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MICHEL Francisque

nom: Michel prénom: François Xavier (Francisque) pseudo: Jacques Gondar né_à: Lyon mort_à: Paris né_en: 1809-02-19 mort_en: 1887-05-18 à Paris pro: professeur mc: Michel, Nodier

Notice biographique

Toutes les informations constituant la version de départ de cette notice biographique sont empruntées (copié-collé) à l'article et à la notice synthétique de Didier Barrière.

François Xavier Michel est né à Lyon le 19 février 1809 ; fils d’André Michel dit Thomas, marchand de vin, et de Marie Françoise Gerber, sa seconde femme, elle-même fille d’un brasseur de bière. Le couple possédait un domaine, avec des vignes, dans la commune de Juliénas, au sud-ouest de Mâcon.

De la septième à la cinquième (1822), il remporte des accessits, puis sa scolarité semble s’interrompre.

Le père, installé à Paris dès 1826, place Francisque à l’institution Favard, avant de le faire entrer au collège royal Charlemagne le 1er octobre. Le passage de l’élève n’y est marqué par aucune récompense ; d’ailleurs, un registre signale sa sortie au 1er juillet 1827.

Entre Paris et Lyon, le va-et-vient dut être fréquent, et les études morcelées

C’est à Paris, le 4 janvier 1830, qu’il obtient son baccalauréat, plus âgé de trois ans que la moyenne.

On imagine qu’il avait en outre suivi toutes sortes de cours libres, notamment au Collège de France. Il s’inscrivit à l’École des chartes dès sa réouverture en janvier 1830, en vue du concours de fin d’année.

Le concours pour six places d’élèves pensionnaires eut lieu le 2 janvier, Francisque Michel échoua.

À 21 ans, il avait visité à Paris tous les grands dépôts de livres et d’archives, lu un nombre incroyable de manuscrits médiévaux. Très lié avec Daunou et Raynouard, associé brièvement avec le médiéviste Roquefort, il se chargeait également de commissions de librairie pour les érudits lyonnais. Son ambition du moment était de dresser le catalogue des éditions d’Antoine Vérard et de Michel Le Noir, grâce à l’obligeance de Van Praet à la Bibliothèque royale. Ce travail inachevé lui servit pour ses premières bibliographies d’incunables.

Il n’avait ni emploi fixe ni diplôme de grande valeur. Ses talents de bibliographe lui valurent d’être adjoint, en novembre 1832, à l’équipe chargée de continuer une vaste compilation commencée par Bréquigny au XVIIIe siècle, la table chronologique des chartes imprimées relatives à l’histoire de France.

La somme qu’il toucha pendant un semestre ne lui fut pas d’un grand secours. Il semble même qu’il ait subi, au début de 1833, un mois de détention pour dettes

En juin, il demande au ministre de l’Instruction publique une mission littéraire au British Museum. Guizot donne son accord le 24 juillet ; Michel se retrouve à Londres le 6 septembre. Il en revint avec une moisson considérable de textes médiévaux. Son principal titre de gloire est d’avoir fait le chemin jusqu’à Oxford, en 1835, où il redécouvrit et identifia le plus ancien manuscrit de notre Chanson de Roland. C’est pourtant à ses frais qu’il en donne en 1837 une édition confidentielle.

Le monstrueux travail fourni en mission, incontestable, ne pouvait être que récompensé : Michel est fait chevalier de la Légion d’honneur le 29 avril 1838, puis nommé le 4 février 1839 à la chaire de littérature étrangère de la faculté des lettres de Bordeaux, où il enseigne dès novembre. Constatons la situation atypique de ce jeune chargé de cours : il fait fonction de professeur alors qu’il n’a qu’un simple diplôme de bachelier ! Il ne passera pas la licence avant 1842, le doctorat avant 1846. En revanche, il n’avait pas attendu aussi longtemps pour accumuler titres et décorations à l’étranger. Ce paradoxe dit tout sur l’homme, à la fois extraordinairement soucieux de respectabilité et incapable de suivre une carrière conventionnelle.

Francisque Michel s’est d’abord cru poète. La Psyché publie ses premières productions, empreintes de désespoir, en juillet et septembre 1829. En juillet 1830, il compose une élégie sur son frère disparu. À l’automne, il dédie à Lamartine sa Vision du passé, rêverie sur le culte des morts à l’intérieur de Notre-Dame, qui paraîtra dans l’Abeille française. Ce même petit recueil de Lyon insère en juillet 1831 La mort de Raphaël. Tout cela n’est ni meilleur ni pire que la moyenne. Son habileté poétique suffisait à l’introduire dans les salons littéraires.

Il n’a pas réussi à se faire « adopter » par Nodier, mais il a porté comme lui ses recherches sur les littératures marginales, sur les bizarreries de l’histoire ou du langage, sur tout ce qui pouvait secouer le conservatisme classique. En cela, il est allé souvent plus loin que son maître, il l’a devancé quelquefois. Dépourvu comme lui de préjugés sociaux, il ébauche une défense des juifs en 1834 dans son édition de Hugues de Lincoln et travaillera longtemps sur une Histoire des races maudites de la France et de l’Espagne (1847). Très intrigué par les mœurs des classes dangereuses – « les gueux, les cagnardiers, les caymands et autres marpauds qui piaussaient ès piolles des cours des miracles » (lettre à Paul Lacroix du 5 août 1848) –, il tentera de composer une encyclopédie de leur langage dans ses Études de philologie comparée sur l’argot (1856). L’introduction de celles-ci fait explicitement référence aux essais de Nodier, par plusieurs extraits prouvant une véritable filiation. Les Notions élémentaires de linguistique, la Diatribe du docteur Néophobus contre les fabricateurs de mots, la Description raisonnée sont citées abondamment dès la première page ; et plus loin l’Examen critique des dictionnaires de la langue française. Mais le fait de se placer sous les auspices d’un tel écrivain n’impliquait pas qu’il en eût bien compris les leçons. Car le reste de son ouvrage et tous ses livres de la maturité ne sont qu’une avalanche de faits et d’exemples bruts d’où l’on sort abasourdi sans avoir pu attraper au passage une idée ou une émotion nourrissantes.

Cet habitué du Salon de Charles Nodier à l'Arsenal fut un infatigable fouilleur d'archives et a publié de très nombreux manuscrits du Moyen Age. C'est à lui qu'on doit la redécouverte capitale de la Chanson de Roland. Professeur de littérature étrangère à la faculté de Bordeaux à partir de 1839, il n'a cessé de voyager, au détriment de son enseignement, pour explorer les bibliothèques de France, de Grande-Bretagne, d'Espagne et d'ailleurs. Sa carrière très mouvementée lui a valu de nombreuses mésaventures avec sa hiérarchie ou ses collègues, d'autant plus qu'il souffrait d'un orgueil disproportionné, et sa curiosité universelle a été la cause d'incidents pittoresques dans sa vie ; mais beaucoup d'érudits modernes ont reconnu les services inestimables qu'il a rendus à la science en faisant découvrir des textes d'un grand intérêt historique ou littéraire. C'est l'un des acteurs principaux de ce qu'on appelé la Renaissance médiévale. Parmi ses ouvrages historiques de la maturité, je citerai seulement son Histoire des races maudites de la France et de l'Espagne (1847) et ses études de philologie comparée sur l'Argot (1856). Ce n'est pas un fou littéraire, mais il y a dans sa personnalité une telle singularité, un tel goût pathologique pour l'écrit que cela pourrait se rapprocher du domaine de la littérature excentrique du XIXe siècle.

Sources biographiques