krokodilo a écrit:Marco, le "r" roulé est largement plus fréquent dans les langues du monde que le "r" français, peut-être même est-ce la seule langue à l'utiliser (question aux linguistes), mais votre affirmation est illogique : "plouc" serait plutôt utilisé par un certain parisianisme snob envers les ruraux !
Nulle logique requise dans l'affaire, c'est une impression que nous livre Marco, à prendre telle quelle (et intéressante!)
Le "r" du français standard a des cousins un peu partout dans le monde. Pour ne pas citer d'idiomes exotiques: allemand, néerlandais, danois, certains parlers suédois et norvégiens, hébreu standard, portugais (dans certaines syllabes, et de manière différente au Portugal et au Brésil), et peut-être aussi encore dans certaines variantes d'italien (Turin), sans parler des sons qu'on classe du nom barbare d' "uvulaires sonantes" dans maintes langues du Caucase et d'Asie Centrale. Et il se trouve qu'effectivement, dans les grandes langues d'Europe, cette prononciation s'associe aux classes privilégiées urbaines (cf. grasseyement de la classe noble dans la Russie du XIXe, à présent défaut de prononciation).
Mais il est très difficile de faire ce genre de regroupements: ces sons de langues différentes ne se ressemblent que partiellement. Et ils ont chacun une latitude de variation propre.
Le /r/ français postérieur français a beaucoup de variantes lui-même. L'adjectif "grasseyé" évoque par symbolisme sonore un bruit de frottement à cause de son initiale "gr" (alors qu'il renvoie simplement à "parler gras", expression qui désigne une articulation dans l'arrière gorge). Or ce bruit de frottement disparaît au profit d'une sorte de "geste" du pharynx caractéristique de l'accent des titis parisiens (l'accent d'Arletti); il devient bien souvent quasiment inaudible au point que si l'on s'écoute bien, on s'aperçoit que le mot fermé se prononce souvent "à la créole" , disons, quelque chose comme "fe'mé".
Inversement, chez certains locuteurs, il devient très insistant, proche du [R] hébreu: c'est l'accent de beaucoup d'hommes d'Eglise, par exemple.
Une petite promenade à Amsterdam ou Tel-Aviv vous apporte à chaque fois une foultitude de variantes de /r/, encore mal décrites dans les ouvrages les plus accessibles, cauchemar du "polyglotte-trotter".
Et les [r] battus sont aussi très nombreux (battements simples, doubles ou triples, plus ou moins énergiques, articulés du bout de la langue ou à l'arrière de la gorge...)