Bookish Prat a écrit:Abel Boyer a écrit:Bookish Prat a écrit:« N'ai-je donc [pas] tant vécu que pour cette infamie ? »
Un pas de clerc, ne dirait-on pas ?
Le cas n'est pas le même. Votre dernière citation ne commence pas par combien.
J'illustrais le fait que pas n'est pas indispensable. Quelqu'un, que vous reconnaîtrez sûrement, s'est chargé d'en donner une explication limpide :
« Ne suffit amplement comme négation.
Pas, à l'origine, est un mot de sens positif : marcher à pas de loup... Il ne servait qu'à renforcer la négation.
Dans la langue orale contemporaine, il est à lui seul négation, mais dans la langue surveillée, le ne demeure indispensable, et pas demeure facultatif.
Je ne sais si je me suis bien fait comprendre... »
Bon, j'ai regardé la question d'un peu plus près et je ne vois pas vraiment de cas où des écrivains se soient abstenus du "pas" dans des circonstances semblables. Mais je reconnais que la difficulté de chercher de tels exemples laisse ouverte la possibilité qu'ils existent ; je suis preneur.
Au demeurant, cher Bookish Prat, c'était une erreur d'appeler à la rescousse votre "explication limpide", car celle-ci, à la supposer entièrement exacte et non abusivement simplificatrice, concerne purement la véritable phrase négative alors que nous sommes dans le cadre d'une phrase exclamative, où la négation est, comme le disent certains auteurs, purement oratoire (cf. ce document page 44), rhétorique (ici), explétive (Le Bidois, Syntaxe du français moderne, §864) ou une pseudo-négation (cf. cet autre document).
Le tour exclamatif avec "ne ... pas" est mentionné par Girodet, qui indique in fine que cette forme purement littéraire est cependant déconseillée par certains grammairiens qui recommandent la forme positive sans "ne ... pas". Colin (Dictionnaire des difficultés du français) la mentionne aussi à l'article "ne", sans prévoir qu'on puisse se passer du "pas".
Je pense qu'en langage d'aujourd'hui, vous ne pouviez pas faire l'économie de ce "pas".
Resterait à vérifier de quand date cette tournure exclamative faussement négative, et à voir si dans les premiers temps, on avait la liberté de mettre ou non le "pas".
Un autre point, concernant l'inversion. J'ai écrit plus haut : « j'aurais écrit "combien de paris n'ai-je pas gagnés" ou "combien de paris ai-je gagnés". » À la relecture, je préfèrerais "combien de paris j'ai gagnés", sans inversion, qui me paraît plus courant ; l'inversion est néanmoins admise.