− [Au plur.] (Avoir des) absences. (Être fréquemment dans un état de) rêverie plus ou moins pathologique :
31. Le duc de Guermantes, tout en se félicitant du « bon vent » qui l'avait poussé vers son neveu, resta si étonné de l'accueil, pourtant si naturel, de ma mère, qu'il déclara plus tard qu'elle était aussi désagréable que mon père était poli, qu'elle avait des « absences » pendant lesquelles elle semblait même ne pas entendre les choses qu'on lui disait et qu'à son avis elle n'était pas dans son assiette et peut-être même n'avait pas toute sa tête à elle. M. Proust, À la recherche du temps perdu,Le côté de Guermantes, 2, 1921, p. 339.
32. Ah! Qu'elle devait donc être détraquée, désorganisée sans le savoir, malgré les triomphes de son corps, puisque le moindre événement inaccoutumé l'échouait de la sorte, bouche amère, n'ayant pas faim, disposée au mal au cœur! Les mille obstacles contre lesquels on l'avait mise en garde, l'appréhension de ces absences où elle se laissait aller lorsqu'elle était en compagnie, le dégoût et la détestation qu'elle se sentait par avance pour les autres infirmières, la perspective de se trouver au milieu de jeunes hommes, les questions qu'on lui ferait, la nécessité de s'imposer dans un sens qui n'était pas celui de sa nature, de se forcer pour rire, de s'intéresser, de « savoir les prendre », tout lui constituait un avenir hérissé vers lequel elle s'avançait en tremblant. H. de Montherlant, Le Songe,1922, p. 58.
Sens fig. : xviie s. 1re attest. 1680 « égarement d'esprit qui vient faute d'application, manière de distraction sensible ». Avoir des absences d'esprit (Rich.) (tlfi:absence)