Vous avez évoqué un racine PIE *gel. Celles que je trouve sont les suivantes :
*ghel- / *ghelswos jaune, vert
*ghēlo- vin
*ghelunā mâchoire
*ghelūs tortue ?
*glakt //*glkt// lait
gleubhmi, -ō //*gleubʰ-// tailler le bois, écorce
*gʷelǝn(o)s //*gʷlh₂-// gland
*gʷelnā source, fontaineQuel intérêt pour le français actuel ? Aucun mot français ne comporte ses racines. On peut juste faire un rapprochement approximatif entre *ghelunā :mâchoire et gueule.
Pas d'intérêt direct pour le français, bien évidemment, seulement pour ceux qui s'intéressent aux langues anciennes, comme le latin et le grec, le slave, ou aux langues modernes isolées, comme l'albanais, par exemple.
C'est la comparaison de ces langues qui a amené à poser ces racines pourvues ou non de suffixes reconstituables (vous mélangez les deux dans votre présentation).
Il est dommage que vous négligiez tout cela, car, encore une fois, vous devez le prendre en compte. J'ai commencé à lire des articles sur la submorphémique, il n'est évidemment pas question de rejeter l'héritage classique ni même Saussure qu'on ne réduit heureusement pas à sa conception de l'arbitraire du signe et à ses formules malheureuses (du moins celles du Cours). Il y est encore moins question de systématiser comme vous le faites.
gula n'a pas de rapport avec *ghel-(e)w-neH2. Ce n'est pas parce que les mots se ressemblent qu'ils sont automatiquement apparentés.
*ghel, qu'on trouve dans жëлтый, yellow, galbinum et par conséquent jaune, est une des racines de la lumière, de la brillance. Il n'y a pas de racines comportant une idée de couleur précise à part le rouge (cf. mes petites études sur les couleurs).
L'étymologie c'est le vrai sens des mots et ces racines ne donnent que des repères chronologiques sur ds ancêtres morts.
Les racines grecques, plus proches dans le temps,sont nettement plus intéressantes
Définition personnelle. A l'époque moderne, l'étymologie est la recherche de l'origine des mots. Dans l'état actuel de la connaissance, on ne remonte pas au-delà du milieu du troisième millénaire, et encore par conjecture. On suppose que quelques mots, surtout des toponymes, peuvent avoir une origine encore plus ancienne, comme *kar, "pierre" ? (cf. bret. ker, le Crau, etc...).
Dans l'Antiquité, l'étymologie s'efforce de définir le sens propre des mots, le sens "étymologique", ce n'est donc nullement dans le sens moderne qu'il faut entendre le mot. Les Anciens n'avaient aucun moyen d'aller rechercher des "racines" antérieures à leur langue, sauf dans le Cratyle, mais on a vu dans quelle mesure.
Sur l'étymologie, il y a un passage significatif chez Quintilien, Institution oratoire, I, 28-29.
Pourquoi cette avalanche de mots savants ? Le grec, langue de culture pour la latinité et pour la Renaissance, qui a remis les études grecques à l'honneur, a fourni, surtout à l'époque moderne, nombre de mots par calque ou par composition. Mais ces mots, qu'on retrouve dans les langues modernes qui se les sont échangés, n'intéressent que secondairement l'historien des langues, pour qui seuls les mots primitifs, dérivés "naturellement" et non par une volonté consciente, sont à prendre en compte si l'on est curieux des phénomènes de transformation phono-sémantiques. Phonétiquement cependant, ces mots ont eu un effet positif sur notre langue : ils ont restitué des combinaisons de sons que l'évolution avait fait disparaître et ils ont fourni des mots longs alors que l'évolution "naturelle" poussait à la réduction et à l'érosion. Notre langue a ainsi diversifié et enrichi considérablement ses signifiants.
Mais c'est tout ce qu'on peut en dire...
Dans un message précédent, vous avez évoqué le mot "clairon" : quelle est son origine d'après vous ?