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forum abclf » Histoire de la langue française » Montagne - Montaigne

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Messages [ 11 ]

Sujet : Montagne - Montaigne

Bonjour,

Je souhaiterais savoir du fait de quelles évolutions de la prononciation et de l'orthographe nous connaissons aujourd'hui le nom commun montagne et le nom propre Montaigne.

Merci à qui pourra répondre à mon interrogation.

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Re : Montagne - Montaigne

Salut, Barbetorte,

Montaigne est l'ancienne orthographe de montagne. Autrefois on mettait un i devant le gn pour indiquer la prononciation « mouillée ». Mais on prononçait montagne. Cet usage a survécu dans oignon.* Donc, en principe le nom de l'auteur des Pensées devrait se prononcer Montagne. Autrefois, le gens cultivés connaissaient cette prononciation. Aujourd'hui les gens cultivés, s'il en est, préfèrent paraître ignorants.

Verbum

*Au Québec, également dans poignant et les mots de la même famille. On ne prononce pas poi-gnant mais pognant, comme autrefois en France.

In principio erat Verbum

Re : Montagne - Montaigne

Verbum a écrit:

l'auteur des Pensées devrait se prononcer Montagne.

L'auteur des Pensées a bien essayé.

Bien à vous

Re : Montagne - Montaigne

Cf. Philippe de Champaigne.

Re : Montagne - Montaigne

Je me suis, pour ma part, accoutumé à prononcer Pascal le nom de l'auteur des Pensées. Mais je vous suis reconnaissant de m'avoir clairement expliqué pourquoi il y a un i dans le nom du fief de Michel Eyquem et pourquoi cette lettre a aujourd'hui disparu du nom commun originel.

Bien à vous.

Re : Montagne - Montaigne

Et son ami, Etienne de la Boëtie avait pour armes  parlantes une colombe penchée sur une vasque  : la boit-y ?

hé oui ! boi-, comme encore poêle, et -tie comme tatie.


Donc, Montagne et la  Boiti.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

7 Dernière modification par Alco (26-05-2014 15:33:32)

Re : Montagne - Montaigne

P'tit prof a écrit:

Et son ami, Etienne de la Boëtie avait pour armes  parlantes une colombe penchée sur une vasque  : la boit-y ?

hé oui ! boi-, comme encore poêle, et -tie comme tatie.


Donc, Montagne et la  Boiti.

Ou la Boéti ? Selon Jacqueline Picoche (Histoire de la langue française, Nathan Université, p. 193) « [we] se maintient, hésitant dès le XIIIè siècle entre [we] et [wε]. Le timbre ouvert l'emporte au XVIè siècle. Une prononciation populaire, plus ouvert encore, [wa] apparaît à Paris dès le début du XIVè siècle. Tenue pour vulgaire... elle est combattue par les grammairiens du XVIè et du début du XVIIè s. Mais Hindret (1687) constate qu'il y a beaucoup d'honnêtes gens qui, à la cour et à Paris qui disent du bouas, des nouas, trouas, mouas, des pouas, vouar. » La Boétie, périgourdin issu d'un milieu bourgeois, prononçait-il la boit-i(l) ou la boèt-i(l) ? Je penche pour la deuxième solution.

Il est intéressant de collecter les témoignages de prononciations anciennes qui sont parsemés dans la littérature.
J'ai le souvenir de la prononciation de cinq en faisant sonner le q, moquée par Tallemant des Réaux, à propos d'un homme qui disait « cinq nymphes » et non pas « cin nymphes ».

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

Re : Montagne - Montaigne

Alco a écrit:

La Boétie, périgourdin issu d'un milieu bourgeois, prononçait-il la boit-i(l) ou la boèt-i(l) ? Je penche pour la deuxième solution.

Oui. La prononciation "wa" de "bois" était parisienne, voire faubourienne, avant de s'étendre à la France entière. On se rappelle l'anecdote peut-être inventée mais maintes fois rapportée avec des variantes de Louis XVIII regagnant la France et disant, avec la prononciation de la Cour d'avant la Révolution : C'est moué qui suis votre roué.
L'anecdote est racontée, sans la prononciation hélas, dès 1816, dans cette Histoire :

Puis, s'adressant aux soldats : «Vous êtes curieux de voir le Roi ? leur dit-il d'une voix forte : eh bien ! c'est moi qui suis votre Roi , ou plutôt votre père. Oui, vous êtes tous mes enfans; je ne suis venu que pour mettre un terme aux malheurs de notre commune patrie.

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Re : Montagne - Montaigne

Certains écrits d'émigrés de la noblesse revenus sous la restauration montrent leur étonnement de constater que la prononciation [wa] avait gagné l'ensemble de la société.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

Re : Montagne - Montaigne

Alco a écrit:

« [we] se maintient, hésitant dès le XIIIè siècle entre [we] et [wε]. Le timbre ouvert l'emporte au XVIè siècle.

Voici par exemple ce qu'écrit Chiflet en 1659 :
http://img4.hostingpics.net/pics/679175FireShotScreenCapture090SprachlicheVariationundihreBeschreibungZurMarkierungspraxisinderUdoThelenGoogleLivresbooksgooglefrbooksidjwPW4c9tU0CpgPA51lpgPA51dqlav.png

Alco a écrit:

Mais Hindret (1687) constate qu'il y a beaucoup d'honnêtes gens qui, à la cour et à Paris qui disent du bouas, des nouas, trouas, mouas, des pouas, vouar. »

Pour le plaisir, prenons le texte exact de Hindret :
http://img11.hostingpics.net/pics/480084books.jpg
http://img11.hostingpics.net/pics/950816books1.jpg
Je l'ai coupé large, pour montrer d'autres fautes de prononciation que souligne Hindret et qui sont toujours plus ou moins d'actualité. Hindret revient quelques pages plus loin sur le sujet du "oi" :
http://img11.hostingpics.net/pics/177941books2.jpg
Ce que dit donc Hindret, c'est que la prononciation "wa" affectait certains mots en "oi" mais pas d'autres.

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Re : Montagne - Montaigne

Apparemment, je ne compte pas parmi les personnes cultivées qui pensent spontanément au Essais de Montaigne. smile

Verbum

In principio erat Verbum

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