Mais reprenons l'analyse.
Une phrase, c'est des mots mis en relation pour évoquer une chose.
Cette chose évoquée, pour être évocable, doit être perceptible et discernable.
Ce qu'on peut discerner, c'est qui se détache d'un paysage.
Pour détacher une entité d'un paysage, il faut :
- Soit que cette entité ait une forme caractéristique qui permette de la reconnaître.
- Soit qu'elle puisse se mouvoir indépendamment d'un paysage laissé fixe en arrière-plan.
Autrement dit, une entité, c'est soit chose immobile mais singulière, soit chose mobile.
Il en découle qu'il existe deux formes d'affirmations sur une chose :
-> soit on évoque ses caractéristiques, son état, via un verbe d'état.
-> soit on évoque son mouvement, via un verbe moteur.
Relation unitaire : l'idée verbale n'a nul besoin d'un complément pour achever l'idée qu'il renferme.
-> soit que l'on énonce l'existence d'une entité, mobile ou immobile, via un verbe d'état.
Je suis. (simple affirmation de l'existence de l'entité)
-> soit que l'on évoque un mouvement autonome du sujet : Ici, le sujet est le mobile, le verbe évoque son mouvement.
Je marche, je vois, je bois, je mange, je cours, je monte, je descends, je peins, je parle,...
Un mouvement de l'univers impliquera la tournure impersonnelle : il pleut; il vente; il neige.
Relation binaire : l'idée verbale implique une relation binaire entre un sujet et un complément essentiel.
-> soit que l'on énonce une caractéristique essentielle d'un sujet, mobile ou immobile, via un verbe d'état.
Le mont-blanc mesure 4807 mètres; Paris est la capitale de la France; Il est un marchand.
Un état de l'univers impliquera la tournure impersonnelle : il fait beau temps;
-> soit que l'on énonce que le mouvement du sujet implique une autre entité;
1° laquelle est mue par lui (tant le sujet que le complément sont des mobiles) :
Je bats le linge; Je bois un verre; Je mange un morceau.
2° laquelle est une caractéristique essentielle de son mouvement (le sujet est un mobile; l'objet est statique) :
Je parle français; j'ai choisi d'aller à Nice.
Relation ternaire :
-> Soit l'idée verbale énonce que le sujet est la source du mouvement d'un mobile relativement à une autre entité.
Je donne un bisous à ma fille; Je parle de ceci à ma femme; Je demande ceci à mon ami; J'envoie une lettre à mon employeur; J'enlève une épine de son pied. Je fais boire le biberon à mon enfant.
-> Soit l'idée verbale énonce que le sujet est la source d'une caractéristique dans une autre entité.
Il apprit à marcher à l'enfant.
-> Soit que le sujet est mû par une caractéristique du mobile (attribut du COD)
Il estime ces paroles comme une offense.
-> Soit que le sujet fait état du mouvement d'une autre entité.
J'ai vu l'ennemi se mettre en marche.
Relation quadripartite :
-> Soit l'idée verbale énonce que le sujet met en mouvement un expéditeur pour transférer un mobile à un destinataire.
J'ai fait envoyer une lettre à mon employeur par mon avocat.
(Le verbe faire est ici un « auxiliaire d'instrumentation », qui permet d'impliquer une nouvelle entité dans la relation.)
-> Soit l'idée verbale énonce que le sujet transforme une chose d'une forme vers une autre forme.
J'ai traduit ce texte du français vers l'allemand.
Commentaires :
Un même verbe peut participer de plusieurs genres de relation.
Ex :
je parle (relation unitaire); je parle français (relation binaire); je parle de ceci à ma sœur (relation ternaire).
je vois (relation unitaire); je vois un loup (relation binaire); je vois un loup sortir du bois (relation ternaire).
-> On ne peut catégoriser strictement les verbes selon la valence de leur relation.
Les compléments essentiels dépendent de la relation faite, et ils sont introduits diversement selon le verbe, soit directement, soit via un joncteur (préposition, conjonction), ceci dépendant de la nature grammaticale de ce complément (nom, infinitif, proposition).
Les joncteurs ne prennent leur sens exact que relativement au verbe qui les régit.