Tartuffe de Molière, disant "Couvrez ce sein que je ne saurais voir", ou Arsinoé, telle que décrite dans l'impitoyable diatribe de Célimène (dans Le Misanthrope, acte III scène 4), donnent des exemples de fausse pudeur.
La pudeur est le sentiment de retenue à l'égard de ce qui touche à l'intimité, la sienne ou celle d'autrui. Pas forcément concernant le corps, ressentir de la gêne et s'éloigner en assistant à une querelle de couple, par exemple, est aussi une marque de pudeur. Elle serait fausse si on se mettait en même temps à les filmer en cachette.
Célimène:
Là, votre pruderie et vos éclats de zèle
Ne furent pas cités comme un fort bon modèle :
Cette affectation d’un grave extérieur,
Vos discours éternels de sagesse et d’honneur,
Vos mines et vos cris aux ombres d’indécence
Que d’un mot ambigu peut avoir l’innocence,
Cette hauteur d’estime où vous êtes de vous,
Et ces yeux de pitié que vous jetez sur tous,
Vos fréquentes leçons, et vos aigres censures
Sur des choses qui sont innocentes et pures,
Tout cela, si je puis vous parler franchement,
Madame, fut blâmé d’un commun sentiment.
À quoi bon, disoient-ils, cette mine modeste,
Et ce sage dehors que dément tout le reste?
Elle est à bien prier exacte au dernier point ;
Mais elle bat ses gens, et ne les paye point.
Dans tous les lieux dévots elle étale un grand zèle :
Mais elle met du blanc et veut paroître belle.
Elle fait des tableaux couvrir les nudités ;
Mais elle a de l’amour pour les réalités.