ALPION, subst. masc.
Arg. Individu qui triche au jeu.
Rem. Cf. Larch. Suppl. 1880, p. 3 ; Ch. Virmaître, Dict. d'argot, Suppl., 1889, p. 16 ; Nouguier, Notes manuscrites interfoliées au Dict. de Delesalle, 10 janv. 1900, p. 9 ; Ch.-L. Carabelli, [Langue populaire], [Langue de la pègre].
Prononc. ET ORTH. − Dernière transcription ds DG : àl-piou, orth. alpiou. Littré fait la rem. suiv. : ,,Ce mot est écrit alpion dans une lettre de Ch. de Sévigné (...) mais alpiou, qui est dans le dict. de Bescherelle, paraît seul susceptible d'une explication étymologique`` (cf. aussi la rem. de Gattel 1841 : ,,alpiou, suivant l'ancien dict. de l'Acad. et alpion, suivant Trév.``).
Étymol. ET HIST. − 1. 1689 jeu « marque qu'on fait à sa carte, au jeu de la bassette, pour indiquer qu'on double la mise » (Ch. de Sévigné, Lettres à Mme de Grignan, 21 sept. 1689 ds Lettres de Madame de Sévigné, de sa famille et de ses amis publ. par M. Monmerqué, Paris, t. 9, 1862, p. 217 : enfin, piquée jusqu'au vif, elle vit un gros alpion, et dit ces belles paroles : « si je perds cet alpion, je dirai de moi la plus grande infamie qu'on puisse jamais dire » [note de l'éd. : Alpion, terme du jeu de bassette qui est le synonyme de pazoli au jeu de pharaon (note de Perrin)]) ; 2. [av. 1867] p. méton. argot « tricheur qui biseaute les cartes » (Delvau, Dict. érotique mod. d'apr. FEW t. 9, 103 a [lire plutôt : Dictionnaire de la langue verte. –gb]), seul sens conservé à l'époque moderne. Empr. à l'ital. al più (Boulan 1934) terme du jeu de la bassette, non attesté ds les dict. hist., signalé seulement dans cet emploi par DEI, s.v. al più, littéralement « au plus » formé de l'art. contracté al et de più « plus » (plus*) ; la forme alpion est peut-être une mauvaise lecture de alpiou, ou plus vraisemblablement une déformation anal. de pion, morpion, etc.
BBG. − Boulan 1934, p. 19. − Larch. Suppl. 1880. − La Rue 1954. (tlfi:alpion)
- par allusion au nom donné autrefois à la marque que l'on faisait à sa carte en jouant à la bassette. (Delvau1866)
- Terme d'un ancien jeu qu'on appelait la Bassette ; c'était la marque que l'on faisait à sa carte pour indiquer qu'on doublait sa mise ; mot est resté pour désigner tricheur qui biseaute les cartes. (DEL)