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Revue du sujet (plus récents en tête)

23

Bonjour,
Ce sont les limites des conceptions grammaticales traditionnelles, qui laissent dans le flou certaines constructions.

C'est vrai que l'on distingue compléments essentiels et compléments circonstanciels.

Personnellement, je distingue plusieurs type de constructions, qui impliquent divers genre de compléments.

D'abord, l'expression existentielle, qui ne nécessite aucun complément : je suis, j'existe.

Ensuite, l'expression situationnelle, qui nécessite au moins un complément : je suis à Bordeaux. Je vais à Paris. Je suis médecin. Tout complément additionnel correspond à une précision de l'information exprimée. Ex : je suis médecin à l'hopital à Bordeaux; Je pars à Paris en train à 9 heures pour un entretien. On peut préciser le lieu, le temps, la manière, le but...

Il y a encore l'expression évolutionnelle, qui ne nécessite pas de complément. Le verbe se suffit à lui-même pour évoquer un mouvement autonome du sujet par lui-même. Ex : je mange. Je marche. Je travaille.

Il y a enfin l'expression convolutionnelle, qui nécessite au moins un complément, qui exprime une convolution entre plusieurs entités, classiquement au moins un sujet et un objet. Ex : Pierrot a volé un bonbon. La voiture roula sur une branche.

Dans ce dernier cas, on voit bien que "sur une branche" n'est pas un complément de lieu, accessoire. L'expression cherche à relater une interaction entre la voiture et une branche. Or, on perdrait tout ce sens en disant simplement "la voiture roula". Par conséquent, ici, "Sur une branche" est un complément convolué indirect.

Dans "je mange une pomme", "une pomme" est complément convolué direct.

Pour en revenir à l'exemple de la question :
"Cet acteur joue dans ce film", il s'agit d'une convolution entre cet acteur et ce film. "Dans ce film" est donc un complément convolué indirect.




JHW a écrit:

Bonjour à toi

Je m’interroge sur une phrase. Après avoir posé la question à 3 profs de niveaux différents, j’ai reçu tout autant de réponses différentes.

Dans la phrase « un acteur célèbre joue dans un film intéressant », quelle est la fonction grammaticale de « dans un film intéressant » ?

J’ai eu le droit à COI, CCL et autre...

Merci par avance pour votre réponse étayée et éclairée.

Cordialement

22

P'tit prof a écrit:

La grammaire traditionelle souffre de sémantisme aigu.
On n'ose pas dire que le verbe et le centre de la phrase standard, qu'à sa gauche figure un élément dont les variations affectent le verbe (choix de la personne) et à la droite une élément  « inerte » mais susceptible de devenir sujet lors du renversement passif.

Alors ma grammaire, si je puis dire, n'est pas aussi traditionnelle que je le croyais !
Vous avez peut-être à l'esprit une phrase comme « Mon voisin accepte mal le confinement » susceptible de devenir « Le confinement est mal accepté par mon voisin », tandis qu'on peut penser à « Les règles ont été acceptées par vous » quand on a affaire initialement à « Vous avez accepté les règles ». Décrire avec vos mots les mécanismes mis alors en œuvre ne me gêne pas.

P'tit prof a écrit:

Tout le reste est littérature.

À ce point-là ?

P'tit prof a écrit:

L'étiquetage des circonstants est un jeu intellectuel séduisant pour l'esprit mais sans lien avec la grammaire

Je vous suis assez facilement. Toutefois, k@t m'ayant demandé comment j'analysais « avec son frère » dans « Marie joue avec son frère », j'ai imaginé qu'elle attendait la réponse que je lui ai fournie.

21

Je rejoins (évidemment) P’tit Prof.

Sincèrement je doute que la notion d’objet traditionnelle soit sauvable.
Ici affecter est à comprendre ainsi : Produire un effet sur quelqu'un ou quelque chose de manière à y déterminer une action ou une modification. (TLFi)

Ou, pour dire les choses autrement, pour la grammaire traditionnelle, un verbe transitif (direct) est un verbe dont – à la voix active - le sujet est un agent qui fait quelque chose à l’objet, ce dernier étant un patient à qui il est fait quelque chose par l’agent.

Dans les phrases ci-dessus, aucune action / modification n’est produite sur l’objet (et hormis pour le dessin, le sujet n’est pas agent).

Je pense que dans la mesure où la plupart du temps le complément construit directement est un COD (mais les compléments de mesure, mais les attributs, mais certains compléments de temps, de manière...), on n'interroge même plus la notion d'objet (-patient, pas plus que celle de sujet-agent d'ailleurs), elle nous parait évidente, et pourtant.

20

La grammaire traditionelle souffre de sémantisme aigu.
On n'ose pas dire que le verbe et le centre de la phrase standard, qu'à sa gauche figure un élément dont les variations affectent le verbe (choix de la personne) et à la droite une élément  « inerte » mais susceptible de devenir sujet lors du renversement passif.
Tout le reste est littérature.
L'étiquetage des circonstants est un jeu intellectuel séduisant pour l'esprit mais sans lien avec la grammaire.

19

k@t a écrit:

La prairie survolée n’est nullement affectée par l’action, elle sert uniquement à situer cette dernière. Sans changer le sens de la phrase, l’objet peut d’ailleurs devenir CC : L’avion vole au-dessus de la prairie.
Le chocolat aimé n’est pas non plus affecté, Marie l’est sans doute nettement plus.
etc.

Tout ça, juste pour dire que, hormis les cas prototypes (le chat – qui est bien un agent – mange la souris – qui est effectivement un tout petit peu affectée par l’action), la notion sémantique d’un objet qui subit une action est en fait très souvent inexistante dans des COD qui ne font aucun doute.

« Être affecté » et « subir » ne me paraissent pas strictement synonymes. Le Larousse atteste deux sens du verbe affecter que vous utilisez :

1. Causer une douleur morale : Cette nouvelle l'a beaucoup affecté. 2. Causer une altération physique à : Cette maladie affecte surtout les reins.

Je crois qu'on peut subir (être l'objet de) sans être affecté.

18

k@t a écrit:

un COI, même si la notion d’objet est à peu près voire totalement perdue.

C'est tout de même bien ennuyeux, à mon sens !

En pareil cas, j'essaierai de penser à préciser que mes considérations de non spécialiste concernent la grammaire traditionnelle.

17

Chover a écrit:

Il me semble que, la plupart du temps au moins, le complément d'accompagnement (là : « avec son frère ») est considéré comme circonstanciel.

Oui, on ne peut pas dire que ce soit faux, c’est simplement qu’il y a deux logiques différentes : celle de la grammaire traditionnelle, qui considère en effet avec son frère comme un CC (d’accompagnement) ; et celle de la nouvelle grammaire, qui considère ce complément comme un complément de verbe, plus précisément un complément indirect de verbe, et pour ceux qui tout en appliquant cette analyse ont gardé les dénominations traditionnelles un COI, même si la notion d’objet est à peu près voire totalement perdue.
Bref, il faut dire dans quel cadre on se situe avant de faire une analyse. Il me semble que les programmes scolaires actuels intègrent cette nouvelle grammaire ou au moins lui donnent de plus en plus de place, mais je ne suis pas de la partie, je ne saurais donc être affirmative (Ah ben tiens !… , charmante valse-hésitation, je plains les enseignants, et plus encore les élèves !).

Si on consulte Usito qui applique les principes de la nouvelle grammaire, on constate que jouer avec est considéré comme un verbe transitif indirect (une petite info-bulle « GT » indique que la grammaire traditionnelle classe ce verbe comme intransitif).


Après tout, la maison, la prairie, le chocolat, la chance, le premier interrogatoire ne sont-ils pas les objets d'un dessin, d'un survol, d'un amour, d'une... possession (je fais ce que je peux !) et du fait que le prévenu subisse ce qui lui arrive ?

smile

L’objet direct selon la grammaire traditionnelle, c’est un X qui est affecté par un Y (censé être un agent – ce qui est également bien critiquable).

La maison est un objet en devenir, elle n'existe qu'une fois le dessin terminé ; comment un objet en devenir peut-il subir une action ? En tout cas au premiers temps de celle-ci.
La prairie survolée n’est nullement affectée par l’action, elle sert uniquement à situer cette dernière. Sans changer le sens de la phrase, l’objet peut d’ailleurs devenir CC : L’avion vole au-dessus de la prairie.
Le chocolat aimé n’est pas non plus affecté, Marie l’est sans doute nettement plus.
etc.

Tout ça, juste pour dire que, hormis les cas prototypes (le chat – qui est bien un agent – mange la souris – qui est effectivement un tout petit peu affectée par l’action), la notion sémantique d’un objet qui subit une action est en fait très souvent inexistante dans des COD qui ne font aucun doute.

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k@t a écrit:

Bonjour Chover,
Si je puis me permettre, comment analyserais-tu avec son frère, dans Marie joue avec son frère.
?

Bonsoir, k@t. Merci de l'intérêt que vous portez à mes élucubrations !
Je ne suis pas grammairien ! Vous me demandez probablement si je considère que « avec son frère » fait partie du prédicat. Il me semble que, la plupart du temps au moins, le complément d'accompagnement (là : « avec son frère ») est considéré comme circonstanciel.

k@t a écrit:

Sinon, le COI (vision grammaire traditionnelle)* ne subit pas l’action, il en bénéficie (ou en maléficie).
Quant au COD censé subir l’action, le fait-il vraiment dans offrir, et dans :

L’enfant dessine une maison.
Le planeur survole la prairie.
Marie aime le chocolat.
Pierre a de la chance.
Le prévenu subit son premier interrogatoire.
etc.

« Subir » est peut-être discutable. Mais ce verbe ne s'emploie pas qu'avec un sujet humain. On voit à l'entrée SUBIR, dans le Grand Robert :

En parlant des choses. Être l'objet d'une action, d'une opération. Corps qui subit l'action du feu. Matière qui a subi une calcination [...] (le gras m'est dû).

Après tout, la maison, la prairie, le chocolat, la chance, le premier interrogatoire ne sont-ils pas les objets d'un dessin, d'un survol, d'un amour, d'une... possession (je fais ce que je peux !) et du fait que le prévenu subisse ce qui lui arrive ?

k@t a écrit:

Dernier truc, par rapport à ta réflexion sur l'acteur joue vs l'acteur joue dans un film, on peut dire Il mange, pourtant dans Il mange un gâteau, un gâteau est bien COD, il n'est pas CC.


Euh, je suis perdu... C'est vrai, dans « Il mange un gâteau », « un gâteau » me semble bien être C.O.D.

k@t a écrit:

*Selon la nouvelle grammaire, et pour ceux qui gardent cette dénomination, est COI tout complément de verbe introduit par une préposition

(lettre mise en gras par moi).
Je l'apprends. Et j'en suis très étonné. Dans « Pierre arrive sans sa femme », « sans sa femme » serait-il l'objet de l'arrivée de Pierre, à la manière dont « un roman » est l'objet de la lecture de Jules dans « Jules lit un roman » ?

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Bonjour Chover,

Si je puis me permettre, comment analyserais-tu avec son frère, dans Marie joue avec son frère.

?

Sinon, le COI (vision grammaire traditionnelle)* ne subit pas l’action, il en bénéficie (ou en maléficie).
Quant au COD censé subir l’action, le fait-il vraiment dans offrir, et dans :

L’enfant dessine une maison.
Le planeur survole la prairie.
Marie aime le chocolat.
Pierre a de la chance.
Le prévenu subit son premier interrogatoire.
etc.


Dernier truc, par rapport à ta réflexion sur l'acteur joue vs l'acteur joue dans un film, on peut dire Il mange, pourtant dans Il mange un gâteau, un gâteau est bien COD, il n'est pas CC.



*Selon la nouvelle grammaire, et pour ceux qui gardent cette dénomination, est COI tout complément de verbe introduit par une préposition.

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Dans « Je joue aux cartes », « Vous jouez de malchance », « Elles ont joué avec le feu »... , les compléments sont constitutifs du prédicat, ils sont intimement associés à « jouer », on a davantage affaire à « jouer aux cartes », « jouer de malchance », « jouer avec le feu » qu'au verbe simple.
Ce n'est pas le cas, je crois, du complément « dans un film intéressant » dans la phrase « Un acteur célèbre joue dans un film intéressant ». Qu'on dise qu'un acteur joue, sans autre précision, n'étonne personne et n'est a priori pas mensonger. En revanche, si l'on retire « avec le feu » dans « Elles ont joué avec le feu », on raconte tout autre chose.
Comme vous, éponymie, je pense donc que « dans un flm intéressant » constitue un complément circonstanciel. La préposition « dans » le rend évidemment indirect. Mais l'habitude n'est pas d'utiliser cet adjectif à propos de compléments circonstanciels.
L'enseignant qui y voit un complément d'objet me laisse sur le postérieur ! Le film ne subit pas l'action exprimée par le verbe, comme c'est le cas de « un bijou » et de « à son mari » dans « Elle offre un bijou (C.O.D.) à son mari (C.O.I.S.» ou C.O.S.).
Bien entendu, on n'est pas « dans un film » comme on est « dans une maison ». Je parlerais tout de même de complément circonstanciel de lieu, faute de mieux.