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Le forum d'ABC de la langue française

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forum abclf » Promotion linguistique » Mots supprimés des dictionnaires

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Messages [ 27 ]

1 Dernière modification par NSMax (24-06-2018 17:51:14)

Sujet : Mots supprimés des dictionnaires

Poursuivant ma réflexion sur l'appauvrissement volontaire de la langue française, j'ai découvert il y a longtemps que l'Académie Française pour sa neuvième édition avait choisi de supprimer arbitrairement et sans aucune logique quelques 200 mots.
J'ai découvert avec effroi qu'il en était de même pour les dictionnaires grand public et que non pas 200 mais des milliers de mots ont été supprimés du dictionnaire Larousse par exemple.
Sur une longue période, il y en a même plus qui ont été supprimés qu'introduits.
En quel honneur ?
Alors que les allemands (bon, cas particulier, car système de formation de mots très pratique, j'ai retrouvé dans un Larousse bilingue ''zwanzigeuroschein'', c'est vous dire...
À ce rythme là, ça fait une langue très riche. Notons que les français n'hésitent pas dans leurs propres éditions Larousse a enrichir les langues étrangères mais appauvrir la langue française... masochisme) et les anglais nous narguent avec leurs 150 000, 200 000, 400 000 mots, nous ne trouvons rien de mieux que de supprimer des mots courants et utiles.
J'ai par l'exemple sous les yeux la liste des centaines de mots supprimés du Larousse pour l'édition 2012.
En quel honneur faut-il supprimer aérogramme, affixal, affixé, anticonjoncturel, antinévralgique, antisyphilitique, aphatiquement, applicage, archimédien, arrosement, avant-soirée (quoi de mieux pour laisser le champ libre à ''access''...), bastiais, bathymètre, boudinage, bouffonnement, broutement, cafre, ceinturage, centration, congénitalement, consortial, cupidement, débineur, décrotteur, déléguant, délégataire, dévoltage, dévolteur, dialectalisme, dialectophone, diurnal, éborgnage, échaudement, embrayeur, encabanage, encabaner, enjaveler, essuyeur, étouffage, expertement, facticement, forestage, fragmentairement, frégater, globalisant, globalisateur, homarderie, homographique, hyperplan, impolarisable, incendié, inconséquemment, inconstatable, indélébilité, individualisé, indulgencier, inemploi, inexpié, inextensibilité, inforoute, interallemand, interprofession, intonatif, laceur, lésineur, limeur, lunetté, marcionisme, mouvementer, multilinéaire, multinationalisation, néogrammairien, niveleur, paillassonnage, paillassonner, papillonneur, physiocratique, rapprochage, râtelage, râteleur, réactance, réactance, resistor, scrabbler, semi-convergente, silotage, sous-diaconat, sous-diacre, sous-entrepreneur, suffixal, superchampion, suppuré, suprasegmental, surdéveloppé, suremploi, surpaye, surpaie, surpayer, sursalaire, survendre, survente, taylorisation, tayloriser, thermalité, thermopropulsé, thermopropulsif, truquiste, valorisable...
Est-ce que l'on se rend compte du véritable suicide linguistique et culturel que nous sommes en train de commettre ?

D'abord ils sont utilisés, mais même s'ils ne l'étaient pas, la pire manière de favoriser leur utilisation est de les supprimer !
Certains, je ne les connaissais pas, ou n'osais pas les ''inventer'', mais maintenant que je les connais, je suis prêt à les utiliser. Mais voilà qu'on les supprime.
L'autre argument est qu'ils ne se retrouvent pas dans la littérature. Évidemment, s'ils cherchent dans la ''littérature'' d'Angot et ses cris d'oiseaux retranscrits, il n'y aura pas grand chose...
Tout d'un coup d'ailleurs, l'argument passe du langage populaire à la langue littéraire.

Du côté des noms propres, je ne comprends pas pourquoi ArcelorMittal, Areva, Barclays, BASF, Bayer, BNP Paribas, Bouygues, BP, etc... ont disparu. Ça aussi, ce sont des petites entreprises peu connues ?

2 Dernière modification par aCOSwt (25-06-2018 10:07:12)

Re : Mots supprimés des dictionnaires

Pour ce qui est de l'Académie et de son dictionnaire, j'ai quand même l'impression qu'elle y va mollo.

"Il est vrai que certains mots, présents dans la huitième édition, ne figurent plus dans la neuvième mais ce cas reste très rare et la suppression d’un terme répond à des critères précis. Les termes dont la suppression est envisagée doivent être sortis de l’usage depuis longtemps et n’avoir guère d’attestation littéraire : c’est le cas de certains termes scientifiques ou techniques considérés aujourd’hui comme tout à fait obsolètes (par exemple le terme de botanique Monophylle, les termes de chimie Narcotine et Perchlorure ou le terme de métallurgie Pigne), ou encore de certains dérivés dont le sens est transparent (substantifs, adjectifs ou adverbes) comme Apercevante ou Babillement, Polypeux, ou Processionnellement. Il serait en effet inenvisageable de supprimer un mot susceptible d’être rencontré lors de la lecture d’un ouvrage de l’esprit car le Dictionnaire de l’Académie française se doit d’éclairer l’usage présent comme l’usage plus ancien de notre vocabulaire et de permettre ainsi, plus que tout autre dictionnaire, la lecture des œuvres constituant notre patrimoine littéraire. Ont aussi été supprimés certains noms propres qui figuraient encore dans la huitième édition car ils entraient dans certaines locutions ou expressions : ces termes ont pour la plupart disparu en raison de leur nature même de noms propres (Morphée, Nestor, Némésis ou Œdipe pour ne citer que ceux-là). Dans tous les cas, la suppression d’un terme est toujours envisagée avec une extrême prudence par la Compagnie."

Pour ce qui est des autres dictionnaires et en particulier les "commerciaux", je crois que ces histoires de suppressions / adjonctions n'ont qu'un seul et unique but : Faire du buzz et obtenir une page de pub gratuite dans tous les quotidiens.
Ici et maintenant... il s'en sera fallu de peu qu'ils récoltent un backlink de qualité...

Non sunt multiplicanda entia sine necessitate!

Re : Mots supprimés des dictionnaires

Backlink ? Sur ABC de la langue française ! Comment cela se dit-il en français ?

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : Mots supprimés des dictionnaires

Je viens juste d'en aller voir le sens. "Lien-retour" nous dit-on sur wikipédia ....

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

Re : Mots supprimés des dictionnaires

Lien retour, c'est merveilleux de limpidité !
Serait-ce tro demander à aCOSwt de nous gloser ce terme ?

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Mots supprimés des dictionnaires

Ça n'est nullement un argument à verser au sujet, mais ouvrez au hasard un dictionnaire anglais, vous constaterez que cette langue est quasiment une langue latine du point de vue lexical (et même grammatical avec le pluriel en -s).
Tout cela en majorité par l'intermédiaire du français importé à partir de 1066.

L'anglais peut bien nous rendre quelques mots...

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

Re : Mots supprimés des dictionnaires

Qui se fonde,  pour parler et écrire,  sur la dernière édition d'un dictionnaire d'usage ?  Probablement personne. L'importance de ces suppressions, comme de ces ajouts, me semble tres exagérée.

8 Dernière modification par vh (25-06-2018 14:46:51)

Re : Mots supprimés des dictionnaires

De nombreux mots suprimés sont des mots de disciplines spécialisees. Ils ont plus leur place dans des dictionnaires de disciplines spécialisées.

9 Dernière modification par P'tit prof (25-06-2018 20:02:20)

Re : Mots supprimés des dictionnaires

Avec tout ça, je n'ai toujours pas compris ce que peut être un backlink...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

10 Dernière modification par NSMax (26-06-2018 01:15:06)

Re : Mots supprimés des dictionnaires

Je réponds un peu aux réactions :
si on regarde sur orthogrenoble les listes de mots on verra qu'il n'y a aucune raison à la suppression de plein de mots, et qu'ils ne sont pas du tout techniques ou scientifiques mais du langage courant et qui permet de raccourcir les propos.
Peut-être un problème d'édition, ils ne veulent pas de dictionnaires trop gros.
Je me demande de plus en plus à quoi jouent l'Académie et les "autorités" linguistiques françaises, les personnes reconnues comme le Larousse le Robert, à part brider la langue.

On enlève des mots utiles, utilisés, simples et beaux pour les remplacer, quand je vois les entrées récentes, par des mots anglais (même pas ceux qu'ils nous ont pris), ou des mots désignant des épiphénomènes bobos...
Je comprends bien pourquoi on stagne à 60 000 mots à peine... Loin de moi l'idée de faire du chiffre, mais il faut faire bonne figure face aux langues étrangères, si j'ose dire. Et ne pas passer pour n'avoir même pas 1/10 de leur vocabulaire, ni passer pour la langue la plus pauvre du monde.

Normalement, si on n'avait pas fait de ségrégation sociale et de taillage de dico à outrance, on serait aujourd'hui à 100 000 mots, et je n'aurai pas ce qui m'arrive de plus en plus désormais, à savoir faire une phrase, avoir une idée, bloquer et trouver le mot en anglais d'abord dans ma tête (ce qui fait peur, je peux vous l'assurer)... le mot français n'existant tout simplement pas (plus), ou étant un néologisme que j'ai peur d'utiliser par pression sociale et linguistique. Par ailleurs, dès qu'on utilise un "nous sommes", "nous avons", tous les yeux se tournent vers vous comme si vous êtes un extraterrestre de nos jours...
De même, dès que je dis que mes parents ne m'ont jamais appris à dire "C'est nous qu'on a", mais "c'est nous qui avons", on se fout de moi et me regarde bizarrement.
La pression sociale est désormais une injonction au nivellement par le bas.


Plus on a de beaux discours creux sur la défense et la promotion de la langue, son amour, sa place comme ciment national, plus on a une langue pauvre, vide, dont on a vite fait le tour, c'est mon ressenti...
Il y a aussi, j'en parlerai ailleurs et à un autre moment, la volonté de certains de voir des anglicismes partout. Certes, il faut lutter contre les anglicismes, mais il faut rappeler que les anglais nous ont pris plein de mots et si on veut les reprendre, ils sont estampillés "anglais" par certains extrémistes désormais.
Sans rentrer dans la passionnante polémique du "bon matin" car elle permet d'évoquer plein de choses, j'ai une fois vu sur internet un type dire que "oui, finalement, "bonne journée" et "bonne soirée" sont des anglicismes". Il faut donc les bannir de ce pas, évidemment. Bientôt, "jour" et "soir" seront des anglicismes, et il ne nous restera pour se saluer que le beau, grand, long, diversifié, et décliné à l'envi "bon". Quelle joie.
On en arrive même à dire que le peu qu'il nous reste est anglais et qu'il faut donc encore une fois tailler dans les dicos... comment nommer cela à part "suicide collectif linguistique et culturel" ?
A part ça, les anglais ont un hymne français, deux devises françaises, un système politique influencé par les français, une langue à quasiment 50% française, et ça ne les gêne pas et ils en sont fiers... Nous, sommes "purs" français dans notre façon de parler, et on trouve encore à dire que c'est une langue bourrée d'anglicismes à supprimer, qu'on invente au pif d'ailleurs.
Si les anglais continuent à emprunter encore au français, ces mots seront immédiatement estampillés "anglais" par des faux défenseurs du français, et d'ici quelques décennies notre vocabulaire contiendra exactement 0 mots, car il sera alors impossible de les reprendre, étant de "méchants anglicismes".

11 Dernière modification par P'tit prof (26-06-2018 12:29:56)

Re : Mots supprimés des dictionnaires

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement
Et les mots pour le dire viennent aisément
écrivit ce bon Nicolas. Il serait donc fondé à penser que vous ne concevez pas bien.
Curieux préjugé de confondre la carte et le territoire, de croire que les dictionnaires sont prescriptifs quand ils ne sont que descriptifs, d'imaginer que les locuteurs y puisent leur vocabulaire.
Quant à ce qui fait la richesse d'une langue... figurez-vous qu'aux yeux du XVII ce qui faisait la richesse du français, c'était sa (relative) pauvreté lexicale, qui permettait de dire beaucoup avec peu de mots. Question de pont de vue...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : Mots supprimés des dictionnaires

P'tit prof a écrit:

Avec tout ça, je n'ai toujours pas compris ce que peut être un backlink...

Hah! Pourtant, vous en commettez vous-même parfois. wink

Non sunt multiplicanda entia sine necessitate!

Re : Mots supprimés des dictionnaires

An pa konpwann'...
Enfin, si, je comprends que vous vous payez ma tête, ce qui n'offense que vous, soit dit en passant. Je comprends aussi que vous êtes infoutu de gloser un terme dont vous usez.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

14 Dernière modification par NSMax (26-06-2018 21:32:50)

Re : Mots supprimés des dictionnaires

P'tit prof a écrit:

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement
Et les mots pour le dire viennent aisément
écrivit ce bon Nicolas. Il serait donc fondé à penser que vous ne concevez pas bien.
Curieux préjugé de confondre la carte et le territoire, de croire que les dictionnaires sont prescriptifs quand ils ne sont que descriptifs, d'imaginer que les locuteurs y puisent leur vocabulaire.
Quant à ce qui fait la richesse d'une langue... figurez-vous qu'aux yeux du XVII ce qui faisait la richesse du français, c'était sa (relative) pauvreté lexicale, qui permettait de dire beaucoup avec peu de mots. Question de pont de vue...

Je conçois normalement les choses. C'est justement que souvent un mot anglais me vient à la tête quand il est bref, simple, et clair. De même, un néologisme français simple me vient à la tête, mais ce mot n'existant pas, c'est une longue périphrase de 10 bornes qui sort de ma bouche, car on ne peut pas faire autrement.

Concernant le côté prescriptif/descriptif :
Rappelons quand même que l'une des prérogatives de l'Académie Française est de codifier le bon usage. On ne va pas me reprocher de souligner ce pour quoi l'Académie est faite ! S'ils mettent à jour une rubrique Dire/Ne pas dire, c'est bien car ils espèrent qu'elle aura un minimum d'influence, tout de même !
Ensuite, je vous suis, les dictionnaires devraient normalement être descriptifs, mais où sont alors les régionalismes et francophonismes (tiens, mot absent du dictionnaire et pourtant naturel, simple, clair et précis. Donc je reviens à ce que je disais plus haut. En français académique et du XVIIème, je devrais dire ''mots et expressions francophones'' ou pire, ''mots et expressions utilisés dans les territoires francophones''. Là, pour le coup, Boileau, la simplicité, la clarté et la limpidité prennent un sacré coup...) dans les dictionnaires ? Un jacobinisme centralisateur parisien fait qu'ils sont encore trop peu nombreux !

Concernant le fait que les locuteurs suivent ou pas les dictionnaires :
Vous sous-estimez la propension des français à se soumettre.
En langue comme en politique, avec ces féroces militants anti-Macron, que j'ai entendu dire après son élection : ''ah, maintenant il est élu, quand même hein, bon, donc il est différent, il représente l'Etat, la France, il a une autorité, une aura, on ne peut pas trop le critiquer quand même hein.''
Comme s'il avait changé et était devenu un saint.
Tout comme l'affaire de la piscine à Bregançon, j'ai entendu du ''ah ouais, c'est cher, c'est pas très utile dans cette période, c'est nous qui paierons, mais bon, c'est quand même le président, s'il veut ça, pourquoi pas, ce n'est pas si grave''.
Et on peut multiplier les exemples à l'envi. J'ai entendu les mêmes remarques sur le voyage de Valls en Allemagne pour un match ou les officiels qui ne respectent pas les feux et limitations.
Ce ''ah quand même hein'' avec une touche de pitié et d'acceptation d'une fausse nécessité est récurrent.
Donc je peux vous assurer qu'on entendra du ''ah, quand même, c'est l'Académie qui l'a dit, donc dans le doute, suivons les, ce sont des gens intelligents, respectables et qui savent ce qu'ils font.'' dans une bonne partie de la population.

Par ailleurs, vous confirmez bien que la pauvreté du français n'est qu'idéologique. C'est volontaire. On peut peut-être sortir de cette période classique et sortir cela de nos esprits, car cela a fait autant de bien que de mal qu'au français.
Quand on voit que le premier dictionnaire de l'Académie contenait volontairement 17 500 mots de mémoire, qu'on a voulu créer un petit cocon linguistique de nobles et de bourgeois, se couper du peuple et des provinces, c'est effrayant et totalement contre-productif ! C'est l'expression que l'on bride ici. Je n'accepterais pas, si on me le demandais, d'amputer une langue de 80% de son vocabulaire pour faire plaisir à 3 écrivains qui feront l'exploit de produire 3 bonnes oeuvres avec une langue très pauvre.

(Il faut arrêter de se voiler la face, car j'entends souvent, sur les commentaires du Figaro ou dans des articles de presse, des gens vanter le français classique, qui signifiait l'apogée de la culture française, le prendre comme exemple pour le développement du français d'aujourd'hui, et qui disent dans le même temps ''le français étant bien plus riche que l'anglais'', ''le français est la langue la plus riche et précise du monde''. Soit ces gens sont totalement incompétents, soit totalement malhonnêtes et veulent laisser la population baigner dans des illusions !)


Je ne sais pas si ça a un lien, mais le français au Québec vivote, notamment à Montréal. En anglais, il n'y a aucune institution, rien, et la langue se développe à vitesse grand V, mais le français décline alors qu'il est aidé à coup de lois, de décrets, de règlements... j'ai l'impression qu'il y a comme un rejet.
C'est sûr que la marée anglophone de 300 millions autour et le désintérêt total de la France y sont pour quelque chose, mais tout de même...
Comme si le français avait du mal à s'imposer, s'imprimer, imprégner sa marque, comme s'il était muet, transparent; comme ses lettres muettes, lui aussi finira-t-il par devenir muet ?

On peut même envisager cela : pour certaines personnes, chaque langue à sa ''marque'', les terminaisons chantantes en -o, -a, -i en espagnol et italien par exemple, celles en -en pour l'allemand, mais le français se définit parfois par le vide, le négatif, les lettres non prononcées en terminaison. Simple réflexion qui est une petite idée, une piste.
Cette langue deviendra-t-elle totalement muette jusqu'à sa disparition ?

Que voulez-vous dire sur la carte et le territoire ?

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Re : Mots supprimés des dictionnaires

"Et les mots pour le dire arrivent aisément"
Avec "viennent", le vers serait hypométrique, vu qu'on ne peut faire la diérèse sur ce mot.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

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Re : Mots supprimés des dictionnaires

Excusez-moi, pouvez-vous expliquer ce que veut dire hypométrique, car, on est en plein dans notre sujet, ce mot est absent de mon dictionnaire papier et du Larousse en ligne. ^^
Je suis dans l'incapacité totale de savoir ce que c'est.
A part par l'étymologie, mais c'est flou.
Le Larousse en ligne a au moins mis une définition pour conjugateur, mot utilisé pour un logiciel sur leur site, mais absent du Larousse papier.
Voilà un magnifique exemple de ce dont je parle.

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Re : Mots supprimés des dictionnaires

Sans dictionnaire :
- mètre, synonyme de pied, unité de base du vers en poésie.
- hypo, en dessous, inférieur.
vers qui n'a pas le nombre suffisant de pieds. Dans l'exemple donné, « viennent aisément » n'a que cinq pieds quand il en faudrait cinq, exigence qui est satisfaite avec « arrivent ».

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

18 Dernière modification par NSMax (27-06-2018 02:19:00)

Re : Mots supprimés des dictionnaires

C'était à peu près ce que je m'étais dit, merci de la précision.
Mais voilà un exemple type :
Nous avons un mot, utilisé, utile, et qui n'est pas dans le dictionnaire.
Pas besoin de tortiller et de sortir de grandes théories comme nous français, éternels lièvres, adorons malheureusement en faire.
Il n'est pas dans le dico ? Faisons-le rentrer.
Punkt schluss, comme dirait un certain peuple efficace et pragmatique.
C'est quand même fou qu'on se demande si on doit mettre un mot de ce genre dans le dictionnaire alors que ce dernier est justement fait pour ça !

Une remarque plus large : dire que le dictionnaire n'est là que pour rendre compte de l'usage général est à moitié faux, car justement, souvent quand on ouvre un dico c'est pour y obtenir la définition d'un mot qu'on a lu, entendu, mais qui est peu courant. C'est justement pour enrichir son vocabulaire, pour connaître un mot que l'on ne connaît pas encore. Donc si on reste strictement dans l'usage général pur, un dictionnaire ne servirait à rien, puisque l'on connait le sens de tous les mots de base que l'on utilise... d'où la place plus que justifiée des mots rares et alambiqués dans le dictionnaire.
(Autre exemple type : le mot binette dans la zone où l'on tape nos messages sur ce forum : je ne l'ai jamais vu, entendu, lu, dit, donc je cherche dans mon dico, et le sens correspondent n'y est évidement pas. Ni sur le Larousse en ligne (alors qu'il n'y ici, pas de problème d'édition cf plus bas). Je ne pense pas que cela signifie outil pour biner la terre, cela va de soi, mais voyant que Google me donne le sens ''visage'', je pense que vous voulez parler des émoticônes.
Conclusion : les dictionnaires ne remplissent plus leur rôle, car si je les ouvre, ce n'est pas pour connaître les sens de papa, maman, bonjour et voiture.)

Du reste, les Larousse et Robert ne tiennent pas totalement compte de l'usage, même s'ils disent le faire, car le résultat dans leurs éditions est totalement à côté de la plaque du français parlé tous les jours.
Je n'utilise (personne d'autre d'ailleurs) jamais les termes DVDthèque, gangsta rap ou youyouter, nouvelles entrées du Larousse 2018.
Par contre je viens de passer 2 ans dans une région où j'ai entendu quotidiennement du matin au soir ''ça pègue, degun, ça me bande'', et ce n'est pas dans le dictionnaire. Sauf péguer dans le Robert peut-être, plus porté sur les régionalismes.

Quasiment la totalité des ajouts de 2018 ne mérite pas sa place, en comparaison avec les sorties que j'ai citées plus haut.

https://orthogrenoble.net/mots-nouveaux … usse-2018/
Mais quand on regarde de plus près cette page, on se rend compte en réalité que la pauvreté des dictionnaires français est dûe (en partie) à une vulgaire question comptable, d'apothicaire, d'épicier, et à des techniques de mise en page dignes de 1850 (jusqu'à peu, malgré tous les outils informatiques de mise en page, on ne pouvait pas faire ''sauter'' le texte sur la page suivante lorsqu'on ajoutait des mots, il fallait alors supprimer du texte ailleurs ! Le problème n'est qu'à moitié réglé d'ailleurs. Quel amateurisme ! Je ne m'attendais pas à voir ça.). Et aussi à la volonté d'en faire le moins possible, de garder quasiment le même dictionnaire que l'année dernière, des fois qu'il faudrait travailler deux mois dans l'année pour produire un ouvrage dont 90% du contenu est le même que dans l'édition précédente. Tout cela au détriment de la richesse et de la beauté de la langue.

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Re : Mots supprimés des dictionnaires

Mais non  P'tit Prof, aCOSwt vous fait simplement une démonstration pratique : si vous cliquez sur son lien, vous faites un "backlink" !

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

Re : Mots supprimés des dictionnaires

Alco a écrit:

Sans dictionnaire :
- mètre, synonyme de pied, unité de base du vers en poésie.
- hypo, en dessous, inférieur.
vers qui n'a pas le nombre suffisant de pieds. Dans l'exemple donné, « viennent aisément » n'a que cinq pieds quand il en faudrait cinq, exigence qui est satisfaite avec « arrivent ».

"Pieds" ? Certains frémiront en vous lisant car ils exigent qu'on parle de syllabes. En tout état de cause, on ne rencontre les vers hypométriques et les vers hypermétriques que dans les ouvrages savants, et pas en grand nombre. Les humbles usagers de la langue se contentent de vers trop courts ou de vers trop longs, ce qui est suffisamment clair et concis.

21 Dernière modification par Lévine (27-06-2018 10:21:41)

Re : Mots supprimés des dictionnaires

Je n'ai pas le temps de répondre longuement, vu que je suis dans les corrections.

- J'eusse dû simplement parler de "vers faux", c'est vrai. Les termes hypo- et hypermétrique peuvent paraître pédants. Ils sont commodes et assez courants dans certaines éditions critiques des textes anciens, le copiste ayant quelquefois altéré la métrique en modifiant des passages qu'il comprenait mal. Mais ces termes ne figurent peut-être même pas dans le tlf et ils peuvent nuire à la compréhension des "honnêtes gens". 

- Pour ce qui est des pieds, je vais utiliser une analogie : la syllabe est à la note(de musique) ce que le pied est à la mesure. Le terme s'emploie surtout à propos de la poésie antique, mais je pense qu'il est aussi approprié à la métrique française, elle aussi basée sur des cellules rythmiques limitées par des coupes (= des barres de mesures).

- Et bien sûr, on ne confondra pas non plus coupe et césure... big_smile

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

Re : Mots supprimés des dictionnaires

Lévine a écrit:

"Et les mots pour le dire arrivent aisément"
Avec "viennent", le vers serait hypométrique, vu qu'on ne peut faire la diérèse sur ce mot.

Ma mémoire m'a trahi, mais votre justification est boiteuse :
Et les mots pour le dir arrivent aisément" : ci, 12.
Et les mots pour le dire viennent aisément"  : ci, 12 encore.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Mots supprimés des dictionnaires

NSMax a écrit:

Certains, je ne les connaissais pas, ou n'osais pas les ''inventer'', mais maintenant que je les connais, je suis prêt à les utiliser. Mais voilà qu'on les supprime.

J'arrive certainement comme les carabiniers mais je ferais bien un sketch à la Devos à partir de cette phrase.

24 Dernière modification par Lévine (27-06-2018 14:11:58)

Re : Mots supprimés des dictionnaires

En effet, et personne ne me l'a fait remarquer.

Mais on tombe alors sur un autre défaut : la césure est devant un e "caduc" non élidé, ce qui désarticule le second hémistiche, on le voit bien à la lecture :

Et les mots pour le di // re viennent aisément.

Jamais Boileau n'eût écrit cela, surtout dans son Art Poétique.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

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Re : Mots supprimés des dictionnaires

Lévine a écrit:

En effet, et personne ne me l'a fait remarquer.

Rien à redire à votre intervention. C'est plutôt l'erreur de P'tit prof qui est passée inapercue.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

26 Dernière modification par Lévine (27-06-2018 14:25:40)

Re : Mots supprimés des dictionnaires

Mais si, il faut être juste, et je reconnais toujours mes erreurs. P'tit prof a parfaitement raison, la notion d'hypométrie est sans objet ici. Je n'ai considéré - trop rapidement - que les mots viennent et arrivent de façon isolée, sans m'apercevoir que viennent empêchait l'élision de dir(e).
Mais ce n'est pas parce qu'un alexandrin a douze syllabes qu'il est admissible, du moins chez les classiques.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

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Re : Mots supprimés des dictionnaires

NSMax a écrit:

Il n'est pas dans le dico ? Faisons-le rentrer.

Au début des années 90 du siècle passé — nous n’en étions qu’à l’époque du minitel —, Jean Tillie, relecteur-correcteur, avait proposé la réalisation d’un dictionnaire numérique participatif que ses confrères auraient enrichi au jour le jour de tous les néologismes français ou étrangers qu’ils auraient découverts dans les textes soumis à leur vigilante attention.
Les contributions auraient été publiées telles quelles, cependant qu’un aréopage aurait rapidement donné son avis, apporté une caution, émis des contre-propositions…

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

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