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forum abclf » Réflexions linguistiques » Me trompé-je, ou me trompais-je ?

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Messages [ 1 à 50 sur 67 ]

1 Dernière modification par Aubert (12-02-2006 14:52:50)

Sujet : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Dans une phrase au présent, bien sûr.

Je dois assurément tourner à droite, me tromp ... je ?

Résistant aux anglicismes et à gougueule !

2

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Nous sommes au présent de l'indicatif, verbe du 1er groupe : je me trompe. L'inversion du sujet, liée à la tournure interrogative, donnera me trompe-je ?. La finale e du verbe conjugué a été transformée en é pour des raions d'euphonie, donc me trompé-je ?

elle est pas belle, la vie ?

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Oui, mais on écrit me trompe-je, n'est-ce pas?

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Valéry a écrit:

Oui, mais on écrit me trompe-je, n'est-ce pas ?

Non, Valéry, on écrit bien Me trompé-je ? de même que Dussé-je en souffrir, ou bien tout verbe du premier groupe dont la terminaison est en e. On trouve d'autres solutions euphoniques lorsqu'un verbe se termine en e, à une autre personne que la première du singulier : se trompe-t-il ?. Pour la première personne, avec je c'est le é.

F. Dard a écrit:

bredouillé-je, coassé-je  et même jetté-je ...

elle est pas belle, la vie ?

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Je vois... Mais peut-on donc en conclure décidément que me trompe-je est absolument faux ?

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Oui et non : me trompe-je est correct du strict point de vue de la conjugaison, peut-être même peut-on  l'écrire ainsi ... mais on ne l'écrit pas ainsi, en tout cas je ne l'ai jamais vu.

elle est pas belle, la vie ?

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

On devrait rebaptiser ce site; comment couper les cheveux en quatre smile

Merci piotr, tu me confirmes ce que je pensais.
Donc, on peut en déduire que "me trompe-je" devient faux car ce n'est pas la bonne forme interrogative; cela me semblerait logique, en tout cas !

Résistant aux anglicismes et à gougueule !

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Il n'est pas inutile de préciser ici que me trompé-je se prononce me trompê-je. Au demeurant, les rectifications de 1994 (je ne suis pas sûr de la date exacte) avaient proposé d'écrire me trompè-je (avec accent grave).

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

me trompè-je

D'accord ! Merci à vous.

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Les rectifications de l'Académie française du 6 décemre 1990; là, je suis sûr de mon coup smile
Est-il également utile de dire que pour ladite Académie, la chasse aux accents circonflexes est ouverte ?

Résistant aux anglicismes et à gougueule !

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

je dis NON pour la chasse des accents circonflexes ! je les aime moi smile  Déjà que cet accent a été inventé (entre autres sans doute) pour remplacer les S précédant des consonnes, alors on ne va pas substituer un substitut !


pour revenir à la question des "é" à la fin des verbes conjugués à la première personne avec sujet inversé, est-ce uniquement pour les questions, ou est-ce valable également sous une forme :

    Je suis sûr qu'avec le temps ça viendra,  ou alors peut-être n'utilisé-je pas les bonnes méthodes.

  ...pour remplacer une conjonctive ?

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Aubert a écrit:

Les rectifications de l'Académie française du 6 décemre 1990; là, je suis sûr de mon coup smile

Aubert a tort big_smile C'est le Rapport du Conseil supérieur de la langue française qui a été publié dans les documents administratifs du Journal officiel du 6 décembre 1990 et l'Académie française n'en était pas l'auteur. Cette tâche avait été confiée par Michel Rocard au Conseil supérieur de la langue française. Quelques représentants de l'Académie française y siégeaient. Fallait bien wink

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

peut-être n'utilisé-je pas les bonnes méthodes.

Grabuge a raison, c'est un des emplois possibles de cette tournure, qui a le mérite de la concision et de l'élégance :

  * peut-être que je ferais bien de partir / peut-être ferais-je bien de partir / je ferais peut-être bien de partir
  * peut-être que je fais bien de partir / peut-être fais-je bien de partir / je fais peut-être bien ...
  * peut-être que j'ai bien fait de partir / peut-être ai-je bien fait de partir / j'ai peut-être bien fait ...

   => peut-être que je n'utilise pas la bonne méthode / peut-être n'utilisé-je pas la bonne méthode / je n'utilise peut-être pas ...

    Autre remarque, pour revenir sur l'affirmation de TdP selon laquelle me trompé-je se prononce me trompê-je, d'où la proposition de graphie me trompè-je par le Conseil Supérieur de la L F, je ne suis pas de cet avis : me trompé-je se prononce comme il est écrit, avec un é fermé et non un ê ouvert ; cela permet de distinguer, à l'oral, le présent de me trompais-je à l'imparfait.

  * je me trompe peut-être / peut-être me trompé-je
  * je me trompais peut-être / peut-être me trompais-je

elle est pas belle, la vie ?

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Piotr a écrit:

me trompé-je se prononce comme il est écrit, avec un é fermé et non un ê ouvert ; cela permet de distinguer, à l'oral, le présent de me trompais-je à l'imparfait.

  * je me trompe peut-être / peut-être me trompé-je
  * je me trompais peut-être / peut-être me trompais-je

C'est aussi ce que j'ai appris.

« Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles, la blanche Ophélia flotte comme un grand lis »

15 Dernière modification par Bookish Prat (16-04-2008 17:23:19)

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Piotr a écrit:

...me trompé-je se prononce comme il est écrit, avec un é fermé et non un ê ouvert ; cela permet de distinguer, à l'oral, le présent de me trompais-je à l'imparfait.
* je me trompe peut-être / peut-être me trompé-je
* je me trompais peut-être / peut-être me trompais-je

Ah, l'esprit cartésien ! Quel édifice serait la langue française si la logique gouvernait la moindre de ses nuances ! Hélas, il y a la langue parlée, cette gueuse, qui s'obstine à faire tourner en bourrique les grammairiens. «Mais c'est comme ça dans les manuels ! clament-ils». Eh ben, non ! les manuels, ils ont tort quand la gueuse prend la parole. Plus personne, sauf dans le Midi, là où on prononce Drome au lieu de Drôme, ne s'avise de prononcer le futur j'aurai, avec un é fermé, pour le distinguer de j'aurais, avec un è ouvert, au conditionnel présent, pas plus d'ailleurs que n'est marquée la différence entre je mangeai, é fermé, au passé simple, tombé en désuétude (sauf dans les recommandations infligées aux malheureux FLE roll) et je mangeais, è ouvert, à l'imparfait.

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

16 Dernière modification par paprika (18-04-2008 18:32:32)

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Ben moi je dirais

Peut-être me suis-je trompé...  wink

(sans doute hors sujet, mais employé facilement, couramment à l'oral comme à l'écrit.)

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Peut-être me trompé-je, mais jamais de ma vie n'ai entendu âme qui vive (les autres ne me parlant point) dire à l'oral (:/) "me trompé-je". Peut-être ne fréquenté-je point les cercles adéquats ?
Un truc de phonétique très français, paraît-il : pour bien prononcer le "è" ouvert, il faut ouvrir sa grande gueule ! Essayez, c'est garanti.

Quand on tombe en désuétude, on a du mal à se relever. (Descartes)

18 Dernière modification par Bookish Prat (18-04-2008 17:48:50)

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

paprika a écrit:

...sans doute hors sujet, mais employé couramment à l'oral comme à l'écrit.

Chère Paprika, la langue parlée préfère des formulations sans ambiguïté ni acrobaties d'élocution et ce, même au détriment de l'élégance supposée de l'inversion du sujet. Ainsi dans où suis-je ? plutôt que où j'suis ? Sans compter que où suis-je ? est le plus souvent employé aujourd'hui de façon humoristique, rarement au premier degré.
Alors, quant à savoir si (l')on prononce différemment  me trompé-je (présent de l'indicatif) de me trompai-je (passé simple) ou me trompais-je (imparfait)... big_smile Il faudrait d'ailleurs expliquer comment, avec les seuls é fermé et è ouvert, on peut caractériser trois graphies différentes ayant trois sens différents (et dont la prononciation est sujette à caution) ? Alors, avec ou sans approbation savante, la langue parlée va chercher son bonheur dans des tournures idiomatiques qui peuvent, elles aussi, décrire des nuances subtiles :

P't-être que j'me suis trompé...
C'est bien possible que j'me sois trompé...
J'pourrais bien m'êt' trompé...
J'me s'rais trompé...
Et p'têt ben qu'j'me suis gourré...

http://www.ctc.org.uk/_CTC/images/Go_Cycling/Cyclists%20mapreading~small.jpg

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

"Me trompe-je?" est absolument impossible car on ne saurait avoir en français deux sillabes finales comportant la lettre "e" muette.... D'où la forme "me trompé-je?"...

En fransem (lang fransez semplifie) on dirait : "mua tromp sua?"

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

De la même manière, peut-on écrire : "de combien de temps diposé-je"?

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Il est préférable de laisser tomber les inversions pour former des phrases interrogatives (comme le fait la langue parlée) :

De combien est-ce que dispose ?
Je dispose de combien de temps ?

DEFENSE DE CRACHER PAR TERRE ET DE PARLER BRETON. (Le Ministère de l'Éducation Nationale)

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Bob a écrit:

peut-on écrire : « de combien de temps diposé-je ? »

Oui, Bob, tu peux sans réserve écrire : « De combien  de temps diposé-je ? » car  c'est la seule manière grammaticalement correcte, à moins de passer par une lourde construction en ... est-ce que ... : « De combien  de temps est-ce que je  dipose ? ».
    Cette formulation (disposé-je) fera certes sourire à l'oral, voire te fera passer pour précieux ou affété, mais elle est inattaquable ... ce qui n'est pas le cas du familier « de combien je dispose ? », incorrecte du point de vue de la syntaxe.
    Et tu feras tes choix.

elle est pas belle, la vie ?

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

patoiglob a écrit:

Il est préférable de laisser tomber les inversions pour former des phrases interrogatives (comme le fait la langue parlée) :
De combien est-ce que dispose ?
Je dispose de combien de temps ?

Oui, mais si tout le monde laisse tomber les mêmes façons de dire, les capacités d'expression du français diminueront. On peut suggérer «de combien de temps est-ce que je dispose ?» ou «de combien de temps je dispose ?», ou autre chose, à l'oral par exemple, et «de combien de temps disposé-je» à l'écrit littéraire ou dans les situations surveillées. N'est-ce pas préférable d'avoir le choix ?
Ne pas oublier que la prononciation de ce «é» est «è».

24 Dernière modification par patoiglob (14-10-2008 23:19:57)

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Je regrette mais "de combien de temps disposé-je", ça n'existe pas, même à l'écrit... Pour les verbes du premier groupe, l'inversion n'existe pas à la première personne du singulier du présent de l'indicatif (même le Mauger des années 50 le remplace par une forme en "est-ce que")...

Quant au situations "surveillées", je connais pas... Je parle le français en toute liberté...

DEFENSE DE CRACHER PAR TERRE ET DE PARLER BRETON. (Le Ministère de l'Éducation Nationale)

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

patoiglob a écrit:

Pour les verbes du premier groupe, l'inversion n'existe pas à la première personne du singulier du présent de l'indicatif

Je regrette de vous donner des regrets, mais non, je ne reviens pas sur ce que j'ai écrit. La notice de la dernière édition de Grevisse donne (je souligne) :

Grevisse a écrit:

-é au lieu de -e quand le pronom je est placé après le verbe, le [?] final étant devenu [?] tonique.
Cela se produit dans la phrase interrogative (§ 394), dans la sous-phrase incise (§ 380) ou dans la phrase énonciative commençant par peut-être, etc. (§ 383), ainsi que dans Puissé-je (§ 408, b) et Fussé-je, Dussé-je (§ 895, e, 2°) : Me trompé-je ? (D. Boulanger, Connaissez-vous Maronne ? p. 96.) — « Je vais être obligé… » commencé-je en cherchant mes mots (Robbe-Grillet, Projet pour une révolution à New York, p. 44). — Du moins n’éprouvé-je […] jamais l’ombre d’un doute (Dutourd, dans le Monde, 25 juin 1976). — Eussé-je autant aimé l’enfant née d’un mariage heureux ? (Mauriac, Fleuve de feu, IV.) — Ô puissé-je, en expiation, […] souffrir de longues heures […] ! (Proust, Rech., t. III, p. 902.) — Dussé-je mourir, je n’en voudrais pas aux dieux (Montherl., Mors et vita, Pl., p. 511).R2

Il va de soi que, dans ce cas, on ne fait pas subir au radical les modifications qu’il subirait devant une syllabe muette ou devant un e muet (§ 791, a) : Aussi bien préféré-je […] (Gide, dans le Figaro litt., 31 juillet 1948). — Employé-je, semé-je, acheté-je, jeté-je, etc.
Toutes ces tournures appartiennent exclusivement à la langue littéraire. Puissé-je et dussé-je paraissent pourtant plus répandus. — La langue parlée recourt à d’autres constructions ; par ex., dans l’interrogation, à l’introducteur est-ce que qui maintient le pronom devant le verbe : Est-ce que je me trompe ? [Cf. § 397.]
La prononciation actuelle étant [?] et cet emploi de é étant tout à fait isolé dans le système graphique du fr. (cf. § 103, a, 1°), le Conseil supérieur de la langue fr. a recommandé en 1990 (cf. § 90, e) de remplacer cet é par un è : Dussè-je, etc. L’Acad. a donné son accord à cette proposition.

Je serais surpris que Grevisse soit le seul de son avis. Qu'écrit donc Mauger de si différent ? Que cette inversion soit parfois déconseillée, d'accord, mais interdite, et même inexistante ??

26 Dernière modification par patoiglob (15-10-2008 16:17:08)

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

La langue parlée prime sur la langue écrite, celle-ci n'étant qu'un épiphénomène de celle-là, parfois abusive et erronée, toujours pédante et élitiste...

De plus, la terminaison en "É-JE" est impossible en français (il faudrait entendre "È-JE"...)

DEFENSE DE CRACHER PAR TERRE ET DE PARLER BRETON. (Le Ministère de l'Éducation Nationale)

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

patoiglob a écrit:

De plus, la terminaison en "É-JE" est impossible en français (il faudrait entendre "È-JE"...)

Elle s'écrit «é-je» et se prononce «è-je», cela a été mentionné au moins deux fois dans ce fil.
Que cette inversion ne vous plaise pas et que vous préfériez «est-ce que» ou une intonation interrogative pour la remplacer, d'accord, c'est tout à fait autorisé et même parfois conseillé. Ainsi, vous suivrez à la lettre la Grammaire de l'académie, 1932, p.113 (qui ne réserve qu'à certains subjonctifs –dussé-je, puissé-je–l'inversion é-je).
En ce qui me concerne, et cela n'engage que moi, je considère cette inversion possible à l'indicatif, première personne : aimé-je ? me trompé-je ?
Par ailleurs, ne polluez plus vos messages avec des affirmations péremptoires, personnelles, non discutables, déplaisantes et hors de propos : «la langue parlée prime...», et autre verbiage doctrinaire de flic libertaire.

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

gb a écrit:

Elle s'écrit «é-je» et se prononce «è-je», cela a été mentionné au moins deux fois dans ce fil.

Qui sont les fous et qui sont les personnes sensées ? ...
Comment voulez-vous que le monde continue à parler français, si les Français les en empêchent ? Comme si la langue leur appartenait ...

DEFENSE DE CRACHER PAR TERRE ET DE PARLER BRETON. (Le Ministère de l'Éducation Nationale)

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Bonjour,

De même que l'on dit me trompé-je, est-il possible de dire me permété-je ?

D'avance merci.

30

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Itinérante a écrit:

[...] est-il possible de dire me permété-je ?

Bonjour !
     ‹ Me permettè-je › me semble préférable.
     Cordialement.

diconoma est typographe, relecteur-correcteur, dictionnairiste

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

diconoma a écrit:
Itinérante a écrit:

[...] est-il possible de dire me permété-je ?

Bonjour !
     ‹ Me permettè-je › me semble préférable.
     Cordialement.

Me permets-je d'en douter ? big_smile

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

diconoma a écrit:
Itinérante a écrit:

[...] est-il possible de dire me permété-je ?

Bonjour !
     ‹ Me permettè-je › me semble préférable.
     Cordialement.

diconoma a écrit:
Algis a écrit:

Merci pour vos avis (toujours avisés).

A non-avisé, non avisé et demi. Les traditions se perdent décidément smile

Je m'excuse, mais je n'ai pas pu m'empêcher de lancer cette gentille pique. Personne ne songera, je pense, à vous reprocher sérieusement ce genre de message précipité que tout le monde commet un jour ou l'autre volontairement ou non.

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Je tiens à préciser que toutes ces magnifiques nuances de la langue française ne sont plus, de nos jours, enseignées. Et pour cause! la langue étant en continuelle évolution, visant hélas la plupart du temps à la simplifier. Certes, cela ne peut qu'être apprécié par nos voisins, mais je crains que l'on n'utilise plus à l'oral ces belles formulations. Ou bien dans un cadre humoristique.
Je pense pour ma part que le Français d'aujourd'hui est bien loin de la langue de Molière. Me trompé-je?

Et même dans les (rares) cas où l'on voudrait réutiliser ces formulations pour une raison quelconque, la plupart du temps on en revient à la langue courante, pour la simple et bonne raison que l'on ne sait plus comment les utiliser. Choses logique, puisque ce n'est plus enseigné.

Quel triste sort que celui de la langue vivante.

34 Dernière modification par Vinoco (15-08-2011 14:07:30)

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Bonjour,

Je me permets de remonter ce sujet pour une question à laquelle une première réponse a déjà été donnée dans ce message.

Dans le cas des verbes comme suggérer, préférer, obtempérer, etc., l'inversion semble devoir être, d'après Grevisse :

suggéré-je, préféré-je, obtempéré-je, etc.

Si l'on suit la règle d'inversion « normale », les inversions suivantes sont-elles totalement fautives :

suggèré-je, préfèré-je, obtempèré-je, etc. ?

Merci pour vos réponses !

***

Édition du 15-08-11 :

C'est sans doute totalement fautif, oui, donc on peut oublier ma question (ce qui était déjà le cas big_smile) !

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Et moi je ne supporte plus les "est-ce que" ou les "qu'est-ce que" à tout bout de champ.
Entendu par un ministre à la télé : "je suis venu voir qu'est-ce qui se passait ici." HOOOOOORRIBLE !
Alors vive les dussé-je, puissé-je et tous leur copains du 1er groupe...

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Bonjour à tous,

Merci beaucoup pour ce fil de discussion animé et richement documenté.

Ma journée commence bien, j'ai appris quelque chose aujourd'hui !

Merci encore.

37

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Allez j'ose ... Si nos interlocuteurs sont toujours présents sur ce site depuis 4 ans ...

En lisant attentivement vos échanges, j'ai le sentiment par moment que certains passionnés de cette belle langue française, font ... Comment dirais-je ? Porter une bien trop grande souffrance aux petites mouches qui nous entourent. Sodome en est témoin tel que l'évoque Origène (185-253) et Saint Ambroise de Milan (340-397), en toute bienveillance ...

Se poser la question de se tromper en se projetant dans un futur proche ou plus lointain, ne doit-il pas finalement s'écrire ainsi :
Me tromperai-je ? ... Tout simplement, parce que cela sonne si bien à l'oreille ! Non ?

Rassurez moi ! Injuriez-moi (avec élégance) ! Mais répondez-moi s'il vous plait ! J'en serais ravi, vraiment !

38

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Je vous rappelle la question posée il y a quinze ans :
« Dans une phrase au présent, bien sûr.

Je dois assurément tourner à droite, me tromp ... je ? »

Il ne s'agit pas de se projeter dans le futur, mais bien d'exprimer une opinion sur la décision de tourner à droite. Si « me trompé-je » vous dérange, vous pouvez utiliser « me tromperais-je ? », mais avec un s pour marquer le conditionnel, qui donne un sens un peu plus dubitatif à la question.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

39

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Un modeste petit nouveau a écrit:

Se poser la question de se tromper en se projetant dans un futur proche ou plus lointain, ne doit-il pas finalement s'écrire ainsi :
Me tromperai-je ? ... Tout simplement, parce que cela sonne si bien à l'oreille ! Non ?
Rassurez moi ! Injuriez-moi (avec élégance) ! Mais répondez-moi s'il vous plait ! J'en serais ravi, vraiment !

Ainsi que vous l'explique Alco, il s'agissait bien de considérations sur un verbe au présent. C'est d'ailleurs probablement plus souvent pour ce temps qu'on est amené à antéposer le verbe à son pronom sujet : J'ai l'impression de voir des jumelles, me trompé-je ? (est-ce que je me trompe ?) Le futur contenu dans « Me tromperai-je à nouveau demain ? » n'a, bien sûr, rien d'incongru mais, à moins d'un certain pessimisme, une fois l'erreur constatée, on peut normalement espérer ne pas la répéter !
Ce qui « sonne si bien à l'oreille » n'est-il pas souvent tout simplement ce à quoi on est habitué ?

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

40

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Bonjour,
je suis arrivé sur cette page en me posant la même question que celle du premier message, mais pour le verbe permettre.

Et effectivement, en 2009 ce verbe a été brièvement évoqué (me permété-je ou me permettè-je ?) sans qu'une réponse un peu étayée n'ait été proposée.

Je me permets donc de reposer la question : comment fait-on pour les verbes qui ne sont pas du premier groupe, et en particulier pour permettre ?

Merci d'avance.

41

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Bonjour,
La question ne se pose qu'avec les verbes finissant par un e muet, donc ceux du premier groupe. Pour les autres, on garde la forme du présent et on inverse tout simplement : permets-je, prends-je, viens-je, etc. Mais la rareté d'emploi de ces formes les rend un peu bizarres. On les évite pour cette raison.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Pour les verbes qui ne sont pas du premier groupe, on se contente en principe d'inverser le verbe et le sujet, sans modification du verbe. Je vais ==> Où vais-je ?
Mais il faut savoir que cette inversion paraît quand même peu naturelle, voire ridicule, avec certains verbes : Où cours-je ?
Pour le verbe permettre, comme pour le verbe mettre, l'inversion est possible sans difficulté particulière : Où me mets-je ? Me permets-je ?
https://leconjugueur.lefigaro.fr/conjug … minal.html
Il y a cependant une tendance dans la langue à former ces temps de l'inversion à l'imitation de l'inversion des verbes du premier groupe, qui est la mieux connue. On trouve donc parfois des formes Où me metté-je, me permetté-je, que voulé-je, que senté-je... ? Ces formes ne sont théoriquement pas correctes, mais elles sont parfois employées, même par des écrivains.
https://www.achyra.org/francais/viewtop … 88#p105588

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Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

patoiglob a écrit:

Je regrette mais "de combien de temps disposé-je", ça n'existe pas, même à l'écrit... Pour les verbes du premier groupe, l'inversion n'existe pas à la première personne du singulier du présent de l'indicatif (même le Mauger des années 50 le remplace par une forme en "est-ce que")...

Quant au situations "surveillées", je connais pas... Je parle le français en toute liberté...

Patoiglob, ce que vous dites ici est simplement faux.
En outre, j'entends parfois le "me trompé-je ?" (évidemment prononcé "me trompè-je ?" à l'oral.
Donc même ce nouveau concept que vous tentez de lancer du "c'est faux car ça ne se dit pas à l'oral" ne tient pas la route.... (quid du passé simple ? )

Je comprends que vous soyez vexé de ne pas connaitre cette tournure, mais là vous devez comprendre que vous êtes à côté de la plaque.

44

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Il est fort étonnant que l'on parle de traditions quand l'académie française créée par le cardinal de Richelieu en 1635 pour séparer les classes inférieures qui parlaient un français traditionnel (rustique et oral) des classes supérieures (entre autres les hommes d'église et les nobles ; ceux qui avaient accès à l'éducation) je plaide donc la cause d'un français réaliste, laissons donc libre cours à la fluctuation de l'orthographe, de la conjugaison, puisque c'est l'essence même de notre chère langue. Molière lui-même parlait un français qui nous serait incompréhensible. Le français est une langue qui évolue et ce serait bien triste que l'on s'en tienne à des codes dictées par des académiciens qui ne sont même pas linguistes. Le niveau de langue moyen des français baisse (si l'on considère que le français académique est le seul valable) et c'est normal, parce que l'on passe beaucoup moins de temps qu'avant à apprendre le français en cours. Temps qui a été redistribué aux autres matières (pour autant le système scolaire français est malgré tout encore considéré comme axé sur le littéraire, et l'histoire, plutôt que sur les sciences et les mathématiques qui, d'ailleurs ont perdu du terrain.)

45

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Alex.stl a écrit:

laissons donc libre cours à la fluctuation de l'orthographe, de la conjugaison

Sans limite ?

Alex.stl a écrit:

Molière lui-même parlait un français qui nous serait incompréhensible.

Vraiment incompréhensible ? J'ai pourtant le sentiment d'accéder à l'essentiel de ses écrits. Dispose-t-on de documents montrant que la langue qu'il parlait différait à ce point de celle qu'il écrivait ?

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement… (Nicolas BOILEAU). Si possible !

46

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Chover a écrit:
Alex.stl a écrit:

laissons donc libre cours à la fluctuation de l'orthographe, de la conjugaison

Sans limite ?

Alex.stl a écrit:

Molière lui-même parlait un français qui nous serait incompréhensible.

Vraiment incompréhensible ? J'ai pourtant le sentiment d'accéder à l'essentiel de ses écrits. Dispose-t-on de documents montrant que la langue qu'il parlait différait à ce point de celle qu'il écrivait ?

Les écrits que nous pouvons lire sont dans un français adapté, mais je vous invite à lire cet article de France culture qui parle du sujet https://www.radiofrance.fr/francecultur … re-7201798

Ce dernier écrivait notamment "ortografe" et "misantrope".
Aujourd'hui ses pièces de théâtre sont rééditées dans un français moderne et compréhensible.

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Aujourd'hui ses pièces de théâtre sont rééditées dans un français moderne et compréhensible.

Légende urbaine !
Les éditions contemporaines de Molière se contentent d'user de notre orthographe -et de mettre des notes pour éclairer les points difficiles.
Le texte n'est pas modifié !

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

48

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Quand je disais "laissons donc libre cours à la fluctuation de l'orthographe, de la conjugaison", j'avais dans l'esprit que le français est un mélange de langues et de cultures. Il se décline par ailleurs en dialectes, comme le ch'ti, le flamand, le basque, ou encore le provençal par exemple. Il est donc irréaliste de vouloir limiter la langue à ce qui est dit comme correct ou incorrect par l'académie française. En mon sens, ses langues sont avant tout faites pour être parlées, certains mots perdent leur sens originel pour en prendre un autre avec l'usage. Si le plus grand nombre prend l'habitude d'écrire un mot de telle ou telle façon, il en va de la nature même d'une langue, elle bouge avec le temps et les époques, les générations, et c'est quelque chose que l'on ne peut contrôler, (d'où l'ajout régulier de certains mots au dictionnaire).
Cette académie française, et la rigueur de ses principes, a d'ailleurs participer à créer un décalage entre les populations les plus aisées, voire aristocratiques, des populations moins aisées, car même aujourd'hui, quiconque n'a pas une écriture correcte est susceptible de ne pas se faire embaucher, alors qu'il peut avoir les mêmes compétences voire plus, qu'un autre qui aura été embauché de par son écriture irréprochable. Par exemple les personnes atteintes de dyslexie se retrouvent particulièrement discriminées sur internet, et même sans aller jusque là tous ceux qui ont un niveau d'orthographe, de grammaire, inférieur à la moyenne, se retrouvent écartées des débats, et l'on retrouve par exemple "apprends à parler français avant de donner ton opinion". J'ai d'ailleurs moi-même agi de la sorte avant de me rendre compte de la gravité de ces mots.
De ce raisonnement je n'arrive plus à considérer l'académie française comme une institution visant à perfectionner notre langue, mais plus comme un groupe de séniors qui perpètrent un système de discrimination aristocratique.

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Alex.stl a écrit:

Molière lui-même parlait un français qui nous serait incompréhensible.

Alex.stl a écrit:

Ce dernier écrivait notamment "ortografe" et "misantrope".

Et vous trouvez ça incompréhensible ?!

50

Re : Me trompé-je, ou me trompais-je ?

Alex.stl a écrit:

[Le français] se décline par ailleurs en dialectes, comme le ch'ti, le flamand, le basque, ou encore le provençal par exemple.

Deux beaux intrus dans cette liste...

Veuillez revoir vos notions linguistiques.

Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

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