Il faut quand même reconnaître que RSE est bel et bien une francisation de CSR — en surface tout au moins.
On trouve d'autres exemples similaires — à l'étoffement ou troncation près pour certains :
AIDS — SIDA / sida
CRM — GRC
CVA — AVC
EEC — CEE
EU — UE
GDP — PIB
ICAO — OACI
ILO — OIT
IMF — FMI
NAFTA — ALENA
NGO — ONG
OPEC — OPEP
PLO — OLP
UN — ONU
HIV — VIH
VAT — TVA
WHO — OMS
WTO — OMC
etc.
On ne se complique pas forcément la vie en traduisant des syntagmes dénominatifs, surtout quand ceux-ci sont censés référer à un concept. C'est pas dramatique si les gens disent èfbihaille et kagébé, écrivent FBI et KGB, plutôt que èssèfeu / SFE pour Service fédéral d'enquête ou céhèsseu / CSE pour Comité pour la sûreté de l'État. Au passage on peut remercier le destin de nous avoir gratifié de hugnon-européhène et épargné youropignounone voire iyou tout court, mais il s'en est sans doute fallu de peu... Sérieusement, c'est pas plus simple de traduire, particulièrement sur un site qui propose un portail trilingue ? Sinon autant dupliquer la version anglaise du site de la Commission et la rebaptiser Deutsch, ça ira encore plus vite et ça coûtera moins cher...
Pierre Enckell a écrit:Quant à votre extrapolation socio-économique : vous avez l'air de croire que la pensée est une affaire nationale. Mais plus il y a de lumières, qu'elles soient "anglosaxonnes", biélorusses ou papoues, plus elles sont utiles, il me semble. Et un concept n'existe en principe que s'il est conceptualisé par quelqu'un quelque part : celui-ci l'a peut-être été en anglais, et alors ?
J'aurais dû mettre lumières en italique ou entre guillemets car la signification réelle de la RSE / CSR et ses implications concrètes demandent à être élucidées. Surtout dans le cadre de constructions politiques officiellement assises sur des territoires reconnus et habités par des Peuples réputés souverains, dont la majorité des membres sera concernée par cette RSE / CSR sans pouvoir décider ni même donner son avis. On a vu ce que ça donnait avec des trucs sensiblement plus importants — genre le PTCE rejeté et aussitôt changé en Traité de Lisbonne ou "minitraité".
Alors évidemment la pensée ne se réduit pas au cadre national, ni même linguistique, mais la propagande érigée en pensée unique se combat avec les armes de la diversité : les Nations, les langues et les opinions en font partie. La souveraineté ne peut être sous-traitée au marché ni délocalisée à Bruxelles où siègent des institutions antidémocratiques. Ce n'est bien sûr pas un hasard si la langue porteuse des "lumières" mercatolibérales est l'anglais, même si cette langue n'y est pour rien. En matière de vulgate néolibérale, il n'y a strictement aucune chance qu'un jour le biélorusse ou le papou exportent tels quels leurs acronymes conceptuels en allemand.