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forum abclf » Réflexions linguistiques » Côte de mailles

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Messages [ 14 ]

Sujet : Côte de mailles

Un site dont je respecte beaucoup l'auteur porte aujourd'hui l'expression « une côte de mailles ». Un bibliothécaire de ma connaissance, qui sait pourtant de quoi il s'agit, écrivit naguère « il faut bien transcrire la côte du volume ».

D'où vient cette fréquente confusion entre, p. ex. ici, côte et  cotte, entre cote et côte, ou encore ailleurs entre côte et côté ? Voit-on la même confusion dans d'autres mots dont la graphie se ressemble ?

L'escrivaillerie semble estre quelque symptome d'un siecle desbordé

2 Dernière modification par éponymie (16-07-2013 11:22:30)

Re : Côte de mailles

Simplification spontanée de l'orthographe par une forme unique de mot (de quoi satisfaire certains réformateurs) qui est par ailleurs, avec son accent circonflexe, la plus compliquée (de quoi faire grincher ces mêmes réformateurs lol ).

Il doit y avoir une valeur sentimentale du circonflexe. Je l'ai vu hier sur un i où il n'avait rien à faire (le mot ne me revient pas en tête).

Re : Côte de mailles

On constate de fréquentes confusions similaires entre tache et tâche.
Tant que la prononciation septentrionale du "ô" c. "o" triomphait, la confusion était relativement limitée ; mais aujourd'hui, on entend fréquemment la prononciation ouverte du "ô" dans les médias audio, de sorte que la confusion augmente et que par réaction ou hypercorrection, certains peuvent même fermer des "o" qui ne devraient pas l'être traditionnellement, comme ceux de cote ou de cotte, quitte à en déformer l'orthographe. Le cas de coteau est également compliqué.
En revanche, je n'ai pas repéré de confusion -- pas encore ? -- hôte/hotte, mais peut-être les occasions sont-elles moins fréquentes.

Re : Côte de mailles

Colon et côlon ? Préteur et prêteur ? Roder et rôder ?

Les méridionaux ne se sont jamais posés le problème de la prononciation. Pas même à l'école : comment les enseignants auraient-ils pu parler d'une prononciation qui n'est pas la leur ? C'est du moins mon expérience, c'est sur les forums que je découvre les théories de la prononciation du ai et de o et au.

Re : Côte de mailles

À ma connaissance, les Méridionaux avaient les mêmes livres scolaires, les mêmes grammaires et les mêmes dictionnaires que les Septentrionaux et la prononciation indiquée était celle considérée alors comme  ... universelle, celle de Paris !

Re : Côte de mailles

Abel Boyer a écrit:

À ma connaissance, les Méridionaux avaient les mêmes livres scolaires, les mêmes grammaires et les mêmes dictionnaires que les Septentrionaux et la prononciation indiquée était celle considérée alors comme  ... universelle, celle de Paris !

Tout le monde ne faisait pas le même usage des ouvrages de référence, pour la stupide raison que j'ai donné plus haut. Quel sens cela aurait-il eu pour un instituteur limousin de disserter sur une différence entre côte et cotte qu'il ne faisait pas, pas plus qu'il ne la faisait pour je ferai et je ferais : on récitait en cœur les conjugaisons mais jamais au grand jamais on ne distinguait les les premières personnes du singulier de ces deux temps. Ses élèves n'auraient su percevoir la différence et le maitre aurait vite été pris en flagrant délit de contradiction. Je parle des années 60. Dans les années 40 ma mère se faisait taper sur les doigts quand elle parlait limousin, peut-être aura-t-on eu à une telle époque la prétention d'imposer la prononciation de Paris, j'en doute, pas à la mienne quoi qu'il en soit.

Je crois que seuls les Parisiens et assimilés considéraient leur prononciation comme universelle. Impérialistes.

Que disent les autres méridionaux ? Je serais curieux d'avoir leur avis.

7 Dernière modification par regina (16-07-2013 13:33:10)

Re : Côte de mailles

Il faut en revenir à ce qui a été expliqué sur plusieurs autres fils à propos de la prononciation. Dans la partie méridionale de la France, celle dont le substrat est la langue d'oc, certains sons ne fonctionnent pas comme des phonèmes , ils ne sont pas pertinents et ne permettent donc pas de distinguer entre des mots. C'est le cas de ces distinctions entre â et a , entre le é et le è ( bien que les Méridionaux usent aussi de e ouvert) ou entre ô et o.

Je suis passée par toutes les étapes scolaires dans le Sud-Ouest , de la maternelle à l'université , sans que ma prononciation méridionale soit jamais altérée par l'institution scolaire, ce dont je me réjouis. Et je n'ai pas non plus l'impression que cela ait été  un handicap quant à  mon orthographe.
Parce que notre orthographe ne suit plus la prononciation , elle n'est pas phonétique comme peut l'être celle de l'allemand.  Ainsi,  seule l'association d'une mémorisation globale et d'une connaissance de l'étymologie, va permettre d'acquérir cette orthographe, que nous ayons une prononciation suisse, belge, canadienne, antillaise, africaine, méridionale ou parisienne.

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

Re : Côte de mailles

éponymie a écrit:

Tout le monde ne faisait pas le même usage des ouvrages de référence, pour la stupide raison que j'ai donné plus haut. Quel sens cela aurait-il eu pour un instituteur limousin de disserter sur une différence entre côte et cotte qu'il ne faisait pas, pas plus qu'il ne la faisait pour je ferai et je ferais

Ce n'est incompatible. À Paris, on n'observe généralement pas cette différence entre je ferai et je ferais. Pourtant nos instituteurs nous en parlaient et nos livres la mentionnaient. Cela ne nous empêchait pas de conserver notre prononciation indistincte. Idem pour un/in.

éponymie a écrit:

Je crois que seuls les Parisiens et assimilés considéraient leur prononciation comme universelle. Impérialistes.

C'est leur prêter une volonté politique d'ensemble qu'ils n'avaient pas. La plupart des Parisiens étaient parisiens par le hasard de la naissance et prononçaient comme on leur avait appris, sans se soucier d'universalisme.
En revanche, il n'est pas douteux que Versailles et Paris ont joué dans la prononciation officielle du français un rôle central. Et cela s'est prolongé jusqu’à une époque finalement assez récente.

Re : Côte de mailles

regina a écrit:

Il faut en revenir à ce qui a été expliqué sur plusieurs autres fils à propos de la prononciation.

2 de ces fils :

http://www.languefrancaise.net/forum/vi … php?id=335

http://www.languefrancaise.net/forum/vi … p?id=10035 (on y parle aussi de la "prononciation standard" des dicos)

Abel Boyer a écrit:
éponymie a écrit:

Je crois que seuls les Parisiens et assimilés considéraient leur prononciation comme universelle. Impérialistes.

C'est leur prêter une volonté politique d'ensemble qu'ils n'avaient pas. La plupart des Parisiens étaient parisiens par le hasard de la naissance et prononçaient comme on leur avait appris, sans se soucier d'universalisme.

C'était de la provoc et de l'ironie.

Re : Côte de mailles

Il est amusant de lire aujourd'hui les vues de Hindret sur la question, dans L'Art De Bien Prononcer Et De Bien Parler La Langue Françoise, 1687 :
http://img11.hostingpics.net/pics/953872FireShotScreenCapture068LArtDeBienPrononcerEtDeBienParlerLaLangueFrancoise1687CollectifGoogleLivresbooksgooglefrbooksidCNTN19rBU6ECpgPP48lpgPP48dq22silemaistreadesenfansdeProvince22s.png
http://img11.hostingpics.net/pics/320826FireShotScreenCapture070LArtDeBienPrononcerEtDeBienParlerLaLangueFrancoise1687CollectifGoogleLivresbooksgooglefrbooksidCNTN19rBU6ECpgPP48dq22silemaistreadesenfansdeProvince22hlfrsaX.png
http://img11.hostingpics.net/pics/203044FireShotScreenCapture071LArtDeBienPrononcerEtDeBienParlerLaLangueFrancoise1687CollectifGoogleLivresbooksgooglefrbooksidCNTN19rBU6ECpgPP48dq22silemaistreadesenfansdeProvince22hlfrsaX.png
http://img11.hostingpics.net/pics/552380FireShotScreenCapture072LArtDeBienPrononcerEtDeBienParlerLaLangueFrancoise1687CollectifGoogleLivresbooksgooglefrbooksidCNTN19rBU6ECpgPP48dq22silemaistreadesenfansdeProvince22hlfrsaX.png
Et plus loin :
http://img11.hostingpics.net/pics/198387FireShotScreenCapture073LArtDeBienPrononcerEtDeBienParlerLaLangueFrancoise1687CollectifGoogleLivresbooksgooglefrbooksidCNTN19rBU6ECpgPP48dq22silemaistreadesenfansdeProvince22hlfrsaX.png
http://img11.hostingpics.net/pics/146864FireShotScreenCapture074LArtDeBienPrononcerEtDeBienParlerLaLangueFrancoise1687CollectifGoogleLivresbooksgooglefrbooksidCNTN19rBU6ECpgPP48dq22silemaistreadesenfansdeProvince22hlfrsaX.png
http://img11.hostingpics.net/pics/843780FireShotScreenCapture075LArtDeBienPrononcerEtDeBienParlerLaLangueFrancoise1687CollectifGoogleLivresbooksgooglefrbooksidCNTN19rBU6ECpgPP48dq22silemaistreadesenfansdeProvince22hlfrsaX.png
http://img11.hostingpics.net/pics/535946FireShotScreenCapture076LArtDeBienPrononcerEtDeBienParlerLaLangueFrancoise1687CollectifGoogleLivresbooksgooglefrbooksidCNTN19rBU6ECpgPP48dq22silemaistreadesenfansdeProvince22hlfrsaX.png

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Re : Côte de mailles

On peut aussi s'étonner des pages absentes parce que sous droits d'auteur.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

Re : Côte de mailles

Je ne crois pas que la question que j'ai posée ci-dessus concerne la prononciation. Après tout, mon bibliothécaire qui sait bien prononcer « cote » [kɔt], écrit quand même « côte », et celui qui écrit « côte » prononce bien sans doute « cotte » [kɔt]. Est-ce donc uniquement la « simplification spontanée de l'orthographe » dont parle éponymie qui est mise en œuvre ? Le cas de « tache » et « tâche » est un peu différent, je les distingue à l'écrit en me disant que le circonflexe représente l'absence d'un s qui est gardé en anglais (task).

L'escrivaillerie semble estre quelque symptome d'un siecle desbordé

Re : Côte de mailles

Ça ne m'a pas gêné parce que j'ai d'abord parcouru mon édition papier "reprint" Slatkine 1973 de l'édition de 1687. C'est cette réédition Slatkine de 1973 qui correspond à mon lien Google.
Mais Google possède également la version téléchargeable des deux volumes de l'édition beaucoup plus copieuse de 1696 :
http://books.google.fr/books?id=QJQPAAA … mp;f=false
http://books.google.fr/books?id=VpQPAAA … mp;f=false
et archive.org a l'édition intégrale de 1687 :
http://archive.org/stream/fre_b1887159# … 7/mode/2up
Pour le plaisir, quelques vues de Hindret dans l'édition de 1696, pages 108 et suivantes  :
http://img11.hostingpics.net/pics/606940books.jpg
http://img11.hostingpics.net/pics/309786books.jpg
http://img11.hostingpics.net/pics/913373books.jpg

Re : Côte de mailles

trevor a écrit:

Je ne crois pas que la question que j'ai posée ci-dessus concerne la prononciation. Après tout, mon bibliothécaire qui sait bien prononcer « cote » [kɔt], écrit quand même « côte », et celui qui écrit « côte » prononce bien sans doute « cotte » [kɔt].

Il convient d'abord de s'assurer qu'il ne s'agit pas d'une simple coquille ou d'une correction automatique malheureuse d'un correcteur orthographique.
La coquille, par exemple, est flagrante ici dans le titre, alors que "cotte" est correct dans le texte.
En revanche, dans cette page, la récurrence de la faute laisse penser ou à une correction automatique, ou à une erreur de l'auteur : dans ce dernier cas, je ne serais pas surpris qu'il prononce effectivement "côte".
À noter que "côte de mailles" n'est pas nécessairement fautif, quand il s'agit de tricot, comme ici.


trevor a écrit:

Le cas de « tache » et « tâche » est un peu différent, je les distingue à l'écrit en me disant que le circonflexe représente l'absence d'un s qui est gardé en anglais (task).

Je suppose que vous pouvez expliquer de même l'accent de "côte" qui représente l'absence d'un "s" dont le français costal ou l'anglais coast garde la trace. De même que l'anglais quote et coat montrent qu'il n'en faut pas à cote et à cotte.

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