ZIGOUILLER, verbe trans.
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A. Vieilli. Égorger, assassiner avec un couteau. « Il est donc mort ? » interrogea Patrick. « Hier dans la soirée, annoncent les journaux. Ah! les apaches qui l'ont zigouillé proprement nous ont rendu un fier service » (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 130).
B. 1. [Le compl. désigne une pers.] Synon. de tuer. Silence, sacré nom ! Ce n'est pas le moment de rigoler, ou on va se faire zigouiller comme des lapins ! (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 25). D'un coup de carabine il zigouille le militaire et comme son épouse s'enfuit il lui tire dessus (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 36).
2. [Le compl. désigne un objet] Rare. Mettre à mal, endommager. Les fauteuils du salon, qui étaient en acajou, y ont passé en douce. I' les zigouillait et les découpait pendant la nuit (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 37).
Prononc.: [ziguje], (il) zigouille [-guj]. Étymol. et Hist. 1. a) 1895 « tuer, assassiner avec un couteau » (d'apr. DAUZAT, Arg. guerre, 1918, p. 110 : zigouiller était déjà employé en 1895 à Madagascar par les troupes coloniales) ; 1897 se zigouiller (RICTUS, Soliloques, Nouv. éd. Paris, 1919) ; b) 1915 « tuer » (BENJAMIN, loc. cit.) ; 2. fig. 1916 « démolir » (BARBUSSE, loc. cit.). Mot dial. du Centre et de l'Ouest signifiant « couper un objet avec un mauvais couteau », dér. de zigue-zigue « mauvais couteau », formé sur le rad. onomat. zik- qui exprime le bruit d'un mouvement rapide. Fréq. abs. littér.: 17. Bbg. CHAMBON (J.-P.). Qq. « inconnus » du FEW. R. Lang. rom. 1979, t. 83, p. 266. DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 295. QUEM. DDL t. 17 (s.v. zigouillage). (tlfi:zigouiller)
- Proprement : couper avec une scie, scier avec peine et mal. Provincialisme poitevin : cf. dans la Saintonge, zigue-zigue, mauvais couteau. (SAIN-TRANCH)
- Dialecte du Poitou, « couper avec un mauvais couteau » ; zigailler « couper maladroitement, scier mal » ; orig. incert. ; p.-ê. du lat. secare « couper ». (GR)
- Mot dial. du Centre et de l'Ouest signifiant « couper un objet avec un mauvais couteau », dér. de zigue-zigue « mauvais couteau », formé sur le rad. onomat. zik- qui exprime le bruit d'un mouvement rapide. (TLFi)
- « On croyait généralement que le mot appartenait en propre au vocabulaire des apaches. Or il n'a jamais figuré dans l'argot spécial des malfaiteurs. C'était un terme populaire, dont on retrouve l'antécédent, comme M. Sainéan l'a montré, dans nos patois de l'Ouest : zigouiller en Poitou, zigâiller (et sigâiller) en Anjou, signifie couper en déchiquetant, avec un mauvais outil ; d'où couper la gorge et tuer. Mais si l'on veut avoir l'ancêtre primitif du mot, il faut descendre encore au sud et le demander au Midi, d'où le terme, comme tant d'autres, est remonté en se déformant : cet ancêtre, c'est la sego, -la scie,- d'où est dérivé le verbe segalha ou segoïa, signifiant 'mal scier'.. .» ; date de vingt ans au moins (erreur de Sainéan qui le croit nouveau). (Dauzat1917MdF)
- Date de 20 ans au moins (erreur Sainéan), popularisé par les apaches de la fin du XIXe. Appartenait au voc. des apaches et courant dans le peuple de Paris. On en retrouve l'antécédent dans les patois de l'O (Poitou, zigouiller, Anjou, zigailler) au sens de couper en déchiquetant, avec un mauvais outil, d'où couper la gorge et tuer. A l'origine, part du Sud, depuis la sego, scie (ou faux à blé), d'où est dérivé segalha ou segoïa signifiant mal scier. Déjà employé en 1895 à Madagascar par les troupes coloniales. (Dauzat1918)
- Argot parisien courant d'avant-guerre. (Dauzat1918voc)