Je me demandais si poursuivre ou non... Il faudrait d'une part très bien connaitre l'histoire de l'Église et de son fonctionnement, d'autre part comprendre d'où sort madame Thiel pour voir ce qu'elle met derrière la parole synode (synodal).
Ce que je crois, c'est qu'elle utilise ce mot pour contester un concile/conciliaire qui a fini par prendre un sens qui ne lui convient pas (elle est partisane d'une rénovation, d'une réforme) mais que ce faisant, elle et ceux qui pensent comme elle, en créent une acception différente de celles des église orientales qui ont une culture conciliaire intacte. Dans wikipedia :
Le mot synode est à l'origine équivalent du latin concilium, en français concile, qui désigne une assemblée d'évêques. On ne le trouve que dans les traductions de textes grecs qui cherchent à souligner les différences entre les usages orientaux et les usages occidentaux. La langue française utilise en fait le mot concile pour désigner les assemblées d'évêques, qu'elles soient locales ou œcuméniques. Ainsi toutes les assemblées d'évêques de l'Église antique ou médiévale sont appelées « conciles » en français.
(source)
Quand une église chrétienne cherche à se réformer, elle le fait souvent en évoquant un retour aux sources. Pour prétendre une organistion conciliaire (synodale) perdue de vue depuis très longtemps en Occident, rien de mieux que le retour à l'église ancienne du temps des premiers conciles, voire avant. Et donc au grec. D'où le retour d'un mot tombé en désuétude qu ne sert pas ici à marquer une différence mais à nommer une pratique disparue que l'on voudrait "restaurer".
Cette pratique "synodale" est normale dans l'orthodoxie, si le peuple - qui ne prend pas de décisions, contrairement à ce qu'écrit notre théologienne - n'applique pas une décision prise collégialement (synodalement) par ses évêques, le consensus est rompu et la décision reste sans effet (sauf si se produit un schisme). Les exemples sont assez nombreux, on a vu des cas de peuples sans évêques (la hiérarchie ayant sombré dans l'hérésie) attendre qu'une autre église locale lui en envoie de nouveaux. Dans ce cas, c'est le peuple qui continue l'Église, pas la hiérarchie. L'idée de consensus est indissociable de celle de Vérité.
Attention aussi à l'interprétation du mot dans les textes anciens : synode peut déjà avoir son sens technique précis que nous lui connaissons, mais peut également avoir simplement le sens courant en grec de l'époque. Le terme philisophie utilisé souvent par les pères du IVe siècle, n'a pas du tout le sens auquel nous l'avons réduit. Les pères ne sont pas du tout des adeptes de la philosophie quoique certains d'entre eux puissent en connaitre parfaitement les tenants et les aboutissants.