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Le forum d'ABC de la langue française

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forum abclf » Écriture et langue française » Un mot, un jour.

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Messages [ 51 à 69 sur 69 ]

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Re : Un mot, un jour.

TARBOUCH ou TARBOUCHE (n.m.): Bonnet rouge cylindrique et rigide, au sommet duquel pend un gland.  Il pouvait être entouré d’un linge pour faire un turban. Seuls les touristes en portent à présent. Égyptien, le tarbouch est appelé fez en Turquie et chéchia - portée par Tartarin - au Maghreb.

    « A dix pas plus loin, un petit homme rond, coiffé du tarbouch écarlate, aspirait par bouffées égales la fumée d’une cigarette de tabac turc, plus grosse que le petit doigt. »
                                                                  Le nez d’un notaire                 E. About (1862)

    « Il portait le tarbouch de feutre rouge, inondé par-derrière d’une longue houppe de soie floche bleue, et laissant voir, sous l‘étroit liséré blanc d‘une première calotte de toile piquée, des tempes rasées aux tons de barbe fraîchement faite. (…) Son costume était fort propre: il consistait en une veste cannelle soutachée en soie de même couleur, des cnémides ou guêtres d’étoffe pareille, un gilet blanc orné de boutons semblables à des fleurs de camomille, une large ceinture rouge et d’immenses grègues aux plis multipliés et bouffants.  »
                                             Le roman de la momie                     T. Gautier (1858)

o malakas tis pareas

52 Dernière modification par kobo (24-07-2006 20:55:43)

Re : Un mot, un jour.

Aujourd'hui, c'est l'uranisme. J'ai hésité avec usucapion!

URANISME (n.m.): Homosexualité masculine. D’après le Larousse médical de 1972, l’uraniste aurait tendance à se travestir. Uraniste et uranien sont synonymes d’homosexuel. On trouve très peu d’entrées sur Gallica et on a tôt fait de tomber sur des auteurs parlant de déséquilibre, d’inversion et de dégénérescence. sad
    Le terme semblait avoir un sens tout à fait différent (???) au XVIIème siècle puisque c’était le surnom des partisans du sonnet de Voiture (1597-1648)  A Uranie (c’est-à-dire à Aphrodite) opposé au Job de Benserade (1613-1691). Dans l’histoire littéraire, ces deux sonnets divisèrent la société précieuse, entre jobelins et uranistes.

Toute précision est la bienvenue.
                      « Loin de nier ou de cacher son uranisme, il [Marcel Proust] l'expose, et je pourrais presque dire: s'en targue. Il dit n'avoir jamais aimé les femmes que spirituellement et n'avoir jamais connu l'amour qu'avec des hommes. »
                                                                                          Journal (A. Gide 1921) (Merci au TLFI)

    « Comme toutes les gitanes la Mère avait pris la route de très bonne heure pour fuir la tyrannie de ses frères, l‘aîné, ce grand fou, ce rêveur de Grêlé, qui ne respectait aucune tradition et n‘avait pas fondé de famille par paresse, oubli et baguenauderie de qui baye aux corneilles et est dans la lune; le cadet, le Balafré, qui n‘y avait pas songé non plus ni rien entrepris par orgueil, cupidité, avarice, jalousie, cruauté, uranisme, goût de s‘enrichir, envie de dominer, passion de l‘intrigue et besoin de dominer; l‘un et l‘autre ayant déjà prostitué leur sœur plusieurs fois.»
                                                                          L’homme foudroyé                B. Cendrars (1945)

« Il faut finir mes jours en l' amour d' Uranie,
l' absence ni le temps ne m' en sçauroient guerir,
et je ne voy plus rien qui me pût secourir,
ni qui sceust r' appeller ma liberté bannie.
Dés long-temps je connois sa rigueur infinie,
mais pensant aux beautez pour qui je dois perir,
je benis mon martyre, et content de mourir,
je n' ose murmurer contre sa tyrannie. »
                                                                                  A Uranie                     Vincent Voiture

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Re : Un mot, un jour.

Sur la querelle littéraire :

Le sonnet de Voiture a aussi pour titre "à madame de Longueville" (Voiture, Poésies p.p. H. Lafay, éd. Didier, 1971, p. 67).

Je ne sais à partir de quand on a parlé d'Uranistes à ce propos. A l'époque (la querelle a commencé en décembre 1649), on emploie Uranins (qui rime avec Jobelins). Ainsi, parmi les pièces recueillies dans les Poesies choisies de messieurs Corneille, Bensserade, de Scudery... (première partie, 3e édition, 1654) on trouve les passages suivants :

J'ayme les Vers des Uranins (par Sarrazin, p. 421)

Nos Uranins liguez contre nos Jobelins (par Corneille, p. 438)

Que les Femmes sont Uranines (anonyme, p. 441)

Car mesme entre les Uranins (autre anonyme, p. 446)

Du vain titre des Uranins (par Le Bret, p. 449)

La querelle a aussi permis la création, dans un madrigal anonyme (p. 439), d'un mot-valise que les spécialistes ne semblent pas avoir retenu :

A la Cour quelle tyrannie !
Ma foy l'on n'y sçauroit durer,
Il faut encor[e] se declarer
Ou pour Job, ou pour Uranie.

Cent fois d'opinion je change,
Et leur comparaison estrange
Rend mon jugement interdit.

Mais pourtant, quoy que l'on en rie,
Comme Roche du Maine a dit,
Je me declare pour Jobie.

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Re : Un mot, un jour.

D'après le GRobert et le TLFi, les termes «uraniste» et «uranisme» désignent l'homosexuel et l'homosexualité - et un type précis de pratique : se vivre comme femme -, à la fin du XIXe siècle. Ils sont traduits de l'allemand (un documentaire est passé sur Arte à propos d'un médecin allemand de cette époque) et relèvent de l'anthropologie et des sciences humaines de cette époque.
À une époque pas si lointaine, le dictionnaire de Courouve, consacré à l'homosexualité masculine, était intégralement en ligne sur son site (http://pageperso.aol.fr/ccourouve). J'ai loupé le coche en oubliant de le copier illico et je ne le possède pas. Il a été réédité chez Payot je crois dans une version enrichie. Son auteur était passé sur le forum - un membre passif porte d'ailleurs son nom - peut-être reviendra-t-il nous éclairer.

Re : Un mot, un jour.

"Uraniste" ne désignait pas un type particulier d'homosexuel au moment où il a été créé en français. Voir la citation de 1896 donnée par la section BHVF du site de l'Atilf (l'auteur revendiquait lui-même son homosexualité) :

"On peut diviser les uranistes en ultra-virils, virils, efféminés, passifs"

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Re : Un mot, un jour.

gb a écrit:

D'après le GRobert et le TLFi, les termes «uraniste» et «uranisme» désignent l'homosexuel et l'homosexualité - et un type précis de pratique : se vivre comme femme -, à la fin du XIXe siècle. Ils sont traduits de l'allemand (un documentaire est passé sur Arte à propos d'un médecin allemand de cette époque) et relèvent de l'anthropologie et des sciences humaines de cette époque.

Selon l'Université Humboldt de Berlin, le juriste allemand Karl Heinrich Ulrichs aurait inventé le terme Uranismus pour désigner l'homosexualité dans ses écrits entre 1864 et 1869.

l'Université Humboldt a écrit:

Die Bezeichnung «Uranismus» für diesen Zustand leitete er aus einer Textstelle in Platons Symposion her, wo zwischen zwei Aphroditen oder Liebesgöttinen unterschieden wird: 1. der «gemeinen» Aphrodite, der Tochter des Zeus und der Dione und 2. der «uranischen» Aphrodite, der mutterlosen Tochter des Uranos, die ganz ohne weibliche Beteiligung zur Welt kam. Sie ist die Göttin der Männerliebe und der Urninge. Die «gemeine», «dionische» Aphrodite dagegen ist für die Liebe zwischen Mann und Frau zuständig und für die Männer, die Frauen lieben.

ce qui veut dire en français :
Il [M. Ulrichs] fait dériver le terme « Uranismus » pour désigner cet état [l'homosexualité] d'un passage dans le Symposium de Platon où l'on différencie entre deux Aphrodites ou déesses d'amour :
1. l'Aphrodite « commune », la fille de Zeus et de Dioné et
2. l'Aphrodite « uraniste », la fille de Uranos, orpheline de mère, qui a vu le jour sans participation féminine. Elle est la déesse de l'amour des hommes et des "Urninge" [uranistes].
En revanche, l'Aphrodite « commune », « dionique » a la compétence de l'amour entre homme et femme et pour les hommes qui aiment les femmes.

Ulrichs était convaincu du fait que les homosexuels ont une âme féminine dans un corps masculin.
S'agirait-il donc de deux mots différents nommés uraniste en français avec deux origines différentes ?

P.S.: Si vous allez dans un hôpital et le médicin sort la diagnose « F66.9 » (classification internationale), cela veut dire que avez une maladie nommée l'uranisme....:D

Ceci devient vraiment insignifiant. - Pas encore assez.

57 Dernière modification par kobo (25-07-2006 23:22:41)

Re : Un mot, un jour.

Je me souviens avoir vu un film sur Arte sur Magnus Hirschfeld il y a un ou deux ou trois ans... est-ce bien lui le "médecin allemand"?
Ma question (peut-être suis-je un peu lourd mais comprends pô très bin!) est la suivante: y a-t-il un rapport entre les partisans de Voiture et les homo d'Ulrichs?

Comme il a été question récemment de Marcel Aymé, voici simplement une belle petite citation:
« Malheureuse planète! Astre sombre roulant aux marches de l’infini, ton destin n’est plus une promesse et tient en quelques formules de mathématiques. A ton firmament froid, le soleil n’est qu’un point et jamais sa lueur ne dissipe les ténèbres où tu poursuis ta course de géant aveugle. Uranus, ton  nom est trompeur, car tu ne connais pas la lueur d’un ciel. Tu ne connais pas non plus la joie d’une eau vive, le mystère d’une eau profonde et ta solitude obscure ne se reflète pas au miroir de la vie. Tout l’amour de la terre ne peut rien pour toi, pas même imaginer ce monstrueux poids de mort naviguant avec elle dans l’espace interplanétaire. »
                                                                                                 Uranus                M. Aymé (1948)


VULNÉRAIRE (n.m., n.f. et adj.) : Alcoolat, médicament que l’on administrait aux personnes ayant subi une blessure en l’appliquant sur leurs plaies, notamment en Suisse avec des herbes aromatiques. Le vulnéraire se buvait aussi pour se remettre d’une émotion forte: pour les fans cinématographiques du Splendid, un vulnéraire, c’est « du schnaps du General Schpontz » pour le rosbif qu’on découpe car « c’est dimanche » dans Papy fait de la résistance (1983) et le « petit verre de Fernet-Blanca » « dans le petit placard de la cuisine à côté de l’évier » que Zézette apporte à Thérèse dans Le père Noël est une ordure (1982).
Au féminin, c’est une plante à fleurs jaunes nommée anthyllis vulneraria, recommandée pour les blessures. Employé comme adjectif, le terme caractérise quelque chose qui guérit. Dans Les remèdes charitables de Madame Fouquet, pour guérir à peu de frais toute forme de maux tant internes qu'externes, invéterez, & qui ont passé jusques à présent pour incurables, experimentez par la même Dame et augmentez (…) de la méthode que l'on pratique à l'Hôtel des Invalides pour guérir les soldats de la vérole (1685), on trouve une (délicieuse) recette de vulnéraire à base d’huile d’olives, de violettes de mars, ,de pervenche, de roses incarnates et de roses pales sauvages, de fleurs de mauves, de ronces, de mille pertuis, de gommes ou vermisseaux qu’on trouve à la Saint Jean dans les pommes d’ormeaux et de térébenthine de Venise!
Il en a déjà été question ici.

     « Elle s’est fait bouillir une grande cafetière de son mélange, un genre d’infusion, de la verveine plus de la menthe et un tiers de banyuls…Elle prenait goût aux choses fortes…surtout aux vins cuits…quelquefois même au vulnéraire !…Ça la remontait extrêmement vite. C’était un mélange indiqué par les diverses sages-femmes de l’époque…»
                                                                                           Mort à crédit             L-F Céline (1936)

     « Nicolas entraîna ses amis dans la galerie et recommanda au Père Marie d’offrir un coup de son  vulnéraire au visiteur.»
                                          Le crime de l’hôtel Saint-Florentin                 J-F. Parot (2004)

     « S’ils en veulent, du pris-sur-le-vif, du bien-saignant, ils seront sucrés, les journaleux.
Je suis capable de faire ma biographie, vous verrez, en noir et en technicolor. Sans bavures, sans truquages…Les personnes sensibles pourront se faire servir des vulnéraires. »
                             Le boulevard des allongés            L’Ange noir (alias Frédéric Dard) (1952)

     « N’ayant plus la possibilité de remettre où il l’a pris le flacon d’encre noire et ne pouvant, sans que ses précautions soient réduites à néant, le laisser sur son bureau, il le jette dans un égout… Ce qui permet au domestique d’accuser le cordon-bleu de se l’être tapé en vulnéraire…»
                                                                      L’homme au sang bleu                L. Malet (1945)

    « Enfin il se mit en devoir d'étancher mon sang qui continuait de couler, et voyant que nos deux mouchoirs n'y pouvaient suffire, il m'entraîna chez sa mère qui avait un petit jardin près de là. Cette bonne dame faillit à se trouver mal en me voyant dans cet état. Mais elle sut conserver des forces pour me panser, et après avoir bien bassiné ma plaie elle y appliqua des fleurs de lis macérées dans l'eau-de-vie, vulnéraire excellent et très usité dans notre pays. Ses larmes et celles de son fils pénétrèrent mon coeur au point que longtemps je la regardai comme ma mère et son fils comme mon frère, jusqu'à ce qu'ayant perdu l'un et l'autre de vue, je les oubliai peu à peu. »
                 Les rêveries du promeneur solitaire (quatrième promenade)            Jean-Jacques Rousseau (1782)

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Re : Un mot, un jour.

Attention toutefois à ne pas confondre vulnéraire et thériaque.
Le Fernet Branca s'apparente plutôt, je crois, au deuxième.
De plus, c'est souvent l'alcool que l'on prend pour se donner bonne conscience ; il y a plein de plantes et ça a mauvais goût (enfin, un goût,disons,... particulier), comme un médicament...

Re : Un mot, un jour.

kobo a écrit:

y a-t-il un rapport entre les partisans de Voiture et les homo d'Ulrichs?

Aucun rapport, ni sémantique, ni sexuel. C'est un simple hasard étymologique qui le relie.

60 Dernière modification par kobo (26-07-2006 20:20:29)

Re : Un mot, un jour.

Merci à tous pour vos contributions

WHIST ou WISK (n.m.): Sorte de jeu de cartes anglais répandu en France aux XVIIIème et XIXème siècles, ancêtre du bridge, et se jouant généralement à deux « whisteurs » contre deux autres. Le silence y est de mise, d‘où son nom, signifiant "chut" en anglais.
    « Devenu pauvre et ascétique, il a gardé le goût du monde. Une tasse de thé et un whist en compagnie d’une duchesse ne l’effraient pas. Liszt demeure quinze jours au palais Vendramin. Début janvier, il est déjà reparti pour Budapest. »
                                                                                       Louis II de Bavière        P. Combescot (1974)

« On a longuement cité le whist pour son action sur la faculté de calcul; et on a connu des hommes d’une haute intelligence, qui semblaient y prendre un plaisir incompréhensible et dédaignaient les échecs comme un jeu frivole. En effet, il n’y a aucun jeu analogue qui fasse plus travailler la faculté de l’analyse. Le meilleur joueur d’échecs de la chrétienté ne peut guère être autre chose que le meilleur joueur d’échecs; mais la force au whist implique la puissance de réussir dans toutes les spéculations bien autrement importantes, où l’esprit lutte avec l’esprit. »
                                               Double assassinat dans la rue Morgue           E. Poe (1842)
(The Murders in the Rue Morgue, traduit de l’américain par Baudelaire en 1852)

« Il ne connaissait guère ces deux messieurs que par le cercle et la partie de whist ; peut-être aussi par quelques courtages que le notaire lui avait fait gagner. Mais il était bon garçon et homme de sens ; il fit donc à son tour quelque dépense de paroles pour raisonner et consoler ce malheureux. A son gré, M De Villemaurin mettait les choses au pis ; il y avait plus de ressource. Dire que M L' Ambert resterait défiguré toute sa vie, c' était désespérer trop tôt de la science. »
                                                                               Le nez d'un notaire           E. About (1862)

(M. L'Ambert a perdu son nez)

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Re : Un mot, un jour.

Désolé, ce soir, c'est très court.
XÉNOPHONE (adj. et n.m.): Qui parle une langue étrangère. Touriste.
« Bien que toutes ces attentions le flattassent, il s’enquit cependant  du destin de sa nièce. Ayant appris de Fédor Balanovitch que la dite se refusait à suivre le mouvement, il s’arrache au cercle enchanté des xénophones, redescend et se jette sur Zazie qu’il saisit par un bras et entraîne vers le car. »
                                                          Zazie dans le métro           R. Queneau  (1959)

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Re : Un mot, un jour.

YALI (n. ?): Luxueuse demeure de bois, de style ottoman, construite sur les rives du Bosphore. Les yalis étaient les résidences estivales des riches familles turques.
    « Je passai la fin d’août et une partie de septembre en excursions dans le Bosphore. Le temps était tiède et splendide. Les rives ombreuses, les palais et les yalis se miraient dans l’eau calme et bleue que sillonnaient des caïques dorés »
                                                                                    Aziyadé                 P. Loti (1879)

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63 Dernière modification par kobo (30-07-2006 23:03:08)

Re : Un mot, un jour.

ZINZOLIN (n.m. et adj. de l‘arabe d‘Espagne djoudjolân ‘‘semence de sésame’’): Couleur d’un violet rougeâtre que l’on obtenait, à l'origine, du sésame.
« L’autre pan du ciel, du zénith à l’ouest, à l’extrême-ouest, rosissait, rougeoyait, devenait cramoisi, zinzolin, orangé, vert indien, jaune, et le soleil, dont une moitié flambait de l’autre côté du monde et dont ce qui restait du disque fondait à vue d’œil dans la cuve d’indigo, lançait des mèches, des langues, des jets de feu, des fuseaux d’or, d’antimoine et d’argent, des braises, de la lave incandescente, des rayons en platine, un cône vert. »
                                                                      La Vie dangereuse             B. Cendrars  (1938)
 
« Ça vous suffit? Pas d’autre question? Vous ne désirez pas connaître la couleur de mon porte-jarretelles?
- Pourquoi pas? Quelle couleur?
- Mauve. Exactement: zinzolin.
- Zinzolin! Le nom est joli. La chose aussi sans doute. On peut voir? »   
                                   Drôle d’épreuve pour Nestor Burma                 L. Malet (1968)

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Re : Un mot, un jour.

Quant à la couleur rouge, il y a également l'étonnant "ponceau", qui vient de "paon", mais qui signifie : de la couleur du coquelicot, lequel possède celle de la crête du coq.
"Puce" était utilisé pour désigner un autre rouge, plus brun, plus chaud.

65 Dernière modification par kobo (01-08-2006 21:03:53)

Re : Un mot, un jour.

Merci zyco pour ces belles couleurs!

Á VAU-L’EAU (locution adverbiale, d‘aval, côté vers lequel descend la rivière): Au fil de l’eau, du courant. Qui hasarde, a échoué, tourne au désordre. On disait aussi, en ce sens, à vau-le-vent, à vau-le-feu et à vau-l‘ombre, que l‘on trouve notamment chez Victor Hugo. L’expression « à la venvole » veut dire à la légère. A vau-de-route ne s’employait qu’avec les verbes s’enfuir ou aller et signifiait en fuite, en déroute, et se disait surtout pour les troupes militaire.
[A propos de Benjamin Péret] « Il est, je ne m’en cache pas, l’un des hommes que j’éprouve le plus d’émotion à connaître. Je vais parfois jusqu’à lui envier son manque remarquable de « composition » et ce perpétuel à vau-l’eau.»
                                                                                  Les Pas perdus            A. Breton (1924)

     « Ce que j’en pense, mon pauvre ami? Mais ce que vous en pensez vous-même. Je ne comprends rien, rien, rien. Ce que vous appelez gentiment mon érudition est à vau-l’eau. Et comment voulez-vous qu’il n’en soit pas ainsi? »
                                                                                    L’Atlantide                   P. Benoit (1919)

     « toujours est-il, c’est un fait, jusqu’au moment qu’on l’assassine il a eu beurre à profusion, frometons, poulgoms, truffes... la table ample!... ravitaillerie à volo!... drôlement bien vécu!... »
                                                                              D’un château l’autre        L.-F. Céline (1957)

        « Ils trinquent. Ils trinquent à des choses. Ils trinquent à des trucs. A des santés. Leur sale santé défaite qui vau-l’eaute. Leur petite santé cafouilleuse qui toussote du glaïeul dans les corridors du Père Lachaise. Tousse, tousse, et crache du gâteau sec dans le champagne des ulcères et des infarctus. Les bouchons vont sauter et le Samu va venir. »
                                                                         Jubilations vers le ciel           Y. Moix (1996) 

Ni le lendemain, ni le surlendemain, la tristesse de M. Folantin ne se dissipa; il se laissait aller à vau l’eau, incapable de réagir contre ce spleen qui l’écrasait. Mécaniquement, sous le ciel pluvieux, il se rendait à son bureau, le quittait, mangeait et se couchait à neuf heures pour recommencer, le jour suivant, une vie pareille; peu à peu, il glissait à un alourdissement absolu de l’esprit. »
                                                                             À vau-l’eau                  J.-K. Huysmans (1882)

              « On ne m'a pas commandé le moindre guet-apens, le plus léger rapt, le plus petit assassinat. En quel temps vivons-nous, mon Dieu! Les haines mollissent, les rancunes s'en vont à vau-l'eau, le sentiment de la vengeance se perd; on oublie les insultes comme les bienfaits; le siècle embourgeoisé s'énerve et les moeurs deviennent d'une fadeur qui me dégoûte. »
                                                                     Le capitaine Fracasse             T. Gauthier (1863)

On aura fait le tour de l'alphabet.
Je laisse lâchement ce sujet en plan jusqu’en septembre où j’espère vous retrouver en direct de l’université de droit d’Athènes. Eh oui, tout va à vélo!
Surtout, que personne n’hésite à continuer.

o malakas tis pareas

Re : Un mot, un jour.

A propos de la citation de Céline :
Cellard/Rey, suivi par Colin/Mével, donnent : à volo, "à volonté". Mais est-ce bien sûr ? Ce ne serait pas la seule fois où Céline transcrirait mal une expression orale.

67

Re : Un mot, un jour.

Malgré tout, l'interprétation "à volonté" me semble coller bien davantage avec le contexte : de la boustifaille à profusion, à volonté ...

elle est pas belle, la vie ?

Re : Un mot, un jour.

Ca ressemble à un mot forgé, rassemblant l'idée de profusion et de gaspillage : à gogo + à vau-l'eau.

69

Re : Un mot, un jour.

Vous avez certainement raison pour "à volonté".
Que voulez-vous, je me suis laissé emporté par cette belle orthographe et n'ai pas suffisamment réfléchi...
Peut-être Céline a-t-il tout de même fait un petit mélange et joué sur une possible confusion.

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