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Le forum d'ABC de la langue française

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Revue du sujet (plus récents en tête)

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Je suis allé faire un tour sur un site passionnant, fait par l'Université Descartes, qui donne les fréquences des mots française.
Ce site ignore et tabouer et tabouiser...

Cela prouve que ces mots ne figurent pas dans le corpus considéré, mais cela me conforte dans mon impression que ces termes ne courent pas les rues, qu'ils ne sont pas usités.

P.S. Je n'ai pas eu à chercher loin : ce site est donné par les liens du présent forum.

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Il me semble que ce malaise est l'indice du peu de fréquence du mot : ce sont les termes rares qui semblent bizarres et imprononçables.
C'est ce qui me fait dire que ces mots, déjà utilisés par Jules Verne (merci le Tfi), ne sont pas très usités.
Les citations d'ailleurs sont révélatrices : à part Jules Verne qui utilise bien tabouer dans le sens propre de frapper d'un interdit, les auteurs en font un usage métaphorique.
J'ai rapporté plus haut la phrase de Cocteau.
Or Cocteau a composé une Antigone, un Œdipe, la Machine infernale. On s'attendrait à ce qu'il y emploie tabou, tabouiser et détabouiser. Hé bien non.
Même remarque pour René Girard :s'ilvprononce tabou quand il fait une critique ravageuse de Totem et Tabou de Freud, il  n'emploie ni tabouiser, ni détabouiser, alors qu'il en aurait l'usage.

Bref, tabouer/tabouiser existe, mais il ne se trouve pas là où on l'attendrait, d'où l'impression de rareté qu'il donne.

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Le Grand Robert, qui, comme l’a signalé Pierre Enckell, recense le mot tabouiser (mais pas détabouiser), indique comme prononciation pour ce mot /tabwize/ et /tabuize/ — deux prononciations admises donc. Mais le problème, et le malaise que ressentent certains ici devant ce mot, ne viendrait-il pas de la première prononciation? Dans celle-ci en effet, le mot tabou cesse d’être détectable, reconnaissable en tant que tel, se fond dans son dérivé, et les associations intempestives avec cambouis et tous les autres mots cités ci-haut deviennent alors possibles. Ne conviendrait-il pas par conséquent d’éviter la prononciation /tabwize/ et de privilégier /tabuize/, mieux: de bien marquer que la prononciation correcte est /tabuize/ en notant un tréma sur le i? On remarquera que dans le vocable allemand rapporté par Andreas, la voyelle u, loin de se transformer en semi-consonne, reste un u franc, et se détache même du i qui le suit par une petite pause (enttabu-isieren).

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La citation de Cocteau se trouve également dans le Supplément du Robert en 7 volumes.
La voici, il serait dommage de s'en priver.
C'est tiré de son Journal d'un inconnu, ouvrage que je ne connais pas. Le passage a trait à la création de Bacchus :

...j'ai sans doute retiré ma pièce à Vilar parce que la presse le tabouisait au maléfice de Jean-Louis Barrault, tabou de la veille, détabouisé du jour au lendemain, sans autre raison que cette bougeotte d'une ville qui court d'idole en idole et ne s'amuse qu'à briser ses jouets.

Bénéfice :
lire les occurrences de tabou, tabouiser et détabouiser, qui formaient l'objet de la discussion ;
découvrir une jolie tournure :  « tabouisé au maléfice de Barrault », dérivée sur « au bénéfice »  ;
avoir un bel aperçu du caractère de Cocteau qui ne se laissait pas dicter ses choix par quelque snobisme que ce soit ;
apprendre que Cocteau tenait son journal et que ce journal est publié, ce que, pour ma part, j'ignorais.

Pour ceux qui comme moi voulaient connaitre la phrase exacte de Cocteau, au lieu de se contenter de croire sur la parole d'un autre que cette phrase existe. Savoir qu'elle existe ne nous dit pas ce qu'elle dit...

P.S. La création de Bacchus donna lieu à un scandale bien parisien, et François Mauriac prit sa plume pour anathémiser Cocteau, qui, selon Mauriac, avait blasphémé. Rien de moins... Tout cela est bien oublié, et Mauriac plus encore que Cocteau.

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P'tit prof a écrit:

vous direz qu'un hapax est usité, alors que pour moi, un hapax est inusité.

Une dernière précision. Il n'y a pas de "pour vous" et de "pour moi", et je n'ai jamais parlé de hapax. "Usité", en parlant d'un mot, signifie "qui est en usage, couramment employé" comme vous pouvez désormais le lire dans le TLFi. Quand on veut parler de donner un caractère tabou à quelque chose, les mots usités sont tabouer, tabouiser, tabouisation. Bien évidemment, quand ce n'est pas le sujet, on ne les emploie pas.

                                                                 * *  *

Mais je dois m'expliquer, moi aussi. Je ne conçois nullement ce forum comme un lieu où l'on donne son sentiment, son goût ou son opinion. Il y a autant d'opinions qu'il y a d'individus, et il m'indiffère de savoir ce que tel ou tel considère personnellement. Cela le regarde, et pas moi.

Je n'aime pas parler pour parler. Comme il est bien rare que je sois certain de savoir une chose,  j'effectue généralement une vérification préalable avant de fournir un argument - du moins quand il s'agit de textes écrits et destinés à rester disponibles quelque temps, comme c'est le cas pour ceux-ci.

J'ai ainsi essayé, depuis quatre ou cinq mois que je participe au forum, de donner chaque fois des sources, des références, des attestations permettant d'en savoir plus sur tel mot, tel usage, telle forme. J'ai tâché d'en tirer des conclusions honnêtes. J'ai cru - je crois - que c'était utile, et que cela permettrait à chacun de vérifier ou d'augmenter ses connaissances.

C'est aussi un peu ingrat. La plus grande part de ces données est en ligne - Grevisse même y est maintenant, semble-t-il - et les curieux peuvent donc les trouver comme moi, avec un effort minime. J'avoue que ce rôle de poteau indicateur commence un peu à me lasser. Pour un échange fructueux (comme, il y a peu, celui concernant un mot inventé par Jean d'Ormesson), combien d'autres conduisent à des dialogues de sourds comme celui qui se termine ici.

J'ai écrit plus haut : "Une dernière précision." Je me retire en effet de ce forum. Temporairement peut-être, on verra. Mais pour le moment, je supprime ABC Forum dans ma liste de favoris. Inutile, donc, de me répondre sur ce fil.

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Oufffffffffffffffff !

Je me calme, car il n'y a pas de quoi se fâcher.

Quelques mots d'explication, cependant : ici, je ne suis pas devant mes élèves, je ne prépare pas mes interventions, je réponds au fil de la plume qui est ici un clavier.
Ce lieu est pour moi un salon, comme il en existait au siècle des Lumières, où l'on échange entre gens de bonne compagnie, sans pédantisme aucun. C'est pourquoi, quand je suis certain de savoir une chose, je ne prends pas la peine de la vérifier préalablement. C'est absolument sans conséquence, car si je me trompe, je suis corrigé.

D'autre part, pourquoi aurais-je eu besoin de consulter un dictionnaire pour savoir que je n'ai jamais rencontré aucun des composés de tabou dans mes lectures ?
Pourquoi aurait-il fallu que je consulte un dictionnaire pour dire que tabouer est imprononçable ? Par contre, je me suis entraîné à le dire... Je prononce taboulé, je prononce tabouret, je prononce cabrouet, tabouer medemande un effort !
Quel lexicographe peut dire cela à ma place ?

Le malentendu est parti de usité.
Usité, pour moi, signifie fréquent. Est usité un terme que j'entends employer par mes élèves, et en ce sens, à part tabou, aucun mot de la famille de tabou ne l'est.
Pour vous, donc, cela signifie simplement existant, et, si je vous suis, vous direz qu'un hapax est usité, alors que pour moi, un hapax est inusité.
Vous m'accorderez bien que la famille tabou ne court pas les rues ! Et vous m'accorderez le droit ne ne pas pouvoir le prononcer... ainsi que celui de lire dans son contexte une phrase d'un auteur que par ailleurs j'apprécie. Me dire que cette phrase se trouve à la page tant d'un dictionnaire ne pouvait pas satisfaire ma curiosité. Si c'est trop long pour être recopié, dites-moi plutôt dans quel texte de l'auteur je puis la retrouver.

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J'aurais dû préciser qu'en cliquant sur "Favoris" la colonne de gauche apparaît, et qu'il faut ensuite cliquer sur "Ajouter...", puis sur OK dans la fenêtre qui s'ouvrira.

Je ne suis pas un grand spécialiste de l'internet, et j'ai essayé de vous expliquer le processus avec mes propres mots. Peut-être un pédagogue plus éclairé pourra-t-il vous aider, si vous n'y parvenez pas.

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Non, je n'ai pas vérifié si Cocteau a bien dit, ou plutôt écrit, la citation en question. Sa première apparition en lexicographie est dans le Dictionnaire des anglicismes de Manfred Höfler, qui était un maniaque de la précision selon toutes les personnes du métier, et je l'imagine mal déformant à ce point un texte de plusieurs lignes. Il me semble que votre méfiance est exagérée dans le cas actuel. 

Pour le reste, excusez-moi. Je croyais que vous saviez qu'on ne peut pas posséder le TLFi, car il s'agit d'un dictionnaire en ligne (sur internet), d'ailleurs identique, pour ce qui est des articles, au TLF imprimé.

Si vous cliquez sur la ribambelle suivante (ou si vous la reproduisez dans la ligne "Adresse", en cliquant ensuite sur OK) :

http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/t … m;java=no;

vous arriverez sur une page permettant d'en consulter n'importe quel article.

Pour éviter d'avoir à retaper la formule : une fois ouverte la page en question, sans inscrire quoi que ce soit dessus, cliquez sur "Favoris" en haut de l'écran et suivez les indications : une petite icône apparaîtra alors dans une colonne à gauche (c'est du moins le cas sur mon PC), et il vous suffira par la suite de cliquer dessus pour voir apparaître la page d'ouverture du TLFi. Vous verrez, c'est un dictionnaire passionnant à consulter. On peut y passer des heures.

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M'enfin, je ne suis pas votre seul interlocuteur !
Pensez aux autres, aussi, qui ont le droit de voir satisfaire leur curiosité sans avoir à feuilleter un ouvrage que peut-être ils ne possèdent pas (ce qui est mon cas : j'en suis resté à l'édition en sept volumes).

Et puis non, en ces matières, il n'y a lieu de croire personne sur parole, pas même les lexicographes ! Avez-vous vérifié que Cocteau dit bien ce qu'on lui fait dire ?

Je pose la question sérieusement : en ces lieux, nous avons suffisamment déploré que les lexicographes se copient les uns les autres pour ne pas vérifier leurs dires, dans la mesure de nos moyens.

Mais puisque nous en sommes aux aveux, non, c'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma très grande faute, je n'ai pas consulté le TLFi, parce, faute plus grande encore, je ne possède pas cet ouvrage.
Ai-je l'absolution, mon Père ?

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Cher et irritable P'tit prof, ne prenez pas la mouche comme ça. La citation pour tabouiser est un peu longue, et je pensais qu'on me croirait sur parole. Celle pour tabouisation se trouve dans le TLFi, au mot tabouer. N'avez-vous donc pas consulté cet article avant d'intervenir ?