Oui, Tolkien a puisé un peu partout, aussi bien dans Beowulf, dans les légendes arthuriennes (je mets le pluriel à dessein) et dans les sagas norroises que chez des écrivains anglais "modernes".
Mais les livres se font toujours à partir d'autres livres, et ce n'est pas la littérature médiévale qui offrira des contre-exemples.
Cela dit, il existe à mes yeux une différence essentielle entre Tolkien et les auteurs médiévaux : celui-ci rassemble des matériaux, en invente pour bâtir à son tour un univers mythologique qui semble souvent avoir sa fin en lui-même, alors que les écrivains anciens - dont Chrétien de Troyes, le plus grand - utilisent ces données, souvent prises chez Wace ou à des auteurs inconnus, pour constituer un univers où la "merveille" a certes sa part, mais où celle-ci est malgré tout dépassée, pervertie parfois par l'humour, et finalement convertie en une fête de l'esprit et du cœur où l'Homme n'est plus tant confronté aux créatures de l'Autre monde (ou des autres univers, pour Tolkien), qu'à sa propre condition.
La création de mythes change ainsi de sens.