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forum abclf » Réflexions linguistiques » Utilisation du "ne" explétif

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Messages [ 8 ]

Sujet : Utilisation du "ne" explétif

Ma question est la suivante:
Est-il plus correct de dire:
"C'est le crime le plus horrible qu'on n'ait jamais commis"
ou bien
"C'est le crime le plus horrible qu'on ait jamais commis"

2 Dernière modification par greg (18-04-2014 08:49:18)

Re : Utilisation du "ne" explétif

Il n'y pas de façon plus correcte de dire les deux phrases : elles sont homophones.
C'est l'écriture qui varie.

Re : Utilisation du "ne" explétif

Tu joues sur les mots. La question de 'tisura' concerne le "ne" explétif, à l'écrit, comme à l'oral d'ailleurs dans d'autres circonstances :
Est-il plus correct de dire:
"C'est le crime le plus horrible qu'il n'ait jamais commis"
ou bien
"C'est le crime le plus horrible qu'il ait jamais commis".
Dans cet exemple, l'absence de "ne" explétif me paraît très préférable, même si les deux tours sont admis.

Re : Utilisation du "ne" explétif

Abel Boyer a écrit:

même si les deux tours sont admis.

Il est erroné de dire que les deux tours sont admis.

Si l'adverbe jamais est utilisé au sens positif, il ne s'accompagne pas de la négation explétive : c'est la plus belle musique que j'aie jamais entendue.

http://chouxdesiam.canalblog.com/archiv … 27331.html

Bien à vous

Re : Utilisation du "ne" explétif

Oui, c'est bien pourquoi je disais que l'absence de "ne" explétif est très préférable dans cette circonstance !
Vous avez raison : les deux tours ne sont pas admis, mais on les rencontre !
La raison en est qu'il y a un petit conflit, un sac de "ne" : il y a d'une part le "ne" explétif qu'induit parfois le "plus" ;  d'autre part, la nécessité de maintenir un sens clair au "jamais" positif.

6 Dernière modification par yd (18-04-2014 11:41:12)

Re : Utilisation du "ne" explétif

Entre ces usages ou non-usages du ne explétif, réputé toujours facultatif, sinon proscrit avec jamais positif, alors que souvent on ne le discerne qu'artificiellement, sinon arbitrairement, du ne négatif, il est quelquefois impossible de trancher : exemple dans c'est le crime le plus horrible qu'il (n') ait jamais commis, où l'on est coincé entre le jamais positif et le jamais négatif, la phrase pouvant se reformuler en il n'a jamais commis de crime plus horrible, le ne s'avérant dans ce cas négatif et par conséquent obligatoire.

Autres cas insolubles après sans que.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : Utilisation du "ne" explétif

Je mourrai sûrement (le plus tard possible) sans jamais avoir compris l'utilité du ne explétif.
Il me semble, mais peut-être me trompe-je, que le "ne" exprime la restriction ou la négation, et qu'il est une aberration dans les autres cas.

8 Dernière modification par yd (18-04-2014 22:38:06)

Re : Utilisation du "ne" explétif

Je dirais plutôt pour ma part, sans savoir si je vous contredis ou si je vous rejoins, que la notion de ne explétif laisse à désirer : le critère souverain que voudrait établir la grammaire consiste à dire qu'est explétif tout ne facultatif en même temps qu'elle chercherait à établir ce ne, insaisissable pour elle, comme nécessairement facultatif. Quelque chose est boiteux, d'autant qu'on puisse contester que tout ne non négatif, en ce sens réputé explétif, soit facultatif et qu'il existe au moins un cas où le ne explétif est proscrit - ce qui est aussi une façon très critiquable de dire -, celui du jamais positif.

À l'origine de ces usages bizarres de ne, j'essaie de poser cette faculté du ne unique, dans une suite de négations, à n'assurer à l'ensemble de ces négations la valeur que d'une seule négation, ceci pour interdire l'interprétation en double ou en triple négation d'où l'on ne se sortirait pas dans bien des cas. Par exemple, dans personne n'a jamais rien dit de semblable, on compte trois négations, personne, jamais et rien, et un seul ne, et tout le monde comprend qu'il ne faut retenir au final qu'une seule négation : magnifique simplification apportée par la langue à ceux qui la pratiquent. Sans le ne unique et sauveur, ce mécanisme deviendrait impossible.

Mon problème ensuite est que je bute sur les constructions commençant pas sans que, les uns disant qu'après sans que il ne peut se trouver de ne négatif, mais seulement un ne explétif, donc facultatif, en envisageant pourtant de rares exceptions dans lesquelles sans que serait suivi d'une vraie négation, les autres, dont moi, estimant qu'après sans que le ne éventuel est négatif et non pas explétif. Les grammairiens penchent du côté des premiers, mais les auteurs semblent se partager entre les premiers et les seconds. Je m'arrache d'autant les cheveux que, dans mon raisonnement, si les premiers posaient carrément qu'il n'y a jamais après sans que de vraie négation, la seule négation étant contenue dans sans que, je pourrais voir en sans que la même fonction remarquable que celle jouée par le ne unique en présence de deux ou trois négations... à condition de renoncer systématiquement à tout ne, explétif aussi bien que négatif, après sans que. C'est en théorie possible, mais en pratique beaucoup de très bons auteurs nous l'interdisent, ayant entendu la langue autrement. Du coup, les grammairiens croient se sauver en déclarant tout ne après sans que facultatif et explétif, mais grammaticalement ça ne tient pas la route.

Fille légère ne peut bêcher.

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