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Le forum d'ABC de la langue française

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Messages trouvés [ 1 à 50 sur 2 689 ]

Chover a écrit:

Or l'opération me paraît impossible pour « Veux-tu du thé, du café ou quoi d'autre ? »

Oui, effectivement, et vous apportez de l’eau à mon moulin : je dis qu’il n’est pas possible d’analyser la suite Tu veux du thé, du café ou quoi d’autre ? comme une série de questions totales ellipsées et la mise au discours indirect le montre en effet très bien.
Et bien sûr que si l’on remplace ou quoi d’autre par ou autre chose, on peut défendre l’analyse succession de questions totales, bien qu’à mon avis, quand on énonce ce genre de questions (particulièrement quand les choix sont supérieurs à deux), on formule plutôt J’ai du thé, du café, du x, etc, que veux-tu ? ; que Est-ce tu veux du thé ? Est-ce que tu veux du café ? Est-ce que tu veux du x ?, etc ?. mais bon ça, ça relève de la psychologie, et ça reste à prouver.

Il me semble que les interrogatives directes comme « Veux-tu du thé, du  café ou quoi d'autre ? » résultent d'une évolution de la langue orale  vers la simplification elliptique extrême de phrases telles que :  Veux-tu (Est-ce que tu veux) du thé, du café ? Ou quoi d'autre te ferait  éventuellement plaisir ? Ou que voudrais-tu (éventuellement) d'autre ?

C’est une analyse possible, en effet.
Une autre est celle que j’ai proposée = question partielle semi-ouverte ellipsée.


(Encore une fois, vous pouvez ne pas être convaincu par mon point de vue, mais tout ça, je l’ai déjà dit dans mes précédents commentaires - pour mémoire j’ai expliqué mes réticences à accepter la forme en Est-ce que comme une ellipse de Qu’est-ce que dans mon message 41, premier point. Et j’ai revu mes réticences à accepter l’analyse en questions totales coordonnées ellipsées dans mon message 57).

Alors, je n’ai pas été claire, je le regrette, bien sûr, mais comme vous le dites très justement, il n’y a pas mort d’homme ! :)

Chover a écrit:

« Étaient-elles quoi d'autre ? » ne vous gêne pas

Vous me prêtez un jugement que je n’ai pas, puisque, bien sûr que je rejette cet énoncé, de la même façon que je rejette Est-ce qu’elles sont quoi d’autre ? Si vous relisez mes précédents messages, il vous apparaîtra que je ne traite pas de la même façon l’ellipse de l’hypothèse question alternative = question totale et celle de l’hypothèse question alternative = question partielle. Et que si la première produit un énoncé *Est-ce qu’elles sont quoi d’autre ?, la seconde ne produit pas l’énoncé *Sont-elles quoi d'autre ? Et c'est là précisément la raison pour laquelle je rejette la première et non la seconde.

Chover, je comprends tout à fait que vous puissiez ne pas partager mon analyse, mais j’ai déjà expliqué dans mes précédents messages les raisons pour lesquelles je n’acceptais pas quoi d’autre + est-ce que. C’était peut-être pas clair, mais comme je ne saurais pas mieux faire, je vais m’en tenir là. :)


________
Comme je l’ai dit dans l'un de mes précédents messages, ce tour se trouve facilement - très, sur les forums, mais aussi dans des ouvrages, exemples :

Étaient-elles contentes, offensées, stressées ou quoi d’autre ? 
source

Sont-ce des rêves musicaux, visuels, tactiles, olfactifs, ou quoi d’autre ?
source

Devons-nous répondre, contre-attaquer pour survivre, ou quoi d’autre encore ?
source

Vais-je [...]* laisser monter en moi une émotion, le remercier et l'embrasser, ou quoi d'autre ?
source
*(Flemme de tout recopier, donc j’ai abrégé.)

Je suis désolée, mais je ne dois pas comprendre ce que vous voulez dire, puisque dans Tu veux quoi d’autre ?, quoi est « banalement » COD, et c’est un « banal » pronom qui donc se trouve sur le même plan que des substantifs ; et je ne vois pas non plus pourquoi il y aurait une question dans la question, pas plus que je ne vois que c’est vouloir qui est interrogatif.

À part ça, je ne trouve ces énoncés ni bancals ni malaisants, en revanche, il révèlent bien caractère partiel de la question alternative, le pronom ou l’adverbe manifestant la partie de l’énoncé sur laquelle porte la question. On trouve d’ailleurs très facilement des occurrences de ce tour et il faut alors bien en rendre compte. Ce que l’on peut facilement faire si on veut bien considérer la question alternative non comme une succession de questions totales, mais comme une question partielle, c’est-à-dire comme une demande de choisir parmi différentes options (appartenant à un ensemble que le questionneur ne définit pas du tout*, ou complètement**, ou partiellement***) présentées simultanément.

* Tu veux quoi ?
** Tu veux du thé ou du café ?
*** Tu veux du thé, (ou) du café, ou quoi (d’autre) ?

Cela dit, du fait de leur caractère hybride, je pense que l’on peut en effet aussi analyser - dans la plupart des cas - les questions alternatives comme des questions totales coordonnées ellipsées. Je remarque que je ne prononce pas de la même façon le type question alternative = questions totales coordonnées, et le type question alternative = question partielle.

L’hypothèse de l’ellipse que les uns et les autres proposez reviendrait à faire des questions alternatives des successions de questions totales. Je ne pense pas que cette analyse soit correcte. Pour moi, la question alternative reste une question partielle, mais pour laquelle les réponses ne sont pas laissées à l’entière liberté du questionné.
Il est d’ailleurs des questions partielles typiques (i.e. construite avec un mot interrogatif), dont les réponses sont imposées par le questionneur ; cf. mon exemple supra : Lequel de ces deux pantalons prends-tu ? Il en est d’autres pour lesquelles les possibilités de réponses ne sont pas exprimées explicitement dans la question, mais données et limitées par le contexte. Par exemple, la même question que précédemment, Lequel prends-tu ? Ou encore au restaurant le Que prendrez-vous ? du serveur est bien que question partielle de forme complètement ouverte, mais de fait enfermée par le choix donné par la carte / le menu. On peut toujours répondre par un truc qui n’est pas sur la carte, ça pourra nous donner une idée du degré d’humour ou du sens de la répartie du serveur, mais on n’obtiendra pas ce qu’on aura répondu. Bref, les questions alternatives ne sont pas réductibles à des questions totales coordonnées et ellipsées.
Je pense qu’on a bien affaire à une tournure elliptique, mais plutôt que des questions totales ellipsées, les questions alternatives sont pour moi, ainsi que je l’ai déjà dit précédemment, des questions partielles ellipsées, auxquelles le questionneur im/pro-pose ses réponses dans une deuxième proposition : (que) veux-tu (:) tu thé ou du café ? (le combien) sommes-nous (:) le 30 ou 31 ?

Pour revenir à des considérations plus pratiques, cette ellipse (celle des questions totales) ne fonctionne pas à mon avis avec les énoncés que j’avais proposés supra :

 ??? Est-ce que tu veux du thé, du café, ou quoi d’autre ?
 ??? Est-ce qu’on est le 18, le 20, ou le ... / ou quel autre jour ?

Quand on rétablit la supposée ellipse, on obtient clairement des énoncés incorrects :

*Est-ce que tu veux du thé ? (ou) Est-ce que tu veux du café ? (ou) Est-ce que tu veux quoi d’autre ?
*Est-ce qu’on est le 18 ? (ou) Est-ce qu’on est le 20 ? (ou) Est-ce qu’on est le ... / qu'on est quel autre jour ?

Comment justifier que l’ellipse ne fonctionne pas dans ce cas ?

A contrario, ces mêmes énoncés considérés avec l'hypothèse question alternative = question partielle ellipsée sont parfaitement recevables.




(Ylou, votre proposition n'est pas équivalente à celles qui nous occupe, ce serait : Tu préfères du thé ou plutôt du café ? auquel on ne peut pas répondre par oui / non. Ou encore, si on ajoute un troisième choix à la proposition, Tu préfères du thé, du café, ou du chocolat ? n'accepte pas la réponse oui / non, et n'est pas équivalent à Tu préfères du thé plutôt que du café ou (plutôt que) du chocolat ? qui l'accepte au moins dans la forme avec la parenthèse, dans l'autre, je trouve que l'énoncé devient limite compréhensible.)

La question porte moins sur est-ce que que sur la compatible de cette tournure non accompagné d’un mot interrogatif avec une interrogation alternative.
D’ailleurs à l’origine (XIIe), ce tour ne s’employait qu’avec des mots interrogatifs (d’abord des pronoms). Il avait alors une valeur affective et était encore analysable, ce n’est que plus tard (XVe ou XVIe), au fur et à mesure de sa grammaticalisation (notamment avec l’introduction progressive des adverbes interrogatifs au côté des pronoms seuls utilisés initialement), qu’il a été utilisé avec l’interrogation totale.
Voir par exemple ici ou (à partir de la page 24 pour les éléments historiques).

Le figement de cette locution rend son analyse délicate et pas forcément pertinente. Je ne vois notamment pas ce que ça apporte par rapport à la question de William83.

Cela dit, si je reprends la paraphrase de est-ce que que vous proposez, on constate qu’elle n’est pas compatible avec l’interrogation alternative :
Les choses sont-elles ainsi faites que vous prenez du thé ou de café ?

Désolée, William83, j’eusse aimé être plus concise, mais je n’y suis point parvenue.


-- Si donc, plutôt que de bidouiller la définition classique, on la conserve et qu’on part du principe qu’avec les questions partielles le est-ce que doit obligatoirement être précédé d’un mot interrogatif, on doit conclure que Est-ce que tu veux du thé ou du café ? n’est pas correct, et chercher quel mot interrogatif devrait être antéposé. La question portant dans cet énoncé sur l’objet, ce serait forcément le que*, qui donnerait :

Qu’est-ce que tu veux, du thé ou du café ? (ou avec un deux-points à la place de la virgule.)

Ce qui serait un rétablissement du que omis dans les formulations sans est-ce que (cas d’ailleurs évoqué par William83) :

Tu veux (quoi,) du thé ou du café ?
(Que) veux-tu(,) du thé ou du café ?

Si on pousse la logique jusqu’au bout, on doit pouvoir soutenir que le mot interrogatif est également omis devant Est-ce que > (Qu’)est-ce que tu veux(,) du thé ou du café ? C’est possiblement le cas ; mais, je pense que l’on peut aussi défendre que si l’omission du mot interrogatif n’est pas du tout gênante avec les deux autres formulations (notamment pour des raisons prosodiques), elle le devient avec celle en est-ce que, précisément parce que cette forme étant en principe réservée aux questions totales, elle active l’interprétation question totale et prépare une réponse oui/non, d’autant plus que rien dans le prosodie ne permet d’indiquer que ce n’est pas le cas. Il faut attendre la survenue du ou pour comprendre que l’on n’est pas dans le cas d’une interrogation totale.


-- Voici un autre élément qui pourrait aller dans le sens de l’incorrection de cette tournure avec une interrogation alternative. Prenons donc notre problématique tournure, associons-la avec un mot interrogatif et torturons-la un peu.

Quand est-ce que tu pars ?
C’est quand que tu pars ?
Que tu pars, c’est quand ?
≈ Le fait que tu pars est quand ?

Maintenant, procédons de même avec une question totale :

Est-ce que tu pars ?
C’est que tu pars ?
Que tu pars, c’est ?
≈ Le fait que tu pars est-il vrai ?

Autrement dit Est-ce que « solo » interroge sur la valeur de vérité de la proposition. Bon, rien de très révolutionnaire, puisque c’est le principe même des interrogations totales, mais ça permet de bien clarifier les choses pour la suite qui tadaaam concerne bien sûr sans aucune surprise la question de la possibilité de ce Est-ce que « solo » avec une interrogation alternative. Là, encore pas de révolution, puisque la question alternative ne demande pas de déterminer si une proposition est vraie ou pas, mais d’opérer un choix entre deux (ou plus) éléments, on peut deviner que la tournure n’est pas compatible avec l’interrogation alternative.

°Le fait que tu veux du thé ou du café est-il vrai ?


-- Dernier argument que j’ai en magasin, certaines questions alternatives n’acceptent pas la formulation avec Est-ce que :

Tu viens lundi, mardi ou quand ?
°Est-ce que tu viens lundi, mardi ou quand ?

Tu veux du thé, du café ou quoi (d’autre) ?
°Est-ce que tu veux du thé, du café ou quoi (d’autre) ?

On est le 12, le 13 ou le combien ?
°Est-ce qu’on est le 12, le 13 ou le combien ?

etc.


Bon, voilà où j’en suis des mes cogitations, qui bien sûr aimeraient se rapprocher au plus près de dame Vérité ( :D !), mais qui prêchent un peu quand même pour ma paroisse.
Pourtant, force m’est de constater que mon sentiment va à l’encontre de l’usage, qui fournit très facilement des occurrences de Est-ce que « solo » + interrogation alternative**. Est-ce à dire que je me suis fourvoyée dans les grandes largeurs ? Ou pas forcément, et peut-on alors envisager que comme la question alternative introduite par Est-ce que « solo », même si elle n’est pas rigoureusement correcte, reste finalement compréhensible, rien ne s’oppose à son usage ?





* Avec l’autre exemple donné par éponymie post 12 : Comment est-ce que vous buvez le café, avec ou sans sucre ?

** Voici des exemples ici, , ou encore .

Ou bien il faut considérer toutes ces questions non comme des alternatives, mais comme des totales coordonnées ou juxtaposées, et mal ponctuées : Est-ce qu’il est brun ?, ou blond ? Grand ?, ou petit ? etc.
Il faudrait voir comment elles sont prononcées, mais je n’y crois guère.

Fichtre !, nous voilà donc déjà rendu à l’ultime stratagème ? Dois-je en conclure que vous me donnez raison (non sur la question soulevée par William83, puisque ce point n’a pas été traité, mais sur le fait que votre définition n’est pas valable) ?

éponymie, la méthode que vous avez utilisée pour résoudre la question posée par William83 me semble très problématique. En effet, pour ce faire, après avoir décrété la définition classique inadéquate, vous vous êtes contenté de la recuisiner façon aiglefin de sorte à ce qu’elle convienne à une tournure que vous jugez acceptable (alors que c’est l’objet même du questionnement et qu’au moins quelques locuteurs la trouvent possiblement incorrecte). C’est là plus un tour de passe-passe qu’une démarche rigoureuse. C’est gênant en soi, mais d’autant plus que votre affirmation :

Dans le cadre d'une interrogation partielle avec les réponses possibles intégrées dans la question, la construire avec un "est-ce que" initial  est toujours possible. (mise en gras de moi)

semble connaitre au moins une exception, ce qui invaliderait donc cette définition tout spécialement mitonnée par vos soins. Voici une interrogation partielle avec les réponses possibles intégrées dans la question qui ne peut pas se construire avec un est-ce que initial :

Lequel de ces deux pantalons (est-ce que) tu prends ?




(Je trouve cette façon de se dénigrer à coup de chrisor, au possible vu et su de l’intéressé, d’une odieuse grossièreté.)

éponymie a écrit:

La syntaxe de la question ne dépend que de l'ouverture ou de la fermeture de la question.

Est-ce que vous voulez dire par là que toute question, à partir du moment où elle offre un choix limité de réponses, et peu importe qu’elle soit globale ou partielle, peut être introduite par Est-ce que (non précédé d’un mot interrogatif) ?

La question est de savoir si la locution est-ce que, non précédée d’un mot interrogatif, est limitée à l’interrogation totale - autrement dit à celle à laquelle il est toujours possible de répondre par oui ou par non - ou pas.
Si la réponse est oui (c’est le cas d’après TLFi et Larousse en ligne, par exemple), comme on n’est pas ici en présence d’un interrogation totale, mais d’une interrogation alternative (semi-ouverte ? semi-fermée ?), alors il faut conclure que l’ami de William83 à raison.*

Comme ça, juste intuitivement, sans avoir réfléchi aux raisons qui pourraient exclure l’utilisation de cette locution avec une question alternative, je rejoins le sentiment de l’ami de William83.



* Sauf à considérer que café ou thé doit être pris - au moins momentanément - non comme une alternative, mais comme un tout, avec une comparative sous-entendue :
Préfères-tu boire [du café ou du thé] (plutôt que de la țuică) ?  réponse en oui / non possible > est-ce que possible.

Chover a écrit:

c'est « qu'à Chover » qu'il faut comprendre !

Ooooooups, mais oui, bien sûr ! big_smile J’ai corrigé, merci.


Ylou a écrit:

C'est qu'on n'entend plus que cela

Hmmm, ce n’est pas parce que ça s’entend, qu’on n’entend plus que cela.

Sinon, je suis toujours gênée par ces jugements qui décrètent ou déplorent l’appauvrissement d’une langue bien vivante.

Par ailleurs, bien sûr que les reformulations que vous proposez sont très bien, mais il faut comparer ce qui est comparable, autrement dit des énoncés qui appartiennent au même registre. Vos propositions appartiennent à un registre standard + « élaboré » + « long », alors que les exemples avec sur relèvent d’un registre standard + simple + court, qui seraient comparables par exemple avec des énoncés employant les bêtes verbes avoir, être (là), etc. :

on a / c’est une nuance de bleu plus prononcée ici
on a des / ce sont épisodes pluvieux inhabituels
on a / ce sont des produits haut de gamme
on a / c’est un cas préoccupant

Toutes choses (aussi) égales (que possibles) par ailleurs, donc, la formulation être sur apporte possiblement - pour ne pas dire vraisemblablement - un plus par rapport à celles avec avoir ou être. De fait, si on adopte une démarche linguistique plutôt que normative, la plupart du temps, il y a [dans les nouvelles tournures] à la fois du nouveau (de l'inédit), de l'utile (la nouveauté sert souvent à exprimer quelque chose qui n'était pas exprimable auparavant, ou permet une expression plus économique) et du permis (la nouveauté est acceptable par le système de la langue).
Extrait d'un article de Sciences Humaines à propos de l’ouvrage de Marina Yaguello, Petits faits de langue, dans lequel il est d’ailleurs question de sur + ville.

Cela dit, il est tout à fait possible que ce on est sur ne s’ancre pas durablement dans la langue ; à suivre.

Ylou a écrit:

Eh bien je n'en suis pas si sûre; du moins pour le premier : je n'arriverai jamais à dormir sur l'avion.

Ah bon, celui-là me fait le même effet qu'à Chover. En revanche habiter sur le même étage me laisserait moins ébahie, qui se rapproche de sur le même palier.


l me semble qu'avec la première formulation "on est sur...", on focalise sur le sujet. Je le ressens comme un appel à la subjectivité.

Possible. En tout cas, que vous perceviez une nuance qui n’existerait pas dans les formulations classiques me semble être le signe plus d’un enrichissement que d’un appauvrissement de la langue.

Cela dit, je ne trouve pas ces emplois délirants ni appauvrissants (ce qui est pas mal appauvrissant en revanche, c’est de limiter le sémantisme de sur au seul sens spatial), ils restent tout à fait explicables : ce sur signifie quelque chose comme Ce dont il s’agit (on remarque d’ailleurs que ça ne marche (pour l’heure) qu’avec le pronom on. Je ne crois pas qu’on dira : Je suis sur un foie persillé / sur un vin puissant) et ne serait donc qu’une extension du sens 8 donné par Larousse en ligne :

8. le point considéré, la question examinée [...]

Alors, il faudrait voir pourquoi ce On est sur un vin puissant plutôt que On a (là) un vin puissant, ou On a affaire à un vin puissant, C’est un vin puissant, etc.

Bon... les exemples (de la deuxième série) donnés par Ylou sont tirés d’un site québécois qui s’adresse soit à des anglophone (sleep on the plane, cross on the red light, live on the same floor), soit à des francophones très influencés par l’anglais ; mais je doute fort qu’un Français de France puisse dire à ce jour de tel énoncés (les deux de la première série, en revanche, sans conteste, oui).

Eh bien, je n’aurais jamais imaginé que dire d’un argument qu’il était àma faible déchaînerait tant de passion.

(À part ça, je regrette, éponymie, que vous ayez une si piètre opinion de mes interventions, moi qui trouve si souvent les vôtres remarquables de finesses, d’intelligence et d’originalité. C'est d'ailleurs bien dommage que vous vous fassiez si rare.)

Lévine a écrit:

Le péquin débile a le grand plaisir de t'emmerder.

Oui, je sais, tu accueilles plus facilement les louanges que les critiques. :)

Pour info, débile :

B.− Au fig.
1. Domaine de l'action, de la pensée. Qui manque d'efficacité; régime débile, argument débile.

(Tlfi)

Lévine a écrit:

mais personne ici, vous le voyez bien.

Quel argument ! Si peu scientifique et si terriblement prétentieux. Trois péquins interviennent sur ce forum (échantillon quantitativement pauvre) qui ne sont pas linguistes et encore moins neurolinguistes (échantillon qualitativement pauvre).

Peut-être as-tu raison sur le fond (je n’ai pas d’avis, parce que je n’ai jamais eu le courage de lire les trop de pages qui précédaient mon arrivée sur le forum et notamment je n’ai pas pris la peine de comprendre le système de codon, ce que te reproche avec justesse - je crois - Chrisor), mais ton argument est absolument débile.

Abel Boyer a écrit:

Je ne comprends pas pourquoi on devrait avoir  payées et livré.

Ma foi, voilà qui est farfocheux, euh fort fâcheux, veux-je dire, ma langue a chourfé.

Tiens ! mais au fait, on dirait que vous avez revissé. L’Abel est faible, qui s’est pas fait la belle, à l’appel du surréalisme n’ayant su résister, qui sert à la pelle du parler pour ne rien dire. Néanmoins, il me faut vous dire que j’admire et respecte profondément votre engagement dans cette quête de compréhension.

Oui, c’est quelque chose qu’on lit ou entend en effet souvent, et qui a peut-être une petite part de vérité, le hic, c’est qu’on peut tout aussi bien avoir :

Avez-vous payé les 300 bouteilles de champagne, ou peut-être était-ce 301, un doute m’assaille soudain, qu’il va falloir que je dissipe, et rapidement encore, pour ne pas vous laisser dans l’incertitude - je vous aviserai sitôt mes investigations terminées - qui vous ont été livrées à domicile.

On devrait donc avoir payées et livré.

florentissime a écrit:

K@t,
Quant à moi je réagissais à la passe d'arme entre Abel "la grammaire est un art" et p'tit prof "la linguistique est une science", en

OK.

Bon ça demanderait l’ouverture d’un nouveau fil, mais en essayant de faire succinct : autant il me parait bien légitime de s’interroger sur le caractère scientifique ou non d’une discipline, autant il me semble que l’argument présentement invoqué n’est pas pertinent pour refuser à la linguistique le statut de science qu’elle revendique.
En revanche, il illustre bien l’opposition entre grammaire descriptive (branche des sciences du langage) et grammaire prescriptive / normative (qui ne relève pas des sciences du langage).

Grammaire descriptive : observation d’un fait de langue : jusqu’au XVIIe siècle on constate en français (à l’écrit) une oscillation entre accord et non accord du participe passé avec le nom auquel il se rapporte. Diverses hypothèses sont envisagées pour expliquer ce phénomène (voir les références données supra).

Grammaire prescriptive : ce n’est plus observer des faits de langue et tenter de les expliquer, c’est légiférer.
Selon Marot, il faut faire l’accord du PP antéposé. Argument : parce que les Italiens font ainsi et que l’italien est une belle langue. Super argument ! On est effectivement dans l’esthétique et non dans la science ; + argument faux, en tout cas déformé, puisque comme dit supra, en italien les 4 cas de figures se trouvaient à l’époque de Marot - et se trouvent toujours : accord ou non accord des PP que le complément soit ou non antéposé.
Selon Dubois, il faut accorder dans tous les cas. Argument : il faut faire comme en latin (prescription donc, et non recherche de causes pouvant expliquer l'évolution du français par rapport au latin).
Vaugelas entérine cette règle avec des arguments du type que c’est la façon de parler de la plus saine partie de la Cour, conformément à la façon d’écrire de la plus saine partie des autheurs du temp
Là encore très peu de sciences et beaucoup d’esthétique.

(Quant à la définition traditionnelle du COD, elle est rejetée par les linguistes précisément en raison de son sémantisme flou.)

Ah ! Lévine, Lévine !!!

Tu as publié ton message à 44, j’ai publié le mien à 48, sans avoir vu le tien.
Bon, déjà, et d'une ; ensuite je n'ai fait que reprendre les propos de florentissime, puisque c’est à lui que je répondais.

florentissime a écrit:

Merci de nous exposer les preuves scientifiques

(La discrète mise en valeur est de moi.)

Mais sinon, la susceptibilité, ça va Lévine ?

Plutôt des éléments historiques, que des preuves scientifiques :

Extrait de ce document :

Comme le rappelle Wilmet (1999) au début de son ouvrage, le latin connaissait des formulations telles que habeo cultellum comparatum, littéralement j’ai (je détiens) un couteau acheté : dans cet exemple, le verbe est un présent et le participe de comparare a la fonction d’un adjectif accordé avec son support, c’est-à-dire avec le substantif auquel il se rapporte et avec lequel il entretient, sémantiquement, une relation de type être. Or ce sont les tournures de ce genre qui, par grammaticalisation de leur valeur aspectuelle, ont donné naissance à notre moderne passé composé, ainsi d’ailleurs qu’aux autres formes composées du verbe. Comme l’observe Wilmet, chez La Fontaine, il avait une somme enfouie est encore interprétable d’une double manière : l’énoncé signifie soit il possédait une somme enfouie, soit (avec un ordre des mots aujourd’hui archaïsant) il avait enfoui une somme. Les progrès de la grammaticalisation n’ont pas seulement influencé l’ordre des mots et rapproché l’auxilié de l’auxiliaire, ce dont témoigne a contrario l’exemple de La Fontaine ; ils ont également fait que le verbe composé tend à se comporter comme une forme unitaire, rendant progressivement obsolète l’accord du participe. Le sentiment d’une relation du type être entre le régime et le participe s’est-il perdu d’abord dans la séquence progressive j’ai écrit une lettre, j’ai enfoui une somme, où l’accord était déjà très souvent omis par les clercs médiévaux ? Le fait est que chez ces mêmes clercs, l’accord se maintenait plus fermement quand le régime précédait le verbe : la lettre que j’ai écrite, la lettre, je l’ai écrite. Mais il peut s’agir là d’une tendance induite par l’activité d’écriture, qui privilégie de manière générale, pour des raisons mécaniques, l’accord avec ce qui est avant ; à l’oral, il est impossible malheureusement de savoir avec exactitude comment les sujets de l’époque accordaient leurs participes... Quoi qu’il en soit, au XVIe siècle, les premiers codificateurs du français n’ont pas hésité à conférer une portée prescriptive à ce qui n’était peut-être, au départ, que le reflet d’un tic de copiste. Ils ont donné force de loi à une répartition qui, même d’après les indices fournis par les textes, ne reflétait pas à l’époque une réalité linguistique tranchée ; malgré les protestations de certains contemporains, ils ont ainsi réussi, et de manière durable, à imposer une distribution normative stricte entre j’ai écrit une lettre (absence d’accord obligatoire) et la lettre que j’ai écrite (accord obligatoire avec le support antéposé).


Et ici, des développements très intéressants sur l’accord du PP en italien (contemporains et moins) : pour le COD antéposé = choix entre accord et non accord, mais plutôt non accord dans les faits.
Le choix entre l’accord et non accord du PP lorsque le COD est postposé existe également, mais le non accord est nettement plus fréquent.

Lévine a écrit:

dans le sens où elle ne "sémantise" pas.

Ah tiens ?! Que voilà un point de vue original !

Je me demandais si ça avait un sens de répondre à la question initiale après 1 mois et 5 pages de considérations qui avaient bien dévié de cette demande, mais puisque Lévine y revient, je profite de l’occasion pour supposer que l’auteur des propos rapportés par Ylou a très certainement lu André Chervel, Bérengère Bouard ou encore Sylvie Plane (ou d’autres encore). Les extraits ci-dessous donnent un aperçu du point de vue de cette dernière (qui rejoint celui de Chervel).

 il faut rappeler que la notion de complément d’objet direct fut créée pour pouvoir énoncer la règle d’accord. Ainsi Sylvie Plane explique que «les grammairiens parlaient de l’accord avec “le relatif”, “la chose”, “l’accusatif”, “l’objet”, le “correspondant” pour enseigner cette règle. On finira par inventer la dénomination “complément d’objet direct” qui n’est véritablement utile que pour traiter de cet accord».
[...]
À ceci s’ajoute le fait qu’au XIXe siècle, l’orthographe est devenue un critère de sélection scolaire et pour les concours (de fonctionnaires par exemple). 
source

Le complément d’objet est beaucoup plus opaque. Le complément du nom complète un nom. Mais le complément d’objet, il complète quoi ? Cette expression est issue d’un compromis entre des grammairiens, qui parlaient d’« objet du verbe » et ceux qui parlaient de « complément du verbe ». L’école républicaine a fait un mélange des deux pour fabriquer ce monstre de complément d’objet, qui n’a pas vraiment de sens. Mais cette dénomination est traditionnelle et pour cette raison a été conservée dans la partie des programmes consacrée à l’accord du participe passé.
source

https://i.goopics.net/800/m5Y8G.jpg

Je n’ai jamais abordé la question de la polysémie de lire et c’est un fait que je ne nie pas (pas plus que la diversité de nature des X qui sont COD de lire).

(Par ailleurs, quand on dit lire le journal / un roman, etc. c’est par synecdoque : on lit ce qui est écrit dans le journal, le roman, etc. ; et le journal est déchiffré, comme l’est l’information.)

@florentissime

Hmmm, polysémie du mot objet... objet réel, concret, matériel, immatériel, imaginaire, grammatical, sémantique, de sens propre, figuré...

Quand je dis Paul aime Marie, Marie n’est pas un objet (dans le sens courant et concret), mais c’est l’objet (sens abstrait et grammatical) de l’amour de Paul.
Quand je dis Paul déteste l’hypocrisie, l’hypocrisie n’est pas un objet, mais c’est l’objet de la détestation de Paul.
etc.

Je me cite (message 168) :

Vous êtes, j’imagine, d’accord pour dire que l’acte de lire nécessite toujours un quelque chose qui est lu ?

Dans vos, 1, 2, 3, il y a toujours un quelque chose (un objet donc) qui est lu :

1 : je lis un livre, le journal

2 : je lis (l’avenir) dans les astres

On peut d’ailleurs, construire astres comme objet, même si c'est sans doute plus fréquent avec cartes :

Il lit (l’avenir) dans les astres / les cartes.
Il lit les cartes / les astres (pour prédire l’avenir).

3 : j’ai lu dans ce livre que..., la complétive (qui n’est pas ici complétée) est l'objet de lire.

glop a écrit:

Si j’écris "peintes", j’ai l’impression de parler d’un Watteau qui serait peintre en bâtiment.

lol

@Chover

Je suis faible, je ne résiste pas à cette petite démangeaison qui me susurre Bah non quand même tu peux pas ne pas répondre, là, hein ! Bon ben OK alors, je réponds.

Les pensées ou les astres ne sont en effet pas le COD, ce qui est le COD  - non exprimé, c’est ce qu’on y lit.
C’est ce que j’ai voulu vous indiquer quand j’ai dit que je ne lisais pas grand-chose, voire rien dans vos pensées.

Tu lis quoi dans mes pensées ?
Que lis-tu lis dans les astres ?

(Oui, les questions, ce n’est pas un test décisif, mais quand même, ça peut aider un peu, parfois.)

Si tu connais l’article, tu as donc lu qu’elle opposait emploi absolu et anaphore zéro, tu as dû également voir qu’elle développait quelques lignes sur lire qui relève du premier cas (je suis sympa : page 2, paragraphe 2 et suivants), cas auquel renvoie l’extrait que j’ai donné supra.

Après, si on veut étiqueter les verbes transitifs employés absolument comme verbes intransitifs, je n’y vois pas d’inconvénient (sans ironie, et ça peut en effet se défendre), il n’en restera pas moins qu’au niveau sémantique un verbe transitif employé absolument n’équivaut pas à un verbe intransitif - le premier nécessite un autre participant au procès que le sujet, qui sera un des sèmes du sémème, pas le second.

Je vais aussi m’en tenir là. :)

OK, alors c’est un dialogue de sourds (puisque je fais depuis le début cette distinction entre le plan sémantique et le plan grammatical. Ou dit autrement peut-être que ça vous parlera mieux : entre le virtuel, l'actuel ; le en langue, en discours).

(Ce n’est pas dans l’immense majorité des cas que l’acte de lire nécessite un objet, c’est systématiquement ; cet objet n'est pas systématiquement exprimé.)

Personnellement, je vais m’en tenir là : je préfère les dialogues d’entendants aux dialogues de sourds.

(Cela dit sans animosité aucune.)

Un pâté de maison ?

Une ardoise effacée ?

Lévine a écrit:

Oui, mais la transitivité, ce n'est pas une convention.

Je ne sais pas trop ce que tu veux dire par là, mais ce qui est certain c’est que sa définition, tant en intension qu’en extension, a connu bien des variations. Va faire un tour du côté de l’histoire de cette notion (qq éléments par exemple ici). De façon récente : habiter à, vivre en, monter sur, et tellement d’autres, sont étiquetés intransitifs par la grammaire traditionnelle, alors que la nouvelle grammaire les étiquette transitifs indirects.


Lévine a écrit:

Pour ce qui est de lire, je suis d'accord avec Chover : lire, c'est se livrer à une activité, tout comme écrire, chasser, fumer, boire (excepté le sens "boire de l'alcool" qu'il a fréquemment ; là, le "COD" est effacé car sous-entendu), même raconter, pour ne prendre que des verbes qui peuvent être transitifs.

Ben oui, et alors ? Se livrer à une activité n’empêche pas qu'au niveau sémantique cette activité nécessite un objet pour être effectuée. Après en effet, si la non expression de l’objet n'empêche pas d'accéder au sens et si on veut insister sur l’activité plutôt que sur son objet (parce que non pertinent, parce que plus ou moins déductible à partir des co- contextes), on se dispensera de l’exprimer.

s'il est attendu qu'on décrive une activité sans considération de son objet lorsqu'on la considère dans sa virtualité [...] [ i]l est incontestable que, si le verbe ne présente pas d'argument objet dans cette configuration, il n'en garde pas moins sa valence transitive. Simplement, l'actant mis en place par le sémantisme verbal demeure indéfini
source

@Chover

J’avoue que je ne lis pas grand-chose dans vos pensées, pour ne pas dire rien.
Et je suis bien curieuse de savoir comment vous avez appris à lire, parce que moi, je l’ai fait en lisant des signes (qui étaient autant les objets que les moyens de mon apprentissage).
marcher et dormir n’ont besoin de rien d’autre que du sujet pour s’effectuer, lire a besoin d’autre chose que du sujet pour s’effectuer (un graphème, un mot, une phrase, un livre, etc. - que ce soit au stade de l’apprentissage ou de la maîtrise de la compétence).

Y en a une qui doit bien se marrer dans tout ça, c’est Alètheia.

@Lévine
Mais c'est bien tout le problème de ces notions et étiquetages de la grammaire traditionnelle que de mélanger du sémantique et du syntaxique, sans qu'aucune des deux notions ne soit vraiment exploitable. La définition uniquement syntaxique du COD ne permet pas de le distinguer du CM essentiel, sa définition sémantique en plus d'être extrêmement floue est la plupart du temps pas pertinente (bon ceci étant beaucoup dû à cela). Quant au CM, quelle est donc sa fonction en grammaire traditionnelle ? Est-elle la même dans Je mesure 185 cm et J'ai vécu trois ans en Suède ?

Quoi qu’il en soit, c’était sans doute une mauvaise idée de présenter les choses comme je l’ai fait, la seule définition du COD :

https://i.goopics.net/800/gprEj.jpg


suffit à différencier Je mesure 185 cm sous la toise (ma taille vs la distance entre le sol et la toise), J’ai vécu vs J’ai passé trois ans en Suède, etc.


(J’ai modifié mon message 161.)

Se monter la tête ?

Lévine a écrit:

Est-ce que pour vous tout complément essentiel est un complément d'objet ?

La réponse est dans mon message 153.
(dans le 157 aussi).

Alors, à mon tour de « euhter », deux fois, je euhte (peut-être devrais-je me contenter de OKeter, comme dans mon précédent post).

Chover a écrit:

La plupart du temps, oui. Mais cette considération n'a plus rien de grammatical, je crois.

En effet :

bibi dans son message 144 a écrit:

(Et il y a effectivement des verbes - fumer, boire, manger, lire, etc.  - dont les compléments sont essentiels au sens -  niveau sémantique,  mais ne sont pas obligatoirement exprimés - niveau syntaxique ; ce n'est  pas le cas de vivre.)
il est là, le message.

Chover a écrit:

Euh, non seulement cet acte ne le nécessite pas mais imaginer qu'il pourrait le nécessiter reviendrait à nier l'intransitivité de « marcher », me semble-t-il.

Eh bien en effet, c’est ce que je croyais avoir dit : ce verbe est complet, il n’a pas besoin d’un complément pour acquérir son sens.

On dirait que nos esprits ne sont pas branchés sur la même longueur d’onde ! https://i.goopics.net/800/4eqYl.png

Chover a écrit:
k@t a écrit:

J’ai passé trois ans en Allemagne.
Le complément de mesure répond aux quatre conditions de la première colonne = complément de mesure COD.

Je ne peux vous suivre. On ne parle pas de complément de mesure, me semble-t-il, à chaque fois qu'un nom est précédé d'un adjectif cardinal. Ou alors, on devra analyser « Mille malheurs », dans « Mille malheurs me sont arrivés » comme un complément de mesure ! Dans « J'ai passé trois ans en Allemagne », « trois ans » remplit pour moi la même fonction que « de bons moments » dans « J'ai passé de bons moments en Allemagne », C.O.D., ni plus ni moins.

OK.

Chover a écrit:

l'acte de lire ne me semble pas varier selon qu'on dit qu'on lit un livre ou, de la manière la plus brève, qu'on lit.

Vous êtes, j’imagine, d’accord pour dire que l’acte de lire nécessite toujours un quelque chose qui est lu ? Sans ce quelque chose, l’acte de lire (d’apprendre à lire, itou) est irréalisable.
A contrario l’acte de marcher ne nécessite par un quelque chose qui est marché, n’est-ce pas ?
C’est en ce sens qu’il est dit que le complément de lire est nécessaire à son sens. Cependant, contrairement à d’autres verbes, qui ont également un complément essentiel à leur sens, l’expression de ce complément n’est pas obligatoire.

_______________________________

Et puis des exemples :

- Qu’est-ce que tu fais ?
- Je marche.
- *Tu marches quoi ?


- Alors, raconte, c’est quoi les dernières nouvelles ?
- J’ai vendu ma maison il y a deux jours.
- Ah super ! Et à qui ?

(On vend forcément quelque chose à quelqu’un, l’acheteur est nécessaire au sens du verbe mais son expression est facultative).

- Qu’est-ce que tu fais ?
- Je suis en train de conduire.

A priori, soit on se fiche pas mal de ce qu’il conduit, soit on sait (ou on se doute fort) qu’il conduit sa voiture (ou le véhicule qu’il conduit habituellement), donc on va (très probablement) pas lui demander ce qu’il est en train de conduire ; mais l’acte de conduire nécessite tout de même un quelque chose qui est conduit pour être réalisé. D’ailleurs, le complément sera exprimé quand ce qu’il désigne est inattendu :
- Qu’est-ce que tu fais ?
- Je suis en train de conduire un char de la Seconde Guerre mondiale !

Si le complément de conduire n’est pas un véhicule il sera obligatoirement exprimé :

- Qu’est-ce que tu fais ? Demande Bébert à son pote le berger.
- Je conduis mes moutons vers le pâturage.

-Qu’est-ce que tu fais ?
-* Je vais.
 -??? tu vas où ?
- Ben à la plage !
- Et comment veux-tu que je le devine si tu ne me le dis pas !!!

etc.

glop, dans la première phrase, trois fois modifie le verbe (autrement dit, c’est un adverbe).

La deuxième phrase est effectivement ambiguë, mais elle est aussi incomplète, et la suite permettra de la désambiguïser et d’accorder le participe en conséquence :

Les trois ans que j’ai vécus en Suède ont bouleversé ma vie.
Les trois ans que j’ai vécu en Suède, j’ai été l’homme le plus heureux du monde.

(Puisque que peut en effet avoir pour sens .)


Edit : À la réflexion, je pense que l’accord ne doit pas être fait dans la première phrase, puisque trois ans n’est que quantitatif, on le ferait si on associait une dimension qualitative :

Les trois ans horribles que j’ai vécus en Suède ont bouleversé ma vie.

Lévine a écrit:

C'est à cause de la symétrie dans les relations d'équivalence et de l'anti-symétrie dans les relations d'ordre, mais laissons.

Si Marie est la sœur d’Anne,
alors Anne est la sœur de Marie (symétrie).

Mais, si Marie est la mère d’Anne,
alors Anne n’est pas la mère de Marie (pas de symétrie)


Tu dis que la notion de mesure est sémantique, mais tu l'utilises en association avec la fonction "objet" ; n'est-ce pas se retouver dans l'inconfort de la grammaire scolaire traditionnelle ?

Ça aurait pu poser problème si j’avais donné de l’objet des définitions du type : c’est par là que passe le procès (pour ne pas dire action, qui rend la définition encore plus inadéquate), c’est ce qui subit le procès, mais je n’ai rien fait de tel.


Et comment définis-tu la fonction complément d'objet ?

Si tu regardes le tableau que j'ai donné dans mon message précédent, tu verras que je définis la fonction d’objet direct comme vous l’avez fait avec P’tit prof en y ajoutant une dimension sémantique que je revendique depuis le début de mon intervention.

Votre définition : complément du verbe construit directement.
Mon ajout : ce complément est essentiel au sens du verbe, et il ne complète pas le sujet, ni ne modifie le prédicat.

Votre définition ne permet pas de conclure que dans Je mesure 185 cm (ma taille est de 185 cm), 185 cm n’est pas COD ; que dans J’ai vécu trois ans en Allemagne, trois ans n’est pas COD, la mienne, si.

C’est avec la même définition que je conclus que dans J’ai 35 ans, 35 ans est un complément de mesure, ou peut-être un autre type de complément, mais pas un COD, puisqu’il énonce une propriété du sujet (avec avoir = copule).

Lévine a écrit:

Je me demande si l'on ne peut pas faire un parallèle avec les relations en maths :
- verbe copule établissant une relation d'équivalence ;
- verbe transitif direct établissant une relation d'ordre.

Alors je ne suis vraiment, mais vraiment pas mathématicienne, mais malgré tout, je ne vois pas trop quel lien on peut établir entre la transitivité grammaticale et la relation d’ordre mathématique et d’ailleurs, pareil pour la relation d’équivalence mathématique, je vois pas trop comment faire le lien avec l’attribut.

Lévine a écrit:

Maintenant, reste à définir la relation de transitivité pour sortir de la tautologie et distinguer la mesure de l'objet, par exemple.

Comme l’inspiration n’a pas daigné me visiter, je vais récapituler, synthétiser ce que j’ai dit hier.

Avant tout : le complément de mesure n’est pas une fonction, mais une notion sémantique.

Ensuite, il faut voir comment le verbe se construit, et ça, ça fait partie de la connaissance lexicale que les locuteurs sont censés maîtriser et si pas on regarde dans un dico. Ainsi, personne ne dira par exemple qu’habiter se construit seul. Après on peut étiqueter les choses différemment (la grammaire traditionnelle fait de habiter à un verbe intransitif, là où la nouvelle grammaire en fait un verbe transitif), mais tout le monde est d’accord pour dire que ce verbe implique nécessairement un complément. C’est cette connaissance lexicale qui permet d’opposer mesurer quelque chose vs mesurer (= avoir pour taille) ou encore vivre [sans complément de temps obligatoire] quelque part vs passer du temps [complément de temps obligatoire] quelque part, etc.


https://i.goopics.net/800/5Xd8g.jpg


Application :

Je mesure 185 cm sous la toise.

Deux interprétations possibles :

1 - Ma taille est de 185 cm.
2 - Je réalise une mesure entre le sol et la toise et je trouve 185 cm.*

Dans l’énoncé 1, le complément de mesure est :
- essentiel au sens,
- obligatoirement exprimé,
- se construit directement
- quantifie le sujet,

on a donc un complément de mesure non COD.

dans l’énoncé 2, le complément de mesure remplit les quatre conditions de la première colonne du tableau, c’est donc un complément de mesure COD.

J’ai vécu (trois ans) en Allemagne .
Le complément de mesure ne remplit pas les conditions 1, 2, 4 de la première colonne = complément de mesure non COD.

J’ai passé trois ans en Allemagne.
Le complément de mesure répond aux quatre conditions de la première colonne = complément de mesure COD.

Quand le complément de mesure est COD, c’est par une sorte de métonymie ; en vrai, le complément de mesure quantifie l’objet qui est ellipsé :

Je mesure (une distance de) 185 cm sous la toise.
Le COD, c’est : une distance (de 185 cm).

J’ai passé (une période de) 3 ans en Allemagne.
Le COD, c’est : une période (de 3 ans).




* (Merci de ne pas venir me chipoter que cet énoncé est peu probable ; c’est pour les besoins de la démonstration.)

Lévine a écrit:

C'était une objection à ceci :

"le chat = sujet syntaxique / agent sémantique
la souris = objet syntaxique / patient sémantique"

Oui, dans ce cas, syntaxe et sémantique ne coïncident effectivement pas, puisque le sujet grammatical est patient sémantique, et le COD thème (sans doute).
Cet aspect non prototypique était d’ailleurs déjà présent dans Marie aime la tarte aux fraises, où Marie n’est pas plus agent que la tarte aux fraises n’est patient.

Chover a écrit:

« Tu pars déjà ?
— Oui, mais ne t'inquiète pas ! J'ai mangé. »

Manger a effectivement plusieurs acceptions.
Dans le sens de ingurgiter, le complément est essentiel au sens (le verbe est transitif direct), mais non obligatoirement exprimé.
Dans le sens de prendre un repas, le verbe est complet, se suffit à lui-même, il est intransitif.
Dans votre phrase, c’est sans doute le sens qu’à manger :
« Tu pars déjà ?
— Oui, mais ne t'inquiète pas ! J'ai déjeuné, dîné, goûté, pris un repas . »

Toutefois si mon exemple avec manger vous semble non concluant, prenez lire : On lit forcément quelque chose (complément essentiel au sens du verbe), mais cet objet n’est pas obligatoirement exprimé.

Faut demander son avis à Bob.

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