Intéressant message, surtout pour moi, récent E-iste (3 ans). Je vous crois. Mais quelques remarques me viennent :
Claude Piron, une des figures de l'Eo, explique avec humour dans 2 articles pourquoi les espérantistes peuvent parfois être agaçants et avoir des réactions virulentes. Je ne mets pas d'extraits pour ne pas être trop long :
http://claudepiron.free.fr/lettresouvertes/eagac.htm
http://claudepiron.free.fr/articlesenfr … ession.htm
En gros, les réactions sont proportionnelles à la passion et à la force des critiques, mais aussi à la répétition des mêmes préjugés et des mêmes clichés.
A l'époque, le sentiment d'isolement et de déni de l'Eo par les médias et les autorités devait être bien plus vif qu'actuellement, et donc les réactions d'autant plus vives.
Aujourd'hui qu'Internet a libéré un peu la parole des minoritaires et des anticonformistes, le genre de réactions dont vous parlez, lettres identiques et "furieuses, accusatrices, presque insultantes." ne se voit plus.
Sur ABC, sur Agoravox, sur Europa debate (en français et en anglais), sur DLF (1 article de Charles Durand sur la convergence d'intérêts entre E-istes et DLF), Vox latina, sur divers forums, sur la liste de diffusion linguarum, deux courriers d'enseignants dans le monde de l'Education (!), vous avez constaté et pouvez vérifier que tous les intervenants espérantistes s'expriment correctement et argumentent sans insultes. De plus, il est facile de voir au style que ce sont des personnes différentes et pas du copier coller. Naturellement, les arguments se ressemblent, les exemples linguistiques peuvent être les mêmes, vous dites vous-même " J'ai peut-être déjà raconté comment", ce qui est naturel avec ces multiples débats parallèles.
Virulents peut-être mais si vous dites à un collectionneur de timbre que son hobby ne vaut rien, il va s'emporter et parler de culture, de découverte du monde, d'Histoire. pareil pour les E-istes : si à l'époque vous avez écrit "mais qu'il avait échoué dans son ambition" dans un article "consacré aux modes et aux pratiques passées.", nul doute qu'il ait suscité des réactions!
J'ai déjà écrit je crois que c'est la première fois qu'une langue construite se hisse au niveau d'une langue vivante (locuteurs, radios, journaux, rencontres, reconnaissance par l'Unesco, etc.) on ne peut donc établir de comparaison sur sa vitesse de diffusion eu égard à son ambition de "internacia lingvo" parler d'échec ou de lenteur n'a pas de sens. Il est seulement possible de parler de progression, de stagnation ou de régression. Or, divers signes permettent de confirmer sa progression, y compris en France, un des pays les plus réfractaires à l'idée (je passe sur ces éléments vérifiables. Deux seulement : le site Internet de la ville de Montpellier, en huit langues dont l'Eo, et une expérience pilote à l'école primaire rapportée par FR3)
elles avaient dû être rédigées d'après un modèle diffusé par je ne sais quelle autorité centrale.
Les défenseurs de la langue française aussi utilisent parfois le même tract, ce qui permet un courrier bien rédigé analogue à une pétition mais envoyé individuellement ; ce procédé est utilisé par bien des mouvements. par contre, il n'y a pas beaucoup de mouvements aussi peu centralisés que l'espéranto, c'est plutôt une mosaïque de mouvements, avec seulement une sorte d'Académie de locuteurs chevronnés. Comme les écolos, ce type de d'organisation (de désorganisation !) est également sujet à querelles intestines… Le principe même de l'Eo est que la langue n'appartient à personne, chacun est libre de créer un site en Eo, fût-il raciste ou porno, dans les pays où ce n'est pas illégal.
Aujourd'hui, la comparaison qui me vient à l'esprit est celle des caricatures danoises suscitant des émeutes jusqu'au Pakistan, où peu de gens lisent des journaux danois.
Là pour le coup, c'est possible que vous provoquiez des réactions virulentes ! La comparaison est pour le moins excessive. Je passe, ou je laisse pour d'autres.
Je comprendrais très bien que des journalistes ayant connu une expérience similaire (ou ayant même connu la mienne : les confrères de feu l'Evénement se sont recasés ailleurs) se refusent à courir de tels risques, de même qu'ils éviteraient de publier ce qui pourrait susciter des réactions disproportionnées de la part de fidèles de telle religion ou de telle secte. Ce n'est pas du boycott, mais une précaution parfaitement compréhensible.
Je rêve! comme disent les jeunes. Des journalistes d'investigation ont enquêté sur les possessions fabuleuses de la famille d'Hassan II au Maroc, sur le financement des dictateurs en Afrique par la France, sur beaucoup d'autres sujets sensibles, tandis que d'autres risquent leur vie comme reporter de guerre, et des journalistes éviteraient en France le sujet de l'Eo par peur des réactions espérantistes ! Certains pays sont moins angoissés : vous pouvez lire des articles factuels, directs, très décontractés sur des revues francophones en ligne suisses, belges, et récemment le courrier du Vietnam.
http://lecourrier.vnagency.com.vn/defau … Y_ID=43471
Le journal dont je parlais dans mon précédent message, c'est le Nouvel Obs. Il semble juger les maillots de bain ou les régimes amaigrissants plus importants que le congrès d'Eo à Florence l'été 2006. Passe encore qu'il boycotte l'Eo, mais ne pas parler du problème linguistique de l'Union européenne, des tensions linguistiques en Suisse, en Belgique, est-ce encore du journalisme ? Je pense que la peur de paraître anti-européen les paralyse sur le sujet.
Ce qui pourrait susciter des réactions disproportionnées de la part de fidèles de telle religion ou de telle secte.
En mettant côte à côte le sujet de l'Eo et les mots de secte, fidèle, religion, vous utilisez une méthode et une accusation qui reviennent souvent, même si la formulation de la phrase n'est pas une accusation ; dans l'esprit du lecteur, l'association d'idée se fait.
sur la Toile, un blog de qualité se refuse aujourd'hui à écrire autre chose que "e....to" et "e....tistes", afin de ne pas attirer mécaniquement un orage de mails virulents non sollicités, comme il lui est arrivé par le passé.
Je crois avoir lu ce message sur ce site. Il me semble que la raison qu'il indique est inexacte, et d'autre part c'est transparent et idiot : ça ne m'a pas empêché de mettre un commentaire (correct, naturellement !). Ce serait plus simple qu'il n'en parle pas du tout.
Voilà une explication du "boycott" que vous pensez avoir détecté. Mais le qualifier d'obscurantisme est à tous égards exagéré, et ne peut servir votre cause.
Sur Agora vox, il y a une longue discussion sur ce thème du boycott, réalité ou pas, à la suite d'un des articles de Masson.
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=11772
Le Monde de l'éducation n'a pas analysé ni rapporté l'expérience d'enseignement de l'Eo au primaire par Dechy, ancien prof de maths, diffusée par Fr3 -région ; pourtant, la pédagogie n'est-elle pas la raison d'être de ce journal ? Rien ne leur interdisait d'analyser et de critiquer. Qu'est-ce donc sinon un boycott ?