L'étymologie populaire a été longtemps considérée comme une sorte d'aberration linguistique aboutissant à des déformations de langage parfois amusantes ou grotesques,. Mais elle est tout autre chose, car elle représente une tendance constante chez les usagers de la langue et loin d'être uniquement une source d'erreurs, elle est digne de l'attention sérieuse de tout vrai linguiste car la langue est par essence une activité humaine.
L'étymologie est la recherche d'un rapport de forme et de sens entre deux mots ou le résultat de cette recherche. En général, il s'agit d'une recherche diachronique qui vise à établir un rapport entre un mot qui existe ou a existé et tel mot d'une époque plus ancienne: ainsi faire l'étymologie de péage, c'est faire un lien entre ce mot et le latin pedem; faire l'étymologie de pedem c'est le rattacher à une forme hypothétique de l'indo-européen qui mettra en exergue l'existence du grec "pous, podos'' et le sanscrit pad-as, pied.
Mais l'étymologie se doit aussi d'être synchronique en établissant des liens de parenté entre des mots contemporains : c'est faire de l'étymologie que d'établir le rapport existant entre péage, piéton et le verbe piéter qui existent en français actuel. Ce rapport est étymologique dans la mesure où il est senti et réalisé par les usagers actuels de la langue, car il a une valeur fonctionnelle. C'est par son actualité et son efficacité que l'étymologie populaire se distingue de l'étymologie savante, qui, elle, le plus souvent, reste sans influence sur le fonctionnement de la langue. Pour le naïf usager de langue il existe entre le mot et la chose qu'il évoque un lien le plus souvent indissoluble.
Si l'on prend comme exemple le mot essaim qui se définit comme "un groupe d'abeilles sorti de la ruche mère pour fonder une nouvelle colonie, ce mot pour l'étymologie savante représente le latin ''examen'', dérivé de agmen, bande, troupe en marche....
Pour une communauté linguistique qui possède pour désigner les abeilles le mot ''es'', représentant phonétique régulier du latin apes avec le suffixe collectif -ain ou -in, le mot essaim ne conserve plus rien de l'image représentée par le latin agmen, mais évoque avec une congruité correcte celle d'une "collectivité d'abeilles' , d'un groupe d'es.
L'étymologie populaire, vue sous cet angle, se révèle un procédé de motivation des signes de la langue. Il devient plus facile à celui pour qui essaim n'a aucun rapport formel avec abeille de créer par exemple la métaphore "d'un essaim d'idées noires".
L'étymologie populaire qui tend à établir des associations selon des affinités de forme et de sens est un instrument organisateur qui agit tantôt sur la forme, tantôt sur le sens des mots, rapprochant par la forme des mots associés par le sens ou à l'inverse rapprochant par la signification des mot qui présentent une similarité de forme.
Si nous disons "nous prenons'' au lieu de ''nous prendons'' comme au moyen âge c'est que l'on dit aussi nous tenons et que prendre et tenir sont inconcevables l'un sans l'autre ( on dit indifféremment à l'impératif : prends, tiens !)
Lévine a écrit : le *gh inconnu des langues latines
Mais le mot glace par exemple dérive du bas latin glacia issu du latin classique glacies « glace, glaçon ». En latin il ne s'agit pad de ''gh'' ?