digne d'intérêt. Il me semble que, en graphie non créole, on pourrait l'écrire lianage ou liannage, où l'on trouverait la racine liane. On pourrait alors l'expliciter par attachage à l'aide d'une liane, ce qui rendrait bien l'idée de lien tout en y ajoutant une touche tropicale.

Comme on le sait, la Guadeloupe et la Martinique sont couvertes de forêts vierges, où Tarzan se balance dans les airs de liane et liane.
On a aussi proposé la base étymologique lien, moins tropicale mais peut-être plus plausible.

22 Dernière modification par Bookish Prat (25-02-2009 10:52:37)

Re : [abc] Profitation

Zimon a écrit:

On a aussi proposé la base étymologique lien, moins tropicale mais peut-être plus plausible.

Ça c'est de l'intuition ! Parce que les savants compères étymologistes Bloch & Wartburg en sont arrivés à la même conclusion, mais en passant par la Touraine :
Liane, 1694 (lienne en 1640). Empr. du fr. des Antilles qui doit ce mot probabl. aux parlers de l'Ouest. On trouve dans ceux-ci des formes, liene, liane, désignant diverses espèces de plantes grimpantes : clématite, liseron, polygonum convolvulus ; ces subst. sont refaits sur le verbe tourangeau liener « lier les gerbes » dér. de lien ; l'alternance entre lienne et liane s'explique par celle entre lien et lian dans les parlers de l'Ouest.

ME TARZAN. YOU JANE.

http://farm1.static.flickr.com/182/458596998_44d8234016.jpg?v=0


P.-S.,  pour une approche moins neutre du Liyannaj Kont' Pwofitasyon, consulter le Canard enchaîné d'aujourd'hui dans la rubrique Plouf !

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

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Re : [abc] Profitation

Mais y aurait-il des version différentes de Google pour Marseille et pour Paris ?!

Qui sait? Selon le vieil adage, les chemins les plus détournés autorisent les raccourcis les plus rapides wink et Google.at ,  à partir de Vienne la Cosmopolite , serait superperformant roll

Non, sérieusement, passer par Google.fr, .de, .at ou autre ne change rien aux résultats. Seuls comptent les mots indiqués dans la fenêtre recherche , et la langue employée.

J'avoue avoir donné  un coup de pouce au moteur de recherche , et vous livre la recette, bien plus simple que supposée . De quoi parlions nous?

D'une espèce particulière de ces bestioles à  six pattes, que nous classons dans la catégorie " insecte" . Pourvu de ces précieux renseignements [ravet +insecte] , Google a tôt fait de donner en page 1 , 3 eme position l'article de l'Encyclopédie, en deuxième page, le dico de Cuvier .

Sinon, des sites de forums en français ( je ne comprends pas le créole) , et surtout des sites commerciaux , d'entreprises vendant des insecticides ; notons que celles-ci ont bien entériné l'usage du mot
" ravet"  , et lorsqu'il s'agit de vendre, on peut leur faire confiance smile

http://i14.ebayimg.com/02/i/08/0b/06/ba_1_bol.JPG

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

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Re : [abc] Profitation

Merci Regina, c'est donc à tort que je m'inquiétais. Il ne me manque plus qu'une bonne explication de Bookish Prat sur ses résultats à lui.

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Re : [abc] Profitation

Zimon a écrit:
coco47 a écrit:

Le mot lyannaj me paraît digne d'intérêt. Il me semble que, en graphie non créole, on pourrait l'écrire lianage ou liannage, où l'on trouverait la racine liane. On pourrait alors l'expliciter par attachage à l'aide d'une liane, ce qui rendrait bien l'idée de lien tout en y ajoutant une touche tropicale.

Comme on le sait, la Guadeloupe et la Martinique sont couvertes de forêts vierges, où Tarzan se balance dans les airs de liane et liane

(de liane en liane, je suppose).

Comme on le sait, il ne faut jamais être trop sûr de soi.
Je connais un peu la Martinique et la Guadeloupe et j'y ai vu pas mal de lianes. Et nul besoin de forêt vierge avec Tarzan pour en trouver. J'ai été enfant à la campagne, en Bretagne. Il y avait toutes sortes de lianes (petites). Même qu'on en fumait. Horrible ! Et pour lier les gerbes de céréales, on prenait une poignée de blé ou d'avoine avec laquelle on faisait un lian. Ce qui nous amène au post de Bookish Prat :

"Ça c'est de l'intuition ! Parce que les savants compères étymologistes Bloch & Wartburg en sont arrivés à la même conclusion, mais en passant par la Touraine :
Liane, 1694 (lienne en 1640). Empr. du fr. des Antilles qui doit ce mot probabl. aux parlers de l'Ouest. On trouve dans ceux-ci des formes, liene, liane, désignant diverses espèces de plantes grimpantes : clématite, liseron, polygonum convolvulus ; ces subst. sont refaits sur le verbe tourangeau liener « lier les gerbes » dér. de lien ; l'alternance entre lienne et liane s'explique par celle entre lien et lian dans les parlers de l'Ouest."

Mon "intuition" a donc été grandement secondée par mes souvenirs. A noter que la même étymologie (lienne 1640, mot fr. des Antilles, des dialogues de l'Ouest) se trouve tout bêtement dans le Petit Robert.

Re : [abc] Profitation

P.-S.,  pour une approche moins neutre du Liyannaj Kont' Pwofitasyon, consulter le Canard enchaîné d'aujourd'hui dans la rubrique Plouf !

Mettez-le moi de côté ! La presse-avion ne nous arrive plus...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

27 Dernière modification par Bookish Prat (26-02-2009 18:01:23)

Re : [abc] Profitation

P'tit prof a écrit:

P.-S.,  pour une approche moins neutre du Liyannaj Kont' Pwofitasyon, consulter le Canard enchaîné d'aujourd'hui dans la rubrique Plouf !

Mettez-le moi de côté ! La presse-avion ne nous arrive plus...

Très exceptionnellement et parce que c'est un cas de force majeure, et parce qu'on vous aime bien sur ABC, je fais taire mes réticence au photocopillage (et aux commentaires politisés sur notre cher forum) big_smile :
Adoncques  Plouf ! Pwofitasyon
     Comme il est dérangeant ce mot créole ! Comme il peine à se frayer un passage dans les médias, d'ordinaire si friands d'expressions nouvelles et imagées. La plupart de ceux qui évoquent le LKP, le collectif à l'originede de la grève illimitée en Guadeloupe, se bornent à ces initiales. Ceux qui donnent leur signification, Liyannaj Kont' Pwofitasyon, fournissent généralement cette traduction : « Collectif contre l'exploitation outrancière». Comme s'il y avait une exploitation présentable et une autre qui vraiment exagère... Ce que veut dire pwofitasyon, on le sent, c'est bien autre chose : la description d'un système où le profit est devenu à ce point dominant qu'il écrase tout sur son passage. Pwofitasyon : même s'il rappelle à certains la « bravitude » de Ségolène, c'est, au fond, un coup de génie, ce mot ! À peine l'entend-on  que ça saute aux oreilles : ce n'est pas seulement de la Guadeloupe qu'il parle, c'est de nous tous.
     Sauf de Sarkozy évidemment : la preuve, il est quasiment le seul à avoir fait la sourde oreille, ou du moins à faire semblant de ne rien entendre de ce que dit le LKP, et ne rien voir de la grève illimitée, désormais quand il y a grève dans ce pays elle passe inaperçue, n'est-ce pas...
     Pourtant, voyez le tableau qu'on nous dresse de la situation économique de la Guadeloupe : ces « grands groupes qui étranglent le marché », cette « dérèglementation tous azimuts », ces « exonérations de cotisations sociales patronales », est-ce que nous en sommes, en métropole, si éloignés ? Ces «prix scandaleux», cette « discrimination raciale à l'embauche », cette « explosion du foncier », ça ne vous dit rien ? Et même cette« économie en coupe  réglée », ce « 1% de la population qui contrôle 40% de l'économie » ?
     L'écrivaine guadeloupéenne Gerty Dambury le dit : la pwofitasyon c'est « la pérennisation d'un système de domination d'une caste sur un plus grand nombre — à savoir, osons le mot, le peuple» (l'«Huma», 23/2). Elle rappelle que la lutte du LKP est souvent caricaturée, réduite à une simple demande de 200 euros d'augmentation, histoire de mieux passer sous silence « les propositions (et non pas les simples revendications) faites par ces hommes et ces femmes sur des questions aussi diverses que l'environnement, les droits et les libertés syndicales, la culture, la production agricole, la pêche ».
     Il suffit de lire le magnifique « Manifeste pour les produits de haute nécessité » (1), écrit par une dizaine d'écrivains, d'artistes et de professeurs guadeloupéens, pour s'en apercevoir : ce qui se passe à la Guadeloupe n'est pas qu'une affaire locale, exotique. Elle déborde de l'île, elle a du souffle, de l'ampleur, une détermination, et un vocabulaire :  « Il y a des myriades de compétences, de talents, de créativités, de folies bienfaisantes, qui se trouvent en ce moment stérilisées dans les couloirs de l'ANPE et les camps sans barbelés du chômage structurel né du capitalisme.»
Jean-Luc Porquet
(&) On peut le lire, entre autres, sur le site Mediapart. [Oops ! le nom du site était passé à l'as]

Voilà. Les fautes de frappe sont les miennes, les opinions sont celles de J.-L. Porquet.

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

Re : [abc] Profitation

Mille mercis !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

29 Dernière modification par gb (26-02-2009 05:03:37)

Re : [abc] Profitation

Bookish Prat a écrit:

Voilà. Les fautes de frappe sont les miennes, les opinions sont celles de J.-L. Porquet.

Presque de la [s]schyzophrénie[/s] schizophrénie ; ça a dû être dur ! big_smile

-corrigé...

30

Re : [abc] Profitation

gb a écrit:
Bookish Prat a écrit:

Voilà. Les fautes de frappe sont les miennes, les opinions sont celles de J.-L. Porquet.

Presque de la schyzophrénie ; ça a dû être dur ! big_smile

Mais la schyzophrénie est-elle plus grave que la schizophrénie ? Sommes-nous encore victimes du syndrome de l'abyme cher aux journalistes de Libération, qui ne savent plus écrire tout simplement abîme ?

Re : [abc] Profitation

coco47 a écrit:

Sommes-nous encore victimes du syndrome de l'abyme [...]

Par saint François de Sales (patron des écrivains et journalistes), que nenni !  Un «crayon rouge» providentiel et nocturne veillait à ce que ce genre de choses ne se produisissent point sur notre honnête forum...

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

Re : [abc] Profitation

l'abyme cher aux journalistes de Libération, qui ne savent plus écrire tout simplement abîme ?

Cela dépend du contexte : il y a bel et bien en Guadeloupe une commune nommée les Abymes (parfois raccourcie en Abymes) dont le maire est une personnalité en vue.
Abyme est l'orthographe ancienne, conforme à l'étymologie grecque abussos.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

33

Re : [abc] Profitation

BP a écrit :
(...) je fais taire mes réticence au photocopillage (et aux commentaires politisés sur notre cher forum)

Participer au site ABC est déjà de la politique, en des temps qui voient les aéroports lyonnais se rebaptiser Lyon Airports !  (Cf . AFrAV).
C’est vrai que Porquet est assez inspiré : sa précédente chronique ne manquait pas de sel, qui comparait de façon inattendue la France à L’Union soviétique (culte du chef, quasi militarisation des déplacements présidentiels, contrôle accru des médias). Oups, c’est de la politique.

Profitation est une formidable trouvaille, qui mérite de passer à la postérité francophone, et deviendra peut-être même le symbole d’un quinquennat qui voit l’idée du bien public laisser la place à la profitation ! Oups, c’est encore de la politique !
Et même un simple débat sur le photocopillage laisserait supposer qu’on ne partage pas le point de vue des ultras étatsuniens, lesquels ont récemment demandé que la lecture à haute voix de romans donne lieu à la perception de droits d’auteur ! Décidément, la politique se niche même dans la plus modeste des photocopieuses noir et blanc ; normal, étymologiquement, c’est la vie de la cité.

Re : [abc] Profitation

Gare à l'erreur de perspective : ce n'est pas parce que les évènements le mettent en vedette que pwofitasyon est une trouvaille récente. C'est un mot du français des Antilles et je l'utilise depuis trente ans.
Il figure dans un petit lexique publié en 1976, avec cette traduction : abus, exagération.
Intéressant, cet équivalent : la lutte contre les abus était le grand mot du XVIIIe siècle.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

35

Re : [abc] Profitation

P'tit prof a écrit:

l'abyme cher aux journalistes de Libération, qui ne savent plus écrire tout simplement abîme ?

Cela dépend du contexte : il y a bel et bien en Guadeloupe une commune nommée les Abymes (parfois raccourcie en Abymes) dont le maire est une personnalité en vue.
Abyme est l'orthographe ancienne, conforme à l'étymologie grecque abussos.

Merci de me prendre pour un demeuré (cela semble fréquent sur ce forum). Je connais bien Les Abymes. J'y ai séjourné. Et je sais aussi que là-bas on dit Abymes sans l'article, tout comme en Corse on dit Ile-Rousse. Mais ce n'est pas une raison pour écrire systématiquement, comme le fait Libération, mise en abyme. Et ce n'est pas une question de contexte. Une graphie héritée du passé ne constitue pas un contexte. On doit juste écrire Abymes quand il le faut (la ville de Guadeloupe), abysses quand il le faut, et abîme quand il le faut. Je connais aussi Chaudes-Aigues et Aigues-Mortes. Je ne vais pour autant écrire qu'hier il est tombé beaucoup d'aigue(s) sur la Bretagne.

De la simplicité, de grâce ! Toute la beauté de la langue est dans la sim-pli-ci-té.

En plus, ce foutu y antique nous fout en l'air le vieux truc mnémotechnique pour cime et abîme : le chapeau de la cime est tombé dans l'abîme…

36 Dernière modification par Bookish Prat (27-02-2009 05:29:50)

Re : [abc] Profitation

krokodilo a écrit:

Participer au site ABC est déjà de la politique [...]

Et quand on va au p'tit coin, c'est pour affirmer une position idéologique contre les «ultras étatsuniens» ? big_smile  L'exemple de la lecture publique (forcément à haute voix sinon ce serait une lecture in petto, donc privée) d'un roman est particulièrement bien choisi. Sachant qu'il existe aujourd'hui des enregistrements commerciaux (ah ! le vilain mot ! wink ) d'œuvres littéraires (et autres) où des artistes de renom (ou non) ont prêté leur voix, des capitaux ont été engagés, des techniciens de fabrication ont été employés, de même qu'il est répréhensible de passer un film sur DVD devant une audience nombreuse (bien au delà du cercle familial, s'entend), de jouer en public de la musique composée par un auteur dûment défendu par un copyright® sans le rétribuer, en quoi les droits de l'auteur d'un roman, de son éditeur, voire de ses interprètes dans le registre sonore devraient  passer à la trappe lors d’une lecture publique et, a fortiori, devant une audience payante? Après tout, lorsque l’on achète son journal (non gratuit, of course) chacun paye sans rechigner une somme bien modeste et cela permet de faire vivre, pèle-mêle, des secrétaires, des ouvriers imprimeurs, des journalistes, des correcteurs, des publicitaires (sauf au Canard enchaîné), des actionnaires, des marchands de journaux, des chauffeurs de messageries, etc.

Itou pour les œuvres uniquement imprimées (non sonores, veux-je dire) dont le photocopillage est un fléau. Un de mes amis, universitaire, à qui je faisais observer, il y a bien longtemps, que les photocopieuses des facs  fonctionnaient généralement au détriment des éditeurs et des auteurs et que c'était également le cas des bibliothèques publiques de prêt ou d'étude, cet ami défendait la gratuité intégrale au prétexte qu'il ne faut pas entraver la diffusion du savoir, que les éditeurs sont bien assez riches, que les universitaires sont  pauvres, etc. Et puis un jour, ses propres livres ont commencé à bien se vendre et ils les a vus dans les catalogues d'une foultitude de bibliothèques publiques et là, ça ne l'a plus amusé du tout parce que le mécénat obligatoire, c'est drôle seulement quand ce sont les autres qui y sont soumis.

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

Re : [abc] Profitation

krokodilo a écrit:

lesquels ont récemment demandé que la lecture à haute voix de romans donne lieu à la perception de droits d’auteur

Mais la lecture publique fait déjà partie des droits de représentation :

Les droits patrimoniaux (art. L. 122-1) : droits pécuniaires qui sont destinés au titulaire du droit d'auteur.
Les droits patrimoniaux sont constitués :

- du droit de représentation : "communication de l'œuvre au public par un procédé quelconque" (L.122-2 - lecture publique, représentation dramatique, projection, télédiffusion…)

- du droit de reproduction : "fixation matérielle de l'œuvre par tous procédés qui permettent de la communiquer au public d'une manière indirect" (L. 122-3 - imprimerie, gravure, photographie, enregistrement.)

Les droits patrimoniaux s'appliquent dans le cas d'une commercialisation ou non de l'exploitation des droits et font l'objet de transactions entre le demandeur, l'éditeur, le producteur et l'auteur, directement ou via une société d'auteur.

38

Re : [abc] Profitation

Effectivement, mais cela s'applique surtout aux manifestations payantes, théâtre par exemple, avec lecture sur scène, alors que la revendication à laquelle je faisais allusion voulait largement étendre le champ d'application, peut-être jusque dans les écoles ou à la maison ! Je n'ai plus les références sous la main, mais de toute façon c'était anecdotique.
Ce serait coton de calculer les droits à payer par les écoles ! Selon que vous lirez un vers ou un chapitre...

Re : [abc] Profitation

Dans ce cas cela serait sûrement forfaitaire, comme c'est déjà le cas pour les musiques ou les images diffusées dans les salles d'attente.

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Re : [abc] Profitation

J’ai retrouvé le lien, qui traite d’un aspect plus spécifique que ce que j’en ai dit :
« "Faut-il payer des droits d'auteur pour lire une histoire à voix haute à son enfant ?". La question peut paraître idiote. Elle l'est, assurément. Et pourtant la Guilde des Auteurs américains l'a posée très sérieusement, et a même donné immédiatement une réponse : oui, il faut payer des droits lorsque l'on veut lire un livre à haute voix dans l'intimité du foyer. Ou plus exactement, lorsque celui qui lit à haute voix n'est pas un humain fait de chair et d'os, mais une machine. Car apparemment, ça fait toute la différence. »
http://www.numerama.com/magazine/12045- … nfant.html

Certains universitaires sont plus malins que d’autres, ceux dont les ouvrages ornent la vitrine de la librairie voisine de la fac, ceux dont les étudiants achètent les manuels, pensant naïvement qu’on ne sait jamais, il pourrait s’y trouver le sujet d’examen, ou peut-être le correcteur reconnaîtra-t-il aux citations qu’on a fait son devoir en palliant la « grande misère » des professeurs d’université ! Le vrai ennemi des universitaires n’est pas la photocopieuse, lente et laborieuse, mais la mise en place par les facs de polycopiés comme support d’enseignement, ce qui certainement fait baisser les ventes d’ouvrages. L’anglais aussi est un ennemi méconnu, car après les grandes revues internationales, ce sont les manuels de base et de référence qui seront anglophones (leur rédaction n’apporte que peu de prestige et de « points » d’évaluation), et d’auteurs nos maîtres deviendront d’honnêtes traducteurs, humbles mais indispensables artisans !

Sur le plan plus général du débat sur les droits (chansons, romans) qui fait rage en Suède,
http://www.lemonde.fr/technologies/arti … 51865.html
je ne prétends pas avoir de solution originale ; je pense que les solutions extrêmes sont inadaptées, dans un sens comme dans l’autre. Il faut remarquer que de nombreux artistes ne sont pas opposés à la fourniture gratuite de nombreux extraits, ou à un système forfaitaire, car quelques grand artistes « trustent » la majorité des recettes. Dans la revue Lire, on peut trouver des extraits de certains romans dès leur sortie, un peu comme « premier chapitre » - est-ce que ça existe toujours ?- et ils ne s’en plaignent pas.
Une solution trop rigide rapporterait aux auteurs déjà établis, mais diminuerait la publicité des autres, le « buzz », la visibilité, et bloquerait le système. On peut acheter et emprunter à la bibliothèque.

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Re : [abc] Profitation

Les droits d'auteur... un sujet intéressant.

J'espère qu'on n'arrivera pas à cette situation:
http://www.russievirtuelle.com/textes/livre.htm

Malgranda pezo, sed granda prezo ;-)

Re : [abc] Profitation

Mais ce n'est pas une raison pour écrire systématiquement, comme le fait Libération, mise en abyme.

Hé bien, sur ce coup-là, Libération, dont je ne nie pas la faiblesse orthographique, Libération a raison !

La mise en abyme est un procédé pictural et littéraire, qui consiste à inclure dans une œuvre la même œuvre en réduction.
Exemple très connu de mise en abyme : la fameuse vache qui rit, qui porte pour boucles d'oreille des boites de vache qui rit portant l'image d'une vache qui rit, portant des boucles d'oreilles portant l'image... et ainsi de suite.

Reste à établir que Libération emploie mise en abyme pour désigner ce procédé et qu'il ne confond pas mise en abyme et saut dans le précipice ! Ce même journal emploie bien derechef au sens d'aussitôt.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

43

Re : [abc] Profitation

P'tit prof a écrit:

Mais ce n'est pas une raison pour écrire systématiquement, comme le fait Libération, mise en abyme.

Hé bien, sur ce coup-là, Libération, dont je ne nie pas la faiblesse orthographique, Libération a raison !

La mise en abyme est un procédé pictural et littéraire, qui consiste à inclure dans une œuvre la même œuvre en réduction.
Exemple très connu de mise en abyme : la fameuse vache qui rit, qui porte pour boucles d'oreille des boites de vache qui rit portant l'image d'une vache qui rit, portant des boucles d'oreilles portant l'image... et ainsi de suite.

Reste à établir que Libération emploie mise en abyme pour désigner ce procédé et qu'il ne confond pas mise en abyme et saut dans le précipice ! Ce même journal emploie bien derechef au sens d'aussitôt.

Pan sur le bec ! comme dit le Canard. J'ai effectivement trouvé mise en abyme dans le PLI (avec cette concession : on dit aussi mise en abîme). Mais pas dans le Robert, ni dans le Grand Larousse Universel, ni dans les Difficultés… de Thomas. Mais ne mégotons pas, le PLI suffit. J'ajoute que Libération parlait effectivement de la mise en abyme style Vache qui Rit. A ce propos, de mon enfance, je garde le souvenir d'une autre mise en abyme, toujours fromagère. C'était une boîte de camembert sur laquelle on voyait une accorte Normande qui tenait à la main une boîte de camembert qui montrait une Normande avec à la main une boîte… Vertigineux !

Cela étant établi et amende honorable étant faite, je voudrais conclure par une réflexion générale. Ce ne sont pas les fautes d'orthographe des journalistes qui me gênent. Il y a longtemps que je sais que les journalistes ne sont pas formés pour ne pas en faire et que, par ailleurs, il y a de moins en moins de correcteurs dans les organes de presse. Donc, les fautes, c'est pas trop grave. Ce qui me hérisse le poil, ce sont les erreurs dues au snobisme, à la soumission aux effets de mode, à la volonté de toujours vouloir "faire savant" et étaler sa science, avec le risque (fréquent) de s'étaler en beauté. Comme disait Renaud : arrête ta frime ! Et j'ajouterai : surtout quand t'as pas l'niveau ! Faisons simple.

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Re : [abc] Profitation

Profitation: contraction des mots profit et exploitation.
Il n'y a pas d'exploitation sans profit et de profit sans exploitation.
Je crois que cette définition correspond le mieux.

Re : [abc] Profitation

C'est un mot créole, et le créole ignore la formation de mots par contraction.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : [abc] Profitation

Farouk a écrit:

Profitation: contraction des mots profit et exploitation.

Pas si sûr :
   * exploiter => exploitation
   * profiter => profitation
   * casser => cassation
etc.

elle est pas belle, la vie ?

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Re : [abc] Profitation

Bonjour !
     Trouvé sur la toile :
http://www.poeme-france.com/poeme-40794 … ureux.html
     Cordialement.

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

Re : [abc] Profitation

Eh ben... Heureusement que vous n'avez pas ajouté « Bonne lecture »... smile

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Re : [abc] Profitation

La profitation, profit et exploitation: définition très pertinente de Daniel MERMET sur France-Inter, émission LAS-BAS SI J'Y SUIS.

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Re : [abc] Profitation

Farouk S a écrit:

définition très pertinente de Daniel MERMET

D'accord, Farouk S, c'est bien dans ce sens que la France métropolitaine comprend ce mot depuis bientôt deux mois. Mais ça ne semble pas être de cette façon qu'il a été formé en créole, et même si l'on écrit en majuscules le nom de Daniel Mermet, cela ne fait pas de lui un spécialiste du français des Antilles.  La définition n'est pas forcément l'étymologie.

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