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forum abclf » Promotion linguistique » Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

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Messages [ 24 ]

1 Dernière modification par vh (14-12-2014 15:40:06)

Sujet : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

Au  cours des années 60, j'ai  observé les transformations suivantes dans le langage familial (en région parisienne) :

- mailot de corps (à manches courtes) -> T-shirt, tee-shirt.  La 1ère fois, vers 1967, j'avais cru entendre " p'tit  short ". (1950 selon atilf).  Il était porté d'abord uniquement sous la chemise ou au sport.

- culotte blanche → slip (1913 selon atilf)

- chaussettes courtes → socquettes,  à l'origine un nom commercial (1930) , < angl.  sock + -ette

- culotte courte → short (1910 selon atilf) < angl. shorts (plur.) < angl. short pants (1826)

- tricot  → pull over.   Cette  transition est  sans doute plus ancienne, ma grand-mère disait tricot.

2 Dernière modification par vh (09-01-2015 04:47:49)

Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

Le mot  slip est  un mot-piège.

angl. briefs : slip, pluriel de brief (bref, court, cf. shorts)
angl. bathing slips :  slip de bain, maillot de bain, peut-être à l'origine du  slip  français (ATILF)
angl. slip : designe divers sous-vêtements feminins qui  s'enfilent (jupon, combinaison)

Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

vh a écrit:

- mailot de corps (à manches courtes) -> T-shirt, tee-shirt.

Chez moi on disait encore au début des années 70, maillot de peau. Je ne me rappelle plus quand est apparu T-shirt (généralisé à la fin de cette décennie-là).

Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

Maillot de peau et tricot de peau. On doit pouvoir en faire une cartographie qui comprend au moins le centre-ouest de la France. À Paris, je n'ai connu que le maillot de corps.

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Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

Idem pour moi, à 20 km de Paris, c'était le maillot de corps. J'ai l'impression que le parler de la région parisienne était plus homogène que maintenant. En 2000-2001 travaillant dans un collège de banlieue, j'ai été surpris d'entendre beaucoup d'enfants parler de « carnés », pour le carnet, qu'on prononçait généralement « carnè » dans les années cinquante-soixante.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

Alco a écrit:

J'ai l'impression que le parler de la région parisienne était plus homogène que maintenant.

J'ai la même impression, mais il est possible que cela ne reflète que la relative homogénéité du cercle restreint dans lequel nous évoluions dans notre jeunesse. Je suppose que des études ont été faites pour confirmer ou infirmer cette impression personnelle. Paris recevait déjà des populations très diverses dans ma jeunesse, qu'elles fussent provinciales ou étrangères, et les conditions étaient déjà réunies pour créer des diversités de prononciation. Peut-être que la proportion de Parisiens "natifs" était cependant plus élevée qu'aujourd'hui ?

7 Dernière modification par yd (09-01-2015 16:02:23)

Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

Jusque dans les années 60, il y avait un accent parisien très prononcé, très connu et très raillé en province - j'étais à Bordeaux, de parents parisiens -, moqué par mon professeur de français, latin, histoire en 4e du fait qu'il était tourangeau. Il y avait donc bel et bien une prononciation parisienne, qui s'est en effet effacée au moins en grande partie depuis. L'accent dit des banlieues, actuellement, n'a pratiquement plus rien à voir, et ne concerne pas toute la population.

Ce qui complique encore les choses, c'est d'une part qu'il y avait un autre accent à Paris et dans la région, très différent de l'accent dit parigot, consistant plutôt en une façon de parler ou en un style d'élocution qu'en une coloration, et d'autre part que les uns considéraient la prononciation parisienne comme une référence, alors que les autres disaient que c'était la prononciation en Touraine, omettant de parler de l'accent rural de Touraine, lui-même très coloré. Le pastel, c'était pour les châteaux, où l'on parlait ce qu'à Paris, ses hôtels, ses salons, et jusque dans ses commissariats, on appelle la langue des châteaux.

Fille légère ne peut bêcher.

8 Dernière modification par vh (11-01-2015 14:49:01)

Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

Ayant grandi dans la région parisienne, je dirais qu'il y avait, pour simplifier, 3 accents durant les années 60 :

1) l'accent veule (*), souvent associé à l'argot, est en gros l'accent pittoresque d'Arletti  dans Hotel du Nord (atmosphaère, atmosphaère...), c'est l'accent des classes populaires, sans doute cultivé par certains syndicalistes ou chanteurs populaires;
2) l'accent relativement neutre des classes plus aisées : la majorité de la population.
3)  l'accent affecté de la haute société ou de ceux qui s'en croient.

Ces accents étaient soit familiaux, soit acquis comme signe d'appartenance sociale.

Points communs :
- identité phonétique de in et un
- distinction du o ouvert et du o fermé
- nombreuses contractions  (un p'tit café) mais  plus fréquentes avec (1)  (su'l boul'vard)
...

Les parents de mes copains étaient Bretons, Auvergnats, Italiens, puis Pied-Noirs et Portuguais, mais l'accent des enfants était homogene et relativement neutre, distinct de celui des parents. Si quelqu'un voulait jouer les durs et trainer avec les loubards, il prenait l'accent veule (alors, eh, les mecs, hein, z'avez vu la gonzesse ?)
Maintenant l'accent populaire a changé énormément; il a été fortement influencé par ceux l'Afrique du Nord, en particulier arabe et probablement pied noir. Il est d'usage même chez ceux d'autres origines.



(*) Le qualificatif veule (relâché) est de Guiraud  (1978).

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Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

vh a écrit:

Ayant grandi dans la région parisienne... [...]

C'est vraiment passionnant, ce que vous racontez. Je viens de regarder cet extrait du film :
http://www.youtube.com/watch?v=6DKI0EP-RMA

Et la prononciation d'Olivier Barrot (je trouve cette manière de parler fort élégante), qu'en dites-vous ?

10 Dernière modification par aCOSwt (03-07-2015 10:19:24)

Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

vh a écrit:

Au  cours des années 60, j'ai  observé les transformations suivantes dans le langage familial (en région parisienne)
- culotte courte → short (1910 selon atilf) < angl. shorts (plur.) < angl. short pants (1826).

Je crois que quelques sports* importés, sont à l'origine de la contamination.
J'ai le souvenir, de l'époque où j'étais... en culottes courtes..., de ce que nos tenues de club* comportaient un short*

*en français dans le texte.

Après, moi, ce qui m'a beaucoup amusé, mais c'est peut-être un peu plus tard, c'est le coté mélioratif que certains pensaient sentir dans l'usage des termes anglais... tout... en prononçant... sweat comme swit... roll

Mon hilarité à culminé à l'époque du "casual wear" que certains s'arrachaient à des prix qui n'avaient... rien de casual... Quand j'ai voulu expliquer à mes potes qu'en France, il était difficile de faire plus authentiquement "casual wear" que... le Marcel.., seuls mes amis britanniques ont compris que j'étais sérieux... lol

Non sunt multiplicanda entia sine necessitate!

11 Dernière modification par trevor† (03-07-2015 10:40:17)

Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

Passant une année à Paris en 1971-1972, je fus tout surpris d'entendre le cri quotidien du vendeur ambulant de journaux : France-Swèr. Et tout aussi surpris d'entendre qualifier mon accent - appris au lycée en Angleterre - par mes amis rouennais de « parisien » ou encore de « pointu » !

L'escrivaillerie semble estre quelque symptome d'un siecle desbordé

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Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

France-Swèr était la marque de fabrique des vendeurs de journaux des kiosques parisiens aux plages de l'Atlantique.

Fille légère ne peut bêcher.

13 Dernière modification par glop (03-07-2015 19:17:03)

Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

L’accent Parisien provenait probablement de plusieurs provinces et notamment du Nord.
STU FAIS À SWÈR? (chti).
J’ai passé mon enfance dans l’est parisien à une époque où l’accent était encore bien audible.
Lorsque j’allais en province, on me faisait remarquer qu’il ne faut pas prononcer bénène mais banane etc.
En ce qui concerne les sweatshirts, c’est une autre histoire. Dans les années 80 une chaîne de magasins « La Sweaterie » était présente partout en France; on pouvait y acheter toutes sortes de vêtement à la mode faits dans le même tissus que les survêtements que les sportifs enfilent après l’effort pour ne pas s’exposer à un coup de froid alors qu’ils dégoulines de sueur.
La confusion entre sweat et sweet due à la difficulté qu’éprouvent les français à prononcer ces mots en se fiant à l’orthographe a été accentuée par la douceur au toucher de ce genre de tissus.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

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Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

glop a écrit:

alors qu’ils dégoulines de sueur

Mhéé... c'est... très... beurk ce que tu nous exposes là... wink
L'effet de la canicule ambiante... sans doute wink

Non sunt multiplicanda entia sine necessitate!

15 Dernière modification par glop (03-07-2015 12:53:55)

Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

C'est pourtant à cet usage précis que sont normalement destinés ces vêtements.
On peut se retrouver trempé de sueur après une compétition qui à lieu par temps froid.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

16 Dernière modification par vh (03-07-2015 17:23:01)

Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

Pendant les années 60,  les chaussures de tennis sont devenue des tennis.

17 Dernière modification par vh (03-07-2015 13:59:55)

Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

trevor a écrit:

Passant une année à Paris en 1971-1972, je fus tout surpris d'entendre le cri quotidien du vendeur ambulant de journaux : France-Swèr. Et tout aussi surpris d'entendre qualifier mon accent - appris au lycée en Angleterre - par mes amis rouennais de « parisien » ou encore de « pointu » !

Bizarre, je nai jamais entendu France-Swèr à Paris; ce serait considéré provincial.

Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

Je ne me rappelle pas les chaussettes courtes mais bien les chaussettes longues. Éventuellement les chaussettes basses.
En tout cas, je disais socquettes déjà dans les années 50, le mot étant attesté dès les années 30.
http://www.cnrtl.fr/definition/bhvf/socquette

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Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

Et des Chaussettes noires, vous vous en souvenez ? smile

20 Dernière modification par vh (20-07-2015 19:50:26)

Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

polo : < angl. polo shirt (lit. chemise de polo) < angl. polo (sport équestre) < terme issu du balti (langue tibétaine)

Auparavant, on aurait décrit cela comme un  maillot à manches courtes et col à boutonnière. J'ai entendu la première fois ce terme dans les années 60 dans la région parisienne, je croyais que c'était  un diminutif de pull.

Le joueur de tennis Lacoste a introduit son célèbre polo en 1933, mais je ne sais pas si on l'appelait déjà un polo en français.

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Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

Tout cela a commencé bien avant les années 60 avec notamment la redingote (anglicisme irrémédiablement engauloisé s’il en est).

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

vh a écrit:

Le joueur de tennis Lacoste a introduit son célèbre polo en 1933, mais je ne sais pas si on l'appelait déjà un polo en français.

Non, on parlait de chemise Lacoste.
https://books.google.fr/books?id=KemIAQ … mp;f=false
On a parlé plus tard de chemise (de) polo, puis de polo, dans les années 60.

Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

En tout cas, l'abus d'anglicismes confine parfois à l'hermétisme. Voici un texte paru dans La Provence et qui montre que, depuis qu'il y a des Eurostar Marseille-Londres, les esprits marseillais sont largement préparés à être bilingues :

Les 11 et 12 juillet 2014, le Waaw, établissement du Cours Julien (6e), accueillait la première convention marseillaise de "sneakers", terme qui désigne ces baskets à la mode.[...]

Sur la même artère, Foot Locker va s'étendre et prendre entièrement possession du numéro 77, où il occupe aujourd'hui le rez-de-chaussée. À 100 mètres de là, l'enseigne Courir déboulera en octobre à la place de Bata avec son concept "Shop", qui n'existait jusqu'alors qu'à Paris. Sans oublier JD Sport, présent depuis peu sur Saint-Fé, et surtout Corner Street, la plus ancienne boutique de sneakers marseillaise, implantée sur la rue de Rome depuis 1997, qui vient de subir un lifting. La guerre des baskets est déclarée ![...]

"Nous voulons en faire un shop référent dans la basket de running haut de gamme. Nous sortirons des éditions limitées, des gammes premium, un peu comme le fait Colette à Paris. Notre force, ce sera notamment la marque New Balance qui, comme notre enseigne, est Made in England. [...]

Un investissement qui lui permettrait d'ouvrir au même endroit un Foot Locker Kids consacré aux enfants, et surtout un House Of Hoops, espace qui met les chaussures et les vêtements de basketball à l'honneur, ce qui manquait tant aux aficionados phocéens. [...]

L'objectif n'était pas d'y faire un Courir classique, comme celui des Terrasses du Port, mais de proposer notre concept "Courir, le Shop". Il n'en existait jusque-là qu'un seul, à Paris rue de Rivoli, souligne Sébastien Laudes, futur manager du magasin. Nous allons mettre l'accent sur la clientèle féminine, avec un espace dédié. Il y aura un écran interactif où les femmes pourront se faire photographier avec leurs baskets, et leurs portraits seront diffusés en direct dans la vitrine de la boutique".

C'est beau comme l'antique !

24 Dernière modification par vh (10-10-2015 15:27:20)

Re : Vague d'anglicisation des noms de vêtements pendant les années 60

Les basquettes :
Dans le rayon chaussures, je crois que basket est en train de ce franciser en basquette.
Cela fait penser à espadrille (basque).


Le panty :
À la fin des années 60, le  panty était  un  sous-vêtement féminin couvrant les cuisses, à dentelles et qui dépassait obligatoirement des bords de la jupe.  En anglais  panties  (plur.) désigne toute petite culotte féminine, en principe sans jambes.
Maintenant on parle du leggings
https://fr.wikipedia.org/wiki/Panty

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