Mon discours était trop rapide.
Il se produit certainement en langue, parfois, le même phénomène qu'en musique, d'un décalage entre le son entendu et le son prononcé ou chanté. Vous avez des gens, sans doute peu nombreux mais ils existent, qui ont une excellente oreille musicale, qui s'entendent chanter faux sans ne rien pouvoir y faire. Ils n'en sont pas moins musiciens et n'en aiment pas moins la musique.
On s'entend chanter, avec semble-t-il une certaine déformation, comme on s'entend parler avec également une certaine déformation. En principe on arrive, par cette audition intérieure, à s'ajuster. Mais à mon avis, en dessous d'un certain seuil on renonce à s'ajuster. Personnellement pour l'anglais j'avais trop mal démarré, alors que la prof prononçait assez bien ou bien. Elle était plaisante à entendre, c'est déjà très bien. En sixième, c'est tout de même un peu tard, mais surtout, entre 10 et 12 ans, disons, les enfants exacerbent la tendance à la moquerie et la crainte du ridicule : c'est très défavorable en particulier à l'apprentissage de la prononciation de l'anglais, surtout chez les garçons en établissement non mixte, à mon avis. L'anglais, pour moi comme pour mes camarades, c'était pour les filles. En établissement mixte ou chez les filles, je ne sais pas. Plus tard cela ne jouera plus, mais le mauvais pli peut avoir été pris ou l'écart à combler paraître, à tort ou à raison, rédhibitoire.