Passer au contenu du forum

forum abclf

Le forum d'ABC de la langue française

Mise à jour du forum (janvier 2019)

Remise en l'état – que j'espère durable – du forum, suite aux modifications faites par l'hébergeur.

forum abclf » Pratiques linguistiques » au cas où ? au cazou ?

Pages 1

Répondre

Flux RSS du sujet

Messages [ 9 ]

1

Sujet : au cas où ? au cazou ?

Je me pose une question bête :
dans la langue parlée, doit-on faire une liaison quand on dit " au cas où " ?
Y-a t-il une règle stricte à ce sujet ?

Re : au cas où ? au cazou ?

Je ne sais pas s'il existe une règle. Généralement on ne fait pas la liaison, et lorsqu'on le fait il semble que ce soit par manière de plaisanterie, parce que cela sonne un peu bizarrement.

Jacques

Re : au cas où ? au cazou ?

Bonjour,
Cela sonne d'autant plus bizarrement que le kazoo est aussi un instrument de musique qui sonne bizarrement. Il s'agit de notre bon vieux mirliton constitué d'un tube fermé à une extrémité par une membrane mince. La membrane vibre dès que l'on chantonne dans le tube en faisant tou-tou-tou. L'instrument a été popularisé par Georges Brassens qui l'utilise dans la coda des Copains d'abord.
Le nom à résonance anglophone de "kazoo" viendrait en fait des musiciens de jazz français, clarinettistes et saxophonistes en particulier, qui risquaient à tout moment une rupture de leur anche. Le remplacement d'une anche n'étant pas instantané, il était d'usage de prévoir un mirliton dans le but, bien sûr, de continuer à accompagner les autres, au cas où...
Mais j'ai un gros doute sur l'authenticité de cette anecdote. smile

Personnellement, je fais cette liaison, mais je suis aussi jazzeux et c'est toujours avec amusement. Sans qu'il me soit possible de dire si l'évocation de l'instrument précède ou suit ce bon mot.

Re : au cas où ? au cazou ?

Cette anecdote en rappelle une autre fondée sur le même plaisant principe : dans les grandes écoles les catholiques sont appelés, paraît-il, des talas, parce qu'ils vont t-à la messe.

Jacques

5

Re : au cas où ? au cazou ?

Toujours à propos des liaisons mal-t-à propos, quelqu'un pourrait-il me donner

-une définition du "cuir" et du "velours" (est-ce "peu-t-à-peu", face à "peu-z-à-peu?)

-la raison du H aspiré pour "héros" et muet pour "héroïne" (est-ce pour éviter une glissade genre "des zéros" qu'on ne risque pas de rencontrer aves "des z-héroïnes"?)

6

Re : au cas où ? au cazou ?

Pour le cuir, faute de liaison, dont voici une illustration :
Je vous demande pardon mon adjudant, je suis-t'en train d'écrire z'a ma promise, et je me demande si on dit peu-t-à peu ou peu-z-à peu.
Eh bien mon garçon, grammaticalement parlant on devrait dire peu-t-à peu ; mais peu-z-à peu est tellement plus doux-t-à l'oreille !
Pour le velours, rien dans le TLF, mais belle réponse de Robert : faute de liaison ; voir cuir.
Les autres ne disent rien, ce qui revient au même. Le mot, dans ce sens, semble avoir fait long feu.

Aymon

7

Re : au cas où ? au cazou ?

Merci beaucoup pour ces précisions.

Décidément, Bébert m'étonnera toujours!

Reste plus que le héros, debout sur la place, accompagnée de son héroïne de fille...

8

Re : au cas où ? au cazou ?

Pour héros et héroïne j'aimerais bien aussi connaître l'explication. Évidemment si on fait la liaison avec les héros, ça sonne comme les zéros, mais est-ce la vraie raison ?

Aymon

Re : au cas où ? au cazou ?

Le sort fait en français aux esprits rudes du grec ancien est en effet un curieux salmigondis qui, en fait, dépend souvent des dates d'appropriation des mots et du snobisme des importateurs (on trouve indifféremment des temples d'Héra ou de Héra à Samos ou Olympie).
Cependant, pour votre question, Lakroutt, je crois qu'une réponse peut être donnée.

La notion primitive de héros en Grèce archaïque est assez complexe mais liée essentiellement à un culte d'un type très spécifique qui est à rapprocher de ce que d'autres cultures connaissent comme culte des ancêtres (là-dessus, l'ouvrage de référence reste celui de Brehlich, Gli Eroi Greci, mais il ne peut guère être trouvé que dans une bibliothèque universitaire).
Quand le sens s'est affaibli (en passant par la tragédie) et que l'acception religieuse a été submergée par celle de protagoniste (= premier personnage, ce mot aussi a vu son sens évoluer wink ), on a créé un féminin he:ro:ine: vers le IIIe siècle (époque hellénistique, première attestation chez Callimaque) mais celui-ci est resté sans connotation religieuse et, par le latin eroina, a évolué normalement sans aspiration dans les langues romanes.
En revanche, héros gardait le double sens mais aussi, sous l'influence de cultes prestigieux qui avaient pris une grande importance à Rome, ceux d'Hercule (=Héraklès), de Liber (= Dionysos, Bacchos) et des Dioscures (= Dioskouroi), il est devenu synonyme de he:mitheos (= Demi-Dieu) en référence à leurs mythes qui les faisaient naître d'une mortelle (Alkmène, Sémélé, Léda). C'est, je pense, ce prestige, toujours connu des érudits du Moyen-Âge et de la Renaissance, qui nous a valu la conservation archaïsante de l'aspiration initiale du grec.

Cordialement,
Dominique

PS : en me relisant, je m'aperçois que le choix de mes exemples peut créer des confusions : un rapport étymologique entre Héra et héros est possible mais non prouvé, le sujet est toujours débattu par les hellénistes.

Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur. (A. Camus)

Messages [ 9 ]

Pages 1

Répondre

forum abclf » Pratiques linguistiques » au cas où ? au cazou ?