Ceux qui ont les cheveux blancs, comme moi, entendirent peut-être dans nos campagnes "c’est bin biau" au lieu de « c’est bien beau ».
S’agissait-il d’un vestige de diphtongue française ou d’une métathèse bilatérale ?
Pas de métathèse, biau est une forme phonétique.
(Je ne recours pas au signe spéciaux, j'espère que ce sera assez clair)
biau(s)/beau ont été obtenus à partir de nominatif bellus. Le e ne s'est pas diphtongué vu qu'il était en entrave, puis la géminée a disparu avec l'amuissement du u final (o en fait), laissant le l au contact du s. Il y a alors eu vocalisation (au XIème).
A ce moment, on obtient donc *beus. Comme dans tous les mots de formation comparable (château, rameau, pourceau...), un son de glissement [a] s'est introduit dans le passage de e à u ; on a eu alors *beaus le groupe au s'est monophthongué au XIIème.
A partie de beo, deux traitements :
- le traitement "populaire" et dialectal (ne pas confondre les deux) ferme le e en bio > byo (biau) (cf. fabliau),
- le traitement "savant" affaiblit le e en e central, ce qui mène à la monophtongaison [bo].
A signaler que le cas régime était normalement bel (qui survit en FM), mais que beau a été étendu à la fonction sujet en moyen français.
La réduction de bien à "ben", de rien à "ren", non vraiment justifiable, est comparable à celle de lève < lieve (cf. relief), mais non semblable. La première est considérée comme "vulgaire" par Oudin (cité par Fouché).