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Le forum d'ABC de la langue française

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Revue du sujet (plus récents en tête)

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24. PIAULER

Préambule

- Même en choisissant ici « pleurnicher » comme sens de Piauler, la phrase de Mirliton reste très obscure… Si l’une ou l’un d’entre mes lecteurs a une meilleure idée, je suis preneur !
- Le débat entre « familier » et argotique devrait reprendre à l’occasion de cette nouvelle analyse. Manifestement, nous sommes ici devant un mot familier, ancien, et seule sa présence dans la lettre de 1888 donne l’occasion d’y voir un  mot argotique.
- C’est pourquoi je ne m’attarderai pas sur Piauler, et ne donnerai que quelques exemples.

a) Extraits du TLFi

A. −
1. [Le suj. désigne un oiseau, en partic. un poussin] Pousser de petits cris aigus et répétés…
2. [Le suj. désigne un autre animal] Pousser des cris aigus et plaintifs…
B. − P. anal.
1. Fam. [Le suj. désigne une pers.]
a) [Le suj. désigne le plus souvent un jeune enfant] Pleurer en poussant des cris plaintifs, pleurnicher. Synon. piailler. Cet enfant ne fait que piauler (Ac.).Quel beau rôle Que celui d'un nigaud qui gémit et qui piaule (POMMIER, Crâneries, 1842, p.161).Au logis, il y a des petits qui piaulent avec des voix de chacal en détresse; des enfants hâves qui crient le froid ou la faim (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p.361).V. melon C 2 ex. de Du Camp.

b) Présence dans les Larousse d’argot en ma possession : Non !

c) Dans les dictionnaires d’argot du XIXème siècle

Seulement chez d’Hautel (Dictionnaire du bas-langage, 1808) :
https://www.google.fr/books/edition/Dic … frontcover

d) Quelques attestations plus ou moins proches de 1888

Chez Souvestre, 1860
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k … k=193134;0

Dans Le Constitutionnel, 1872
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k … rk=42918;4
Zoom sur le bas de la colonne 5

OBS Cette page « Piauler » a un petit goût d’inachevé…J’assume !

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23. EN POUSSER UNE


Préambule et a priori
Le texte de Mirliton et surtout le contexte de cette expression ne sont pas très clairs, c’est le moins qu’on puisse dire.
Rappel : « Je t’en ai poussé une que tu en piaulais… (tu en pleurais, message à venir).
Pris d’une inspiration petit-matinale, peut-être complètement fantaisiste, et sans doute influencée par mon activité de choriste très amateur, je me suis imaginé que « En pousser une » était « pousser une chanson »…
Faisons comme si j’avais eu raison ! C’est que maintenant je crains les foudres d’Abel…

a) TLFi

2. Pop., fam. Pousser une chanson, sa chanson. Chanter. Les voiturins, vautrés, la tête en bas au fond de leurs chariots, et poussant, par accès intermittents, les mille et un couplets d'un chant nasillard (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1445).Il la cognait, on entendait ses cris affreux, et tout de suite après, il ouvrait la fenêtre et poussait sa romance préférée: «Femmes, que vous êtes jolies!» (CAMUS, Chute, 1956, p.1492).
♦ En pousser une. On lui demandait d'en «pousser une» (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p.99).
♦ Pousser sa beuglante*, sa gueulante*. Eh! dis! l'appelaient-elles. Pousse-la tout entière ta goualante (CARCO, Équipe, 1919, p.64).

b) Larousse en ma possession
Esnault 1965 : expression absente
Larousse de l’argot 2010 : expression présente, renvoi à Rossignol 1901 (voir ci-dessous)

b) Dictionnaires d’argot du XIXème siècle
Il semble que les attestations soient postérieures à la lettre de Mirliton (rappel : 1888).
Le Larousse de l’argot 2010 donne pour première attestation Rossignol (Dictionnaire d’argot, 1901).
Mais j’ai trouvé Fustier (1889) : Pousser la goualante
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50521b/f577.item

c) Uniques attestations trouvées avant 1888

Le Rappel, 31/07/1877
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k … =1545072;0
Zoom Milieu de la colonne 2.

Les deniers scandales de Paris, par Dubut de Laforest *
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k … =2038636;4

* Date de cette publication
- 1886 pour Gallica
- 1898 pour Wikipédia
- Pré-publication en feuilleton ?

Conclusion : si par miracle ma supposition est la bonne, Mirliton était en avance de quelques années sur l’argot de son temps !
J’ai comme un doute, tout à coup…
Non, Abel, pas sur la caboche !

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Abel Boyer a écrit:

Il faudrait probablement affiner un peu tout cela en examinant plus précisément quel corpus les auteurs entendre enregistrer. Pour d'Hautel précisément, son livre ne parle pas d'argot mais du bas-langage...

Chic ! Un peu de débat !

À 1000/100 d'accord avec vous sur d'Hautel ! Mais il est bien pratique pour les datations, car à mon avis bien souvent il anticipe les recherches sur l'argot.

La frontière est effectivement fragile. Prenons le roi Lorédan Larchey par exemple :
- 1858 : Dictionnaire des familiarités françaises
- de 1859 à 1865 : Les excentricités du langage
- 1872 : Dictionnaire... de l'argot parisien
- Par la suite, et jusqu'à la dernière édition de 1889 : Dictionnaire historique d'argot

Le tout, n'en doutons pas, avec la même matière première, et avec ce qu'on n'appelait pas à l'époque le Copier / coller !

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Roland de L. a écrit:

"C'est assez pour dire que ce n'est pas de l'argot", dites-vous.
Je répondrai : au XIXème, pour les d'Hautel, Delvau et autres, c'était assez pour "en être" à l'époque de Mirliton !

Il faudrait probablement affiner un peu tout cela en examinant plus précisément quel corpus les auteurs entendre enregistrer. Pour d'Hautel précisément, son livre ne parle pas d'argot mais du bas-langage et je note que les mots qui précèdent "caboche" sur la même page sont (entre autres) : cabale, cabanon, cabaret, que les suivants sont cabotin, cabriole... On est très loin de l'argot, même au XIXe siècle.

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Tout à fait d'accord avec vous sur la porosité de la frontière entre familier et argotique.
Ce qui m'importe dans ce fil, c'est d'examiner la lettre de Mirliton, qui est supposée être écrite en argot (c'est du moins le souhait évident du journaliste qui l'a écrite en 1888).

Dans le cas précis de Caboche, ce qui m'a intéressé aussi, c'est cette présence du mot dans les dictionnaires d'argot du XIXème siècle : les argotologues de l'époque allaient à la découverte d'un monde lexical supposé inconnu des bons bourgeois qui lisaient leurs livres.

"C'est assez pour dire que ce n'est pas de l'argot", dites-vous.
Je répondrai : au XIXème, pour les d'Hautel, Delvau et autres, c'était assez pour "en être" à l'époque de Mirliton !

39

Roland de L. a écrit:

22. CABOCHE
[...]
b) Mot absent des Larousse de l’argot
Ni Esnault (1965), ni le Larousse de l’argot de 2010 n’ont une entrée Caboche.
Peut-être ce mot est-il si familier qu’il a « quitté » l’argot ?
NB  Chez Littré, vers 1875, caboche = "tête, en style trivial"
[...]

Les frontières entre le familier et l'argotique ne sont pas toujours bien établies, mais le mot "caboche" est dans le dictionnaire de l'Académie depuis la première édition, et simplement qualifié de "familier" depuis la seconde édition.
https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A1C0012
C'est assez pour dire que ce n'est pas de l'argot.

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22. CABOCHE

a) TLFi
A.− Fam. Tête. Grosse caboche (Ac.1798-1932, ROB.).
− P. méton.
1. Intelligence, jugement, mémoire. (Avoir une) bonne caboche; manquer de caboche :
1. Oh! Je me souviens très bien, la caboche est encore solide... ZOLA, L'Assommoir,1877, p. 698.
♦ Avoir la caboche dure. Avoir une intelligence bornée, être entêté. Oh! Fernand, en voilà un qui avait la caboche dure! (ZOLA, Vérité,1902, p. 51).
2. Personne intelligente. Être une (fameuse) caboche :
2. ... c'est une caboche, cette Paula, malgré ses airs de pensionnaire. G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Vue de la Terre promise, 1934, p. 188.

b) Mot absent des Larousse de l’argot
Ni Esnault (1965), ni le Larousse de l’argot de 2010 n’ont une entrée Caboche.
Peut-être ce mot est-il si familier qu’il a « quitté » l’argot ?
NB  Chez Littré, vers 1875, caboche = "tête, en style trivial"

c) Dictionnaires d’argot du XIXème siècle

D’Hautel, 1808 1808
https://books.google.fr/books?id=UaIFAA … mp;f=false

Halbert d’Angers,  1849
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73867m/f10.item

Delvau, 1867
https://www.google.fr/books/edition/Dic … frontcover

Rigaud, 1881
https://archive.org/details/dictionnair … 8/mode/2up

c) Dans des livres

Chez MM. de La Ville de Liège, 1651
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k … rk=64378;0

Chez d’Assoucy, 1653
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k … k=128756;0

Dans La Chanson nouvelle, s.d.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k … =1416316;0

Richelet, 1709
https://books.google.fr/books?id=3r9MAA … mp;f=false

Chez Molière, 1772
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k … =4699594;0

Le Roux de Lincy, 1859
https://books.google.fr/books?id=zxaZjh … mp;f=false


NB Je me suis abstenu de chercher en plus des extraits d’articles de journaux : le mot Caboche est largement installé au XIXème siècle… et Mirliton peut l'employer avec la certitude d'être bien compris.

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21. ARPIONS

a) Lexique de Mirliton : pieds

b) TLFi :

Arg., le plus souvent au plur. Pied :
1. Peu importe que je marche sur du verre brisé, j'ai le dessous des arpions doublé en cuir de brouette (1) ... (1) Le dessous des pieds doublé en bois. SUE, Les Mystères de Paris,t. 1, 1842-43, p. 320.
SYNT. Casser, chatouiller, écraser, marcher sur les arpions; souffrir des arpions.
− P. méton. Orteil :

c) Dictionnaires d’argot antérieurs à 1888

Ansiaume, 1821
Honneur à Bob ! Nous pouvons avoir un accès au contenu du Glossaire Argotique de Ansiaume
https://www.languefrancaise.net/Source/2033
Faire Ctrl F + arpion et découvrir les multiples sens de ce mot… je me limiterai ici à « pied » pour respecter la volonté de Mirliton !

Clémens, 1840
Autre travail de Bob
https://www.languefrancaise.net/Source/2690
Même procédure, même limite.

Larchey, 1865
https://www.google.fr/books/edition/Le … frontcover

Delvau, 1867
https://www.google.fr/books/edition/Dic … frontcover

Rigaud, 1881
https://www.google.fr/books/edition/Le … frontcover


Aucune autre attestation intéressante dans la littérature ou la presse : je n’ai rien trouvé qui fût antérieur à 1821 et qui signifie pied.
j’ai constaté en effet qu’avant 1820 arpion existe, mais signifie main, ou griffe, ce qu’indique mon Larousse de l’argot de 2010.

A noter : il me semble que ce mot arpions, exactement deux siècles plus tard, se porte comme un charme… Bon pied bon œil !

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20. TURNE

Voilà un cas bien particulier !

a) Dans le TLFi

Populaire
A. −
1. Maison; en partic., maison mal tenue, logement sale et misérable…
2. Bistrot populaire parfois mal fréquenté. Tu connaîtras pas, au pays, une petite turne où on pourrait boire frais, et puis s'entendre tous les deux? (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 200).Le Tonneau, qu'elle se nommait, la turne (...) La boîte était le genre habituel. Des flonflons (...), des entraîneuses (LE BRETON, Razzia, 1954, p. 138).
3. Péj. Endroit où l'on se rend pour travailler (bureau, usine, école...), jugé généralement déplaisant…

b) Dans les dictionnaires d’argot à ma disposition

- Esnault 1865 : Maison / logis malpropre
- Larousse 2010 : Maison / logement / chambre médiocre / local quelconque
- Dictionnaires d’argot du XIXème s. : Logis ou chambre malpropre / chambre de pauvre /mauvais logis


Le sens Bistrot populaire, n’est pas mentionné ! Mirliton l’aurait-il inventé ?

>>> Recherches sur Turne < 1888 avec ce sens

c) Dans les journaux (source Gallica et Retronews)

La Revue française, 1856
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6 … k=836914;0

Le Figaro, 1867
https://www.retronews.fr/journal/le-fi … mp;index=8
Double clic en bas de la colonne 5

Le Progrès de la Côte d’Or, 1885
https://www.retronews.fr/journal/le-pr … ;index=101
Double clic en bas de colonne 2

Le Progrès de la Somme, 1887
https://www.retronews.fr/journal/le-pr … ;index=134
Double clic en haut de la colonne 4

d) Dans des livres (source Gallica)

Chez Caise, 1869
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6 … rk=64378;0

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glop a écrit:

On ne se relit jamais assez.
J'ai écrit le texte en écoutant la chanson.

Vous vous êtes donné beaucoup de mal : personnellement je cherche les paroles de chansons sur Internet... Et parfois je trouve !
En tout cas, merci pour l'intérêt que suscitent mes modestes recherches.