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forum abclf » Réflexions linguistiques » Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

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Messages [ 24 ]

1 Dernière modification par Stef. (31-07-2006 20:41:10)

Sujet : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

Bonsoir


N'ayant pas trouvé (après quelques recherches ici ou là) une réponse à la question que je me pose, j'espère que vous pourrez m'aider.
Voilà, je ne suis pas trop mauvaise en français : orthographe, grammaire... et même pour l'accord des participes passés... sauf pour l'accord du participe passé du verbe "se faire" pour lequel j'ai un peu de mal. roll Il me semblait, en effet, que le participe passé du verbe "se faire" était invariable lorsqu'il était suivi d'un infinitif. Pourtant, j'ai lu quelque part sur votre site que cela dépendait des cas ????  Du coup, je n'y comprends plus rien. sad
Bref, dans l'exemple qui suit (et si la personne en question est une fille), écrit-on "je me suis faite incendier/engueuler" (ou tout ce que vous voulez) ou "je me suis fait.." ? Dans ce cas précis, cela s'accorde t-il en genre et en nombre ou pas ? (pour ma part, je mettrais plutôt "fait", mais j'avoue qu'après avoir lu plusieurs avis  sur différents forums, je suis complètement perdue sad )

Merci pour votre aide en tout cas


Stéphany GUERIN

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Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

Stef a écrit:

Bref, dans l'exemple qui suit (et si la personne en question est une fille), écrit-on "je me suis faite incendier/engueuler" (ou tout ce que vous voulez) ou "je me suis fait.." ?

à ma modeste connaissance, l'accord ne se fait pas dans tous les 2 cas. Le cas où l'accord est effectué est peut-être archaïque et pareil au verbe "se laisser" dont le p.passé est accordé lorsqu'il est suivi d'un verbe du même sujet, par exemple "elle s'est laissée mourir". M'est avis que l'on déconseille l'accord du participe passé "fait" dans vos cas.

Cependant, vu que ce n'est qu'une simple opinion peu fondée d'un non natif, méfiez-vous donc et attendez les experts abéciens.

Bonne nuit.
(2 heures du matin !)

3 Dernière modification par Andreas (01-08-2006 04:11:48)

Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

Selon l'office québecois (de la langue française), l'accord se fait si se fait est suivi d'un nom (Elle s'est faite la protéctrice de tous les démunis) et ne se fait pas lorsque c'est un infinitif qui suit (La maison qu’ils se sont fait construire est vaste).

Ceci devient vraiment insignifiant. - Pas encore assez.

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Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

Selon ce que j'ai appris à l'école, l'invariabilité du participe passé "fait" est complètement obligatoire lorsque le verbe est suivi d'un autre verbe et tout le monde l'admet de bon coeur.
Pourtant, quant à "se laisser", malgré la rectification d'orthographe en 1990 selon laquelle on conseille de maintenir son participe passé invariable, du fait que ce verbe a trait à "se faire", mais l'accord se fait toujours, à ce qui me paraît.
On trouve facilement une question d'accord de ce verbe dans les tests QCM de chez moi, qui demande de choisir entre accord et non-accord. Comment me débrouiller face à une telle question à laquelle les 2 réponses sont admises ? - par exemple: "elle s'est laissé mourir" et "elle s'est laissée mourir".
L'invention d'une règle est une chose, l'adaptation en est une autre. Le français, quel chiendent !

Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

"se faire + infinitif" est employée pour une tournure passive. L'expression est, j'imagine, assez récente. "se faire" peut être remplacée par l'auxiliaire être, en changeant l'infinitif qui suit par le participe passé du verbe :
Il s'est fait gronder. => Il a été grondé.
Les deux phrases sont presques équivalentes, même si la première met plus l'accent sur l'action et la seconde sur le résultat.

Voilà quelques remarques, qui hélas ne font guère avancer le schmilblick ...
Mais la réponse a déjà été donnée par Andreas et Papy : le participe passé fait, suivi d'un infinitif, est toujours invariable. C'est la règle, il ne faut pas chercher de logique derrière.

Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

"elle s'est laissée mourir"
Voilà un cas plus difficile.
Voici la règle :

Quand le verbe conjugué avec avoir est suivi d'un infinitif, deux cas se présentent :
- le COD fait l'action exprimée par l'infinitif (sens actif), le participe passé s'accorde avec le cod :
Les chanteurs que j'ai entendus chanter étaient excellents.
- le COD subit l'action exprimée par l'infinitif (sens passif) ; il n'y a pas d'accord :
Les chansons que j'ai entendu chanter étaient belles.

Revenons à notre exemple : "elle s'est laissée mourir".
Elle a laissé mourir qui ? se mis pour elle-même.
La grande question : Fait-elle l'action de mourir ou bien subit-elle cette action ?
Au vu de l'exemple choisi, cela peut paraître ambigu. Mais ici on fait de la grammaire, pas de la poésie. L'important n'est pas de savoir si elle s'est suicidée ou non ! Quand on dit "je meurs", c'est bel et bien une phrase active. Je est sujet, il fait l'action, il ne la subit pas.
Donc nous sommes, à mon avis, dans le premier cas : elle fait l'action de mourir. Il faut accorder ! 
Elle s'est laissée mourir.

Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

Bounigne a écrit:

Quand le verbe conjugué avec avoir est suivi d'un infinitif, deux cas se présentent

Revenons à notre exemple : "elle s'est laissée mourir".

Les verbes avoir et être ne sont pas vraiment identiques ...

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Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

Bonjour


Bounigne a écrit:

Revenons à notre exemple : "elle s'est laissée mourir".
Elle a laissé mourir qui ? se mis pour elle-même.
La grande question : Fait-elle l'action de mourir ou bien subit-elle cette action ?
Au vu de l'exemple choisi, cela peut paraître ambigu. Mais ici on fait de la grammaire, pas de la poésie. L'important n'est pas de savoir si elle s'est suicidée ou non ! Quand on dit "je meurs", c'est bel et bien une phrase active. Je est sujet, il fait l'action, il ne la subit pas.
Donc nous sommes, à mon avis, dans le premier cas : elle fait l'action de mourir. Il faut accorder ! 
Elle s'est laissée mourir.

Merci à tous pour votre aide, mais ça n'est pas exactement l'exemple que j'ai donné, et comme il semble y avoir des exceptions à la règle, j'aurais vraiment aimé savoir quoi faire dans cet exemple précis :

Stef. a écrit:

Bref, dans l'exemple qui suit (et si la personne en question est une fille), écrit-on "je me suis faite incendier/engueuler" (ou tout ce que vous voulez) ou "je me suis fait.." ? Dans ce cas précis, cela s'accorde t-il en genre et en nombre ou pas ?

Si j'ai bien tout compris, je n'accorde pas ?
(cela me semble curieux voire choquant -étant une fille- de devoir dire "je me suis fait incendier", mais bon, si c'est la règle...:lol: )

Merci.

Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

Oui Stef, il ne faut pas accorder. Le participe fait suivi d'un infinitif est invariable.

Pour Pierre Enckell :
Dans "Elle s'est laissée mourir", se laisser est un verbe pronominal à sens réfléchi. C'est donc un cas très particulier : le passé composé de ces verbes se forme toujours avec être. Pourtant, la règle d'accord du participe passé est la même que pour un verbe non pronominal employé avec l'auxiliaire avoir.
D'ailleurs dans cet exemple nous pouvons dire :
Elle s'est laissée mourir = Elle a laissé mourir elle-même.

Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

La règle est bien que :

Le participe "fait" suivi immédiatement d'un infinitif est invariable (Grevisse, Le Bon usage, § 915, Exceptions 1°).

Mais l'incertitude exprimée par Stef me semble largement partagée, et on entend souvent l'accord au féminin. Il est bien possible qu'il devienne de plus en plus toléré dans la langue écrite aussi. Aucune loi n'est éternelle !

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Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

Oui, Stef, dans ledit cas on n'accorde pas: elle s'est fait incendier / elle s'est fait pleurer en épluchant les oignons, etc. Vous pouvez accorder lorsque le verbe est suivi d'un nom, comme a expliqué bien juste Andreas: elle s'est faite avocate. Voilà, c'est la règle, qu'il faut respecter.

L'exemple de "se laisser" n'est qu'une simple extension de ma part sur le sujet peu ou prou analogue. En tout cas, désolé d'avoir usurpé sur votre terrain.

Je rejoins Bounigne sur le fait que l'on accorde "laissé" dans "elle s'est laissée mourir" du moment que c'est bien elle qui en fait l'acte. Pourtant, je me rappelle avoir lu quelque part que "laissé" reste aussi invariable dans le même cas, "sous prétexte" qu'aujourd'hui on considèle le verbe "se laisser" comme ayant la même construction de "se faire" dont le participe passé est invariable.

Ai-je bon ? Merci de vos lumières.

Papy.

Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

papy a écrit:

je me rappelle avoir lu quelque part que "laissé" reste aussi invariable dans le même cas, "sous prétexte" qu'aujourd'hui on considèle le verbe "se laisser" comme ayant la même construction de "se faire" dont le participe passé est invariable.

Exact, Papy. "Le Conseil supérieur de la langue française propose de considérer "laissé" comme toujours invariable devant un infinitif." (Grevisse, § 916, Remarque). Au § 915, Exceptions 2°, le même Grevisse dit que le même Conseil "recommande l'invariabilité de ce participe [laissé]".

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Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

Merci à tous de m'avoir éclairée. smile

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Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

C'est vrai que c'est plus clair comme cela. Mais à force de multiplier les exceptions, il n'y aura bientôt plus de règle.

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Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

Bounigne a écrit:

C'est vrai que c'est plus clair comme cela. Mais à force de multiplier les exceptions, il n'y aura bientôt plus de règle.

smile vous avez bien raison. J'appécie beaucoup votre langue, mais le fait qu'elle soit constituée de trop d'exceptions me pousse à la détester un peu, juste ! tongue

papy.

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Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

Et oui ! Mais ne vous inquiétez pas papy, vous en savez déjà beaucoup plus sur ces questions que la grande majorité des natifs ! smile

Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

Ces fameuses et terrifiantes exceptions me semblent être de deux ordres différents :

1. Les exceptions orthographiques, dues à toutes sortes de pratiques anciennes plus ou moins arbitraires. C'est essentiellement à celles-là que s'attaquent, la plupart du temps sans succès notable, les tentatives de réforme de l'orthographe. C'est le pain quotidien de la majorité des enseignants, persuadés que le monde irait à sa perte si l'on s'avisait d'écrire hibous, chous, caillous, genous...

2. Les exceptions grammaticales. J'ai l'impression qu'on les nomme ainsi par facilité, parce que les grammairiens traditionnels n'ont pas su déterminer leurs raisons d'être. La phrase "il n'y a pas de règle sans exception" signifie à mes yeux que la règle a été mal formulée. Une véritable analyse linguistique devrait intégrer tous les aspects d'une langue, au lieu d'en reléguer certains dans des marges obscures faute de pouvoir les expliquer.

Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

Erasme en disait :"Il y a autant de grammaires que de grammairiens, et même davantage",
et Rivarol : "La grammaire étant l'art de lever les difficultés d'une langue, il ne faut pas que le levier soit plus lourd que le fardeau".
Ca n'apporte rien de plus, mais ça réconforte quand on se sent soi-même un peu perdu...

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Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

Les travaux de Nina Catach ont réussi à expliquer la construction orthographique du français, avec le fameux plurisystème orthographique.
Quant à la grammaire, je crains qu'Erasme avait raison !

Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

On peut observer que les verbes susceptibles d’avoir un participe passé suivi d’un verbe à l’infinitif sont en définitive assez peu nombreux (quelques dizaines?), et qu’il ne serait pas trop malaisé d’en dresser la liste complète ; de façon plus générale, au demeurant, les verbes dont le participe passé peut prendre des formes audibles différentes sont très largement minoritaires. Si on examinait la chose de plus près, on s’apercevrait peut-être que, hormis faire et dire, ces verbes ont tous ou quasiment tous un participe passé invariable dans la prononciation. Il n’y a pas en effet de différence, à l’ouïe, entre les chansons ou les chanteurs que j’ai entendu(s) chanter. Et c’est heureux, car sinon il nous faudrait, dans le feu d’une conversation, faire d'abord tout un raisonnement compliqué avant de décider, en un éclair, d’accorder ou non le participe. Cette règle d’accord, proprement inapplicable à l’oral, ne concerne donc que le seul écrit, où en principe on a le temps de faire travailler ses méninges. Le verbe faire est, avec le verbe dire, le seul verbe (du moins, à ma connaissance) pouvant être suivi d’un infinitif et dont le participe prend des formes qui se différencient à l’audition; je me demande si ce n’est pas une des raisons pour lesquelles le participe est laissé invariable dans ces deux cas — à côté de la raison donnée par Grevisse: le participe fait suivi immédiatement d’un infinitif est toujours invariable, parce qu’il fait corps avec l’infinitif est constitue avec lui une périphrase factitive (§794, b, rem.1) ou le participe dans des phrases du type ‘Les personnes qu’on dit venir de loin’ sont invariables , l’infinitif étant l’élément essentiel de leur objet direct (§794, b, rem.3). Aux raisons logiques des grammairiens s’ajouterait ainsi un motif pragmatique.

Mais il y a autre chose que je voulais faire remarquer à propos de faire suivi d’un infinitif, une de ces petites aberrations de la langue française qui font mentir sa réputation de langue «cartésienne». Si on dit laisser quelqu’un faire telle chose, on dit, en dépit de l’analogie, faire faire telle chose à quelqu’un, là où on devrait dire logiquement, mais incorrectement, faire quelqu’un faire telle chose. C’est un usage spécifique au français (à moins qu’on ne me contredise) que de dire je leur ai fait visiter le château (à côté de je les ai laissés visiter le château). Pourtant, je lis, dans un roman célèbre, la phrase suivante:

Les grands criminels portent avec eux une espèce de prédestination qui leur fait surmonter tous les obstacles, qui les fait échapper à tous les dangers, jusqu’au moment que la Providence, lassée, a marqué pour l’écueil de leur fortune impie.
(Les Trois Mousquetaires, 1re phrase du chap. 61; les soulignements sont de moi.)

Pourquoi leur dans la première des deux subordonnées relatives, et les dans la seconde? Je suis incapable d’en rendre raison, même si instinctivement je sens que le choix des pronoms est ici correct. Faut-il admettre que ce choix est déterminé par le verbe qui suit? Serait-il aussi correct de dire qui les fait surmonter tous les obstacles et qui leur fait échapper à tous les dangers? J’ai l’impression, sans pouvoir autrement rationnaliser, que il les fait échapper, il les fait s’échapper, il les fait s’évader est préférable à il leur fait échapper, etc. Le fait que échapper peut être suivi d’un complément introduit par la préposition à ne semble pas être l’explication puisque s’échapper et s’évader ne peuvent pas avoir un tel complément. Je pédale dans la choucroute.

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Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

Torsadé et Pointu a repris un gros casse-tête qui nous tarabuste tant, une fois abordé.
Je propose donc, à mon tour, que nous revenions un peu sur ça et ça pour en dire plus sur ce sujet aussi intéressant que taraudant.

papy.

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Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

Il fait surmonter tous les obstacles à ces grands criminels.
Il fait échapper ces grands criminels à tous les dangers.

Je rejoins Torsade : C'est le verbe qui suit qui détermine les pronoms. Ces pronoms seraient donc compléments du verbe à l'infintif ... Mais c'est vrai que la place de ces pronoms est étrange.

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Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

Pour ce qui est du verbe "penser", je dirais préférer "ça le fait penser à sa famille" que "ça lui fait penser à sa famille".
Jusqu'ici, le français est caractérisé par un grand embrouillamini de règles où tout apprenant se perd, pensé-je.

papy.

Re : Accord du participe passé du verbe "se faire" ou pas ?

La réponse se trouve dans le Grevisse, §1008. Dans les constructions avec faire+infinitif, on emploiera les pronoms lui et leur (les pronoms au datif) lorsque l’infinitif qui suit est transitif direct et que le complément d’objet direct de cet infinitif est exprimé; sinon, c’est le pronom à l’accusatif (le, la, les) qui est utilisé. Dans la phrase extraite des Trois Mousquetaires, la première subordonnée relative contient un verbe transitif dont le COD (‘tous les obstacles’) est exprimé, d’où l’emploi de leur; dans la deuxième relative, le verbe à l’infinitif est intransitif, et donc le pronom est mis à l’accusatif.

Cependant, c’est là la règle générale, et il y a des cas particuliers. De plus, l’usage est souvent flottant, comme l’attestent les nombreuses citations d’auteur reproduites par Grevisse. Mon impression est que les francophones de naissance ne sont pas conscients de tout cet ensemble de règles, et fonctionnent en la matière à l’instinct.

À toutes fins utiles, je recopie ici le passage concerné du Grevisse.


CONSTRUCTION DE LA PROPOSITION INFINITIVE

N. B. - Dans l'exposé qui va suivre, on emploiera, pour plus de commodité, les mots de datif et d'accusatif. Le sujet de la proposition infinitive est au datif quand il prend la forme d'un complément d'objet indirect: Je fais bâtir ma maison À CET ARCHITECTE, je LUI fais bâtir ma maison. - il est à l'accusatif quand il prend la forme d'un complément d'objet direct: Je vois venir MON PÈRE, je LE vois venir.

a) Après les verbes apercevoir, écouter, entendre, faire, laisser, ouïr, regarder, sentir, voir, lorsque l'infinitif se présente sans objet direct, son sujet se met à l'accusatif:

Je vois CET ENFANT obéir à ses parents, je LE VOIS obéir. Je vois venir VOTRE PÈRE, je l'enlends parler. Laissons faire NOS PARENTS. Je sens battre MON COEUR. - Il fait trembler LES MÉCHANTS, il LES fait trembler. - Je ferai renoncer CET HOMME à ses prétentions (LITTRÉ). - Cette aventure ( ... ) contribua beaucoup à LE faire croire aux visions miraculeuses de Swedenborg (BALZAC, Louis Lambert, p. 6I). - Personne au monde ne LE fera changer d'avis (J. COCTEAU, Bacchus, lIl, 7).

Parfois cependant, notamment après faire et laisser, l'infinitif sans objet direct a son sujet au datif:

J'aurais fait changer d'avis À LUCILE (MARIVAUX, Les Serments indiscrets, III, 5). - Si vous croyez que c'est commode de LUI faire changer d'idée (P. BENOIT, Axelle, p. 171). - Cela, peu à peu, LUI laissait espérer dans la clémence du sort (Fr. CARCO, L'Homme traqué, p. 184). - Laissons faire AUX POÈTES (A. GIDE, Attendu que ... , p. 167). Dans ces divers cas, l'infinitif intransitif est, pour la syntaxe, fort proche d'un infinitif transitif : changer d'avis, changer d'idée, espérer dans la clémence sont très voisins de : changer son avis, changer son idée, espérer la clémence.

b) Lorsque l'infinitif a un objet direct:
Après faire, en général le sujet de l'infinitif se met au datif (voir cependant Rem. I et 2 ci-après), ou bien il se construit avec par:

Vous faites dire À CICÉRON une chose qu'il n'a jamais dite (LITTRÉ). - Je ferai bâtir ma maison À ou PAR CET ARCHITECTE (ID.). - L'architecte À QUI, PAR QUI j'ai fait bâtir ma maison. Je ferai examiner l'affaire À CELUI-CI, PAR CELUI-CI, À CHACUN D'EUX, PAR CHACUN D'EUX. - Et l'on fit traverser tout Paris À CES FEMMES (HUGO, Chât.,V, II). - Je ferais réciter ses rôles À MON MARI (Ch. VILDRAC, Le Pèlerin, I).
La romance que je LUI ai fait chanter. - Il LUI fit boire un liquide ... (BRIEUX, La Foi, II, 3). - Blanche LUI faisait penser à une grosse poupée à cheveux rouges bourrée de son (R. SABATIER, Trois sucettes à la menthe, p. 41).

Après faire quand le sujet de l'infinitif est un pronom personnel, il se met parfois à l'accusatif:

On ne LA fera point dire ce qu'elle ne dit pas (SÉv., 17 janv. 1680). Et c'étaient des joies, des douceurs qui LA faisaient bénir Dieu de son sort (SAINTE BEUVE, Vol., XIII). - Les femmes les plus naïves ont un sens merveilleux qui ( ... ) LES fait ressaisir bientôt tout l'empire qu'elles ont laissé perdre (R. MARTIN DU GARD, Jean Barois, p. 114). - L'inquiétude naturelle aux malades qui LES fait essayer sans cesse de nouveaux régimes (P. BOURGET, Les Détours du coeur, p. 329). - Des nouvelles un peu moins bonnes LES firent précipiter leur départ (A. GIDE, La Porte étroite, p. 129). _ Je l'avais fait jurer qu'il viendrait (A. BILLY, Madame, p. 166). - Il m'est impossible de LE faire aborder ce sujet (G. DUHAMEL, Problèmes de civilisation, p. 13).

Après apercevoir, écouter, entendre, laisser, ouir, regarder, sentir, voir, le sujet de l'infinitif se met indifféremment à l'accusatif ou au datif, ou bien il se construit avec par:

a) On LE vit briser ses meubles (G. SAND, Lélia, VIII). - S'ils ont laissé toute la mèche que je LES ai vus acheter (MAUPASS., Mont-Oriol, p. 38). - En LA voyant faire l'aumône (É. AUGIER, Les Effrontés, II, 6). - Il avisa Emilia de LE laisser conduire l'intrigue (É. BOURGES, Le Crépusc. des dieux, III). - Si encore on LE laissait emmener sa femme (M. PRÉVOST, La Nuit finira, t. I, p. 158). - Comme une souris QUE le chat laisse faire quelques pas en liberté (A. de CHÂTEAUBRIANT, M. des Lourdines, p. 132). - Je l'entends remuer la casserole (J. ROMAINS, Lucienne, p. 65). - Comme certains mendiants QUE j'ai vu [sic] humer l'odeur des plats (E. ESTAUNIÉ, L' Infirme ... , p. 95). - Je LA sentis serrer mon bras (M. ARLAND, La Vigie, p. lI9). - J'ai vu, j'ai laissé CES JARDINIERS planter des choux.
b) Je LUI laissai sans fruit consumer sa tendresse (RAC., Brit., IV, 2). _ Nous LUI vîmes enfiler des aiguilles fort menues (DIDEROT, Lett. sur les aveugles). _ Je LUI ai même entendu dire qu'il avait appris la flûte (J. ROMAINS, Lucienne, p. 64). _ Il n'était plus possible de LUI laisser tout ignorer (ID., ib., p. 145). _ Il resta toujours fidèle aux exercices de piété qu'il LUI avait vu pratiquer (H. BREMOND, Ames religieuses, p. 10).
c) Un garde ( ... ) a laissé admirer PAR MA FEMME son poignard (M. GENEVOIX, Afrique blanche, Afrique noire, p. 62). - J'ai vu, j'ai laissé Planter des choux À CES JARDINIERS, PAR CES JARDINIERS. Les jardiniers À QUI, PAR QUI j’ai laissé planter des choux.

Remarques. - I. Quand le sujet et l'objet direct de l'infinitif sont tous deux des pronoms personnels, si les deux pronoms sont joints devant le verbe principal, le pronom sujet de l'infinitif se met au datif:

Vers un vieux bâtiment je le LUI vis porter (LA F., F., IX, I). - On le LUI fit bien voir (ID., ib., VII, I). _ Ce devoir, je le LUI ferai recommencer, ne le LUI faites pas recommencer. Ce livre, ne le LEUR laissez pas lire.

Mais si les deux pronoms ne sont pas joints devant le verbe principal, le pronom sujet de l'infinitif se met à l'accusatif:

Ce mot d'«estime», ( ... ) LA faisait me remercier (SAINTE-BEUVE, Vol., XIX). - Je l'ai vu la battre (M. PRÉVOST, La Nuit finira, t. II., p. 50). - Elle ne veut pas, peut-être, qu'on LA voie me regarder (J. SARMENT, Jean Jacques de Nantes, p. 247). - Il LES regarde le regarder (ID., ib., p. 234).

En particulier, lorsque le verbe principal est à l'impératif et qu'il n'est pas précédé des deux pronoms conjoints, le pronom sujet de l'infinitif peut être: 1° au datif, dans des phrases comme les suivantes:

Ce livre, laissez-le-LUI lire. Ce devoir, faites-le LEUR recommencer.

à l'accusatif, dans des phrases comme les suivantes:

Ce livre, laissons-les le lire en paix. Laisse-LE te guider. Ne LES laisse pas nous injurier. Ne LE laisse pas te perdre. Voyez-LES nous accuser.

2. Quand l'infinitif est un verbe pronominal, son sujet se met à l'accusatif:

Qui LE fait se charger des soins de ma famille ? (CORN., Hor., V, 3.) _ Je LA vis se rapprocher de sa soeur (E. FROMENTIN, Dominique, XIII). _ Elle LES entendait se disputer (M. PRÉVOST, La Nuit finira, t. I, p. 162). - Une mollesse parfois LA faisait s'étendre sur l'herbe drue d'une pente (MAUPASSANT, Une Vie, II).

Il est exceptionnel que le sujet soit au datif:

Une résolution qui LUI fait se diriger vers la place de la Concorde (P. BOURGET, L'Émigré, p. 323).

3• Lorsque les verbes apercevoir, écouter, entendre, etc. (surtout faire et laisser) sont à la forme pronominale, le sujet de l'infinitif s'introduit par une des prépositions par ou de:

Il se laisse entraîner PAR LE COURANT. Il se fait estimer DE TOUS. Il se sentait envahir PAR UNE TRISTESSE MORTELLE.

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