A2 (TV 5) a montré aujourd'hui un louable initiative d'organisation et d'entraînement d'un programme intitulé, je crois, "FIRE" et dont le but est d'améliorer la collaboration, entre pays européens, contre les feux de forêt en Europe. Le journaliste a dit que, bien qu'aucun "anglo-saxon" (amusant archaïsme français) n'était présent, la réunion s'est déroulée exclusivement en anglais.
Or, l'anglais est et n'est guère une langue européenne. Elle l'est sur les plans pratiques et institutionnels, elle ne l'est guère en terme d'adhésion des Britanniques (principal réservoir d'anglophones dans l'Union Européenne, n'en déplaise aux Irlandais qui ont déjà vu leur propre langue disparaître en raison de la domination britannique). En effet, non seulement la Grande-Bretagne refuse-t-elle l'Euro mais la plupart des Britanniques ne se considèrent absolument pas comme européens ni comme faisant partie de l'Europe, conformément aux vieux sentiment séculaire que les Britanniques sont génétiquement supérieurs aux Continentaux et destinés donc à consommer une partie de leurs productions, à y écluler certaines des leurs, mais en aucun cas à se contaminer en devenant une partie de l'Europe, un peuple européen parmi d'autres peuples européens. Racisme né en bonne partie du fait de n'avoir jamais été envahis depuis 1066, preuve de supériorité génétique par rapports à tous les peuples de l'Europe continentale.
On ne peut que regretter que de Gaulle ait autorisé l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun -- ce fut assez ridicule de crier "Vive le Québec libre !" et en même temps de laisser entrer le loup dans la bergerie, laisser entrer dans le Marché Commun la seule langue, étant devenue la première langue seconde enseignée dans les écoles de l'Europe, qui devait inéluctablement, dès lors, devenir non seulement la langue de communication mais la seule langue de communication, la langue prédominante et dominante, voire dominatrice -- comme l'a montré la réunion de "FIRE".
Personnellement, tout en étant anglophone de première langue, j'aurais aimé qu'une langue européenne -- l'allemand ou l'italien ou l'espagnol, sinon le français, voir deux ou trois -- occupe cette fonction de langue de communication. Elle ou elles aurai/en/t moins risqué de devenir non seulement lingua franca mais aussi langue dominante et de domination (l'extension de l'anglais sur le continent européen va de pair avec le virage à droite de tout le continent européen, ce qui peut plaire à certains, mais même parmi ces "certains" il pourrait y en avoir qui regretteront la domination de l'anglais au point, à terme, d'éliminer les autres langues de l'Union Européene. Cette élimination a déjà largement eu lieu au niveau des affaires et des sciences, bien sûr -- mais aussi en termes des documents aux étapes de la rédaction et de la première diffusion des institutions de l'UE. L'avenir promis aux langues européenes autre que l'anglais, c'est le présent des langues amérindiennes en Amérique du Nord (hors-Mexique).
Je crois, certes, qu'il est trop tard pour y faire quoi que ce soit. Il aurait fallu que l'Allemagne, l'Italie, la France et l'Espagne s'entende beaucoup plus tôt. Maintenant, même si le Royaume-Uni se retirait de l'UE pour brandir plus haut sa précieuse livre sterling et son allégeance avec l'Amérique de droite, il resterait l'Irlande -- et des pays qui sont déjà fortement assimilés à l'anglais comme les Pays-Bays et les pays scandiaves.
Pour remuer le couteau dans la plaie, le même téléjournal nous a montré encore une chanteuse française -- une certaine "Corinne", je crois, qui a choisi de chanter en anglais. Comme Carla Bruni, dans le temps (mais je ne crois pas que celle-ci avait alors la nationalité française, ni qu'elle l'ait maintenant ; toutefois, que n'ait-elle fait son deuxième disque en italien ou en français, ou dans un mélange des deux?)
Bon : fin de la civilisation européenne, mais pas pour la raison que pressentait Paul Valéry. Que les Chinois se rassure : eux et leurs alliés anglophones ont supprimé la civilisation européenne. Laquelle suivra dans cette "grande bouffe"? Lilooet