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forum abclf » Pratiques linguistiques » zouker (et créoles)

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Messages [ 21 ]

Sujet : zouker (et créoles)

Bonsoir à toutes et à tous !

Que veut dire « zouker », s'il vous plaît ?
On trouve ce verbe (apparamment, c'est un verbe...) dans une chanson de Lorie que j'ai écoutée récemment :

Mais ce soir, on est parti pour zouker
Zouker ho he ho he
Et ce soir, on est sûr de s'amuser

Rien dans le dico d'argot sur ce mot...

Ceci devient vraiment insignifiant. - Pas encore assez.

Re : zouker (et créoles)

Horresco !

Ce n'est pas de l'argot, c'est du créole de la Guadeloupe !
Cela signifie danser, et un zouk, c'est une soirée avec musique et danse.

zouk la, sé sel médikaman nou ni chantaient Jacob Desvarieux et son groupe Kassav :
la danse, c'est le seul remède dont nous ayons besoin.

Je me demande, mais je ne me réponds pas, si zouké ne dérive pas de souquer : le point commun des deux, c'est la nécessité de garder la cadence, et la dépense physique. Ce serait une transposition ironique.

P.S. J'écris zouké, conformément à la graphie du créole.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : zouker (et créoles)

Merci Petit Prof et pardonnez-moi de vous avoir choqué... wink

Ceci devient vraiment insignifiant. - Pas encore assez.

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Re : zouker (et créoles)

Est-ce que  zouk / zouker n'ont pas pris aujourd'hui le sens dérivé de  fête / faire la fête  ?

elle est pas belle, la vie ?

Re : zouker (et créoles)

Le langues vivent d'emprunts, et si le créole a pris son vocabulaire au français, le français emprunte des termes créoles.
Un zouk, c'est une fête, et zouké, c'est faire la fête : « Grand zouk de fin d'année... » ai-je vu affiché un jour dans le hall de l'UFM.
Le terme s'est acclimaté en Métropole sur les pas des exilés et c'est tant mieux pour tout le monde...

P.S. Ben oui... Comment nommer un citoyen français né dans une région qui s'installe dans une autre ? Il est convenu qu'immigré ne s'entendque des non-nationaux.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

6

Re : zouker (et créoles)

[

b]P'tit Prof[/b] :

Comment nommer un citoyen français né dans une région qui s'installe dans une autre?

Mais en revanche on sait comment nommer un métropolitain qui s'est installé (temporairement) dans une île lointaine: c'est un zoreille.

À propos du créole, je me suis toujours demandé si tous les créoles étaient intercompréhensibles: un Guadeloupéen comprend-il un Martiniquais ou un Haïtien? Un Guyanais et un Réunionnais peuvent-ils s'entendre en parlant leur variété respective de créole?

D'autre part, peut-être pouvez-vous expliquer pourquoi la Martinique a produit autant d'écrivains célèbres (Césaire, Chamoiseau, Glissant,...), et la Guadeloupe si peu.

Re : zouker (et créoles)

Zoreille est totalement inconnu en Guadeloupe !
On nous appelle métro, tout simplement.

Pourquoi omettre Zobel dans la liste des Martiniquais célèbre ? Vous pourriez lui rendre hommage, en ce jour de sa mort...
En fait, il ne suffit pas d'écrire, et d'écrire mieux que bien, pour avoir de la notoriété ! Encore faut-il trouver un éditeur... Apparemment, les éditeurs de la Métropole misent davantage sur la Martinique que sur la Guadeloupe.

Simone Schwarz-Bart eut un coup d'essai qui fut un coup de maître, mais elle ne produit plus.
Gisèle Pineau, et surtout Max Jeanne méritent d'être connus.
Enfin, il y a Maryse Condé, qui se vend très bien...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

8 Dernière modification par Aymeric (20-06-2006 01:56:29)

Re : zouker (et créoles)

Pour répondre à Torsade  de Pointe, les créoles des Petites Antilles sont très similaires, seules quelques tournures et la prononciation de certains mots changent. Même en Dominique, île anglophone, il est possible de se faire comprendre en parlant le créole martiniquais/guadeloupéen qui pourtant est à base française.

J'ai entendu du créole réunionnais par contre, et c'est très différent, mais beaucoup plus proche du français, donc le sens est assez facile à deviner dès qu'on s'habitue à la prononciation typique de la région...

9 Dernière modification par Aymeric (20-06-2006 02:02:38)

Re : zouker (et créoles)

P'tit prof a écrit:

P.S. Ben oui... Comment nommer un citoyen français né dans une région qui s'installe dans une autre ? Il est convenu qu'immigré ne s'entendque des non-nationaux.

C'est bien simple :
-les noirs s'installant en France deviennent des négropolitains-les békés deviennent des béké-france
-les zoreilles restent des oreilles:D puisqu'ils ne font que rentrer au pays...

zouk la, sé sel médikaman nou ni

Plus précisément pour la traduction : Le zouk, c'est le seul médicament que nous ayons...

Re : zouker (et créoles)

Aymeric, pas tout à fait d'accord :

un négropolitain, c'est un Antillais revenu au pays après un séjour en Métropole dont il singe désormais les us et coutumes.
Le noir ou le métis né sur le sol français est, lui, un negzagonal.
Le negzagonal et le négropolitain sont la cible de plaisanteries que l'on épargne au Métro pur sucre, qui, lui, a la circonstance atténuante de n'imiter personne...

Le terme béké est martiniquais.
La Guadeloupe ne connait que le blanc-pays et le blanc-France, lequel est plutôt un Métro.
Comme je le disais à Torsade de Pointe, Z'oreille est inconnu en Guadeloupe et en Martinique, cela vient de la Réunion.

En fait, je sais très bien comment se nomme celui qui habite à vingt kilomètres de son village natal : c'est un exilé.
Exilé, c'est ainsi que se définissait, lors d'une session de travail réunissant des profs de tout l'hexagone et régions circonvoisines, un jeune collègue natif de Nîmes et nommé à Rennes. Il s'en plaignait à moi, parisien des Antilles, et à une autre collègue, en poste au lycée français de Washington. Il n'a pas compris pourquoi le mot exil suscitait chez nous une douce hilarité...

Enfin, je ne vous comprends pas bien : traduire zouk par zouk et médikaman par médicament, c'est aussi peu traduire que rendre forum par forum et consul par consul. J'avais fait, moi, l'effort de chercher des équivalents, pour traduire au lieu de calquer.
Et vous ne corrigez pas ma grossière erreur : nou ni signifie que nous avons, et pas dont nous avons besoin : non ni, nous en avons, pa ni, il n'y en a pas.

Zouk la sé sel médikaman nou ni : la danse, c'est notre seul remède...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : zouker (et créoles)

Apparemment nous ne sommes pas d'accord à cause de la différence entre les deux îles.
En Martinique, "negzagonal" n'existe pas,  et je ne l'avais même jamais entendu de ma vie.  Le mot "négropolitain" est employé dans tous les cas.

 
Quant au terme de "zoreille", il est tout à fait connu et largement utilisé en Martinique...


Enfin, je ne vous comprends pas bien : traduire zouk par zouk et médikaman par médicament, c'est aussi peu traduire que rendre forum par forum et consul par consul. J'avais fait, moi, l'effort de chercher des équivalents, pour traduire au lieu de calquer.
Et vous ne corrigez pas ma grossière erreur : nou ni signifie que nous avons, et pas dont nous avons besoin : non ni, nous en avons, pa ni, il n'y en a pas.

Zouk la sé sel médikaman nou ni : la danse, c'est notre seul remède...

Votre traduction finale est bien meilleure que la mienne, mais pas la première... c'est bien de ne pas calquer à condition de ne pas s'éloigner du sens... or avoir et avoir besoin ne sont certainement pas synonymes, surtout lorsqu'on traduit une chanson antillaise, qui provient d'une culture très axée sur ce qu'on a, ce qu'on n'a pas, ce qu'ils nous ont pris, si vous voyez ce que je veux dire...

Re : zouker (et créoles)

Y a-t-il intercompréhension d'un île à l'autre ?
Nous donnons une bonne réponse à cette question...
J'ai été léger de dénier z'oreille à la Martinique, mais en Guadeloupe, il n'existe pas. Quand je me qualifiais ainsi, je sidérais l'auditoire...

En effet, ma première traduction était mauvaise, c'est bien pourquoi je l'ai corrigée. Mais ma bévue vous avait également échappé, donc, que la pelle ne se moque pas du fourgon.

Pour répondre à la question de Torsade de Pointe sur l'absence de notoriété des écrivains guadeloupéens, j'ai rien de moins qu'un prix Nobel de littérature : Saint-John-Perse.
Mais, curieux mécanisme mental, je n'ai pas pensé à lui quand j'ai fait ma petite liste.
Comment se fait-il que personne ne voie un Guadeloupéen en Saint-John-Perse ?
Je sais, je sais, son cas est discuté : l'est-il, ne l'est-il pas ?
Mais enfin, sa ville natale lui a offert un musée, des rues portent son nom.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : zouker (et créoles)

Ah,  je comprends maintenant ce que vous vouliez dire... vous aurez sûrement mal lu mon message d'origine :

Aymeric a écrit:
P'tit prof a écrit:

[zouk la, sé sel médikaman nou ni

Plus précisément pour la traduction : Le zouk, c'est le seul médicament que nous ayons...

Je ne vous cherchais donc vraiment pas des poux, je voulais simplement  donner une traduction plus exacte.


Il est évident que chaque île a ses termes propres, ce qui n'empêche pas d'y voir un seul et même créole... les autochtones, en parlant de la question, le rappellent souvent par le fameux dicton minm bitin, minm bagay ("même chose, même chose", bitin et bagay étant respectivement les mots guadeloupéen et martiniquais pour chose".
La meilleure preuve de cette intercompréhension, c'est justement la musique, puisque les chanteurs guadeloupéens et martiniquais ont autant de succès dans une île que dans l'autre, et je chantonne indifféremment les paroles de Tanya St Val et de Jocelyne Labylle comme celles de tout chanteur martiniquais.
Kassav' est un autre bon exemple, puisque la plupart de ses membres sont guadeloupéens, alors que les paroles sont la plupart du temps très neutres (c'est-à-dire qu'elles pourraient être autant martiniquaises que guadeloupéennes)...

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Re : zouker (et créoles)

salut!parlant de "zouker" - est-ce que quelqu'un sait que veut dire "Kolé Seré" (creol, titre du group kassav) en francais? peut-etre quelqu'un connait meme le chanson et de quoi il s'agit? c'est tres important pour faire ma présentation. merci!

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Re : zouker (et créoles)

Steffii a écrit:

salut!parlant de "zouker" - est-ce que quelqu'un sait que veut dire "Kolé Seré" (creol, titre du group kassav) en francais? peut-etre quelqu'un connait meme le chanson et de quoi il s'agit? c'est tres important pour faire ma présentation. merci!

Kolé serré = collé, serré ! Tout bonnement, je crois !  Quelqu'un confirme ou infirme ?

"On ne fait jamais d'erreur sans se tromper."  J. Prévert.

Re : zouker (et créoles)

Coller, serrer.
Cela désigne une façon de danser, plus précisément d'étreindre sa partenaire.

Je suppose que je n'ai pas besoin de vous faire un dessin...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : zouker (et créoles)

Merci beaucoup! Pourriez-vous me dire si tout le chanson s'agit de danser/relation homme-femme, ou est-ce qu'il parle des problemes etc?Je n'ai pas trouvé beaucoup de traductions créol-francais dans l'internet..

"Mwen pa té ké janmé konprann
Ki men té ké rivwé'w
on lo tan pasé
Yo sé di ou pamenm chanjé

Mwen pa té ka siposé
Man té ké ripalé ba'w
Man té menm oublié
Sa mwen te ka riproché'w
ou sel kou zié
fe mwen kraké
Man té kay lé resisté
Men lanmou a té douss
Lé nou pa té ka joué
Si nous té pran tan pou nou té palé
Kolé séré nou té ké ka dansé
Si nou té pran tan pou nou té kosé
Kolé séré nou té ké ka dansé
Si nou té pren tan pou nou ekspliké
Kolé séré nou té ké ka dansé
Mé si nous té pran tan pou nou té palé
Kolé séré Kolé séré
Ou la tou pré mwen ka souri
(Tcha tcha tcha tcha tcha)
E sa ka ba mwen envi
(Tcha tcha tcha tcha tcha)
Ritchimbé'w en bra mwen
(Tcha tcha tcha tcha tcha)
Pou nou pé rikoumansé
Si nous té pran tan pou nou té palé
Kolé séré nou té ké ka dansé
Si nou té pran tan pou nou té kosé
Kolé séré nou té ké ka dansé
Si nou té pren tan pou nou ekspliké
Kolé séré nou té ké ka dansé
Mé si nous té pran tan pou nou té palé
Kolé séré Kolé séré

Re : zouker (et créoles)

Il s'agit nettement de ce que l'on appelle une réconciliation sur l'oreiller !
A part que l'oreiller, ici, c'est une piste de danse...

Mais certaines nuances m'échappent.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : zouker (et créoles)

L'étymologie de "Zouk" est certainement plus complexe que la simple référence au français "souquer". "Zouk" est un mot créole et ses créateurs antillais étaient aussi africains, amérindiens (?), etc. Il faudrait chercher au-delà de l'illusion première, la part métissée du mot, la part des autres langues. Par exemple, trouver une explication pour ce "z" qui n'a rien de français. Voir à ce sujet l'excellent ouvrage :
"Langaz kreol, langaz maron" de Emmanuel Richon

http://www.potomitan.info/ki_nov/moris/langaz.php

Re : zouker (et créoles)

En tapant zouk étymologie sur Google, on obtient divers résultats, par exemple celui-ci :
http://www.zoukretro.com/04%20Version%2 … 0hist.html
dont il faudrait explorer la source. Mais mazurka n'eest pas la seule source possible. On peut éliminer l'ânerie du Wiktionnaire, qui évoque l'arabe dialectal marocain (!). Plus intéressante paraît l'origine congolaise, zoka "signifiant agitation du corps" : si ce mot et ce sens sont confirmés, cela rejoindrait la phrase de Black Enterprise en 1991 (Google Books) : "The zouk of Guadeloupe and Martinique resembles Trinidad's soca".
J'offre simplement ces éléments, sans vouloir me prononcer.

Re : zouker (et créoles)

Hélas ! la soca de Trinidad est, d'après des sources qui paraissent bien informées, une abréviation de soul calypso...

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