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forum abclf » Écriture et langue française » Répétition lexicale : un procédé => quel nom ?

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Messages [ 14 ]

1 Dernière modification par piotr (10-09-2007 20:02:37)

Sujet : Répétition lexicale : un procédé => quel nom ?

Cela est dommage et dommageable.
Je le trouve déplorable et le déplore.
C’est mangeable et tu le manges.

Comment appeler cette figure de style (car c’en est bien une) ?

     Évidemment, j’ai un peu cherché :

  - une reprise ? mais il ne s’agit pas de répéter strictement le même terme, mais un autre qui lui est lié lexicalement ;
  - une accumulation ? oui, mais les termes n’ont pas la même fonction grammaticale ;
  - une antimétabole ? non, pour les mêmes raisons ;
  - une antapodose, peut-être ? mais le mot est  si rare et si peu défini que je ne suis pas sûr de se signification ;
  - une gémination ? non : il y a deux mots ;
  - une suffixation ? c’en est une assurément, mais le malheur vient de ce que cela n’est pas une figure de style mais un procédé linguistique ;
  - une homéoteleute alors ? non, car c’est la racine qui converge et la finale qui diffère ;
  - une homéoptote peut-être ? qui s’apparente d’avantage au miroir, voire au chiasme ;
  - une analogie ? c’est tout ce qui nous reste ... maigre récolte.

     Qui a une idée pour qualifier ce procédé qui tient à la fois de l’allitération, de la reprise, de la suffixation mais aussi de l’analogie : utilisation de deux mots lexicalement liés pour un renforcement.
     Notons que les deux verbes peuvent avoir le même sujet (je le trouve déplorable et le déplore) ou non (c’est mangeable et tu le manges).

    On pourrait construire sur ce modèle, une antithèse : « C’est immangeable et tu le manges. », mais ça n’est pas ce que je cherche pour qualifier ce procédé assez fréquemment rencontré, notamment dans l’expression orale.

    Merci de vos idées et propositions.

elle est pas belle, la vie ?

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Re : Répétition lexicale : un procédé => quel nom ?

Un procédé tautologique (tautologie) ?

« Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles, la blanche Ophélia flotte comme un grand lis »

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Re : Répétition lexicale : un procédé => quel nom ?

Pléonasme? redondance? parelcon? macrologie?

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

Re : Répétition lexicale : un procédé => quel nom ?

piotr a écrit:

[...]Merci de vos idées et propositions.

Un simple isolexisme, peut-être ? roll

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

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Re : Répétition lexicale : un procédé => quel nom ?

Merci Ysaur et Regina;

    j'avais écarté la tautologie, considérant que la dérivation lexicale suffisait à éviter le piège de la redite, mais pour au moins deux des exemples

Je le trouve déplorable et le déplore.
C’est mangeable et tu le manges.

on peut effectivement parler de tautologie, les deux syntagmes étant porteur du même sens. En voilà toujours deux de casés !

    Mais le premier exemple ?

Cela est dommage et dommageable.

C'est n'est pas une macrologie, car c'est court et porteur de sens. Quant à parelcon, désolé Regina mais je n'en ai pas trouvé définition.

elle est pas belle, la vie ?

Re : Répétition lexicale : un procédé => quel nom ?

piotr a écrit:

Quant à parelcon, désolé Regina mais je n'en ai pas trouvé définition.

Pour trouver parelcon il n'y avait pas à chercher loin roll . Le premier googlage produisait:   http://www.alisrhetorique.com/alisrhet/ … m=p_se_rep

Parelcon : Ajout de termes redondants ou superflus, lorsque deux mots sont employés à la place d'un seul, par exemple.
- Je me suis trompé, purement et simplement.        
Une surabondance de termes dont le sens est identique peut provoquer une saturation et la perte de l'effet désiré.

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

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Re : Répétition lexicale : un procédé => quel nom ?

BP a écrit:

Un simple isolexisme, peut-être ?

Bingo, BP !  et mon petit Beth et Marpeau (dans lequel il m'avait échappé) propose en outre polyptote :

« On parle d'isolexisme lorsque l'on utilise dans une phrase plusieurs mots ayant le même radical. On parle aussi de dérivation ou polyptote [*]. »
         (A. Beth, E. Marpeau, Figures de style, Librio, 2005)

[*] polyptote in Robert le Grand : Figure où l'on emploie dans la même phrase plusieurs constructions d'un même mot.

Nonobstant, le lien que tu apportes ouvre la voie à une deuxième solution, l'expolition :

Expolition : Reprend le même argument sous des formes identiques ou voisines, en cherchant ainsi à le valoriser.

Cela ressemble fort à la tautologie, mais la définition que  donnent Beth et Marpeau de l'expolition est un poil différente (nous avons déjà maintes fois remarqué ces différences entre auteurs à propos d'autres figures) : elles la rattachent à l'épanorthose (procédé d'auto-correction destiné à nuancer un propos), l'expolition ayant vocation à éclaircir le discours.

Quoi qu'il en soit, ces figures ne contiennent pas la notion de parenté lexicale contenue dans mes exemples => il s'agit bien d'isolexisme : merci BP ! big_smile

elle est pas belle, la vie ?

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Re : Répétition lexicale : un procédé => quel nom ?

S'il n'y a pas de nom officiel pour ce procédé, l'honneur de lui en donner un pour l'éternité revient aux plus doctes membres de ce forum. Qui refuserait de marcher vers la gloire et l'immortalité en compagnie de Cicéron et de Fontanier ?
Le plus simple, conformément à une coutume scientifique qui veut que la chose inventée porte le nom de l'inventeur serait à l'évidence de l'appeler : «piotrologie».
-Elle était aimable et je l'aimais, c'est donc une piotrologie ©.
-Elle était aimante et elle était aimantée, c'est toujours une piotrologie ©, de haute qualité celle-là, longtemps portée dans l'esprit d'un poète injustement ignoré par Lagarde et Michard.

Voilà une désignation largement plus renversante que la fainéante «figure dérivative» dont personne n'a jamais entendu parler, à cause de son nom n'en doutons pas.

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Re : Répétition lexicale : un procédé => quel nom ?

Désolé Piotr, si c'était déjà pris finalement wink

Re : Répétition lexicale : un procédé => quel nom ?

Désolé, désolé, la figure dérivative, je ne connais que ça !
J'ai d'ailleurs eu un mal de chien à la distinguer de la figure étymologique.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Répétition lexicale : un procédé => quel nom ?

N'appelle-t-on pas cette forme particulière d'isolexisme un miroir ?

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Re : Répétition lexicale : un procédé => quel nom ?

un miroir ?

Je ne crois pas, car le miroir reprend des termes identiques , ou contraires, ou complémentaires, liés étymologiquement mais non lexicalement, et non dérivés.

   - Parce que c'était lui, parce que c'était moi.    (Montaigne)
   - Mon père avait sa mère, ma mère avait son père : ils étaient quittes, si je puis dire.    (S. Guitry)

    Le miroir peut aller jusqu'au chiasma (parfaitement symétrique) :

   - Ne vous demandez pas ce que l'Amérique peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour l'Amérique.    (J.F. Kennedy)
   - C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme.   (R. Séchan)

elle est pas belle, la vie ?

Re : Répétition lexicale : un procédé => quel nom ?

Tu as sans doute raison, néanmoins en reprenant la définition du miroir (qui se veut bien sûr déformant), je m'interroge.
Il s'agit de deux mots identiques (même lexème) successifs et subordonnés. Le plus souvent la subordination est établie par la conjugaison, comme dans aimer l'amour ou haïr la haine, mais ne peut-on pas voir une subordination dans la suffixation ?

14 Dernière modification par piotr (12-09-2007 08:58:36)

Re : Répétition lexicale : un procédé => quel nom ?

Oui, on peut voir une subordination dans la suffixation : on retrouve ainsi le « c'est mangeable [donc] je le mange / je le mange [parce que] c'est mangeable ... ». Après tout, on trouve aussi des miroirs construits sur une forme de subordination directe par conjonction : « Je sais que tu sais que je le sais ».

    Tout cela entre dans la définition, dans les définitions, du miroir, mais ce qui me fait dire que « c'est dommage et dommageable » relève plutôt de l'isolexisme (que ce terme me plaît !), c'est l'évolution sémantique d'un terme à l'autre, qui ajoute un sens supplémentaire par la suffixation, ce que ne renferment pas mes deux autres exemples (qui sont de simples renforcements, des redondances).

     Il y a dans la figure miroir un côté réflexif  (l'eusses-tu cru ?), qui développe la pensée et que ne possèdent pas les tournures sur lesquelles je m'interrogeait.


    P.S.   pour les amateurs : comment distinguer clairement miroir / chiasma / antimétabole ?

elle est pas belle, la vie ?

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