Merci pour ces "riches" contributions à l'élucidation de cette question !
Cyrano, enchanté également, cher confrère. Je note avec intérêt que dans votre esprit, le sens financier était privilégié depuis toujours. Moi aussi, j'ai du mal à croire que ce ne soit pas le sens premier, mais si la trouvaille de gb quant à l'origine est juste et si d'Alembert est l'auteur premier du mot, alors c'est bien une naissance en pleine ambiguïté qui explique 2 siècles et quelques d'ambiguïté dans son usage ensuite !
gb, merci bien de vos recherches fort instructives et de m'initier à Google Livres en m'encourageant à l'utiliser : j'avais lu sur ce service [emploi expérimental de 'lire' sans COD] mais je ne l'avais jamais utilisé, ce qui va dorénavant changer.
La différence paradoxale entre le Grand et le Petit Robert est peut-être une question d'évolution, d'édition. Le PR que j'utilise est l'édition de 2004. Le GR doit être mis à jour bien moins souvent. Peut-être que l'hésitation entre inclusion et non-inclusion du sens financier par les auteurs du Robert à travers les décennies témoigne précisément d'une hésitation générale sur le sens de l'expression.
Si l'expression est rapportée plusieurs fois comme étant de d'Alembert dans les années 1770 et que c'est la plus ancienne référence que vous en ayez trouvée, c'est en effet une bonne présomption de la lui attribuer et je vous suis à la fois fort reconnaissant d'avoir pris le temps de faire cette recherche et admiratif de l'efficacité de votre démarche.
Si donc d'Alembert est l'inventeur et si ce Craufurd qui rapporte l'anecdote le fait fidèlement, on voit que l'expression est inventée d'emblée comme un jeu de mots, comme une tension entre un sens qu'on suppose financier (mais il faudrait demander à d'Alembert pour en avoir le coeur net) et le sens figuré.
Ou alors c'était déjà un proverbe, de sens littéral, et d'Alembert a donné une impulsion décisive à l'emploi au sens figuré.
Merci encore de ces éclairages.