Cher Dieu (si le cher n’est pas un péché),
Ce matin à l’heure où les poules sommeillent encore, j’ai eu comme une illumination, un flash. J’ai vu la lumière. En clair, un orage soudain m’a extrait brutalement de la torpeur ouatée d’un sommeil largement mérité.
C’était un signe. La manifestation d’un appel divin auquel je me devais de répondre. Ou tout simplement le signe que j’avais bêtement oublié de fermer la fenêtre la veille au soir.
« Lève-toi et marche jusqu’à ton bureau » me suis-je dit à cet instant, « aujourd’hui tu vas écrire à Dieu ».
Vous me direz qu’il vaut mieux s’adresser au Bon Dieu qu’à ses Saints, au regard simplement des frais d’affranchissement. Soit, ou pardon, ainsi soit-il.
Mais convenez tout de même qu’il est difficile de vous localiser, comme l’avait déjà souligné l’un de vos disciples en rappelant que les voies du Seigneur étaient impénétrables.
J’ai bien essayé des lieux au nom évocateur tels que l’Hôtel-Dieu ou le Paradis Latin.
J’ai pensé au quartier de la Trinité et dans un moment d’égarement ou de lassitude, aux environs de la place Denfert. Tout cela sans succès.
Il faut avoir la foi pour vous trouver, c’est vraiment la croix et la bannière.
Mais je n’ai pas abdiqué et je suis arrivé au bout de mon chemin de croix.
Il faut bien dire que cette fois je n’allais pas me faire prier pour vous faire part de quelques commentaires que m’avaient suggéré votre comportement.
Tout d’abord, je voudrais vous signaler que votre service après-vente laisse franchement à désirer. Une fois votre produit vendu et sous prétexte qu’une cliente ait consommé une pomme sans la payer, vous avez fait sauter la garantie et aucun suivi n’a été assuré depuis.
Ce n’est pas une démarche très commerciale pour quelqu’un qui a de la famille juive.
Ensuite, je remarque qu’à l’instar de nombreux hommes politiques qui pourtant ne sont pas des dieux, vous avez choisi de rester caché et de ne pas agir, ceci pour accroître votre popularité : je dois reconnaître que l’entreprise a réussi au-delà (si j’ose m’exprimer ainsi) de toute espérance ! Vous avez bien envoyé votre femme faire quelques apparitions dans des lieux intimistes, mais rien de plus.
La politique de la chaise (Dieu) vide passe encore, mais le coup de l’Ancien et du Nouveau Testament, là, ce n’est pas très catholique.
Deux testaments pour un seul héritier font soupçonner qu’il n’y avait pas que le pain et le vin à partager…
Sans rancune tout de même.
J’espère que vous avez beau temps là-haut parce qu’ici, il fait un temps dégueulasse. Bien le bonjour à votre dame.
Alléluia et que le meilleur gagne !
Un disciple indiscipliné