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Le forum d'ABC de la langue française

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Revue du sujet (plus récents en tête)

159

http://www.cnrtl.fr/definition/professeuse

158

Quitte à s'autoriser "professeuse" pourquoi ne pas s'autoriser (s'auto-riser ?) aussi professeux?

157

Distinction :

Une professeure de doctrines païennes. Elle enseigne aussi les doctrines judéo-chrétiennes au séminaire.
Une professeuse de doctrines païennes. Elle passe son temps à les professer.

On n'a pas cette distinction au masculin.

156

Ah eh bien dites-donc! En voilà un joli mot! rétrécissant à souhait.....!

155

yd a écrit:

poétesse. « Poétesse tend à devenir péjoratif. On dira : cette femme est un grand poète » (Pt Rob.).

Entendu aujourd'hui un reportage où une femme revendique le titre de "poémeuse" plutôt que de "poétesse".
Je ne garantis pas l'orthographe : poémeuse ou poèmeuse !

154

Ca m'étonnerais beaucoup que les féministes revendiquent aussi de féminiser les grades de la Marine.

Imaginez:

"Premier maître" en "Première maîtresse"
"Maître principal" en "Maîtresse principale"
Trop drôle.

Allons-y féminisons à tour de bras alors.
Ils n'ont qu'à modifier aussi les noms masculins invariables en genre, pendant qu'ils y sont.

Pas très sérieux toute cette affaire sur la féminisation des termes.
Je suis d'accord pour que la langue française évolue, mais là on touche le fond.
la féminisation des noms , personnellement, je suis contre.

153

Perkele a écrit:
Dom a écrit:

Si l'on veut créer un masculin, il suffit de dire UN sage-femme, puisque le mot «femme» qui compose ce nom de métier désigne la patiente et non le soignant

Alors, là il faut m'expliquer.
Une sage-femme a toujours été pour moi une "femme ayant assez de connaissances pour assister une autre femme dans un accouchement".
Définition du Robert: Personne (femme) qui connaît et pratique les techniques de l'accouchement. Accoucheuse.

On m'a appris qu'il s'agit de quelqu'un qui "sait sur les femmes".

La difficulté lexicale née de l'accession de ce métier aux hommes suscite naturellement des tas d'hypothèses farfelues sur l'étymologie ou le sens du mot de manière à pouvoir se convaincre que "femme" ne désigne point l'accoucheuse mais l'accouchée.
Mais dans "sage-femme", "sage" est seulement adjectif et ne peut pas être un verbe qui pourrait faire un mot composé "verbe+nom" comme dans "porte-feuille" ou "garde-meuble".
On a objecté que si c'était un adjectif, "on devrait plutôt dire femme sage (femme qui sait) sur le modèle de femme savante". C'est oublier complètement l'histoire du mot, dont la formation est attestée depuis le XIIIe siècle, époque où la place de l'adjectif n'était pas nécessairement la même qu'au XVIIe siècle (femme savante). L'adjectif était plus fréquemment qu'aujourd'hui antéposé, ce qui n'empêche d'ailleurs pas qu'on trouve plus tard des formes telles que "femme sage" ou "mère sage" dans ce même sens d'accoucheuse, comme rappelé ici sur ce forum :

- forme attestée en 1212.
- autres variantes: femme sage, sage mère (XVe) mère sage (1609);
- sage au sens de «expert, (habile dans son art)» [idem l'Académie] (1155, saive en ce sens)

On voit que l'adjectif a été, au cours du temps, aussi bien postposé qu'antéposé, avant que l'usage ne le fixe dans la position avancée que nous lui connaissons aujourd'hui (et qui est sa position ancienne) ; il s'agit donc bien d'une "femme sage" et non d'une "sage qui connaît les femmes". "Sage", comme nous le montre Godefroy, y a le sens de "savante, experte, habile".
Dans sa forme ancienne "saive", l'adjectif était le plus usuellement antéposé, comme dans ce passage des sermons de Maurice de Sully :

Il tempte les moines, les chanoines, les hermitans, les reclus, les clerz, les hommes, les femmes, les riches e les povres, por eaus traire à mau. Quar li saives hom e la saive femme sunt ignelement trebuché en peché , e li prodom e la prode femme se deffendent vertuosement.

Intéressant parallèle qui groupe le sage homme, la sage femme, le prudhomme et la prude femme. Bien sûr, sage femme a ici son sens normal, pas celui d'accoucheuse.
Une ancienne attestation de sage femme au sens qui nous intéresse se trouve dans la traduction que fait au XIVe siècle Simon de Hesdin des Facta et dicta memorabilia de Valère Maxime. Il écrit à propos de Socrate :

ot une mere qui avoit nom Phaenarete, laquele estoit sage femme.
Glose: Sage femme a Paris est dicte la femme qui reçoit les enfans, quant les femmes travaillent, et en notre pays on la nomme mere aleresse, pour ce que elle va par tout
de maison en maison.

Dans ce même texte, on trouve de nombreuses occurrences de sage et il est toujours antéposé, selon l'usage ancien :

sages hommes, c’ on appelloit Mages;[...]
Mais je croy pour voir que, quelx gens que ce fussent, c’ estoient moult sages hommes, et puet bien estre qu’ il estoient astronomien, et qu’ il savoient aucunes ars, que les autres ne savoient pas [...]
Ceste chose donna grant souspecon a un sage et noble homme, qui avoit a nom Hostan [...]
les Atheniens firent leur duc de un vaillant et sage homme, qui avoit nom Conon, [...]
il prist une moult vaillant, sage et noble femme, qui avoit a nom Tanaquil [...]

Ainsi, cette petite excursion dans les textes anciens nous donne un nouveau synonyme de sage-femme mère allerresse. En voici un autre, ventrière. Ce dernier aurait l'avantage de se mettre très facilement au masculin : le ventrier ! On peut lire ici, en prime, l'histoire de Perrette, ventrière jurée à Paris en 1408.
Si l'on voulait dire sage homme, on retrouverait une forme ancienne consacrée. On appelait jadis sage homme ou sage hom un jurisconsulte. Puisque ce sens est abandonné, le mot est libre pour l'accoucheur, si besoin est.

152

P'tit prof a écrit:

Je posais l'évidence de l'alternance eur/eresse.
Aucun des exemples de la liste ne contredit cette constatation : chaque nom en -eresse fait pendant à un nom en -eur.
Un jeu de couleur essaie de nous faire voir autre chose, en découpant le radical de deux façons différentes :
bailler/esse — baill/eur :effectivement, ça ne marche pas. A radical bailler-, sufixe -esse, à radical baill-, sufixe -eur

Ben si, précisément ça marche quand on ne considère que des verbes du premier groupe.



Il n'y a qu'en élargissant la liste :
       bailleresse — bailleur
       vengeresse — vengeur

aux substantifs liés à des verbes exclus du premier groupe :
       *défendresse  — défenderesse — défendeur
       *mentiresse  — menteresse — menteur

qu'on s'aperçoit que les radicaux à retenir sont :
       baill#
       veng#
       défend#
       ment#

C'est-à-dire des radicaux subjonctifs (ou participiaux).



P'tit prof a écrit:

Mais avec un autre découpage :
baille/resse — baille/ur, là, cela devient évident.
Le radical est baille- dans les deux cas.

Non, le radical n'est pas *baille#.



De même que pour vengeur, défendeur et menteur le radical n'est pas : 
       *venge#
       *défende#
       *mente#

Mais bien :
       veng#
       défend#
       ment#



P'tit prof a écrit:

De ce qui suit, je ne dirai rien : je n'y ai entravé que pouic, que dalle, pani ayen.

C'était juste la déclinaison en ancien français de <emperere> {empereur}, <pechere> {pécheur}, <empereris> {impératrice} et <pecheris> {pécheresse}.

En mettant des graphies plus contemporaines, les anciens féminins auraient cette allure : <empereresse> et <pecheresse>. Il apparaît donc qu'ils sont une suffixation du cas sujet singulier des correspondants masculins : <emperere> et <pechere>.

Pour les substantifs, le français moderne connaît le cas universel et non les deux cas sujet et régime de l'ancien français. Dans la grande majorité des cas, la forme universelle dont nous avons hérité (empereur, pécheur) est en fait la forme régime de l'ancien français (empereor, pecheor). C'est pour cette raison que la suffixation #esse de la forme sujet masculine (emperere, pechere) n'est plus perceptible.

151

Non, ça ne saute pas aux yeux :

     bailleresse — bailleur
     charmeresse — charmeur
     chasseresse — chasseur
     demanderesse — demandeur
     devineresse — devineur
     devineresse — devin
     enchanteresse — enchanteur
     pécheresse — pécheur
     pêcheresse — pêcheur
     singeresse — singeur
     tailleresse — tailleur
     vengeresse — vengeur

Je vais prendre rendez-vous chez mon ophtalmo...
Je posais l'évidence de l'alternance eur/eresse.
Aucun des exemples de la liste ne contredit cette constatation : chaque nom en -eresse fait pendant à un nom en -eur.
Un jeu de couleur essaie de nous faire voir autre chose, en découpant le radical de deux façons différentes :
bailler/esse — baill/eur :effectivement, ça ne marche pas. A radical bailler-, sufixe -esse, à radical baill-, sufixe -eur
Mais avec un autre découpage :
baille/resse — baille/ur, là, cela devient évident.
Le radical est baille- dans les deux cas.

De ce qui suit, je ne dirai rien : je n'y ai entravé que pouic, que dalle, pani ayen.

150

P'tit prof a écrit:

chasseur — chasseresse
enchanteur — enchanteresse
vengeur — vengeresse

ll saute aux yeux que -eresse commute avec -eur.
Nous avons aussi demandeur/demanderesse, défendeur/défenderesse

Non, ça ne saute pas aux yeux :

     bailleresse — bailleur
     charmeresse — charmeur
     chasseresse — chasseur
     demanderesse — demandeur
     devineresse — devineur
     devineresse — devin
     enchanteresse — enchanteur
     pécheresse — pécheur
     pêcheresse — pêcheur
     singeresse — singeur
     tailleresse — tailleur
     vengeresse — vengeur

Quand l'analyse est restreinte aux verbes du premier groupe, on peut tout à fait conjecturer que la forme féminine est basée sur un radical verbal du futur contre un radical verbal du présent (indicatif ou subjonctif) pour les morphies masculines.



D'autant qu'il existe une paire où le radical futur se retrouve tant au féminin qu'au masculin :
     acquéresse — acquéreur
Il est vrai aussi que si on introduit la notion de personne, et notamment les deux personnes partout distinguées dans la conjugaison française, on peut intérpréter ladite paire comme un radical présent (indicatif ou subjonctif) des personnes "nous" et "vous" :
     acquéresse — acquéreur



Mais ce qui invalide la conjecture dont je parlais, c'est l'examen des substantifs dérivés de verbes n'appartenant pas au premier groupe :

     *défendresse  — défenderesse — défendeur
     *vaincresse  — vainqueresse — vainqueur
     *vendresse  — venderesse — vendeur

Il s'agit bien, au moins pour les Méridionaux, du radical oral du présent du subjonctif (pour les deux genres grammaticaux), non celui du futur (pour le seul genre féminin), qui s'attache la suffixation nominalisante ultérieure. C'est moins évident pour les Septentrionaux puisqu'ils ne prononcent pas le <e> placé avant le <r>.



Il y a deux substantifs, dont la forme féminine est aujourd'hui inusitée, qui dérivent de verbes hors premier groupe et distincts des trois précédents en #re (défendre, vaincre, vendre) puisqu'ils sont en #ir du type sortir :

     *dormiresse  — dormeresse — dormeur
     *mentiresse  — menteresse — menteur

Ces deux exemples, bien que fortement teintés d'archaïsme, montrent que les formes de tous genres peuvent être indifféremment associées au radical du subjonctif : la discrimination de genre n'intervient qu'au niveau des suffixes #eresse et #eur, ainsi que tu le disais.

Mais puisque nous sommes dans les formes anciennes, autant préciser que le "suffixe" #eresse = #eris était réellement #esse = #is à l'époque où il était le plus vivant :

EMPEREUR — PÉCHEUR
   EMPERERE — PECHERE
masculin singulier cas sujet
   EMPEREOR — PECHEOR
masculin singulier cas régime
   EMPEREOR — PECHEOR
masculin pluriel cas sujet
   EMPEREORS — PECHEORS
masculin pluriel cas régime

IMPÉRATRICE — PÉCHERESSE
   EMPERERIS — PECHERIS
féminin singulier cas sujet
   EMPERERIS — PECHERIS
féminin singulier cas régime
   EMPERERIS — PECHERIS
féminin pluriel cas sujet
   EMPERERIS — PECHERIS
féminin pluriel cas régime