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Revue du sujet (plus récents en tête)

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Bonjour,
Je reviens sur Marmouset et ce beau petit livre, découvert par hasard, qu'est Au Lion tranquille. André Salmon dans une critique parue dans un numéro de la NRF en 1922, donc à la sortie de l'ouvrage, le qualifie ainsi: "Au Lion tranquille est un enfant naturel de la littérature". Ce qui convient assez comme définition, non?
Ulysse

20

3. Possible oui, mais ni l'analyse grammaticale ni l'analyse du sens ne rendront justice de l'expressivité la formule ou de son usage, plutôt familier.
1. Grosso modo, oui. L'idée est claire : peu leur importe les convenances (fréquenter publiquement son amant...), ce qui compte c'est que leurs amis n'éloignent pas, et même qu'ils y trouvent des raisons supplémentaires de ne pas les quitter à fréquenter leurs amis.
2. Je pense que PtitProf a donné le bonne réponse : la formule est correcte, non agrammaticale, mais c'est un archaïsme.

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Merci à toutes et à tous !

Je résume donc :
1. aimer en eux veut dire aimers à traver eux. Les Verdurin acceptent donc qu'une femme ait un amant, sous condition qu'elle l'aime en aimant les Verdurin eux-mêmes ! On dirait un salon égocentrique...

2. la casse-tête :

une personne qu'une extraction trop humble ou une situation trop irrégulière n'empêchait pas qu'il fît recevoir dans le monde

La « construction imbriquée des relatives déterminatives » serait donc un usage littéraire (aujourd'hui désuet ?), ayant ses racines chez Racine, et qui consisterait dans un « que » qui exprime deux valeurs à la fois :
- il est la suite de empêcher que
- il est le que déterminatif de une personne
P'tit Prof, dites à votre cousin que je trouve des phrases de ce types-là très lourdes ! wink

3.
Croyez-vous serait analysable (merci zyco !) par une ellipse de Croyez-vous que c'est soit possible ?, mais posée d'une façon exclamative. Non ?

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Pierre Enckell a écrit:

Cher BP, je connais bien la pratique que vous décrivez : j'ai été assez longtemps journaliste dans la section culturelle d'un hebdomadaire. Mais le service de presse, auquel appartient mon exemplaire de Mal loti (je n'en ai jamais vu d'autre), n'explique pas l'apparition, quelque soixante-dix ans après la publication, d'une quantité relativement importante d'exemplaires à l'état neuf d'Au Lion tranquille. Ceux qui fréquentent un tant soit peu les bouquinistes savent que ce phénomène est généralement dû à une liquidation de stock.

La destin des livres, y compris sous leur forme matérielle, est tellement bizarre... Un stock ancien devient, surtout soixante-dix ans plus tard, une masse d'invendus (bien plus tôt, en fait: la comptabilité est sans pitié). C'est par le jeu des successions, divorces, déménagements, démolitions et autres catastrophes que les livres aboutissent dans les salles de ventes et/ou chez les libraires d'ancien et les bouquinistes. Dans sa prime jeunesse un bibliophile espère encore trouver, dans une vieille librairie fermée depuis trente lustres, à l'abri des vers et de la lumière, un tout petit stock de jolies plaquettes vert clair...

http://www.maldoror.org/documents/photos/cdm68.gif

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Nons planchos sur cette phrase :

Quand sa maîtresse du moment était au contraire une personne mondaine ou du moins une personne qu'une extraction trop humble ou une situation trop irrégulière n'empêchait pas qu'il fît recevoir dans le monde,

Le bon Marcel utilise ici une tournure de l'époque classique, la construction imbriquée des relatives déterminatives (ouf ! tel est le nom que leur donnent Wagner et Pinchon), avec exemple tiré de Racine, s'il vous plaît :

Cet enfant sans parents qu'elle dit qu'elle a vu

Ils ajoutent qu'aujourd'hui,

cette construction est parfaitement admissible.

Une conjonctive s'enchaîne à une relative, par le support commun de « cet enfant », antécédent du relatif « que » et COD du verbe « elle a vu ».

Mon cher cousin emploie exactement le même tour :
Cet enfant/une personne

qu'elle dit/qu'une extraction trop humble n'empêchait pas
qu'elle a vu/qu'il fît recevoir.

Pas plus Racine ne rappelle enfant dans la subordonnée conjonctive, pas plus Proust ne rappelle personne dans la conjonctive.

C'est dur à suivre, mais parfaitement correct.

P.S. Wagner et Pinchon sont les auteurs d'une Grammaire du français classique et moderne parue chez Hachette, qui rend de grands services pour la connaissance de la langue classique.

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Cher BP, je connais bien la pratique que vous décrivez : j'ai été assez longtemps journaliste dans la section culturelle d'un hebdomadaire. Mais le service de presse, auquel appartient mon exemplaire de Mal loti (je n'en ai jamais vu d'autre), n'explique pas l'apparition, quelque soixante-dix ans après la publication, d'une quantité relativement importante d'exemplaires à l'état neuf d'Au Lion tranquille. Ceux qui fréquentent un tant soit peu les bouquinistes savent que ce phénomène est généralement dû à une liquidation de stock.

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Pierre Enckell a écrit:

J'ai vu depuis une vingtaine d'années, chez des bouquinistes, un nombre appréciable d'exemplaires d'Au Lion tranquille, certains non coupés sur beau papier. Etait-ce un descendant de l'auteur ou un héritier de l'éditeur qui s'était débarrassé de ces volumes ?

Il est encore d'usage, chez les éditeurs, de distribuer gratuitement, à des journalistes choisis et écrivains amis, des exemplaires de service de presse, souvent dédicacés et parfois sur grand papier. Que les-dits journalistes et amis s'empressent d'aller revendre ou échanger chez des libraires d'ancien! Cette pratique rapace est décrite quelque part chez  Léautaud qui avait la dent dure contre les adeptes des petits profits. Seul inconvénient pour les bibliophiles, les envois sont, en général, très convenus et la mention  «service de presse» ou «SP» ne valorise pas l'exemplaire. Mais souventes fois le grattoir a fait son œuvre et le SP ne se voit plus.

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gb a écrit:
piotr a écrit:

ma question du passage de l'interrogatif à l'exclamatif.

Peut-être parce que, si la forme est celle d'une question (inversion), la fonction est celle d'une exclamation.

Les phrases exclamatives servent à émailler un discours et ont souvent une formation elliptique : d'usage courant, elles sont censées être comprises telles quelles par tous.
La phrase complète qui serait interrogative (Croyez-vous cela possible ? Crois-tu pouvoir l'imaginer ?), en se raccourcissant (Croyez-vous ! Crois-tu !) devient ipso facto exclamative. Comme N'est-ce pas !, par exemple, et bien d'autres...

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Le fait est qu'il n'est pas difficile à trouver chez les bouquinistes en ligne. Rien vu au CCFR concernant Lucien Nicolas (je posais la question, pensant que, peut-être, il aurait pu s'agir d'un familier d'un autre écrivain par exemple, et parce qu'en général on aimbe bien savoir comment l'auteur connaît son sujet). Vu de loin, ça me rappelle La bonne vie, de Galtier-Boissière.

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gb a écrit:

ps : je viens d'acheter Au Lion tranquille, de Marmouset ; d'après un livre indexé par GL, Marmouset est le pseudonyme de Louis Nicolas : en savez-vous quelque chose ?

Mon exemplaire de Mal loti (Gallimard) est dédicacé. Le nom de l'auteur est Lucien Nicolas, et non Louis. Mais cela n'apporte pas grand-chose... Ses deux ouvrages (Au Lion tranquille est de loin le meilleur) paraissent très autobiographiques. Le second narre l'installation d'une famille prolétaire dans un lotissement de banlieue sans eau ni électricité. C'est assez touchant et sans doute juste, mais linguistiquement parlant Mal loti est inférieur au précédent.

J'ai vu depuis une vingtaine d'années, chez des bouquinistes, un nombre appréciable d'exemplaires d'Au Lion tranquille, certains non coupés sur beau papier. Etait-ce un descendant de l'auteur ou un héritier de l'éditeur qui s'était débarrassé de ces volumes ?