Sujet : d'où vient le mot "képi"
En cherchant des doublets, l'histoire du képi m'a intrigué : le mot aurait été « inventé » par le général Lasalle, mort en 1809. Mais il y a polémique :
Le « képi » du général Lasalle
On se propose, en ce moment, d'élever à Lunéville une statue au général Lasalle [1775-1809], dont les cendres ont été solennellement ramenées en France il y a quelque temps. À ce propos, la revue la Vie contemporaine publie le curieux inventaire des effets du général, inventaire dressé au lendemain de sa mort.
Il contient cette mention qui mérite qu'on s'y arrête : « Un képi à galons d' officier général bordé d' astrakan ».
Quand parurent les Mémoires de Marbot [1891], plusieurs personnes en discutèrent l'authenticité, s'appuyant sur ce fait qu'à un certain moment l' auteur parlait de son képi, mot, selon eux, aussi inconnu alors que le genre de coiffure qu'il désignait et qui n'aurait été inventé qu'au moment des guerres d' Algérie. Or, on voit que, dans le document authentique que nous analysons , le képi est connu et cela suffit pour que nous rendions un témoignage en faveur de l' authenticité des Mémoires de Marbot.
Dans une vente à la criée, qui eut lieu à Vienne quelque temps après la mort du général Lasalle, ce képi a été adjugé au général Leclerc pour 36 livres.
Les mémoires de Marbot (1782-1854) ont été publiées en 1891.
Je couvris ma tête d'un képi, les grenadiers prirent leurs bonnets de police, car toute autre coiffure eût été très embarrassante.
Je ne sais pourquoi le TLFi en attribue l'invention à Lasalle. Il est mort durant la campagne de 1809 au cours de laquelle Marbot aurait coiffé ce fameux képi.
Cependant
C’est finalement la conquête de l’Algérie qui sonnera le glas du shako. Du fait de la chaleur régnant dans ce pays le port du shako est totalement inadapté pour les soldats dans le Bled. Après de nombreux essais naît en 1833 la Casquette d’Afrique. Il s’agit d’une coiffure tronconique en drap d’uniforme ornementée de petits galons, avec une visière protégeant bien du soleil. Cette coiffure allégée évoluera et donnera officiellement naissance en 1843 au « Bonnet de police à visière », une version raccourcie et allégée de la casquette d’Afrique. Le bonnet de police à visière reçoit un nom tiré de l’AllemandKäppi (diminutif de Kappe - bonnet) nom donné par les légionnaires suisses ou allemands de la deuxième légion étrangère à leur Casquette d’Afrique ; mais on pourrait y voir également l’influence du Phécy… Le képi devient très vite populaire et son usage en métropole se répand avec le retour des vétérans d’Afrique. Fort de son succès et de ses avantages le bonnet de police à visière est adopté pour l’ensemble de l’Armée (sauf la Marine) en complément du shako qui n’est plus conservé que comme coiffure de cérémonie (le dernier shako, modèle 1872, n’étant remplacé définitivement pour les cérémonies par un « képi rigide de première tenue » qu’à partir de 1886 - en théorie…).
Alors, avant 1809 ? Une des premières mentions que je trouve sur GL date du 7 décembre 1841, avant donc 1843, il désignait donc un couvre-chef différent :
Ceinture rouge, en soie pour les officiers, en laine pour les sous-officiers et caporaux; képi vert-dragon.
On remonte aussi à octobre 1829-avril 1830 :
Le képi, dit à la Moncey, nous semble, dans tous les cas, plus commode et plus avantageux à l'homme de guerre, par la facilité d'y adapter une visière qui préserve sa vue des feux du soleil et lui conserve ainsi l'usage d'un sens- si précieux.
Moncey (1754-1842), maréchal d'Empire, fit sa dernière campagne en Espagne en 1823.
Finalement, le képi de Marbot n'est pas si étonnant. À suivre..