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forum abclf » Réflexions linguistiques » étymologie de travail

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Messages [ 15 ]

Sujet : étymologie de travail

On trouve partout écrit que l'étymologie de travail viendrait de *tripalium.
Pourtant, nul référence dans les archives n'est jamais présentée en soutien de cette affirmation.

Question : quelqu'un aurait-il des références à ce sujet (vers des archives) ?

Je trouve qu'il existe un autre terme qui pourrait être à l'origine du terme, car il est très relié à la notion par le travail agricole.

C'est le terme "tribulum", ou planche à dépiqueter, une herse à passer sur le blé, pour en extraire le grain.

Le verbe relié à cette notion est "tribulare", qui signifie
1° passer la herse (le tribulum)
2° (au figuré) oppresser, tourmenter.

Ce verbe a donné, entre autres termes :
- en italien : trebbiare
- en espagnol : trillar
- en français : trimbaler, tribulation.

Ne serait-il pas logique que le verbe "travailler" vienne d'un travail agricole, comme celui d'extraire le grain des céréales ?
Qu'est-ce qui donne tant d'assurance à ceux qui proclament que ce terme vient du nom d'un instrument de torture ?
Ne serait-ce pas un délire du XVIIIe siècle qui fut depuis lors répété en boucle sans aucune vérification ni réflexion ?

2 Dernière modification par yd (13-05-2015 00:29:06)

Re : étymologie de travail

Littré avait envisagé le latin trabs, parallèlement au tripalium (je dis de mémoire, je n'ai pas relu) :
Etymologie de «Travail» et «le français ne vient pas du latin» Cortez

Non pas trabeis mais tabs, trabis

Fille légère ne peut bêcher.

Re : étymologie de travail

J'imagine mal les paysans travailler en "une toge ornée de pourpre que porte les rois" (trabea).

dans le godefroy, on a :

une tribaylle : tribulation, peine.

tribler, triebler, trebler, triubleir, trubler, trivler, trieler, trieleir, trieuler, treiller :
1° broyer, piler
2° tourmenter.

tribol, triboul, tribul, tribuil, triboil, tribouil, tribuel, tribuiel : tribulation, peine, tourment, trouble, effroi, agitation.

triboler, triboller, triboleir, tribouler, tribouiler, tribouiller, tribuler, tribuleir, tribuller, tribullier, tirbouller, treboleir, treboller, treboillier, treboullier : tourmenter, vexer, affliger; ravager; troubler; remuer, mêler en agitant; sonner les cloches; s'agiter; se jeter sur; (passif) être tourmenté; (reflexif) : se tourmenter.

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Re : étymologie de travail

florentissime a écrit:

Ne serait-il pas logique que le verbe "travailler" vienne d'un travail agricole, comme celui d'extraire le grain des céréales ?

Pas plus logique que tra←(vail) dérivant de tri←(palium/bulum).

5 Dernière modification par Roméo31 (12-05-2015 21:38:05)

Re : étymologie de travail

yd a écrit:

Littré avait envisagé le latin trabeis, parallèlement au tripalium (je dis de mémoire, je n'ai pas relu) :
Etymologie de «Travail» et «le français ne vient pas du latin» Cortez



Une normalienne, qui plus est, future énarque a indiqué l'origine du mot "travail". Pourquoi ne pas la croire ?! smile

https://www.youtube.com/watch?v=SGYNyh3NM1M (à écouter au début, vers la 30e s.)

Re : étymologie de travail

greg a écrit:
florentissime a écrit:

Ne serait-il pas logique que le verbe "travailler" vienne d'un travail agricole, comme celui d'extraire le grain des céréales ?

Pas plus logique que tra←(vail) dérivant de tri←(palium/bulum).

Cette étymologie du mot travail, venant de tripalium, cela sent très fort le bon bourgeois bien faignant du XVIIIe siècle, que, honte à elles, nos pseudo-élites répètent sans réfléchir depuis, comme des perroquets.

C'est aussi pourquoi j'ai demandé une référence sur la première personne qui a supputé cette étymologie.
En avez-vous une ?

7 Dernière modification par greg (12-05-2015 22:01:14)

Re : étymologie de travail

Non, je n'en ai aucune : tripalium est une tarte à la crème, un vieux marronnier de l'étymologie.
Si tu lis le lien fourni par yd, tu verras que je ne fais pas partie des tripaliomanes.

Re : étymologie de travail

Cette étymologie du mot travail, venant de tripalium, cela sent très fort le bon bourgeois bien faignant du XVIIIe siècle,

Mais le travail n'est pas le labeur ! Le labeur, le labour d'origine agricole. Le travail, c'est la souffrance. Les femmes accouchent dans des salles de travail et nous disons encore ça me travaille parlant d'une douleur chronique ou d'un souci lancinant.
Consultez le Tlfi pour plus de détails.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

9 Dernière modification par yd (13-05-2015 01:27:42)

Re : étymologie de travail

Littré, travail :

Wallon, trava, travail de maréchal ; provenç. trabalh, trebalh, trebail, fatigue ; esp. trabajo, fatigue ; portug. trabalho, fatigue ; ital. travaglio, travail de maréchal et fatigue. Il est impossible de séparer travail des maréchaux et travail, peine, fatigue, pour la forme, ni même pour le sens ; car, de travail qui assujettit les animaux, on passe sans peine à travail, gêne, sens primordial (travail de labors, Job. 454). Travail se tire du prov. travar, entraver, du lat. trabs, poutre. Dans l'ancien français li travaus est au nominatif singulier, le travail, au régime.

C'est une blague, la vidéo ? du genre de celle du tripalium ?

Et pardon d'avoir prêté le tripalium à Émile, il n'y fut pour rien, et même lui n'a rien pu faire.
Les Anglais seraient donc allés chercher leur voyage dans un instrument de torture... par analogie entre la valise à roulettes et la roulette du dentiste, j'imagine.

Fille légère ne peut bêcher.

10 Dernière modification par florentissime (13-05-2015 09:58:42)

Re : étymologie de travail

On a aussi : vacillo : vaciller, branler, chanceler;
On peut donc imaginer :
transvacillo, travacillo : vaciller par-delà (on imagine bien le bruit que fait le métal tapé par le forgeron qui cesse quand le métal devient plastique) (travail du forgeron)

On a encore :
transvarico -> *travarico -> écarter les jambes. (travail de l'accouchement)

On a encore : valesco : devenir fort, vigoureux,
d'où, on peut imaginer : transvalesco, travalesco : aller au-delà de ses forces, se fatiguer.

Il est possible que plusieurs termes se rencontrent, ce qui orienterait vers l'existence d'un préfixe commun, en l'occurrence trans / tra.

11 Dernière modification par Sandra1 (18-02-2020 08:36:19)

Re : étymologie de travail

Bonjour à tous,
Je me présente un peu quand-même, je suis Sandra et je suis nouvelle sur le forum depuis quelques temps déjà.
J'étais en train de voir un peu dans le forum et je suis tombée sur ce post qui m'a intriguée... j'étais surtout en fait fascinée par les plusieurs termes employés... merci pour le partage

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Re : étymologie de travail

Bienvenue Sandra.

N'hésite pas à poser d'autres questions, les ABCiens ayant réponse à tout ! lol

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

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Re : étymologie de travail

chrisor délire plus que jamais avec ses fantaisies graphiques. Il ne faudrait pas "contaminer" toutes les discussions avec les mêmes rengaines (je ne parle pas pour vous, Alco).

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

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Re : étymologie de travail

Les messages reprenant ici les discussions du sujet « L'erreur de Saussure ! » ont été redirigés vers le bac à sable idoine, i.e. ledit sujet.

Piotr

elle est pas belle, la vie ?

15 Dernière modification par Lévine (21-03-2020 21:02:02)

Re : étymologie de travail

Très bien, merci.

Revenons au sujet. Voici comment on peut établir l'étymologie de travail :

IIe s.  trĭpāliu(m) > *trĭpāl̮u  Le l se combine avec le i  (un yod en fait) pour donner un l « mouillé ».

IIIe s. *trĭpāl̮u  > *trẹpal̮ọ
Le grand bouleversement vocalique fait disparaître les quantités latines au profit des timbres et fusionne :
a) les ĭ et ē latin en un son unique ẹ,
b) les ŭ et ō en un son unique ọ.
Les deux transformations sont illustrées ici.
Note : la forme trepalium est attestée en 576 ; à cette date, la graphie semble retarder notablement sur l’évolution (v ci-dessous), mais ne pas oublier que le scribe écrit en latin.

IVe s. *trẹpal̮ọ  > *trapal̮ọ
Une assimilation avec le a de la voyelle accentuée fait passer le ẹ ou le ĕ libre ou entravé à a (cf balance < *bĭlancea ; aronde < hĭrunda (class. hirundinem) ; dauphin < dĕlphinu(m).

Ve s. *trapal̮ọ  > *traβal̮ọ > *traval̮ọ
Le p intervocalique se sonorise, puis se spirantise en changeant son point d’articulation (car β est instable en français).

VIe s. *traval̮ọ  > *traval̮e̥
La voyelle finale se « décolore » en s’affaiblissant.

VIIe s. *traval̮e̥ > *travail̮
Elle finit par s’amuïr (seul le a final a survécu dans le e dit « muet »).

XVIe-XVIIe s.*travail̮ > travail [travaj]
Le l mouillé passe au son yod. On sait que certains individus, par affectation, resteront longtemps attachés au son l̮ dans des mots comme bouteille, bataille, fille, etc… du fait que les grammairiens jugeaient le yod « vicieux » et « propre à la petite bourgeoisie parisienne »  (Hindret en 1687).

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

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